organisations aujourd’hui repose sur les gens. Le
DRH est le missionnaire de la transformation”, estime
Richard Collin. “La différenciation par les hommes et
les femmes qui composent les entreprises est un axe
majeur de compétitivité des entreprises. Les DRH sont
au cœur de ce levier”, ajoute Alexandre Pachulski, di-
recteur général de Talentsoft, auteur de Les Nouveaux
Horizons RH aux éditions Diateino. Le directeur des
RH maîtrise en effet les profils des collaborateurs. Cela
tient avant tout à ses fonctions “régaliennes” : paye
et rémunération, dossier administratif et contrat mais
aussi relation et dialogue social et bien entendu, ges-
tion RH avec le recrutement, la formation et la carrière.
“Si nous partons du principe que l’entreprise qui
gagne est celle dans laquelle les salariés sont à la fois
bien et au bon endroit, alors nous sommes légitimes.
Car nous contribuons au business grâce à l’attention
particulière que nous portons aux hommes et aux
femmes qui composent les équipes”, explique Sté-
phane Fayol, directeur des relations et des ressources
humaines de Terreal, groupe spécialisé dans le BTP.
Gardien du temple de la réglementation, des process
administratifs, il acquiert une dimension plus straté-
gique pour plusieurs raisons.
Beaucoup de transformations viennent par le recru-
tement et la formation. La réussite de l’entreprise dé-
pend donc des opérationnels. Le DRH est bien placé
pour identifier les champions de demain. “La fonction
RH est la personne qui est responsable des talents,
de leur recrutement et leur développement”, estime
Alexandre Pachulski. La formation est un domaine
propice pour aider à transformer l’entreprise et enga-
ger les collaborateurs. Le recrutement est aussi un
processus dans lesquel s’incarne très bien le collabo-
ratif. Plus aucune entreprise ne recrute un salarié sur
la base du jugement d’un seul manager.
Autre clé, les systèmes d’information et les technolo-
gies de la communication comme les médias sociaux
qui achèvent de donner une dimension plus straté-
gique au métier. Les progrès informatiques permettent
aux DRH de proposer des applications métiers en di-
rect à leurs équipes. “Auparavant, le DSI avait la main.
Il imposait de lourds systèmes informatiques comme
les ERP. Nous n’avions pas voix au chapitre, rappelle
Didier Baichère de Logica. Grâce au Web, au cloud
et aux appareils mobiles, les applications sont plus
flexibles et faciles d’utilisation pour les salariés et les
managers. Nous sommes dans des utilisations inte-
ractives des outils de gestion et de développement de
la compétence et des carrières.”
Dernier point, non des moindres. Les sujets de res-
ponsabilité sociale et environnementale participent
de plus en plus à la stratégie de l’entreprise. Les
services des ressources humaines ont là aussi une
carte à jouer : la diversité, la mixité ou la responsabi-
lité environnementale doivent être incarnées dans les
organisions. Les DRH trouvent et accompagnent les
ambassadeurs. “C’est un atout en terme d’attracti-
vité des candidats mais aussi des clients. J’oblige
mes équipes à participer aux appels d’offres. Ils vont
en négociation pour parler des engagements en
matière de handicaps, d’égalité professionnelle…
C’est un positionnement stratégique”, conclut Didier
Baichère. On le voit, les entreprises ont tout à gagner
à donner des responsabilités nouvelles aux DRH. A
condition de relever plusieurs enjeux.
dias sociaux ou faire du marketing RH ne sont pas des
tâches naturelles et habituelles.”
A l’aune de ces nouvelles tendances, la relation
contractuelle avec l’entreprise se redéfinit. “L’opera-
ting system” des entreprises, jadis basé sur les pro-
cessus et la hiérarchie, migre vers la transversalité et le
lien social. L’une des missions prioritaires des DRH ?
Accompagner ce changement.
Depuis une dizaine d’années, leur fonction a dû affron-
ter des changements majeurs. Auparavant, les organi-
sations étaient dans l’anticipation par la planification.
Aujourd’hui, elle doit être capable d’exploiter son po-
tentiel de situation. Le DRH joue un rôle prépondé-
rant mais peu évident dans ce nouveau monde “beta”,
rapide, flexible, agile.
Les bouleversements technologiques incarnent cette
révolution. De plus en plus de collaborateurs disposent
désormais d’outils informatiques personnels plus per-
formants que les outils informatiques professionnels
et donc veulent s’en servir au bureau. Essentiellement
des smartphones et tablettes. “Les DRH doivent gérer
les problématiques d’assurances, de participation fi-
nancière mais aussi de pratiques et de règles d’usage,
remarque Jean-Denis Garo, directeur communica-
tion et marketing du groupe Aastra, spécialisé dans
la communication d’entreprise. Les réseaux sociaux
sont au cœur du sujet : un collaborateur qui parle sur
Twitter, le fait-il en son nom ou au nom de sa société ?
Peut-on tout dire ou pas ?”
Dans ce monde de plus en plus connecté, le DRH ne
cesse de jongler : relation collective et relation indivi-
duelle, court terme proche du business et long terme
avec une vision sur le travail des hommes, agilité de
l’organisation et sécurisation de l’emploi, etc. “Il faut
à la fois faire passer la stratégie de la direction et
défendre et accompagner les salariés. C’est un peu
schizophrénique, résume Sophie Corbillé, maître de
conférences au Celsa. Dans un monde où tout va de
plus en plus vite, c’est horriblement compliqué.” La
tâche est d’autant plus complexe que le DRH n’a pas
nécessairement toutes les cartes en main.
“Comment parler évolution de carrière aux collabora-
teurs quand l’entreprise restructure ? Comment aug-
menter la productivité en préservant la qualité de tra-
vail ? Si sur le réseau social de l’entreprise, les gens
parlent licenciement ou mauvaise ambiance au travail,
cela devient vite infernal”, illustre David Guillocheau, di-
recteur associé au sein du cabinet de conseil Talentys.
Infernal et bloquant. Toutes les entreprises ne donnent
pas la même importance à la fonction RH dans l’orga-
nisation. Le DRH ne siège pas toujours dans les ins-
tances de direction stratégique.
“Nous sommes au milieu du gué. Les niveaux d’impli-
cation restent différents”, ajoute David Guillocheau. A
ce jour, onze entreprises du CAC 40 n’ont pas jugé
bon de convier leur responsable des ressources hu-
maines au comité directeur ou exécutif.
Le missionnaire de la transformation
Le DRH est en première ligne pour accompagner
cette transformation de l’organisation basée sur la
collaboration et les connaissances. “La richesse des