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HISTOIRE GÉOGRAPHIE 1re • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES
HISTOIRE
• Un concept braudélien
Le concept historique d’« économie-monde » désigne un espace de civilisation n’ayant
pas d’unité politique, mais organisé comme un État, sur les plans culturel, économique et
militaire, autour de lui et à son prot. Dans sa thèse, en 1949, l’historien Fernand Braudel
avait utilisé le concept d’« économie-monde » qu’il avait ensuite développé en 1979 dans le
tome III de la grande synthèse qui couronnait ses travaux (Civilisation matérielle, économie
et capitalisme, xve-xviiie siècle). Il mettait en avant le « décollage » de l’Occident et la
naissance du capitalisme dans une perspective de mondialisation de l’économie.
Fernand Braudel entendait par « économie-monde », non pas la terre dans sa totalité, mais
une région plus ou moins étendue selon l’époque et le lieu. Un espace économique cohérent,
non limité par des frontières étatiques et animé par une dynamique spatiale obéissant à une
organisation concentrique : un cœur économique et politique où se concentre la richesse,
où convergent les revenus et où se développent les arts, les sciences et les libertés ; des
zones intermédiaires et des périphéries aux productions moins avancées avec un système
économique souvent esclavagiste. On pouvait en trouver des bases dès l’Antiquité mais la
structure économique moderne aurait émergé lors de la domination des cités italiennes au
xive siècle, centres d’un monde qui s’étendait à travers la Méditerranée. L’avènement de la
domination des Provinces-Unies au xviie siècle aurait marqué un tournant avec la Compagnie
des Indes. Les Empires portugais et espagnol en Amérique latine, le commerce triangulaire
entre l’Amérique et l’Afrique au xviiie siècle élargissent les espaces du mercantilisme. Le
Royaume-Uni qui a initié au xixe siècle une logique de libre-échange avec spécialisation
des espaces productifs à son prot devient « l’atelier du monde » avant d’être supplanté par
les États-Unis au xxe siècle. Les deux puissances construisent le socle de la mondialisation
actuelle (règles nancières, rôle des monnaies, standards de comptabilité…).
• Les systèmes-monde d’après Immanuel Wallerstein
Selon Immanuel Wallerstein, Fernand Braudel a étendu son concept d’économie-monde
à l’Empire romain, l’Empire ottoman, l’Inde moghole ou la Chine des Ming de manière
abusive. Selon lui, il eut fallu distinguer les empires-monde uniés de manière politique,
culturelle et religieuse, qui tolèrent cependant des entités socioculturelles minoritaires, des
économies-monde politiquement fragmentées, qui elles tolèrent une grande diversité de
langues, de mœurs, de religions mais avec une tendance à l’uniformisation culturelle via le
développement des relations marchandes. De ce fait, il développe la notion de « système-
monde » : vaste unité spatiale possédant des relations complexes (à la fois économiques,
politiques et culturelles) entre une multiplicité d’entités différentes (tribus, peuples,
royaumes, États…). Et il souligne l’originalité de l’économie-monde européenne, liée à
sa nature capitaliste : c’est la tendance illimitée à l’accumulation du capital qui explique
sa tendance à toujours repousser ses limites spatiales, à contourner toutes les barrières
physiques ou politiques jusqu’à envahir la planète entière. Les économistes utilisent le mot
« mondialisation » pour décrire une situation qui prévaut depuis 1980 à savoir, une économie
caractérisée par un fort mouvement d’investissement direct à l’étranger, la libéralisation
du commerce avec néanmoins la mise en place de régulations transnationales (FMI, fonds
monétaire international et BCE, banque commune d’épreuves). Cette mondialisation favorise
la convergence des prix des biens sur les marchés internationaux et la réduction (relative)
des écarts de salaires entre pays. Il s’agit donc aujourd’hui d’une synergie entre l’expansion
des échanges et la libéralisation du marché.
Pièges à éviter
> Penser qu’en histoire on puisse se
dispenser de travailler à différentes
échelles comme en géographie.
> Oublier de présenter une évolution
à la fois croisée et divergente de la
croissance économique et du
développement.
> Ne pas utiliser de manière
systématique les connaissances de
géographie de 2de pour baser
une réflexion d’ensemble sur la
mondialisation.
Aborder la géo-histoire à travers
le thème «Croissance économique,
mondialisation et mutation
des sociétés depuis le milieu
du xixe siècle»
En 2de, les élèves ont déjà travaillé sur
les nouveaux horizons géographiques
et culturels des Européens à l’époque
moderne et sur l’essor scientifique et
technique: la troisième mondialisation
est un «nouvel horizon», les NTIC
sont un «nouvel essor». Malgré
la fracture numérique, ils peuvent
appréhender que cet essor peut à
présent venir de pays émergents,
des PED, et non plus seulement
des Occidentaux. En géographie, ils
ont abordé le développement dans
toutes ses acceptions et les enjeux
énergétiques et alimentaires. Cet
acquis peut nettement nourrir la
réflexion à un niveau plus spécifique
en 1re tant en histoire et géographie
qu’en éducation civique, juridique et
sociale.