14
50 % des personnes atteintes de
diabète non insulinodépendant au
moment du diagnostic évoluent ensuite
vers une thérapie insulinique. Dans
certains cas, cette progression est
due à un traitement inadéquat mais,
le plus souvent, elle est due à
l'évolution même de la condition, qui
s'accompagne d'une perte progressive
de la capacité de sécrétion d'insuline.
Auto-anticorps
Pourtant, dans un sous-groupe, des
anticorps circulants dirigés contre les
propres îlots de Langerhans
producteurs d'insuline peuvent être
détectés, les mêmes auto-anticorps
que chez les personnes atteintes de
diabète de type 1. Les personnes
atteintes de diabète de type 2
initialement non insulinodépendant
accompagné d'auto-anticorps associés
au diabète sont définies comme étant
atteintes de LADA et sont reconnues
comme étant à haut risque d'évoluer
vers l'insulinodépendance.1,2
La prévalence du LADA a été estimée
dans un certain nombre d'études sur
des populations européennes et non
européennes. En Europe, le LADA est
défini comme un diabète initialement
non insulinodépendant diagnostiqué
chez des personnes âgées de 30 à 50
ans porteuses d'anticorps anti-GAD
(anti-glutamate décarboxylase). Il
représente environ 10 % des cas. Parmi
les populations non européennes, la
Le LADA (Latent Autoimmune
Diabetes in Adults)
`David Leslie et Cristina Valeri
>>
Il existe deux types principaux de diabète : le diabète de
type 1 (insulinodépendant) et le diabète de type 2. Toutefois,
il semble que certaines formes de la condition ne peuvent être
classées dans aucun de ces types et il en existe une en
particulier qui semble être à cheval sur ces deux catégories.
Alors que ce type de diabète semble toucher les adultes
atteints de diabète de type 2, il possède plusieurs des
caractéristiques génétiques, immunes et métaboliques du
diabète de type 1 et représente un risque élevé de progression
vers l'insulinodépendance. Cette condition est connue sous le
nom de LADA (Latent Autoimmune Diabetes in Adults). Il
apparaît chez près de 10 % des personnes atteintes de diabète
initialement non insulinodépendant et il est par conséquent
probablement plus prévalent que le diabète de type 1. Une
initiative majeure de l'Union européenne (ACTIONLADA)
prévoit de développer les connaissances sur cette condition.
Le diabète atteindra des proportions
pandémiques dans les 10-20 prochaines
années. Les données publiées par la
FID indiquent que d'ici 2025, le
nombre de personnes touchées
atteindra 333 millions – 90 % de ces
personnes seront atteintes de diabète
de type 2. Dans la plupart des sociétés
occidentales, la prévalence globale
atteint 4 à 6 % et jusqu'à 10 à 12 %
dans la tranche d'âge des 60-70 ans.
Les dépenses de santé annuelles
attribuables au diabète et à ses
complications représentent entre
6 à 12 % de l'ensemble des dépenses
de soins de santé.
Le diabète de type 2 est un facteur de
mortalité et de morbidité important
dans la plupart des pays. De plus, 25 à
Décembre 2003 Volume 48 Numéro 4
Soins de santé
()
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fréquence varie de zéro en Papouasie
Nouvelle Guinée à 16 % au Congo et
en Chine. Nous savons que, bien que
le diabète de type 1 soit relativement
peu courant, le diabète de type 2
est lui très répandu. Etant donné
qu'une proportion importante des
personnes atteintes de diabète non
insulinodépendant ont des anticorps
anti-GAD, on peut en déduire que le
LADA est probablement beaucoup
plus prévalent que le diabète de
type 1 classique.1
Le diabète auto-
immune non
insulinodépendant
représente une
proportion
importante de la
population atteinte
de la condition.
La génétique
Les personnes atteintes de LADA
présentent souvent les gènes de
groupage tissulaire (histocompatibilité
– HLA) et les modifications immunes
normalement associées au diabète de
type 1.3En effet, les gènes HLA
associés au LADA sont les mêmes
que ceux associés au diabète de
type 1. La présence d'anticorps anti-
GAD, mentionnée plus haut, définit en
partie le LADA. Mais les personnes
atteintes de LADA peuvent également
avoir d'autres auto-anticorps associés au
diabète, y compris des auto-anticorps
dirigés contre les îlots de Langerhans et
les dénommés auto-anticorps anti-IA-2.
Les personnes ayant des auto-anticorps
anti-GAD et anti-IA-2 évoluent plus
rapidement vers l'insulinodépendance
que ceux ayant uniquement des auto-
anticorps anti-GAD.2,4
Caractéristiques cliniques
Ces caractéristiques génétiques et
immunes du LADA coïncident avec une
condition immunitaire qui ressemble au >>
L'anti-glutamate décarboxylase (GAD) est un enzyme présent
dans toutes les cellules humaines. Il catalyse la dégradation de
l'acide glutamique, dans le cadre du cycle de l'élimination d'un
déchet (ammoniac) dans l'organisme. La présence dans le sang
d'auto-anticorps anti-GAD est un marqueur précoce du processus qui
conduit à la destruction des îlots producteurs d'insuline et donc au
diabète de type 1.
Les sulfonylurées sont une des nombreuses catégories de
médicaments utilisés dans le traitement du diabète de type 2 pour
réduire le taux de glucose dans le sang.
Près de 80 % des adultes chez
qui un diabète de type 2 a été
récemment diagnostiqué mais
qui sont atteints de LADA
évoluent vers l'insulino-
dépendance dans les 6 ans.
© mauritius
Décembre 2003 Volume 48 Numéro 4
Soins de santé
()
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`David Leslie et
Cristina Valeri
David Leslie est Professeur de
Diabète et d'Autoimmunité auprès
du Queen Mary College, University of
London, Royaume-Uni et Chercheur
principal pour l'étude ACTIONLADA
de l'Union européenne.
Cristina Valeri est Monitrice de
recherche auprès du Queen Mary
College, University of London,
Royaume-Uni.
Références
1. The Expert Committee on the
Diagnosis and Classification of
Diabetes Mellitus. Report of the
expert committee on the diagnosis
and classification of diabetes
mellitus. Diabetes Care 1998; 21
(suppl 1): S3-519.
2. Leslie RDG, Atkinson MA,
Notkins AL. Autoantigens IA-2 and
GAD in type 1 (insulin-dependent)
diabetes. Diabetologia 1999; 42: 3-14.
3. Tuomi T, Carlsson A, Li H,
Isomaa B, Miettinen A, Nilsson A,
Nissen M, et al. Clinical and genetic
characteristics of type 2 diabetes
with and without GAD antibodies.
Diabetes 1999; 48: 150-7.
4. Turner R, Stratton I, Horton V,
Manley S, Zimmet P, Mackay IR, et al,
for UK Prospective Diabetes Study
(UKPDS) Group. UKPDS 25:
autoantibodies to islet cytoplasm and
glutamic acid decarboxylase for
prediction of insulin requirement in
type 2 diabetes. Lancet 1997; 350:
1288-93.
5. Palmer J. Therapeutic importance
of subset of type 2 diabetes? Diabetes
Care 2000; 23: 574-575.
diabète de type 1. Les personnes
atteintes de LADA présentent de
nombreuses autres caractéristiques
cliniques du diabète de type 1. Par
exemple, elles ne sont généralement pas
obèses, contrairement à la plupart des
personnes atteintes de diabète de
type 2, et affichent une déficience
impressionnante de la sécrétion
d'insuline.
Etant donné que
l'évolution du LADA
est différente de
celle du diabète de
type 2 classique, les
stratégies de gestion
de la condition
peuvent également
varier.
Près de 80 % des adultes chez qui un
diabète de type 2 a été récemment
diagnostiqué mais qui présentent des
auto-anticorps anti-GAD (autrement
dit, qui sont atteints de LADA)
évoluent vers l'insulinodépendance
dans les 6 ans.Alors que le délai
moyen entre le début d'une thérapie
par médicaments oraux pour réduire
les taux de glycémie et l'évolution vers
l'insulinothérapie est d'environ 4 ans
chez les personnes atteintes de LADA,
il peut aller jusqu'à 8 ans chez les
personnes qui n'ont pas d'auto-
anticorps associés au diabète.4A
l'heure actuelle, aucun traitement ne
parvient à arrêter cette progression
vers le diabète insulinodépendant,
mais il s'agit clairement d'un sujet
d'une extrême importance pour la
santé publique étant donné la forte
prévalence du LADA.5
Gestion du LADA
Il n'y a pas de stratégie de gestion
établie pour les personnes chez qui un
LADA est diagnostiqué.5 Cependant,
l'identification de ce groupe à haut
risque de progresser vers
l'insulinodépendance permet entre
autres :
d'éviter un traitement à base
de metformine
d'introduire de façon précoce
l'insulinothérapie
d'appliquer des essais d'intervention
pour interrompre ou inverser le
processus destructeur.
Pour les personnes chez qui un diabète
est diagnostiqué et chez qui la
principale anomalie est la perte de
sécrétion d'insuline, le traitement
devrait se concentrer sur le
rétablissement de la sécrétion
d'insuline par les îlots. Une thérapie
visant à prévenir l'évolution vers
l'insulinodépendance pourrait inclure
l'immunothérapie, l'insuline ou des
médicaments hypoglycémiants oraux.
L'efficacité des sulfonylurées n'a
pas été officiellement testée, bien
qu'elles semblent efficaces dans un
premier temps chez les personnes
insulinosensibles.Toutefois, il est
évident que les sulfonylurées
n'empêchent pas l'évolution vers
l'insulinodépendance des personnes
atteintes de LADA. Les bienfaits
éventuels de la metformine
n'apparaissent pas clairement. Ce
médicament peut être contre-indiqué
chez les personnes atteintes de LADA
puisqu'il y a un risque théorique de
trouble métabolique grave chez
les personnes qui évoluent vers
l'insulinodépendance alors qu'elles
sont sous metformine.
Décembre 2003 Volume 48 Numéro 4
Soins de santé
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