L’éthique — du grec ethos qui signifie mœurs — renvoie aux principes qui guident une conduite et,
donc, à une réflexion non seulement sur les moyens employés pour aboutir à une fin donnée mais
également sur la finalité même d’une action. S’agissant du monde des affaires et non pas d’un traité
philosophique, l’on retiendra ici une acception pragmatique et opérationnelle de l’éthique plutôt
qu’une acception morale et normative.
Les réflexions autour de l’éthique des affaires ne datent pas d’aujourd’hui, surtout dans le monde
anglo-saxon. Toutefois, elles opèrent aujourd’hui un retour en force sur le devant de la scène, dans un
contexte marqué par une interminable crise économique, financière mais également
environnementale, sociale et géopolitique. Contexte ô combien propice au questionnement des
modèles dominants et à l’exploration de nouveaux paradigmes.
Au cœur de ces nouveaux paradigmes, on trouve les notions de respect des biens communs, de
préservation des écosystèmes supportant l’activité des entreprises, d’attention au vivre-ensemble,
d’humanisme, de création de valeur partagée, de croissance durable, etc. Autant de sujets qui
dessinent une éthique nouvelle dans laquelle les dirigeants d’entreprise élargissent leur prisme et sont
plus attentifs à tous ceux touchés par leurs actions, à la société, à l’environnement, au moyen voire au
long terme.
Sympathique, certes, mais quid des performances économiques et financières des entreprises dans
cette nouvelle vision ? L’éthique d’entreprise, nouvelle et coûteuse boite de Pandore ou bien planche
de salut pour une économie malade ? Avec le recul et l’expérience, la contribution de l’éthique à la
bonne santé des entreprises et de l’économie peut s’apprécier de façon plus précise ;
1. La non-éthique fait peser un risque certain sur la valeur des entreprises
L’adoption par une entreprise de comportements contraires à l’éthique — fraude, corruption,
tromperie, exploitation d’êtres humains, destruction d’écosystèmes, atteinte à la santé ou la
sécurité publiques, etc. — a pu apparaître, à certaines époques et/ou dans certains contextes,
comme étant la voie la plus rapide pour gagner des parts de marché et dégager des profits faciles.
Aujourd’hui, dans une économie globalisée, dans un monde interconnecté, où la vigilance des
citoyens est amplifiée par celles des ONG et des médias, elles-mêmes décuplées par l’explosion
des technologies de la communication, les bénéfices de la non-éthique fondent comme neige au
soleil, tandis que les risques (réputationnels, juridiques, financiers …) s’accroissent
dangereusement.
La moindre attention voire la moindre formalisation de l’attention portée à l’éthique des affaires
se transforme d’ailleurs en faiblesse pour les entreprises françaises à une époque où leurs
concurrentes anglo-saxonnes et les juridictions américaines n’hésitent pas à les attaquer
durement sur ces aspects.
Signe des temps, les investisseurs institutionnels, très sensibles aux risques menaçant la valeur de
leurs portefeuilles, se méfient du risque éthique comme de la peste : ils sont en conséquent très