L`Observateur provincial

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Août 2016
L’Observateur provincial – édition d’août 2016
Au moment de la rédaction de la présente édition de l’Observateur provincial, l’économie canadienne continue de
montrer des performances très inégales sur les plans sectoriel et régional. La faiblesse des prix des produits de base
continue de nuire à l’ensemble de l’économie canadienne. Également, la progression des exportations de biens et
services aux États-Unis demeure au rendez-vous et facilite la transformation de notre économie. Ainsi, davantage de
travailleurs déménagent pour dans des régions directement moins axées sur l’exploitation des ressources naturelles,
ce qui contribue à accentuer l’écart des performances sur le plan des finances publiques et dans les divers marchés
immobiliers. La présente édition de L’Observateur provincial consacre une section à chaque province dans laquelle
nous élaborons nos réflexions sur les tendances économiques générales, le marché de l’habitation et la situation
budgétaire des gouvernements. Nos prévisions détaillées pour 2016, 2017 et 2018 figurent aux pages 16 et 17.
Sébastien Lavoie | Économiste en chef
514 350-2931| [email protected]
Canadiens qui migrents vers une autre province
(par trimestre, moy. mobile de 4 trimestres)
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90000
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70000
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Source: Statistics Canada /Haver Analytics
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Colombie-Britannique : l’économie tourne à plein régime, le gouvernement fait ce qu’il faut pour
calmer un marché de l’habitation en ébullition
L’économie de la Colombie-Britannique connaît une période d’expansion parmi les plus fastes de son histoire. Le
taux de croissance du PIB réel dépassera 2,5 % une troisième année de suite en 2016. La situation sur le marché du
travail est également excellente. Ce printemps, le taux de chômage en Colombie-Britannique est devenu le plus bas
parmi les provinces canadiennes pour la toute première fois. La hausse des personnes mobiles qui résidaient
auparavant en Alberta et qui sont attirées par les postes vacants dans la région de Vancouver constitue le principal
catalyseur de cette croissance. Cette migration alimente la formation de ménages et les dépenses. Le flux migratoire
interprovincial positif, qui s’approche d’un sommet des 20 dernières années, devrait se maintenir durant notre
horizon prévisionnel 2016-2018 puisqu’une bonne partie d’anciens résidents de la Colombie-Britannique qui étaient
déménagés en Alberta durant la dernière décennie devraient revenir.
Pour sa part, le secteur des exportations se porte moins bien. La valeur des exportations internationales de la
Colombie-Britannique a augmenté d’à peine 1,0 % depuis le début de l’année, le reflet de la lente reprise de
l’économie mondiale. Les hausses dans les secteurs de la foresterie, l’agriculture et les produits minéraux ont tout
juste contrebalancé les baisses marquées dans les secteurs de l’énergie et des pâtes et papier. Par destination, les
exportations nominales sont en hausse vers les États-Unis depuis le début de l’année, mais en diminution vers
d’autres marchés clés, comme la Chine et le Japon.
Nous sommes d’avis que l’offre de logements ne suffit pas à la demande en raison de la formation de ménages
élevée. Les constructeurs travaillent à pleine capacité, puisque les mises en chantier dans la province sont en voie
de dépasser 40 000 unités cette année, renouant avec le record atteint au début des années 1980 et 1990. La
demande excessive d’habitations gonfle les prix des logements et contribue à maintenir le taux d’inoccupation du
marché locatif de Vancouver à moins de 1 %. Dans son budget de 2016, le gouvernement de la ColombieBritannique a fait état du problème d’offre de logements et nous sommes d’accord avec ce constat.
Pourtant, l’augmentation du parc immobilier au fil du temps ne suffira pas à calmer le marché, parce que certains
facteurs indésirables nuisent à l’abordabilité du marché de l’habitation de Vancouver. Par exemple, il est peu
probable que la flambée de 50 % des prix des logements ces quatre dernières années soit entièrement attribuable à
l’offre insuffisante. La bonne nouvelle, c’est que le gouvernement de la Colombie-Britannique mets en place des
mesures ciblées et appropriées visant à corriger la situation. Ainsi, les droits de mutation de la propriété sur les
logements neufs valant jusqu’à 750 000 $ ont été éliminés à la mi-février. En mai, le gouvernement de la ColombieBritannique a annoncé une mesure pour mettre fin au stratagème d’achat-revente, qui permettait à un courtier
immobilier de vendre une propriété plusieurs fois au moyen d’une transaction unique; selon la nouvelle exigence,
l’agent immobilier devra obtenir le consentement des vendeurs visés et le profit supplémentaire sera versé aux
vendeurs, plutôt qu’à l’agent.
Et enfin, d’après les données récentes recueillies par le gouvernement de la Colombie-Britannique, les acheteurs
étrangers créent une distorsion ont compté pour 10% de toutes les transactions sur le marché de la revente du
Grand Vancouver entre le 10 juin et le 14 juillet. Cette demande externe semble plus présent aujourd’hui que lors
des multiples cycles antérieurs d’appréciation des prix des logements, et cela pour deux raisons : 1. la quête de
rendement des investisseurs mondiaux est de plus en plus vive; 2. la dépréciation passée du dollar canadien procure
un énorme rabais à certains acheteurs étrangers. Ainsi, nous sommes donc d’accord avec la décision du
gouvernement de la Colombie-Britannique d’imposer une taxe de 15 % acheteurs étrangers désirant acheter une
maison ou un condo dans la région du Grand Vancouver.
Il va sans dire que tenter d’empêcher les prix des logements de dépasser excessivement les paramètres
fondamentaux locaux constitue un exercice délicat. Il importe aussi d’empêcher une perte importante de la valeur
des actifs immobiliers pour ceux qui sont déjà propriétaires dans l’éventualité d’une chute des investissements par
les étrangers ou d’une baisse de confiance des acheteurs locaux; surtout que les prix exorbitants ont alourdi
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l’endettement des ménages de la Colombie-Britannique. Selon les données disponibles dans la Revue du système
financier de juin 2016 publiée par la Banque du Canada, une proportion élevée des nouveaux emprunteurs de
Vancouver et de Victoria, soit plus de 30 %, ont un ratio prêt-revenu supérieur à 450 %. En cas de choc négatif, cette
vulnérabilité aggraverait une correction des prix des logements et pourrait avoir des conséquences graves, puisque
le quart de l’économie de la Colombie-Britannique dépend du secteur immobilier et de la construction résidentielle
(l’économie de l’Alberta dépend dans la même proportion des secteurs des mines, du pétrole et du gaz). Pour
conclure, personne ne connaît l’ultime dénouement de la situation du marché de l’habitation de la ColombieBritannique et le temps qu’il faudra pour y arriver. Il semble néanmoins que le risque d’un recul de l’activité
immobilière augmente. Mais il est fort possible que le gain à long terme, c’est-à-dire moins de Britanno-Colombiens
aux prises avec un endettement hypothécaire excessif, soit plus grand que les inconforts à court terme. Bref, le
compromis en vaut la peine.
Finalement, sur le plan budgétaire, la perte de la note AAA du Royaume-Uni après le référendum britannique et les
dégradations récentes de la note de crédit des provinces dans la région des Prairies nous rappellent que la
Colombie-Britannique est le seul territoire infranational noté AAA au pays. La vigueur des dépenses des ménages
devrait fort probablement procurer des revenus plus élevés que prévu provenant de la taxe sur les biens immobiliers
et la taxe de vente au détail. À notre avis, l’excédent budgétaire pourrait facilement dépasser 500 millions de dollars
durant l’exercice 2016-2017, soit plus que la prévision de 264 millions de dollars du budget de 2016. Les
investisseurs sont curieux de découvrir si l’excédent inattendu sera versé exclusivement au nouveau Prosperity Fund
(un fonds qui vise à réduire la dette de la province à long terme et à préserver une partie de la prospérité actuelle
pour l’avenir). Le contexte actuel est probablement ce qu’il y a de mieux pour l’économie de la Colombie-Britannique.
Ainsi, l’accumulation de sommes fiscales supplémentaires aujourd’hui dans le Prosperity Fund pourrait se révéler
utile pour l’avenir si un repli plus prononcé du marché de l’habitation et le ralentissement de l’économie chinoise
finissent par entraîner une croissance inférieure à la vitesse de croisière des dernières années.
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Alberta : l’économie reste confrontée à des difficultés considérables malgré le redressement des
prix du pétrole
Les feux de forêt qui ont entraîné une interruption temporaire de la production de pétrole, qui pourrait atteindre
30 millions de barils, et qui ont fortement touché les communautés de la région, nous ont incités à réviser à la baisse
notre perspective de croissance du PIB réel pour 2016. Heureusement, la production de pétrole revient
progressivement à la normale et les efforts de reconstruction ont commencé à porter leurs fruits, confirmant notre
perspective de croissance modérée du PIB réel en 2017.
Cela dit, le choc pétrolier ne s’est pas encore fait pleinement sentir dans le secteur de l’habitation. Les ménages ne
sont pas totalement tirés d’affaire. Jusqu’à présent, les pertes d’emploi à plein temps se chiffrent à environ
200 000 depuis le sommet cyclique de décembre 2014, soit l’équivalent de la baisse observée pendant la crise
financière de 2008-2009. Malheureusement, le taux de chômage qui a atteint un sommet jamais vu depuis 20 ans
(près de 8 %) et l’augmentation de la durée du chômage suggèrent que trop d’Albertains peinent à trouver de
nouveaux emplois dans la province.
Le recul des ventes de nouvelles maisons et des reventes enregistré depuis la fin de 2014 est plus important à
Calgary qu’à Edmonton, indiquant surtout que le chômage touche beaucoup plus la première ville d’Alberta : le taux
de chômage à Calgary est passé au-dessus de la barre des 8 % au premier semestre de 2016. Le brusque repli
dans la construction de maisons et condos, combinée avec des inventaires pratiquement inexistants avant le choc
pétrolier, empêche les prix des logements de plonger à Calgary.
À Edmonton, le taux de chômage de près de 7 % est nettement inférieur à celui de Calgary. Néanmoins, très peu de
ménages ont d’intérêt à acheter une nouvelle propriété puisque le nombre de nouvelles habitations compétées
inoccupées a bondit à Edmonton, et ce, malgré la baisse de la construction. Et même si le nombre de nouveaux
condominiums invendus reste faible, la quantité excessivement élevée de maisons disponibles empêchera l’offre de
nouveaux condos de s’écouler rapidement dans une ville comme Edmonton où la rareté des terrains n’est pas un
problème grave comme à Vancouver et à Toronto.
À court terme, deux principaux facteurs sont susceptibles de faire augmenter le nombre de pancartes « à vendre » et
d’accentuer l’inertie du marché immobilier albertain: 1. Le nombre d’hypothèques résidentielles en retard de
paiement (hausse de 33 % par rapport à l’année dernière, même si le niveau représente seulement la moitié de celui
de 2010) devrait continuer d’augmenter quelque peu; 2. L’exode des travailleurs vers d’autres provinces devrait se
poursuivre, principalement parce que les Albertains trouvent progressivement de nouveaux emplois en ColombieBritannique et en Ontario.
Même si l’arrêt temporaire de la production sur certains sites d’exploitation des sables bitumineux et les coûts
associés aux feux de forêt pèseront sur les finances publiques de l’exercice financier 2016-2017, le prix du pétrole a
heureusement décollé de son plancher de 2016 et devrait dépasser les hypothèses du budget 2016. Comme nous
l’avons mentionné à plusieurs occasions dans le passé, notre prévision nettement supérieure au consensus pour les
prix du pétrole brut est fondée sur une réduction continue de la production des pays hors OPEP et sur une
vigoureuse hausse de la demande mondiale. Comme le recul des stocks mondiaux devrait s’accélérer dans les
trimestres à venir, nous continuons de prévoir que les prix du WTI finiront 2016 à 68 $ US le baril et 2017 à 75 $ US
le baril. Somme toute, le balancier sur le marché mondial du pétrole revient dans la bonne direction pour la province
de l’Alberta. Même si les perspectives restent très incertaines pour le pétrole, les chances que les déficits
budgétaires soient plus petits que les attentes sont meilleures qu’il y a quelques mois.
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Mises en chantier Alberta (éch. de gauche, milliers ann.)
Edmonton: unités non absorbées (éch. de droite)
Calgary: unités non absorbées (éch. de droite)
52.5
2000
45.0
1600
37.5
1200
30.0
800
22.5
400
15.0
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Source: Canada Mortgage and Housing Corporation /Haver Analytics
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Saskatchewan : amorce d’une timide reprise en dépit de difficultés dans le secteur immobilier
L’économie de la Saskatchewan continue de subir les contrecoups de la baisse du prix du pétrole et de la potasse
cette année. Le repli du prix des produits de base enregistré depuis la fin de 2014, le plus important pour la province
depuis les années 80, pèse lourd en particulier sur la rémunération hebdomadaire moyenne qui stagne et le taux de
chômage qui monte en flèche. Ce dernier est d’ailleurs au-dessus de la barre des 6 % depuis le début de l’année,
une première depuis le milieu des années 90. Une telle détérioration des conditions du marché du travail a des
répercussions sur le marché de l’habitation. La situation est d’ailleurs particulièrement inquiétante à Saskatoon en
raison du niveau inhabituellement élevé du nombre de logements à vendre sur les marchés du neuf et de la revente.
Par conséquent, l’année prochaine, les constructeurs devront réduire le nombre de nouveaux chantiers à son plus
bas niveau en près d’une décennie afin de rétablir l’équilibre entre les acheteurs et les vendeurs. Autrement, le prix
des logements, qui a seulement faiblement fléchi jusqu’à présent, pourrait chuter.
Comme indiqué dans notre sommaire des perspectives sur le pétrole (voir la section précédente sur l’Alberta), la
hausse du prix du pétrole brut WTI devrait mettre fin au recul des dépenses d’investissement et de l’emploi. Donc,
une expansion du PIB réel est envisagée pour 2017, après deux années de repli. À l’inverse du prix du pétrole brut,
la baisse du prix de la potasse devrait persister plus longtemps en raison de l’accord récemment signé entre la Chine
et la Biélorussie. Plus précisément, Belaruskali, société d’exploitation d’État biélorusse, vendra de la potasse au prix
de 219 $ US la tonne, comparativement à 315 $ US il y a un an (et bien loin en deçà des 900 $ US il y a huit ans).
Les producteurs de la Saskatchewan devraient vendre leur potasse au même prix aux acheteurs chinois.
Sur le plan budgétaire, les comptes publiques divulgués à la fin de juillet indiquent que la province a enregistré un
déficit de 675 millions de dollars pour l’année financière 2015-16. Pour ce qui est de l’année en cours 2016-17, les
recettes fiscales tirées du pétrole et de la potasse seront nettement insuffisantes pour soutenir des dépenses
budgétaires de 14,5 milliards de dollars. Les faibles prix du pétrole et de la potasse expliquent la décision prise en
juin par l’agence de notation S&P de réduire la note de crédit de la Saskatchewan de AAA à AA+. Pourtant, il est
toujours raisonnable de s’attendre à un budget équilibré pour la Saskatchewan à court terme, ce qui n’est pas le cas
pour l’Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador. Le Parti saskatchewanais de Brad Wall, élu à la majorité pour la troisième
fois consécutive aux élections du 4 avril dernier, s’est engagé à équilibrer le budget pour l’exercice 2017-2018.
L’élimination du déficit de 434 millions de dollars prévu pour l’exercice 2016-2017, qui ne représente que 0,6 % du
PIB nominal, nécessitera de maintenir les dépenses au niveau actuel. Bien que cette tâche s’annonce difficile, nous
considérons comme crédible cet objectif du gouvernement puisque le prix du pétrole brut est en voie de dépasser les
prévisions du budget 2016.
Taux de chômage en Saskatchewan
(moy. mobile 3 mois, éch. de gauche)
Taux de rémunération hebdomadaire moyen ($)
Saskatchewan: prêts hypothécaires en souffrance
(échelle de droite)
1000
9
1200
1200
Alberta
1100
1100
8
800
Sask.
1000
7
600
900
900
6
400
5
200
4
0
3
90
95
00
05
10
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Sources: Statistics Canada, Canadian Bankers Association /Haver Analytics
1000
800
C.-B.
800
Ontario
700
700
600
600
500
500
05
Source: Statistics Canada /Haver Analytics
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Manitoba : maintien d’une expansion économique supérieure à la moyenne
La saine performance économique du Manitoba n’a rien de nouveau; le rythme de croissance du PIB réel
devrait se maintenir à plus de 2 % pour 2017 et 2018. Ses voisins plus à l’ouest, l’Alberta et la
Saskatchewan, envient certainement la façon dont la diversification trop souvent négligée de l’économie
manitobaine contribue à soutenir la croissance et à réduire l’amplitude des cycles. Par exemple, la valeur
des exportations internationales est en modeste hausse sur 12 mois, grâce au dynamisme généralisé des
secteurs liés à l’alimentation, la construction, le transport, les biens électroniques et les biens de
consommation. Contrairement au secteur des exportations, les activités de construction sont en repli en
2016, après une année 2015 extraordinaire pendant laquelle plusieurs projets commerciaux, résidentiels et
de bureaux ont été terminés. De même, la création d’emplois a fait une pause en 2016. Cependant
l’économie du Manitoba est bien placée pour générer des gains de productivité supérieurs à la moyenne
comme au cours de ces dernières années.
Ce contexte économique favorable aidera le gouvernement progressiste-conservateur, élu le printemps
dernier, à améliorer progressivement la situation budgétaire de la province. Le premier budget du parti
progressiste-conservateur, publié fin mai à peine six semaines après les élections, contenait un déficit plus
important que prévu de 911 millions de dollars pour l’exercice financier 2016-2017 (1,3 % du PIB nominal).
De plus, le Ministre des Finances Cameron Friesen a repoussé le retour à un budget équilibré pour l’année
2024-25. Sur la base de ces nouvelles informations, l’agence de notation S&P a abaissé la cote de crédit
de la province en juillet (de AA à AA-, un cran supérieur à l’Ontario et le Québec qui se situent à A+).
Même si cette dégradation a été une mauvaise nouvelle pour les investisseurs, la bonne chose est que des
mesures initiales ont été prises pour réduire les coûts administratifs. De plus, une étude de rendement
approfondie de toutes les dépenses essentielles du gouvernement, y compris les dépenses en santé, sera
menée. En prenant le taureau par les cornes, la province devrait contenter les agences de notation, en
particulier Moody’s qui soutenait l’an dernier que : « la stabilisation du fardeau de la dette du Manitoba
dépendra de la volonté politique de maîtriser les dépenses » et que « l’incapacité à contenir la croissance
des dépenses futures, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation, entraînera une
augmentation du fardeau de la dette de la province à plus de 160 % des recettes fiscales d’ici 2018-19 ».
Si cette étude de rendement aboutit à des améliorations concrètes de la gestion des dépenses publiques,
elle marquera un tournant pour les écarts de taux des titres de la province du Manitoba, lesquels ont été
sous pression dernièrement.
Manitoba: Mises en chantier
(moy. mob. 12 mois, en milliers d'unités annualisé)
Winnipeg: construction non résidentielle
(en termes réels, $cst 2007, éch. de droite)
8
300000
7
250000
6
200000
5
150000
4
100000
06
07
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10
Sources: CMHC, StatCan /Haver
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Ontario : essor des exportations internationales et surchauffe du marché de l’habitation
Le taux trimestriel annualisé du PIB réel de l’Ontario a atteint au moins 3 % durant six des huit derniers trimestres. La
reprise stimulée par les exportations a notamment pris de la vitesse au premier trimestre de 2016 : le volume des
exportations internationales de biens et services, qui représentent le tiers du PIB réel de la province, a augmenté au
rythme annuel le plus rapide depuis 2012. Plusieurs secteurs ont contribué à cette accélération dont l’aérospatial, la
foresterie, l’automobile et les biens de consommation. De plus, le rythme de croissance des exportations
internationales a été nettement plus rapide que la mesure de l’activité étrangère de la Banque du Canada en
2016T1. Si ce rythme se maintient, la province de l’Ontario gagnera alors des parts du marché de l’exportation
comme dans le bon vieux temps, à la fin des années 1990. Cette performance remarquable du volet des
exportations internationales plus que contrebalance le repli majeur des exportations interprovinciales, en baisse de
4 % par rapport à il y a un an et de 7 % depuis le milieu de 2014. Ce point faible souvent négligé, reflet de la
diminution de la demande provenant du secteur des produits de base, devrait persister tout au long de 2016.
Le succès international des entreprises axées sur l’exportation crée des emplois de qualité supérieure, en particulier
dans la région de Toronto et les villes du sud-ouest de la province. À l’exception de London, le taux de chômage
dans tous les autres centres urbains de la province est largement inférieur à la moyenne nationale de 6,9 %. En juin,
le taux de chômage en Ontario était de 6,4 %, un niveau sans précédent depuis le milieu de 2008.
Encouragés par la hausse de leurs revenus, les Ontariens dépensent davantage : le rythme annuel de croissance du
revenu disponible et de la consommation des ménages a atteint environ 5 % au cours des derniers trimestres.
Autrement dit, les ménages ne reconstituent pas leur épargne malgré la forte hausse des salaires. Au contraire, les
Ontariens dépensent excessivement depuis plusieurs années, de sorte que le taux d’épargne se situait à 1 % au
premier trimestre de 2016. Il s’agit d’un creux de presque dix ans. Il semble que la plupart des Ontariens épuisent
leur épargne et poussent leur capacité de payer près de la limite afin de devenir propriétaire. La Revue du système
financier de juin 2016 publiée par la Banque du Canada abonde dans ce sens: entre 2013 et 2015, Toronto a été le
centre urbain canadien ayant enregistré la plus forte hausse de la proportion de nouveaux emprunteurs dont le ratio
prêt-revenu est supérieur à 450 % (un bon de 29 % à 38 %); dans la région de Hamilton, la hausse a été la troisième
plus élevée parmi les centres urbains (passant de 12 % à 18 %, surpassée seulement par Toronto et Calgary).
À notre avis, le principal problème réside dans l’offre insuffisante de logements causée par la vigoureuse formation
des ménages et aussi la pénurie de terrains disponibles. Ces facteurs contribuent au gonflement des prix dans
plusieurs villes, particulièrement dans la région métropolitaine de Toronto où la grande majorité des emplois crées au
pays sont localisés depuis 18 mois. Le prix moyen de revente des logements dans la province en entier a augmenté
de 12 % année-sur-année durant les deux derniers trimestres de 2016, une situation inédite depuis 1989 (si nous
faisons abstraction de la brève remontée des prix après la récession de 2008-2009). Plus cette situation dure
longtemps, plus le niveau de risque accru encouru par les ménages augmentent. Une solution pour atténuer la
réduction de l’abordabilité consiste à construire davantage de maisons. Heureusement, les constructeurs de maisons
augmentent leur activité : les mises en chantier dans la province devraient atteindre environ 70 000-75 000 unités
encore cette année, un niveau plus élevé que les 60 000 unités enregistrées en 2013 et 2014, mais inférieur à la
fourchette de 80 000 à 85 000 unités de la période de 2002 à 2014. Hormis l’augmentation de la construction, la
mise en œuvre de mesures ciblées visant à réduire les investissements des étrangers, semblables à celle du
gouvernement de la Colombie-Britannique, constituerait un autre pas dans la bonne direction.
En résumé, la croissance du PIB réel est en voie de dépasser largement la prévision de 2,2 % du budget de 2016. Si
les dépenses budgétaires de programmes demeurent sous contrôle, cette performance économique meilleure que
prévue est susceptible d’éponger davantage le déficit pour l’exercice financier en cours 2016-2017 (estimé à
4,3 milliards de dollars dans le budget de 2016). En bout de ligne, le retour à un budget équilibré pour l’exercice
2017-2018 est à portée de main.
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Finalement, nous ne voulons pas mettre la charrue devant les bœufs, mais les investisseurs pourraient
éventuellement vouloir en savoir plus sur les intentions du gouvernement de l’Ontario une fois que l’équilibre
budgétaire sera atteint après l’exercice 2017-2018. Par exemple, les gouvernements de la Colombie-Britannique et
du Québec ont l’intention d’enregistrer des excédents et de mettre de l’argent de côté dans un fonds pour les années
à venir, soit pour rembourser la dette ou pour soutenir les dépenses de programmes dans l’éventualité où la
croissance ralentirait dans ce monde où les risques de détérioration de l’économie sont de plus en plus dominants.
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Québec : saine croissance du secteur des services et des ménages relativement moins vulnérables
financièrement que dans le reste du pays
Le fait que les secteurs d’activité progressent à des rythmes différents n’est pas inhabituel dans les économies
industrialisées. C’est certainement le cas au Québec : qu’il s’agisse du PIB réel, de l’emploi ou des exportations, la
plupart des segments du secteur des services se portent bien et surpassent de loin la croissance observée dans les
secteurs des biens.
Les entreprises de services qui offrent un soutien professionnel, technique et administratif ainsi que les secteurs des
arts et de la culture, de la restauration et de l’hébergement sont à la base de la croissance économique de la
province. La dépréciation passée de la devise a eu pour principal effet d’améliorer la compétitivité et d’alimenter le
tourisme. De plus, un huard plus faible n’entraîne pas une grande hausse du coût des intrants des entreprises du
secteur des services, car elles ont généralement moins besoin d’acheter de la machinerie et du matériel à l’étranger
que les entreprises œuvrant dans le secteur manufacturier. Ainsi, la création d’emplois dans les industries de
services continue de dépasser le rythme des embauches dans les secteurs des biens. Depuis l’année dernière, la
progression des salaires dans les industries de services, mesurée par les salaires horaires et hebdomadaires
moyens, est également plus vigoureuse que celle dans le secteur des biens.
Alors que l’économie québécoise bénéficie du raffermissement de l’activité dans le secteur des services, les résultats
dans les secteurs des biens sont plus mitigés. Pour le moment, nous ne sommes pas très inquiets du récent
ralentissement des exportations observée en début d’année. Après tout, la demande des consommateurs américains
demeure saine, de sorte que les exportations internationales de biens devraient aussi repartir à la hausse, sauf en
cas de ralentissement inattendu de la demande mondiale ou d’événements entraînant une montée du
protectionnisme (résultats des élections aux États-Unis ou encore un nouvel accord désavantageux sur le bois
d’œuvre entre les États-Unis et le Canada).
Contrairement aux exportations, le ralentissement dans le secteur de la construction résidentielle semble plus
persistant. Les constructeurs ont réduit un peu la cadence, mais beaucoup moins par rapport à nos attentes de début
d’année. Ils devront réduire davantage le nombre de mises en chantier, en particulier sur le marché des
condominiums où les stocks de nouvelles unités sont loin d’être épuisés. La détente des conditions du marché est
plus marquée dans la région métropolitaine de Québec, où le prix de revente moyen des condos a reculé de 4% sur
12 mois en 2016T2. À Montréal, le prix de revente continue de progresser lentement à près de 2 % aussi bien sur le
marché des maisons individuels que des condos, même si pour ces derniers, le niveau des stocks demeure
relativement élevé.
En l’absence d’un marché immobilier tendu, beaucoup moins de ménages ont besoin de contracter un lourd prêt
hypothécaire pour acheter une propriété contrairement à ceux de la C.-B. et de l’Ontario. Selon les données
compilées par la Banque du Canada dans sa Revue du système financier de juin 2016, la proportion de nouveaux
emprunteurs à haut risque était inférieur à 5 % à Québec et à 15 % à Montréal entre 2013 et 2015; ce qui est bien
moins que les 30 % et plus observé à Calgary, Vancouver et Toronto. Cette prise de risque excessive plus faible
devrait contribuer à réduire la sensibilité des ménages québécois dans l’éventualité qu’un choc économique négatif
survienne. Bien sûr, si l’on regarde l’autre côté de la médaille, les ménages propriétaires au Québec ne profitent pas
d’un effet de richesse important que les résidents de la Colombie-Britannique et l’Ontario. En fait, il sera de plus en
plus difficile de connaître une autre période prolongée pendant laquelle les ménages québécois puissent compter sur
une forte hausse de la valeur de leur propriété. Selon nous, le vieillissement de la population devient
progressivement un facteur qui limite la progression des prix à long terme. Plus précisément, le nombre de
Québécois âgés de 65 à 80 ans, actuellement en hausse de 3,5 % par année, devrait augmenter à ce rythme
pendant les 10 prochaines années. C’est durant cette période de la vie que la vente de la maison familiale est plus
probable, notamment pour générer un revenu de retraite ou simplement s’installer dans un logement plus petit. En
même temps, le recul du nombre de premiers acheteurs âgés de 25 et 34 ans, qui s’est amorcé en 2015, devrait
s’accélérer au cours de la prochaine décennie. La nouvelle tendance haussière sur le marché des reventes de
| 10
maisons individuelles semble confirmer cette phase de décaissement : les transactions dans l’ensemble de la
province étaient en hausse de 5 % sur 12 mois en 2016T2 et sont en voie d’atteindre un niveau record pour
l’ensemble de l’année (plus de 60 000). Aussi, elles représentent aussi une proportion record du total des
transactions, condominiums et plex compris (environ 80 %). Cela dit, nous ne sommes pas dans le camp des
pessimistes puisque nous ne prévoyons pas qu’en mettant en vente leurs maisons, les baby-boomers entraîneront
une chute des prix. En fait, l’ajustement semble venir des constructeurs. C’est donc sans surprise que le niveau des
mises en chantier de maisons individuelles ait atteint un creux historique l’an dernier, soit 9 700 unités.
Finalement, sur le plan budgétaire, il est important que les investisseurs se rappellent que la province de Québec est
relativement bien placée pour faire face aux vents contraires à l’échelle mondiale. D’après le dernier Rapport
mensuel sur les opérations financières, le gouvernement a affiché un excédent budgétaire de 1,65 milliard de dollars
pour l’exercice 2015-2016. L’excédent s’établit à 1,8 milliard de dollars en ajoutant la provision inutilisée pour
éventualités de 150 millions de dollars. Même s’il faudra attendre un peu avant d’obtenir les données finales sur les
opérations budgétaires relatives aux réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation, nous pouvons
affirmer, avec un degré de confiance élevé, qu’il s’agit du plus grand excédent budgétaire jamais enregistré par la
province de Québec. En tenant compte du transfert de 1,5 milliard de dollars au Fonds des générations, la différence
entre le total des revenus et le total des dépenses s’établit en fait à 3,3 milliards de dollars pour l’exercice 2015-2016.
Ce résultat reflète une saine croissance des revenus autonomes et une très légère hausse du côté des dépenses de
programmes. La mise à jour budgétaire du milieu de l’exercice qui sera dévoilée l’automne prochain, de même que le
budget de 2017, permettront aux investisseurs de découvrir exactement ce que le gouvernement du Québec entend
utiliser l’excédent de 1,8 milliard de dollars. Selon la Loi sur l’équilibre budgétaire, un excédent restant après le
versement aux Fonds des générations est affecté à la réserve de stabilisation. Cette réserve de stabilisation a été
créée pour faciliter la planification budgétaire du gouvernement sur plusieurs années. En pratique, le gouvernement
du Québec peut utiliser le solde de la réserve de stabilisation à des fins multiples. Trois utilisations nous semblent
plus probables :



Le gouvernement du Québec pourrait se servir de cet argent comme coussin financier utile afin de maintenir
un budget équilibré durant les années à venir, dans l’éventualité où des perturbations économiques à
l’échelle mondiale mèneraient à des revenus budgétaires inférieurs aux prévisions.
Si la reprise de l’économie mondiale poursuit sa route au même rythme, une partie de l’argent pourrait
servir à financer de nouveaux allégements fiscaux pour les particuliers dans la mesure où le gouvernement
du Québec a confiance d’afficher des excédents budgétaires récurrents de cette ampleur.
Une autre option qui s’offre au gouvernement du Québec, peut-être celle préférée des détenteurs
d’obligations, consisterait à verser des sommes additionnelles au Fonds des générations; autrement dit,
pour rembourser davantage la dette à long terme.
Comme le gouvernement du Québec l’avait promis lors de son entrée en fonction en juin 2014, le ratio de la dette
brute au PIB nominal s’oriente assurément à la baisse. Ce point tournant a mené l’agence de notation du crédit S&P
à réviser la perspective de la province de Québec de stable à positive au début du mois de juin. Donc, la province de
Québec maintient sa note A+ et se rapproche un peu plus d’une note AA-, qu’elle a perdue en 1993 après la sévère
récession du début des années 1990. Dans son rapport, l’agence de notation du crédit S&P mentionne qu’elle basait
sa révision positive sur la prévision d’une continuation de l’amélioration des résultats budgétaires.
| 11
Québec: Exportations de biens et services
(en termes réels, indice 2013=100)
112.5
112.5
105.0
105.0
97.5
97.5
90.0
90.0
82.5
82.5
75.0
75.0
00
05
10
Source: Institut de la Statistique du Quebec /Haver Analytics
15
| 12
N-B : le nouvel accord sur la santé sera déterminant pour l’avenir financier de la province
En 2015, l’économie du Nouveau-Brunswick a affiché sa croissance la plus rapide en cinq ans en raison d’un regain
de l’activité manufacturière. Malheureusement, la croissance du PIB réel redevient pratiquement stagnante cette
année, parce que la fermeture de la mine de potasse de Picadilly plombe les exportations et accroît le chômage. De
plus, le taux de croissance naturel de la population est maintenant négatif et le nombre de personnes qui partent
vers d’autres provinces demeure important; voilà deux facteurs qui freinent la demande. Malgré ce contexte
économique difficile, les prévisions actuelles d’un déficit déjà important de 347 millions de dollars pour l’exercice
2016-2017 (1 % du PIB nominal) ne devraient pas être révisées à la hausse, puisque le budget de 2016 publié en
février dernier reposait sur une hypothèse prudente de croissance de 0,4 % du PIB réel pour 2016, à peu près
conforme à notre nouvelle prévision de 0,5 %.
La province a enregistré son dernier budget équilibré lors de l’exercice 2007-2008. Le gouvernement a annoncé des
mesures difficiles, mais nécessaires dans le budget de 2016 pour éliminer ce déficit structurel, notamment une
hausse de 2 % du taux de la TVH, à compter du 1er juillet, et une réduction des postes de direction dans le secteur
public. Ces mesures ont contribué à maintenir les notes de crédit actuelles de la province, qui ont toutes été
confirmées ces derniers mois : S&P (A+, stable), Moody’s (Aa2, stable) et DBRS (A high, stable).
Cela dit, les discussions en cours entre le gouvernement fédéral et les provinces au sujet du mécanisme de
transferts relatifs à la santé pourraient améliorer la situation financière à long terme de certaines provinces, en
particulier celle du Nouveau-Brunswick. Le dénouement de ces négociations prévu vers la fin de 2016 est
particulièrement important pour cette province, car les transferts relatifs à la santé représentent 9 % du total de ses
revenus. En outre, le Nouveau-Brunswick est la province qui compte la proportion la plus élevée de résidents de
65 ans et plus (19 %), ce qui contribue à accroître les coûts du système de santé public beaucoup plus rapidement
que partout ailleurs au pays.
En 2011, l’ancien gouvernement fédéral du Parti conservateur avait décidé que la croissance annuelle garantie de
6 % des transferts relatifs à la santé prendrait fin lors du présent exercice (2016-2017). Elle sera remplacée par une
nouvelle formule selon laquelle l’augmentation des transferts relatifs à la santé correspondra au taux de croissance
du PIB nominal du pays, comprenant une clause d’indexation garantie de 3 %; cela est beaucoup moins que le taux
antérieur de 6 %. Il n’est pas étonnant qu’un nombre croissant de provinces fassent pression pour une augmentation
des transferts afin d’empêcher que la part des coûts de la santé payés par Ottawa continue de baisser; cette part, qui
était de 25 % dans le passé, se situe maintenant à environ 22 %. De plus, certaines provinces demandent que la
formule de financement fédéral des soins de santé prenne en compte le facteur âge (chaque province obtient
maintenant le financement en fonction de sa population). Une telle mesure dans le sens d’un modèle de transferts
relatifs à la santé mieux ciblé serait très avantageuse pour le Nouveau-Brunswick. Par exemple, selon le Dr Chris
Simpson, ancien président de l’Association médicale canadienne, la province du Nouveau-Brunswick pourrait gagner
environ 50 millions de dollars par année en transferts relatifs à la santé d’après un modèle de financement basé sur
l’âge.
| 13
Nouvelle-Écosse : l’économie la plus performante de l’Atlantique et un budget équilibré durable
Pas de nouvelles, bonne nouvelle. Il n’y a pas grand-chose à signaler sur le plan économique depuis que le ministre
des Finances Randy Delorey a déposé son budget en mai dernier, ce qui veut dire que la province de la NouvelleÉcosse demeure en bonne voie de se joindre au club élite restreint des provinces qui ont atteint l’équilibre budgétaire
cette année, à savoir la Colombie-Britannique et le Québec.
Les résultats sur le plan budgétaire de la province sont remarquables, parce que la croissance du PIB potentiel est
presque nulle. Ainsi, le vieillissement de la population contribue à la légère baisse de la main-d’œuvre que l’on
observe depuis 2013. De plus, on prévoit que les gisements actuels de gaz naturel seront épuisés d’ici deux à trois
ans, de sorte que le gouvernement ne pourra plus compter sur les redevances liées à l’extraction du gaz naturel pour
financer les services publics. Heureusement, quatre facteurs principaux maintiennent la croissance économique en
territoire positif :
 Le flux migratoire interprovincial s’améliore graduellement depuis que l’Alberta n’attire plus les chercheurs
d’emploi comme par le passé; cela compensera en partie le déclin de la main-d’œuvre attribuable au départ
des baby-boomers vieillissants.
 La croissance diversifiée des exportations (excluant le gaz naturel) semble durable, à moins d’un choc
négatif imprévu au niveau de la demande mondiale, ou d’une forte appréciation du dollar canadien.
 Le nombre de visiteurs provenant de l’extérieur de la province est en hausse de 8% jusqu’à présent cette
année selon l’agence Tourism Nova Scotia.
 La construction de patrouilleurs destinés à l’océan Arctique et de navires de combat pour le gouvernement
fédéral gardera le chantier naval de Halifax occupé bien longtemps; il est à noter que le début de la
production relative au contrat de construction de navire de combat le plus important est prévu pour 2020.
Dans l’ensemble, la province de la Nouvelle-Écosse est bien placée pour prendre la tête de la région de l’Atlantique
avec une croissance annuelle moyenne prévue du PIB réel d’environ 1 % durant la période 2016-2018. Cette
croissance économique modeste, combiné à une faible inflation, entraînera inévitablement une faible progression
des recettes fiscales. En conséquence, le gouvernement provincial tient à maintenir un contrôle serré des dépenses
de programmes. L’adoption du projet de loi 148 sur le régime salarial par la législature en décembre dernier
empêchera que l’augmentation des dépenses publiques dépasse la capacité de payer du gouvernement; voilà une
bonne nouvelle pour les détenteurs d’obligations. Plus précisément, la loi 148 permet au gouvernement, au besoin,
d’imposer un régime salarial sur une période de quatre ans à tous les fonctionnaires (y compris un gel des salaires
les deux premières années et une hausse de 3 % pour les deux dernières années). Bien entendu, le gouvernement
préfère négocier avec tous les employés du secteur public afin d’en arriver à de nouvelles ententes. Par exemple, les
3 500 médecins de la province ont récemment ratifié une entente sur quatre ans ne prévoyant aucune hausse de
salaire les deux premières années, une augmentation de 1 % la troisième année et une hausse de 1,5 % la
quatrième année. Toutefois, les négociations avec les autres fonctionnaires ont peu progressé; entre autres, les
enseignants ont rejeté une offre de contrat vers la fin de l’année dernière, mais devraient reprendre les discussions
avec le gouvernement cet été. En somme, il sera important de suivre les événements à venir à la table de
négociation. Mais au final, les investisseurs et les agences de notation du crédit devraient se réjouir de savoir que le
gouvernement a à sa disposition un outil utile, la loi 148, pour préserver l’équilibre budgétaire à moyen terme.
| 14
Île-du-Prince-Édouard : retour prévu à l’équilibre budgétaire l’année prochaine
D’après les réservations en cours, l’Île-du-Prince-Édouard devrait connaître une autre saison touristique record. La
dépréciation passée du dollar canadien attire plus de visiteurs américains et canadiens dans la province. De plus, un
plus grand nombre de réunions d’affaires et de conventions devraient se tenir sur l’île cette année. Cette affluence
accrue de visiteurs contribuera à compenser la fermeture récente de deux usines du secteur de l’aérospatiale dans
la ville de Summerside. Également, la faible croissance de l’économie retardera le retour à l’équilibre budgétaire d’un
an, à l’exercice 2017-2018. Au lieu de l’excédent de 12 millions de dollars prévu antérieurement pour l’exercice 20162017, le budget de 2016 déposé en avril dernier prévoit un déficit de 10 millions de dollars. La taxe de vente
harmonisée augmentera de 14 % à 15 % en octobre et procurera probablement des recettes annuelles
additionnelles de 22 millions de dollars, ce qui contribuera à réduire le déficit.
Terre-Neuve-et-Labrador : la patience est de mise, la situation budgétaire demeure fragile
Les prix du pétrole, du minerai de fer et du nickel, les principaux produits de base exportés par la province de TerreNeuve-et-Labrador, se sont redressés par rapport à leurs creux de l’hiver dernier. Mais même si chaque dollar
d’augmentation des prix du pétrole ajoute 22 millions de dollars en redevances, le déficit restera considérable, même
selon le plus optimiste des scénarios. De manière générale, les prix du pétrole demeurent trop bas pour raviver
l’économie en perte de vitesse. La situation budgétaire demeure critique. Sans surprise, le 21 juillet dernier, l’agence
de notation du crédit Moody’s a révisé à la baisse la note de crédit à long terme de la province de Terre-Neuve-etLabrador de Aa2 à Aa3. La province a désormais la note de Moody’s la plus basse de toutes les provinces.
Également, Moody’s maintient toujours la cote de crédit de la province sous perspective négative.
Le gouvernement provincial libéral reconnaît que d’autres efforts sont nécessaires pour tenter d’éliminer le déficit de
2,2 milliards de dollars, une tâche énorme pour une petite province d’environ un demi-million d’habitants. Le plan
visant à rétablir l’équilibre budgétaire à long terme a débuté avec le dépôt du budget 2016 en avril dernier : la hausse
considérable des taxes à la consommation, des taux d’imposition du revenu des particuliers et de 300 frais divers
procurera de nouvelles recettes fiscales, mais aussi grugera le revenu disponible des citoyens. La prochaine vague
de mesures, qui sera annoncée dans le mini-budget de cet automne (aucune date précise n’a encore été annoncée)
et dans le budget de 2017, visera à améliorer la situation du côté des dépenses publiques. Malheureusement, les
dépenses de programmes ont augmenté à un rythme nettement supérieur à celui de la croissance de la population et
de l’inflation sous l’ancien gouvernement du parti progressiste-conservateur, principalement lorsqu’on supposait que
les prix du pétrole se maintiendraient à 100 $ US le baril dans un avenir prévisible.
| 15
L’explosion des coûts du projet hydroélectrique de Muskrat Falls a été un autre facteur important qui a contribué à
accroître les craintes des investisseurs concernant la note de crédit de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Stan
Marshall, le nouveau chef de la direction de Nalcor Energy, a mentionné le mois dernier que le coût estimatif du
projet avait été révisé à un montant colossal de 11,4 milliards de dollars. C’est un bond significatif par rapport à
l’estimation initiale de 7,4 milliards de dollars faite en 2012, qui reflète en partie des problèmes de construction et
d’exécution. Vu le montant de 7 milliards de dollars que Nalcor a déjà dépensé ou pour lequel elle a pris des
engagements contractuels, la société a l’intention de terminer le projet de Muskrat Falls mieux qu’elle ne l’a
commencé. Cela semble effectivement une option plus pratique que d’arrêter complètement les travaux. Cependant,
afin de terminer le projet d’ici 2019, soit deux ans de plus que la date prévue initialement, Nalcor demande au
gouvernement fédéral de garantir de nouvelles émissions de titres de créance. La balle est maintenant dans le camp
du gouvernement fédéral libéral; il va de soi que les détenteurs d’obligations sont désireux de connaître la réponse
finale d’Ottawa.
Somme toute, les mesures prises par le gouvernement provincial pour maintenir son accès aux marchés financiers
et éviter de mettre en péril l’avenir financier de la province font partie d’un plan prometteur échelonné sur plusieurs
années. En outre, nous estimons qu’un revirement positif se produira au fil du temps, compte tenu de nos prévisions
supérieures au consensus du marché concernant le prix du pétrole WTI (prévisions de 68 $ US le baril à la fin de
2016 et de 75 $ US le baril à la fin de 2017).
2011
Canada
T.-N.-L.
Î.-P.-É
N.-É.
N.-B.
Québec
Ontario
Manitoba
Sask.
Alberta
C.-B.
Mises en chantier (en milliers)
2012 2013 2014 2015 2016
2017
2018
194.0 214.8 187.9 189.3 195.5 192.0 180.0 180.0
3.5
3.9
2.9
2.1
1.7
1.7
1.5
1.4
0.9
0.9
0.6
0.5
0.6
0.5
0.5
0.5
4.6
4.5
3.9
3.1
3.8
3.1
3.2
3.1
3.5
3.3
2.8
2.3
2.0
1.9
2.0
1.9
48.4 47.4 37.8 38.8 37.9 36.8 35.5 34.5
67.8 76.7 61.1 59.1 70.2 73.3 69.8 71.1
6.1
7.2
7.5
6.2
5.5
4.9
5.1
5.1
7.0 10.0
8.3
8.3
5.1
4.6
4.4
4.4
25.7 33.4 36.0 40.6 37.3 22.2 23.0 25.0
26.4 27.5 27.1 28.4 31.4 43.0 35.0 33.0
Source : SCHL; Prév isions - VMBL Rech. économique et stratégie
Sébastien Lavoie | Économiste en chef
514 350-2931| [email protected]
| 16
2011
Canada
T.-N.-L.
Î.-P.-É
N.-É.
N.-B.
Québec
Ontario
Manitoba
Sask.
Alberta
C.-B.
6.5
15.3
3.9
2.2
4.3
5.1
4.6
5.4
18.1
10.9
5.7
Croissance du PIB nominal (%)
2012 2013 2014 2015 2016
3.0
-4.5
2.7
0.5
0.7
2.7
3.1
6.4
4.2
4.3
2.1
3.8
9.2
3.8
2.0
0.4
2.0
1.9
3.5
7.1
10.2
2.3
4.3
-4.2
3.8
1.3
0.6
2.5
4.1
3.5
-0.9
9.1
4.7
1.2
-7.5
2.4
2.5
3.1
2.0
3.5
3.6
-6.9
-9.8
4.1
3.1
-0.8
2.3
2.4
2.0
2.8
4.3
3.7
-1.0
-2.8
4.4
2017
2018
4.9
2.8
3.1
3.6
2.7
3.5
4.6
4.0
5.7
6.8
4.3
3.9
2.3
3.0
3.6
2.7
3.4
4.4
4.0
4.1
4.4
4.1
Canada
T.-N.-L.
Î.-P.-É
N.-É.
N.-B.
Québec
Ontario
Manitoba
Sask.
Alberta
C.-B.
3.1
2.9
2.0
0.5
0.2
1.9
2.4
2.5
5.3
6.4
3.0
Croissance du PIB réel (%)
2012 2013 2014 2015
1.7
-4.4
1.2
-0.9
-1.0
1.0
1.3
3.0
1.7
3.9
2.5
2.2
5.8
2.0
0.0
0.4
1.2
1.3
2.4
5.8
5.1
2.1
2.5
-2.0
1.5
0.6
-0.3
1.5
2.7
2.3
1.9
4.8
3.2
1.2
-2.2
1.5
0.8
1.9
1.1
2.6
2.3
-0.9
-3.4
3.1
2016
2017
2018
1.3
-0.5
1.1
1.2
0.5
1.4
2.7
2.2
-0.7
-1.9
2.6
2.1
-0.8
1.2
1.6
0.8
1.5
2.4
2.1
2.0
2.3
2.3
2.1
0.0
1.2
1.6
0.8
1.6
2.4
2.2
1.9
1.9
2.2
2011
Taux de chômage (%)
2012 2013 2014 2015
2016
2017
2018
7.5
12.6
11.0
9.0
9.5
7.9
7.9
5.5
4.9
5.4
7.5
7.3
12.3
11.2
9.1
10.2
7.7
7.9
5.3
4.7
4.6
6.8
7.1
13.0
10.7
8.5
9.9
7.4
6.7
6.0
6.1
7.8
6.2
6.9
12.7
10.5
8.3
9.8
7.3
6.7
5.9
6.0
7.5
6.2
6.8
12.5
10.4
8.2
9.7
7.2
6.6
5.8
5.9
7.2
6.1
7.1
11.6
11.6
9.1
10.3
7.6
7.6
5.4
4.1
4.6
6.6
6.9
11.9
10.6
9.0
9.9
7.7
7.3
5.4
3.8
4.7
6.1
6.9
12.8
10.4
8.6
9.8
7.6
6.8
5.6
5.0
6.0
6.2
Source : Statistique Canada; Prév isions - VMBL Rech. économique et stratégie
1.5
4.1
3.0
0.3
-0.7
1.0
1.8
0.4
0.9
3.7
0.1
1.3
3.7
1.6
1.0
-0.6
0.8
0.7
1.6
2.5
3.5
1.6
1.4
1.0
1.7
-1.0
0.2
1.2
1.8
0.7
2.9
2.4
0.1
0.6
-1.9
-0.4
-1.1
-0.2
-0.1
0.8
0.1
1.0
2.2
0.6
0.9
-1.0
-1.1
0.1
-0.4
1.0
0.7
1.5
0.6
1.2
1.3
2016
2017
2018
0.8
-0.3
-1.7
0.1
-0.9
0.6
1.3
-0.2
-0.8
-1.6
2.9
0.9
0.2
0.3
0.5
0.4
0.7
1.1
1.0
0.7
0.5
1.2
0.9
0.3
0.2
0.6
0.2
0.7
1.0
0.9
1.1
1.1
1.3
2011
Canada
T.-N.-L.
Î.-P.-É
N.-É.
N.-B.
Québec
Ontario
Manitoba
Sask.
Alberta
C.-B.
Croissance des ventes au détail (%)
2012 2013 2014 2015 2016
4.0
5.1
5.4
3.5
4.8
3.0
3.6
4.3
7.3
6.8
3.2
2.5
4.5
3.2
1.0
-0.7
1.2
1.6
1.3
7.4
7.0
1.9
3.2
5.0
0.8
2.9
0.7
2.5
2.3
3.9
5.1
6.9
2.4
4.6
3.4
3.3
2.3
3.8
1.7
5.0
4.3
4.6
7.5
5.6
2.4
0.7
2.5
0.2
3.5
1.1
4.7
1.5
-3.0
-3.5
6.9
3.6
2.9
5.0
4.1
4.2
3.9
4.9
4.2
1.5
-0.9
5.1
2017
2018
3.2
2.0
2.8
3.3
3.0
2.9
4.0
3.7
2.0
2.3
3.5
3.2
2.0
3.0
3.2
3.0
3.0
3.8
3.9
2.2
2.2
3.5
Source : Statistique Canada; Prév isions - VMBL Rech. économique et stratégie
Source : Statistique Canada; Prév isions - VMBL Rech. économique et stratégie
Canada
T.-N.-L.
Î.-P.-É
N.-É.
N.-B.
Québec
Ontario
Manitoba
Sask.
Alberta
C.-B.
Canada
T.-N.-L.
Î.-P.-É
N.-É.
N.-B.
Québec
Ontario
Manitoba
Sask.
Alberta
C.-B.
Source : Statistique Canada; Prév isions - VMBL Rech. économique et stratégie
Source : Statistique Canada; Prév isions - VMBL Rech. économique et stratégie
2011
Croissance de l'emploi (%)
2012 2013 2014 2015
2011
Canada
T.-N.-L.
Î.-P.-É
N.-É.
N.-B.
Québec
Ontario
Manitoba
Sask.
Alberta
C.-B.
2011
2012
2.9
3.4
2.9
3.8
3.5
3.0
3.1
2.9
2.8
2.4
2.3
1.5
2.1
2.0
1.9
1.7
2.1
1.4
1.6
1.6
1.1
1.1
Inflation (%)
2013 2014 2015
0.9
1.7
2.0
1.2
0.8
0.8
1.1
2.3
1.4
1.4
-0.1
1.9
1.9
1.6
1.7
1.5
1.4
2.3
1.8
2.4
2.6
1.0
1.1
0.4
-0.6
0.4
0.5
1.1
1.2
1.2
1.6
1.2
1.1
2016
2017
2018
1.8
2.2
1.8
1.4
2.1
1.5
1.9
1.7
1.6
1.5
1.9
2.0
2.1
2.0
1.8
2.1
1.9
2.1
2.1
1.9
1.8
2.1
1.9
1.8
1.7
1.8
1.7
1.9
2.0
2.0
1.9
1.7
1.9
Source : Statistique Canada; Prév isions - VMBL Rech. économique et stratégie
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