
Press book – PERSE – Conférence de presse du 20 mars 2013 Page 5 of 49
« Pour une pathologie multifactorielle telle
que l’escarre, nous avons préféré l’EPM ou
Evidence Practice Medecine, médecine fondée
sur la pratique, à l’EBM ou Evidence Based
Medecine. Le consensus formalisé d’experts
modulant l’analyse bibliographique et les avis
d’experts est en effet recommandé par l’HAS
dans un cas comme celui-ci », précise le Dr
Brigitte Barrois.
Près de 9 % des patients hospitalisés en France présentent au moins une escarre1.
Malgré les nombreux progrès observés dans les pratiques, l’escarre reste une pathologie
liée aux soins toujours trop fréquente. Le taux de prévalence de près de 9 % des personnes
hospitalisées reste inchangé depuis 10 ans. Mesuré en 2004 au cours d’une enquête
nationale menée auprès de 37 307 patients hospitalisés dans plus de 1 000 hôpitaux
français, il est similaire à celui d’une précédente enquête datant de 1994. Ces résultats sont
à l’origine de l’extrapolation proposant une prévalence de 300 000 personnes atteintes en
France.
L’escarre touche une grande diversité de patients2 : personnes de tous âges, de l’enfant
au senior, séjournant au domicile, en chirurgie aiguë ou unité de soins intensifs, blessé
médullaire … tous sont concernés avec des risques et des fréquences variables. La
population âgée est particulièrement touchée du fait de la fréquence des pathologies
chroniques multiples qui coexistent dans cette tranche d’âge avec des répercussions sur la
mobilité et l’état nutritionnel. Chez les patients qui subissent une intervention chirurgicale,
l’incidence des escarres varie de 8 à 55 %. Plus de la moitié sont acquises en période
peropératoire.
L’escarre n’est pas une simple plaie
L'escarre se définit comme une lésion
cutanée ischémique liée à une compression
des tissus mous entre un plan dur et les
saillies osseuses2. L’escarre peut entraîner
une souffrance physique et morale, une
limitation de l’autonomie et un
retentissement souvent sous-estimé sur la
qualité de vie du patient3. Au-delà d’une
simple plaie, l’escarre est une maladie qui
se prévient, se soigne et s’accompagne
comme toute autre maladie sévère3.
Une méthodologie rigoureuse : de l’analyse de la littérature à la conférence de
consensus
L’association PERSE a constitué en 2010
un groupe de pilotage pour analyser les
principales questions nécessitant une
mise à jour. L’analyse exhaustive de la
littérature internationale publiée au cours
des dix dernières années a été réalisée en
partenariat avec la SOFMER et la SFFPC,
et conduite sous forme de conférence
formalisée d’experts2, 4,5,6,7,8,9.
Ce travail a été effectué à travers trois étapes :
- Deux documentalistes professionnels ont effectué une revue systématique de la
littérature (bases de données PASCAL Biomed, Pubmed et Cochrane Library) et un
classement des articles retenus pour analyse à partir de la grille de l’ANAES en
quatre niveaux de qualité méthodologique10 ;
- Un recueil des pratiques professionnelles a été réalisé auprès d’un échantillon
représentatif des participants aux congrès nationaux des quatre associations et
sociétés PERSE, SOFMER, SFGG, SFFPC sous la forme de questionnaires ;
- Et l’avis d’un comité d’expert a été sollicité sur un premier travail rédactionnel.
Chaque question traitée a donné lieu en 2012 à une publication détaillée dans les Annales
de Médecine Physique et de Réadaptation.
« Traiter une escarre en s’occupant uniquement
de la plaie est une stratégie vouée à
l’échec. L’escarre doit être reconnue comme une
véritable pathologie chronique multifactorielle pour
laquelle l’intervention des soignants ne peut pas se
limiter aux soins locaux. Elle nécessite une prise en
charge globale du patient et un investissement
pluridisciplinaire de la part de toutes les personnes
concernées : médecin, infirmier, aide-soignant,
kinésithérapeute, diététicien, ergothérapeute… sans
oublier le patient lui-même et son entourage »,
explique le Dr Brigitte Barrois, Vice-Président de
l’association PERSE.