La langue française aux XIVe et XVe siècle C`est

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La langue française aux XIVe et XVe siècle
C’est pendant cette époque livrée à l’anarchie des guerres, des pestes et des famines que la langue
française opère une mutation décisive. Soumise à un certain relâchement linguistique, elle subit
également l’influence des savants, puissants dans l’appareil de l’Etat et la vie économique du
royaume. Après s’être librement développé entre les IXe et XIVe siècles, au XVe siècle, le
français, soumis à un certain « dirigisme linguistique », s’éloigne définitivement de la langue
parlée par le peuple. Cette dernière survit encore aujourd’hui dans les patois régionaux.
Le français s’affirme et s’enrichit
Le français concurrence le latin dans les actes administratifs et judiciaires.
Le français, utilisé par les clercs, continue à se nourrir de latin aussi bien dans le domaine de la
syntaxe que du lexique.
Le français se répand de plus en plus en France, gagne des positions réservées auparavant au latin
mais celui-ci, dans le même temps, envahit le français
L’instabilité politique, économique et sociale favorise un relâchement linguistique
L’orthographe commence à se fixer et à se rationaliser. Le français écrit tend à se simplifier et à se
rapprocher de l’oral : les diphtongues et triphtongues très nombreuses disparaissent et se réduisent
à des voyelles simples. Mais dans le même temps, l’orthographe se complique dans certains
domaines car les lettrés résistèrent en exigeant de conserver des graphies très éloignées de la
langue orale ou encore en restituant une orthographe conforme à l’étymologie latine et qui avait
disparu en ancien français (ex : les consonnes doubles : belle, flamme etc.).
La syntaxe devient plus complexe. D’un côté l’ordre des mots dans la phrase se stabilise (sujet +
verbe + complément) car le système de déclinaison issu du latin et réduit à deux cas en ancien
français (le cas sujet et le cas objet) tombe en désuétude. Mais le développement des conjonctions
et des prépositions complique la syntaxe.
Les conjugaisons verbales se simplifient et se régularisent.
En ce qui concerne le lexique, de nombreux termes locaux disparaissent.
Le renouvellement du vocabulaire : l’invasion du latin dans le français
Ce processus qui débute au XIIIe siècle s’intensifie dans la période suivante au point que les
termes français paraissent ensevelis sous la masse des latinismes. Les princes de l’époque,
sensibles aux lettres et aux arts, favorisent les « écumeurs de latin », des savants, imprégnés de
latin et de grec classiques mais peu familiers de la philologie romane, éblouis par les chefsd’œuvre de l’Antiquité et désireux de rapprocher la langue parlée du latin qui représente l’héritage
culturel du passé.
Au XIVe siècle, apparaissent les doublets : deux mots qui ont la même origine étymologique.
L’un a suivi l’évolution phonétique du latin vulgaire (parlé) au français, c’est le mot d’origine
populaire. L’autre a été directement emprunté au latin classique, celui de Cicéron et de César,
c’est le mot d’origine savante. Environ une centaine de doublets demeure dans le français
d’aujourd’hui. Exemples : raide / rigide (rigidus) – parole / parabole (parabola) – frêle / fragile
(fragilis) – peser / penser (pendere) – loyal / légal (legalis) – écouter / ausculter (auscultare) –
chétif / captif (captivum) – sanglier / singulier (singularis) – métier – ministère (ministerium) –
échelle / escale (scala) – chose / cause (causa) – étroit / strict (strictum) – piètre, pitre / pédestre
(pedestrem).
Cette tendance du pouvoir politique à contrôler l’évolution de la langue s’accrut encore davantage
à la Renaissance. Le français perdit la prérogative de se développer librement, elle devint le
monopole des lettrés, poètes et grammairiens. Ce dirigisme joua un rôle fondamental dans la
création de l’idée de nation.
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