Economie monétaire CM – Chapitre 2
Chapitre II : Mesures statistiques de la monnaie : le cas de l'euro
Agrégats monétaires / masse monétaire = statistique de la monnaie. On considère la monnaie en circulation. Elle
est utilisée par les ANF (agents non financiers) = Etat, ménages, banques, administrations privées... Les
statistiques sont calculées par la Banque Centrale Européenne en coopération avec les banques nationales
(Bundesbank allemande, Banque de France...). Les statistiques dont nous allons parler peuvent être retrouvés sur
Internet.
I. Retour sur les formes de monnaie utilisées aujourd'hui
A) La monnaie au sens strict : l'agrégat M1
La zone euro n'est pas la même chose que l'Union Européenne. La zone euro est composée de 15 pays en
2008 -> la monnaie (euro) a cours légal dans tous ces pays. Au début, il y avait 11 Etats. Les plus récents sont
Chypre et Malte. Formes de monnaie qui circulent : pièces + billets (= espèces = monnaie fiduciaire),
monnaie scripturale (DAV). Quand on ne précise pas de quelle monnaie on parle, c'est de M1 qu'il s'agit.
Calcul des agrégats = somme des pièces + billets + DAV = M1
=> M1 = monnaie fiduciaire + DAV
Montants en milliards d'euros, zone euro 2006
Pièces 21,0 1,0%
Billets 558,0 15%
DAV 3095,1 84%
Total = M1 3674,1 100%
On note une faible part des espèces. En moyenne, un individu qui a 100€ a 1 en pièces, 15€ en billets et
84€ dans son compte en banque. Il existe une monnaie électronique : en France, il s'agit de “Moneo” mais
son importance est tellement faible qu'elle n'est pas comptée dans M1.
B) Les instruments de circulation de la monnaie scripturale
La monnaie fiduciaire ( = manuelle) circule d'elle-même. La monnaie scripturale ne circule pas d'elle-même,
les gens ne se promènent pas avec des comptes en banque sur eux = elle est intangible. Pour utiliser de la
monnaie scripturale, on a des instruments de circulation.
1) Les cinq instruments de circulation
carte bancaire : instrument qui permet d'effectuer des règlements qui se traduisent par un débit sur
le compte de l'acheteur et un crédit pour le vendeur. Elle donne un ordre de virement. Elle peut aussi
transformer de la monnaie scripturale en monnaie fiduciaire.
Le chèque : il sert à donner un ordre à la banque de prélever de l'argent sur un compte et de créditer
le bénéficiaire. Il y a 3 personnes en jeu : le bénéficiaire, le tireur et le tiré (banque).
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Ordre de virement : il existe en papier mais il est de + en + électronique : le client d'une banque peut
lui donner l'ordre de virer une certaine somme de son compte pour créditer le compte d'un tiers.
Titre interbancaire de paiement (TIP) : il est surtout utilisé pour payer des factures, le loyer... Sur le
TIP est mentionné le numéro de compte sur lequel le client autorise le créancier à réclamer la somme
dûe sur la facture auprès de la banque : c'est la banque qui exécute le virement.
Prélèvement automatique : régler les factures de téléphone, remboursement... le client signe un avis
une fois pour toutes qui va autoriser de façon permanente (ou jusqu'à un certain terme) la banque à
faire des prélèvements périodiques sur le compte du débiteur.
2) Les instruments de circulation ne sont pas de la monnaie
Ils servent à transférer la monnaie d'un compte à l'autre. A aucun moment, la monnaie ne sort des DAV.
Lors des paiements (ex : par carte bancaire), la monnaie ne sort pas : un compte est débité et l'autre est
créditié immédiatement = à aucun moment la monnaie ne circule sur un autre support que celui des deux
comptes en banque concernés. Les cartes bancaires ne portent pas la valeur en elles-mêmes, ce n'est pas
de la richesse en soi. Les instruments de circulation ne servent qu'à prendre de l'argent d'un compte et le
déposer sur un autre compte. Ce moyen de paiement de la monnaie scripturale est différent de
l'instrument de circulation. Pour tous les autres moyens monétaires, ce n'est pas le cas : ils sont leur
propre instrument de circulation. Dans les agrégats monétaires, à aucun moment on ne voit apparaître
les cartes bancaires, chèques etc. dans M1.
Remarque de vocabulaire : ce que les économistes appellent “instrument de circulation”, les banquiers
l'appellent “moyens de paiement en monnaie scripturale”.
3) Quels sont les instruments les plus utilisés ?
Part des instruments dans le nombre de paiement en monnaie scripturale (France, septembre 2006)
Carte bancaire chèque virements TIP Prélèvements auto
38% 26% 17% 1% 17%
La carte bancaire a tendance à remplacer le chèque.
II. Actifs monétaires et actifs non monétaires
A) Critères de distinction
Distinction entre un actif et un passif. L'actif = tout ce que l'individu / la société possède = son patrimoine.
Principalement, il y a 3 types d'actifs :
monétaires
non monétaires :
réels (“physiques”) : ex : immobilier
financiers
Passif = toutes les ressources qui permettent d'acquérir l'actif : ex : crédits bancaires permettent d'avoir un
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appartement.
Comment les distinguer ? Il y a 2 critères :
un actif monétaire a les caractéristiques suivantes :
inscrit à l'actif des ANF mais au passif des Institutions Financières et Monétaires (IFN /
principalement les banques)
forte liquidité : un actif liquide = un actif qui est soit un moyen de paiement directement utilisable
pour effectuer des paiements, soit rapidement utilisable sans risques et sans coûts en de tels moyens
de paiement (= monnaie).
Les actifs réels et financiers ne sont pas de la monnaie : ils ne sont pas directement utilisables pour effectuer
des transactions, il faut les transformer en monnaie (ex : vendre une maison = transformer l'actif non
monétaire en actif monétaire.
si les actifs financiers (actions / obligations) peuvent être rapidement transformables, ce n'est pas sans
risque car on ne sait pas à quel prix on va le revendre (le prix des actifs financiers est très variable, on ne
peut pas prévoir en avance). La transformation en monnaie est coûteuse : ça prend du temps + les
banques prélèvent des frais à l'occasion des ventes d'actifs financiers (on paye des commissions).
B) Définitions de la “monnaie au sens large” : M2 et M3
Ce n'est pas de la vraie monnaie mais cela s'en rapproche tellement que les banques centrales ont estimé
que c'étaient des placements qui pouvaient être considérés comme de la quasi-monnaie : il faut donc les
intégrer dans les statistiques. Pourquoi cela se rapproche-t-il de la monnaie ?
M2 = M1 + autre dépôts monétaires
autres dépôts monétaires : ex: livret A, livret jeune, livret de développement durable, plans d'épargne... On
assimile cela à de la monnaie car :
c'est rapidement disponible = liquidité
il y a très peu de risques (la valeur du livret A ne peut qu'augmenter) = rémunéré
il y a très peu de coûts
M3 = M2 + instruments négociables (principalement des entreprises)
Instruments négociables : en général, ce sont des instruments qui sont bloqués pendant une certaine durée =
moins liquides que le reste. Ce sont :
des dépôts à terme
des titres de créances = prêts de courte durée (remboursable en 1 ou 2 ans)
OPCVM monétaires = porte-feuilles de placements investis dans des titres de court terme
=> assimilés à de la monnaie. Les instruments négociables sont moins liquides que les précédents.
M3 représente la “masse monétaire”, “l'agrégat monétaire large” ou “la monnaie au sens large”. M2 est
“l'agrégat intermédiaire”.
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Lorsque l'on ne précise rien, le terme monnaie désigne toujours M1. On précise parfois “monnaie au sens
strict”.
III. Où va la richesse ? Comment interpréter l'évolution des agrégats monétaires
A) La logique d'emboitement des agrégats
Principe d'emboîtement des agrégats = on les classe du plus liquide au moins liquide.
31/01/08 – Zone euro (en milliards d'euros)
Si on veut parler seulement des autres dépôts monétaires : “M2 – M1”
M3 – M1 = 8779 – 3856
ou = autres dépôts monétaires + instruments négociables
= on regarde dans M3 comment évolue M1 par rapport à M3 – M1
M1 = + liquie ------------------------> [M3 – M2] = - liquide (=> instruments négociables)
B) Pourquoi préférer la liquidité ? L'arbitrage à l'intérieur de M3
M1 ne rapporte rien mais des agents préfèrent détenir des actifs qui n'apportent rien plutôt que M3-M1 (qui
est presque aussi liquide ET rémunéré). M3-M1 est rémunéré par le taux d'intérêt à court terme. Ex : taux
sur le livret A (3,5%) : on place 100€, dans un an on aura 103,5€. Sous forme de M1, on perd quelque chose :
on aurait pu obtenir + en la plaçant = un coût d'opportunité = coût qu'il y a à détenir de la monnaie plutôt
que de la placer. On préfère M1 grâce à une thèse : la thèse de la préférence pour la liquidité = Keynes =
ensemble de raisons économiques et psychologiques pour lesquelles ont préfère garder de la monnaie
plutôt que des placements rémunérés. Ex : en période de risque de chômage élevé, M1 va augmenter et M3 –
M1 diminuer par précaution.
1er déterminant à l'intérieur de M3 : si « la préférence pour la liquidité » augmente, la part de M2 augmente
et la part de (M3 – M1) diminue.
2ème déterminant à l'intérieur de M3 : si les taux d'intérêts à court terme augmentent, (M3 – M1) augmente
et M1 diminue.
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C) Pourquoi préférer les agents financiers ? L'arbitrage entre M3 et les agents financiers
M3 dans son ensemble augmente ou diminue. Cela dépend des agents financiers (actions / obligations). Les
agents financiers sont rémunérés en fonction de l'évolution des taux d'intérêts à long terme (+ de 2 ans). Ex :
on achète une obligation = Obligations Assimilables du Trésor = bons du trésor. On suppose que le cours de
l'obligation soit de 1000€. L'échéance (= maturité) est à 10 ans = on achète une obligation à 10 ans. = On fait
crédit à l'Etat d 1000€ (= l'Etat rembourse 1000€ dans 10 ans). Chaque année, la personne qui achète
l'obligation touche 5% de 1000% tous les ans = 50€ par an => 500€ au bout de 10 ans. Donc si le taux
d'intérêt à long terme augmente, il vaut mieux placer en agents financiers.
Si le taux d'intérêt à long terme augmente, les obligations (agents financiers) augmentent et M3 diminue.
IV. L'introduction de l'euro en 1999-2002
A l'époque, une douzaine de pays étaient concernés. 01/01/99 : les DAV sont libellés en euros. Pour la monnaie
fiduciaire, c'est plus compliqué : du 01/01/02 au 17/02/02, l'euro et le franc avaient cours libre en France. Après
le 17/02/02, seul l'euro avait cours libre.
Rythme normal : les billets/pièces augmentent de +5% ou +10% chaque mois. A partir de 07/01, il y a une baisse
énorme de la détention de pièces et de billets : creux en décembre 2002 => -40% puis énorme progression, puis se
stabilise.
Les DAV ont eu une évolution stable, pic en janvier 2002 : les gens déposent beaucoup de monnaie sur leur compte
courant.
Avant janvier 2002 : les gens ne s'embêtent pas à faire le change des francs en euros = les billets et les pièces sont
déposés sur les comptes => baisse des billets et augmentation des dépôt.
Après janvier 2002 : les gens vont au guichet pour demander directement des espèces en euros => mouvement
des DAV vers les billets et les pièces.
En 2006, on retrouve à peu près le niveau de 2001.
Structure de M3 en 2001
Italie France Allemagne
Part de M1 60% 37% 39%
Part de M3 – M1 40% 63% 61%
- 5 -
1 / 6 100%
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