Une autre question se pose : qu’est-ce que l’image, le signe, et leur relation interne ?
Née d’une tradition démocratique, l’image occidentale est rhétorique. Chez Platon, les
Formes communiquent entre elles, ce qui permettra le mélange d’identité et de
différence, aussi bien de la réalité des Formes que de celles de n’importe quel
individu. Déterminée par une vision hiérarchique du monde, la notion de l’image en
Chine est historique, hiérarchique. Dans la pensée chinoise traditionnelle, la relation
des individus est dans une transmission verticale : tout passe par le milieu qui émet la
puissance de communication, dont la maîtrise était la préoccupation de l’art chinois.
Dans l’art occidental classique, la captation de la force énergétique, motrice de la
communication, était un agent latent. La modernité l’a rendu manifeste, en
poursuivant le même dessein de création.
Ainsi, nous pouvons penser qu’il y a deux sortes de création d’image, l’une est
mimétique, l’autre est ‘calligraphique’. En effet, la calligraphie chinoise s’estime
aussi comme une imitation, sauf qu’il s’agit d’une mimésis de la puissance et de la
logique créatrice. Tandis que dans le premier cas, la mimésis est considérée partielle et
dépendante de l’objet référent, surtout quand l’image n’est pas produite par un
instrument, qui pourrait lui accorder une certaine objectivité et ontologie. Raison pour
laquelle dans Le sophiste, Platon distingue deux sortes d’illusions. L’une est produite
par un instrument, l’autre par le corps du producteur. Cette deuxième est nommée
« genre mimétique ». En revanche, l’image produite à l’aide d’un instrument demeure
sans nom. La peinture est considérée comme un art de la mimésis, elle se sert
cependant des outils, du matériel et du support. Sans doute parce que le pinceau n’est
pas un instrument qui pourrait transmettre le génie divin comme le miroir, qui reflète
automatiquement l’image du monde. La peinture classique est une création humaine,
poïétique. Elle est par conséquent une illusion mimétique.
Notre ligne de division s’opère en diagonale par rapport à celle de Platon. D’un côté,
il y a genre ‘mimétique’, ou ‘calligraphique’, au sens d’imiter la force créatrice de
l’image : toutes les formes d’art donc nous allons traiter ici, la calligraphie chinoise, la
peinture, la photographie, etc., lui appartiennent, mais ces deux dernières sont plus
proches de l’autre côté, soit le cas est contraire, et nous laisserons aux esthètes et
philosophes en méditer le nom.
Notre étude ne prétend pas comprendre toute leur spécificité disciplinaire, mais
détecter ce en quoi consiste leur ressemblance, leur croisement de chemin avec la
calligraphie chinoise : quelle est la production de l’image aujourd’hui, et dans quel
sens ?
Du fait qu’il se situe hors du champ mimétique, l’art moderne est radicalement
différent de l’art classique, en déployant l’inconscient, l’automatisme,
l’expressionnisme. En plus, il s’éloigne de l’art d’illusion par son aspect abstrait et