Note aux lect eurs : Pour respecter l’usage recommandé par l’Ofce de la langue française, nous employons dans les textes et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards.
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d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marchés. Les rendements
passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et prévisions gurant dans le document sont,
sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position ofcielle du Mouvement des caisses Desjardins. Copyright © 2014, Mouvement des caisses Desjardins. Tous droits réservés.
François Dupuis Francis Généreux 514-281-2336 ou 1 866 866-7000, poste 2336
Vice-président et économiste en chef Économiste principal Courriel : [email protected]
En plus dêtre une bonne nouvelle en soi, les 217 000 em-
bauches effectuées au sein de l’économie américaine en
mai dernier représentent une étape importante. Ce gain
comble les 119 000 emplois qui manquaient encore en
avril pour que le nombre de travailleurs rejoigne le sommet
cyclique précédent de janvier 2008. Pendant la récession,
léconomie avait perdu 8 710 000 postes jusqu’au creux de
février 2010. De ce temps, jusquau plus récent résultat, il
y a eu 8 808 000 embauches nettes. Entre ces deux som-
mets, il sest écoulé 76 mois. C’est nettement plus long que
ce que lon pouvait observer pendant les récessions pré-
dentes (graphique 1). Au palmarès des plus lentes reprises,
la deuxième position revient à la récession de 2001 lorsquil
y a eu 48 mois entre le sommet de février 2001 et celui de
février2005oùlerattrapagesétaitnalisé.
Le laps de temps depuis le sommet cyclique de 2008 paraît
particulièrement long si on le compare avec d’autres indica-
teurs de léconomie américaine. Ainsi, 42 mois (14 trimes-
tres) ont été nécessaires pour que le PIB réel dépasse son
sommet cyclique de lautomne 2007 (graphique 2). Si lon
utilise le PIB réel par personne, l’attente a été plus longue,
soit 66 mois, ce qui demeure 10 mois de moins que ce pour
quoionadûpatienteranqueleniveaud’emploirejoigne
son précédent sommet. Évidemment, d’autres mesures sont
encore«endécit»,onpeutpenseràlaproductionmanu-
facturière, aux mises en chantier, aux ventes et aux prix des
maisons.Lesprincipauxindicesdeconancedesconsom-
mateurs sont encore loin davoir rejoint leur niveau davant
la crise (graphique 3 à la page 2).
Le regain du marché du travail américain ne sest pas fait
pareillement dans tous les secteurs. Un grand contraste
sobserve rapidement entre le secteur privé et le secteur
public (graphique 4 à la page 2). Dans le premier cas, la
récupération était déjà effecte en mars dernier. Pour les
gouvernements, il manquait en mai encore 519 000 emplois
pour rejoindre le niveau de janvier 2008. Laustérité a frappé
plus tardivement dans le secteur public, mais l’embellie se
fait attendre elle aussi.
12 juin 2014
Le long rattrapage du marché du travail américain
LemarchédutravailauxÉtats‑Unisaenncupérélensembledesemploisperduspendantlacession.C’estune
bonnenouvellequireètelameilleuretenuedeléconomie.Ilyacependantencoredesombresautableaualorsquetous
les secteurs d’activité n’ont pas performé de la même façon pendant la longue reprise. Ce Point de vue économique dresse
unportraitdel’évolutiondécevantedelemploidepuislandelarécession.Cecomportementinhabitueldumarchédu
travail forcera la Réserve fédérale à demeurer excessivement prudente.
Sources : Bureau of Labor Statistics, National Bureau of Economic Research et Desjardins, Études économiques
Graphique 1 Le retour du marché du travail à son sommet
a été long
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101
04812 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76
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101
2008 2001
1990 1981
1980 1974
1970 1960
1957 1953
Sommet cyclique = 100 Évolution de l’emploi
pendant et après les récessions Sommet cyclique = 100
Nombre de mois
Sources : Bureau of Economic Analysis et Desjardins, Études économiques
Graphique 2 Le PIB réel a dépassé son sommet plus rapidement
14 000
14 200
14 400
14 600
14 800
15 000
15 200
15 400
15 600
15 800
16 000
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
45 000
46 000
47 000
48 000
49 000
50 000
51 000
52 000
53 000
54 000
PIB réel (gauche) PIB réel par personne (droite)
En G$ US de 2009 En $ US de 2009
2
Point de vue économique 12 juin 2014 www.desjardins.com/economie
Au sein même du secteur privé, il y a aussi des gagnants et des
perdants. Le graphique 5 montre la performance de chacun
des principaux secteurs d’activité depuis janvier 2008. Si
léconomie dans son ensemble a gagné le terrain perdu,
cest surtout grâce à quelques secteurs, notamment lédu-
cation et la santé avec plus de 2,5 millions demplois créés
depuis le début de 2008. En fait, ce secteur na pas vraiment
subi la crise nancière, car on ny enregistre que quatre
mois de contraction de l’emploi depuis 1998. Les services
professionnels ainsi que les loisirs et l’hospitalité ont connu
une reprise appréciable. Toute proportion gardée, la reprise
a été bonne pour le secteur des ressources naturelles dont le
niveau d’emploi en mai se situait 21 % au-dessus de celui de
janvier 2008.
Parmilessecteursquiconnaissentencoredesdifcultés,on
retrouve évidemment ceux qui ont été les plus touchés par
lacrisenancière.Laconstructionetlesecteurmanufactu-
rier sont encore loin d’avoir regagné les nombreux emplois
perdus pendant la récession (graphique 6). Dans le premier
cas, le manque à gagner équivaut encore à une perte de 20 %
parrapportàjanvier2008.Celareètelafaiblesserelative
des mises en chantier et de la plupart des autres indicateurs
du marché de l’habitation. Il est illusoire de revenir prochai-
nementàdesniveauxd’activitégonésparuneimmense
bulle. On peut toutefois espérer rejoindre des niveaux plus
normaux de construction et de ventes qui ramèneront une
partie des emplois perdus pendant la crise. Pour ce qui est
de la fabrication, ce secteur était déjà sur une pente des-
cendante depuis longtemps. La glissade est devenue plus
abrupteaveclacessionquien aampliéles difcultés
et qui a provoqué un ménage nécessaire, mais douloureux,
comme dans le cas ts clair de l’automobile. Le fait que la
production industrielle ne soit que 2,2 % sous son sommet
cycliquededécembre2007etquilyexisteencoreundécit
de 11,8 % en termes de nombre de travailleurs exprime bien
les gains de productivité observés dans le secteur.
On ne peut pleinement se satisfaire du seul constat que lem-
ploi a rejoint son niveau d’avant la récession. Comme pour
le PIB réel, le marché du travail a un certain potentiel qui
demeure grandement inassouvi (graphique 7 à la page 3).
Où serait maintenant le marché du travail si l’importante
contraction qui a débuté en janvier 2008 navait pas eu lieu?
Si lon suppose un gain mensuel de 100 000 emplois (ce qui
est moins que la moyenne des 25 dernières années qui se
Sources : Conference Board, Université du Michigan et Desjardins, Études économiques
Graphique 3 Malgré son amélioration, la confiance
des consommateurs est loin de ses niveaux d’avant la crise
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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
50
60
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80
90
100
Conference Board (gauche) Université du Michigan (droite)
Indice Indice
Sources : Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économiques
Graphique 4 Le secteur public est encore en difficulté
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2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
92
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96
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99
100
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102
103
Secteur privé Gouvernements
Janv. 2008 = 100 Janv. 2008 = 100
Sources : Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économiques
Graphique 5 Variation du nombre d’emplois depuis janvier 2008
(2 000) (1 000) 01 000 2 000 3 000
Fabrication
Construction
Information
Finance
taillants
Grossistes
Transport
TOTAL
Ressources naturelles
Loisirs et hospitalité
Services professionnels
Éducation et santé
En milliers
Sources : Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économiques
Graphique 6 La reprise est loin d’être accomplie
pour la construction et la fabrication
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95
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2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
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80
85
90
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100
Construction Fabrication
Janv. 2008 = 100 Janv. 2008 = 100
3
Point de vue économique 12 juin 2014 www.desjardins.com/economie
situe à 117 000 incluant les récessions), il manquerait envi-
ron 7 500 000 emplois présentement au sein du marché du
travail américain (graphique 8). C’est là que se trouve le
réel manque à gagner. Il est cependant utopique de penser
regagner ces postes relativement rapidement. La faiblesse
de la population active et le vieillissement de la population
vont même faire en sorte que les gains mensuels plutôt ra-
pides de la dernière ane, aux alentours de 200 000 par
mois, ne seront pas très durables1. Une tendance vers les
100 000 embauches par mois, un niveau plus soutenable,
devrait peu à peu se mettre en branle.
Ilyad’autresmanièresdereprésenterlesdéspersistants
du marché du travail et de léconomie américaine en général.
Malgré quil ait été aidé par le recul du taux de participation,
le taux de chômage, à 6,3 % en mai, reste bien au-dessus
du niveau de 4,6 % qui prévalait en moyenne en 2007. On
observe que le taux demploi chez les personnes qui sont
normalement les plus actifs sur le marché du travail, les
25-54 ans, demeure excessivement bas (graphique 9). Il
manque aussi une certaine vitalité au marché du travail
alors que les offres d’emploi, les embauches et les départs
sont relativement bas (graphique 10). Dautres statistiques
comme le temps partiel involontaire, le chômage de longue
durée et la faiblesse de la croissance des salaires prouvent
également que la conjoncture est encore loin dêtre parfaite.
La récupération des emplois perdus pendant la récession
estuneétapeimportante,maiscen’estpasunenensoi.
Léconomie américaine poursuivra sa reprise et d’autres em-
plois seront créés au cours des prochains mois. Cependant,
il faudra encore bien du temps pour effacer davantage les
séquellesdelacrisenancière.Cenestdoncpaspourrien
queprèsdecinqansaprèslanofcielledelarécession,
les taux d’intérêt directeurs demeurent pratiquement à 0 %
et que la Réserve fédérale se montre si peu encline à les
remonter.
Francis Généreux
Économiste principal
* Congressional Budget Office.
Sources : Bureau of Economic Analysis, Bureau of Labor Statistics, Congressional Budget Office
et Desjardins, Études économiques
Graphique 7 Comme pour le PIB réel,
l’emploi a aussi un écart à combler avec son potentiel
PIB réel (gauche)
PIB réel potentiel selon le CBO* (gauche)
Emplois (droite)
En G$ US de 2009 En millions
Sources : Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économiques
Graphique 8 Il reste encore beaucoup de chemin
avant de combler la création d’emplois potentielle perdue
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2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
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Emplois
75 000 emplois par mois
100 000 emplois par mois
125 000 emplois par mois
En millions En millions
Sources : Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économiques
Graphique 9 Le taux d’emploi chez les 25 à 54 ans
demeure très faible
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2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
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En % de la population civile En % de la population civile
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4 000
4 500
5 000
5 500
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2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
3 500
4 000
4 500
5 000
5 500
6 000
Embauches Séparations*
En milliers En milliers
Graphique 10 Le niveau d’emploi a remonté, mais la vitalité
du marché demeure faible
* Mises à pied, démissions, retraites et autres.
Sources : Bureau of Labor Statistics et Desjardins, Études économiques
1 Desjardins, Études économiques, Point de vue économique,
« vont le taux de participation et le taux de cmage aux
États-Unis? », 24 février 2014, www.desjardins.com/ressources/pdf/
pv140224-f.pdf?resVer=1393347363000.
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