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consacréesàlasécuritésocialeetauxinfras‐
tructurespubliques.Lesmessagesadressés
auxcitoyenseuropéenssontapparemment
contradictoires:d’uncôté,onleurapromis
uneaugmentationdelaperformanceéco‐
nomiquegrâceàl’euro;del’autrecôté,
l’euros’accompagned’unreculduniveaude
vie.Certainsdirontqu’ilconvientdeconsen‐
tirunsacrificeàcourttermepourobtenir
uneaméliorationàlongterme.L’europer‐
mettraalorsdebénéficierd’unehaussedu
niveaudevie,mêmesi,defait,rienne
prouveaujourd’huiqu’ilensoitainsi.
L’exactitudedecettethéorien’estpasdé‐
montréeetpourtant,desmillions
d’individusvoientleurviedétruitesurla
basedecettehypothèse.S’ilspeuventdou‐
terdelavéracitédelathéorieàlongterme,
ilssontenrevanchecertainsqu’àlongterme
ilsseronttousmorts.Etmalheureusement,
celaseravraipourbeaucoupd’entreeux
avantquelespromessesdel’euronede‐
viennentréalité.
L’incertitudefaceàl’aveniretlemanquede
confiancedanslesinstitutionsnesontbéné‐
fiquesnipourl’économie,nipourlasociété.
C’estpourcelaquelesÉtatsmembresde
l’UEdoiventœuvrerdeconcertpourpro‐
mouvoirundéveloppementéconomiqueet
socialdurable,enrééquilibrantlespolitiques
communautairesetenrenforçantladimen‐
sionsocialedel’UEM.L’expériencedeces
dernièresannéesamontréqu’enl’absence
demesuresappropriées,lesinstabilitéséco‐
nomiquesetfinancièrespeuventconduireà
desinstabilitéspolitiquesetsociales,les‐
quellespeuventserévéleraussidange‐
reusesqu’unecrisefinancière,ycompris
pourl’économie.Danslasituationactuelle,
lesseulessolutionsoffertesauxpaysen
crisesontl’austérité–qui,nouslesavons,
nefaitqu’accentuerlechômage–etles
politiquesdel’offre.Laquestionn’estpasde
savoirsicespolitiquessontappropriéessur
lelongterme:aujourd’hui,c’estlademande
quiposeproblème,etcespolitiquesde
l’offreaggraventsouventleproblèmede
l’inadéquationdelademande.
Lesconséquencessontévidentes.Cesont
différentesformesdecapitalquiontété
détruites,nonseulementlecapitalausens
usuelduterme–économiqueetfinancier–
maisplusparticulièrementlecapitalhumain
etsocial(notammentlaconfiance).Au‐
jourd’hui,ilestpréconiséqueseulslesin‐
vestissementsdanslecapitaléconomique
soientconsidéréscommeun«casparticu‐
lier»qu’ilconviendraitd’excluredesrègles
budgétairescontraignantesdel’Europe,
lesquellesnesemblentprendreenconsidé‐
rationqu’uneseulepartiedubilandesÉtats
ensefocalisantsurlepassifsanstenir
comptedesélémentsd’actif.Cetteapproche
estd’autantplusabsurdequenoussavons
quelecapitalhumainestleprincipallevier
delacroissanceetduprogrèssocial,etque
sanscapitalsocial,sociétésetmarchésne
peuventfonctionnercorrectement.Lastra‐
tégieadéquateconsisteraitàinvestirmassi‐
vementdanscesformesdecapitalpour
reconstruirel’économie,commesil’Europe
avaitétéfrappéeparunecatastrophenatu‐
relle,untremblementdeterreparexemple.
Ilfautrétablirlacapacitédesentrepriseset
descitoyenseuropéensàs’adapteràun
mondeenmutationrapide,développerles
compétencesutilespourl’économieetla
sociétéduXXIesiècleetrendrel’économie
etlasociétéeuropéennespluscompétitives
etplusdynamiques.Ceteffortnepeutêtre
laisséauxseulsgouvernementsnationaux;il
doitêtreconsentidemanièrecollectiveà
l’écheloneuropéenetêtreperçucommetel
parlescitoyensdel’Union.Unetelledé‐
marcheseraitinterprétéecommelesigne
concretquelesinstitutionscommunautaires
etnationalescontinuentdecroireenl’avenir
del’Unioneuropéennecommedanslesob‐
jectifsduTraité,etquel’espritdesolidarité
entreÉtatsmembresénoncéàl’article3n’a
pasdisparu.