L’excitation est donc devenue grande quand, le 17 mars 2014, les membres de la collaboration
Bicep2 ont fait savoir qu’ils avaient probablement grillé au poteau leurs confrères de Planck en observant
des modes B apparemment spécifiques à une phase d’inflation. Mais il fallait une confirmation
supplémentaire, en l’occurrence la publication des analyses complètes des observations collectées par
Planck. Elles étaient attendues pour la fin de l’année 2014.
Mis en ligne ces derniers jours, le travail conjoint des membres de Planck, Bicep2 et de ceux d’une
autre expérience (Keck Array) n’a pas permis de valider les conclusions avancées en mars 2014. Le signal
observé était en fait produit par les poussières de la Voie lactée dont on avait sous-estimé la contribution à
la polarisation du rayonnement fossile.
Restait en suspens la question de l’estimation de la date de l’allumage des premières étoiles. On
attendait également des estimations plus précises des paramètres cosmologiques, constituant en quelque
sorte la carte d’identité de notre univers. D'autres interrogations demeuraient, comme celles liées aux
contraintes éventuelles à imposer aux modèles d’inflation, sans oublier les informations sur les
caractéristiques des galaxies et des amas de galaxies.
L’Esa vient finalement de mettre en ligne ce 5 janvier 2015 la majorité des résultats finaux
concernant les analyses des observations complètes de Planck. Le CNRS a publié un communiqué portant
sur les principaux résultats obtenus et le site Planck HFI a également mis en ligne plusieurs pages sur le
sujet.
Les spécialistes pensent maintenant que la réionisation de l’univers sous l’effet du rayonnement des
premiers astres a commencé environ 550 millions d’années après le Big Bang et pas 450 millions d’années
comme l’indiquaient les précédentes estimations. L’information est précieuse parce qu’elle indique qu’il
suffit de faire intervenir l’allumage des premières étoiles, et qu'il n'est pas nécessaire de l'accompagner de
la présence d’autres sources de rayonnement exotiques, pour provoquer cette réionisation.
En effet, des observations faites de l’univers lointain, par exemple avec le télescope Hubble ou le VLT,
conduisaient à penser que la formation des galaxies avaient débuté environ 300 à 400 millions d’années
après le Big Bang, ce qui laissait trop peu de temps à la formation des premières étoiles pour vraiment
réioniser significativement l’univers.
Le satellite Planck vient de livrer sa toute dernière carte de l'univers. Elle montre le rayonnement fossile, la
plus ancienne lumière du cosmos, mais avec cette fois une nouvelle donnée : la polarisation de ces
rayonnements. © CNRS, Dailymotion
Le contenu, la géométrie et la topologie de l'univers selon Planck
L’âge du cosmos observable a été précisé, sa valeur est maintenant estimée à 13,77 milliards
d'années avec une constante de Hubble qui vaut H0=67,8 +/-0,9 km s-1 Mpc-1.
Il est composé à 4,9 % de matière baryonique dont une partie importante ne se trouve pas sous
forme d’étoiles.
Selon les estimations, son contenu en matière noire constitue 25,9 % de la masse de l’univers
observable. On ne sait toujours pas de quoi est constituée cette matière noire (à l’exception d’une très
faible fraction qui est sous forme de trois familles de neutrinos dont la somme des trois masses