Cours de M. Gillon
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La dernière théorie proposée par Bernardi en 1984 est dite bipartite : elle est fondée en 1
e
sur la
pression de sélection exercée par les prédateurs, responsable non pas de l'apparition es
ressemblances mais de leur maintien. Selon Bernardi, le mimétisme s'appuierait également sur des
convergences accidentelles. Finalement, on voit donc le rôle prépondérant de l'environnement sur le
façonnage d'un mimétisme effectif, quelle que soit la théorie retenue.
Une place particulière doit être réservée à l'exemple du coucou. Les femelles coucou déposent
leurs œufs dans le nid d'autres oiseaux, et c'est l'espèce hôte qui en assurera l'incubation. Cependant,
chaque coucou ne pond ses œufs que dans le nid de quelques espèces bien déterminées.
Une fois le nid choisi, la femelle coucou prend le soin d'éliminer un oeuf de la couvée hôte et
le remplace par le sien. L'œuf du coucou ressemble par sa taille et sa couleur à l'œuf de l'hôte : tout
se passe comme si la femelle coucou connaissait la couleur de ses propres œufs et choisissait le nid
de l'hôte qu'elle va parasiter. La couleur varie avec les individus car le coucou commun parasitant
beaucoup d'espèces. Ainsi, les œufs placés dans le nid du pipit des prés sont d'un brun foncé violacé,
rosâtres et tachetés de brun avec le rouge-gorge, blanchâtres tâchés de brun avec la Fauvette.
De tels phénomènes sont difficilement explicables mais il semble que la plupart des Oiseaux
soient capables de reconnaître l'oeuf de coucou. Cette reconnaissance amène souvent la destruction
de l'œuf ou la désertion du nid. On peut donc supposer que l'adaptation de l'œuf de coucou à la
couleur de l'œuf de l'hôte est le résultat de la destruction constante des œufs les plus dissemblables à
la couleur de l'hôte. C'est un des cas où l'hypothèse de la sélection naturelle serait la plus
satisfaisante.
5) Les principaux types de mimétisme
a) La mimèse
Ce type de mimétisme regroupe les cas de cryptisme et de camouflage : cela correspond en
réalité à l'art de passer inaperçu. La ressemblance concrète ou abstraite avec les éléments du milieu
(biotique ou abiotique) peut satisfaire plusieurs objectifs.
La mimèse protectrice confère à l'organisme une défense vis-à-vis de l'organisme : c'est le cas
des sauterelles-feuilles camouflées par leur livrée imitant une feuille jusqu'au moindre détail. La
mimèse agressive permet au contraire à l'animal mimétique de chasser sans être repéré par ses
proies, ou de se nourrir aux dépens de celle-ci (valable pour les commensaux) : c'est par exemple le
cas des mantes-fleurs. Enfin, on a la mimèse défensive.
b) Le mimétisme vrai
A l'inverse de la mimèse, l'animal mimétique ne cherche pas à se dissimuler de ses ennemis. Il
affiche ses caractères mimétiques copiés chez une autre espèce afin d'attirer l'attention de son
ennemi. Dans la classification classique, on avait coutume de distinguer les mimétismes batésien,
müllerien, agressif et intraspécifique. Une nouvelle classification a cependant été établie et distingue
5 catégories de mimétisme :
- le mimétisme batésien : c'est un mimétisme constant qui permet de repousser l'adversaire en
lui inspirant de la peur et/ou du dégoût. C'est un mime inoffensif où le modèle est protégé vis-à-vis
du prédateur : le mime sera donc également protégé…
- le mimétisme müllérien : dans ce cas, le mime est désagréable pour le prédateur. Cela
confère un avantage aux 2 espèces : quel que soit l'individu avalé par le prédateur, ce dernier sera
gêné et évitera alors les 2 espèces concernées.
- le mimétisme reproductif : il regroupe les cas où le mimétisme constant est attrayant pour le
dupe et permet uniquement la reproduction du mime. Dans ce cas, le dupe est de la même espèce que
le mime (?). L'exemple le plus frappant est l'exemple des œufs de coucou, qui ressemblent à s'y
méprendre aux œufs de l'hôte.
- le mimétisme wicklérien : les signaux envoyés à la dupe sont temporaires et sont induits par
le mime dans certaines circonstances dans le but d'attirer la dupe. En général, il s'agit d'un