Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 16/04/2017
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Le théâtre de Liège
Du théâtre royal à l'Opéra Royal de Wallonie
L'I.P.W. (Institut du Patrimoine Wallon), fréquent collaborateur de l'Université de Liège, a publié, en
octobre 2012, un livre intitulé Le Théâtre de Liège. Du Théâtre Royal à l'Opéra Royal de Wallonie.
Alors que les récents travaux qui résonnaient depuis deux ans au cœur de l'opéra sont désormais
achevés, c'est un autre chantier de taille que le public peut aujourd'hui découvrir : celui érigé et dirigé
en 300 pages par Frédéric Marchesani, qui offre une synthèse unique de l'histoire architecturale et
institutionnelle du théâtre principautaire.
Le premier objectif de cet ouvrage de mettre en avant le patrimoine
architectural wallon, en retraçant, dans la première partie, l'histoire de l'édifice qui abrite l'opéra, de 1816, date
de sa construction, jusqu'aux derniers travaux de 1970. Dans la seconde partie, il s'agira de rendre compte
des travaux de rénovation, restauration, modernisation et agrandissement qui ont débuté en 2010 et se sont
achevés pour la rentrée scolaire 2012 ; travaux qui ont permis à l'institution de réinvestir un lieu de prestige,
désormais à la pointe de la technologie. La troisième partie quant à elle, sera dédiée à l'histoire institutionnelle
du Théâtre Royal, de l'inauguration de l'édifice en 1820 jusqu'à aujourd'hui, tout en considérant la genèse
de la tradition lyrique liégeoise, vers 1735. Cette année, un second ouvrage verra le jour, dans la collection
« Études et documents » de l'Institut du patrimoine wallon. Il sera entièrement consacré à la partie technique
et scientifique des travaux.
Espérons que l'I.P.W. s'attèlera également prochainement à la publication d'un Carnet du patrimoine, tant le
sujet est vaste et digne d'intérêt.
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Un livre d'art
Cet ouvrage sur le Théâtre Royal foisonne de superbes illustrations qui en font, ipso facto, un livre d'art. L'on
y trouve tantôt des photos récentes, témoignant de l'avancement des travaux, tantôt des images anciennes,
montrant le bâtiment et ses alentours il y a environ 150 ans. Les nombreuses images d'archives découvertes,
notamment, dans les fonds patrimoniaux de la Ville de Liège, dans les trésors Musée de la vie wallonne ou
de la bibliothèque du Conservatoire royal de Liège, représentent à elles seules une documentation du plus
haut intérêt.
L'illustration est abondante, dans tout l'ouvrage : l'extérieur du bâtiment, l'intérieur, des dorures aux endroits
les plus inaccessibles. L'on y voit également reproduits des règlements vieux de 200 ans destinés à l'orchestre,
ou des affiches annonçant événements et spectacles, comme cette représentation de Carmen en 1893
en présence du Prince Albert, mais également des portraits des personnalités marquantes de l'O.R.W.,
comme Raymond Rossius, directeur de 1965 à 1992. Plusieurs productions très remarquées sont également
représentées dont Tre intermezzi fin 2007, la prestation en particulier d'Alberto Rinaldi avait été saluée,
et bien sûr, l'incontournable tétralogie de Wagner Der Ring des Nibelungen en 2005 mis en scène par Jean-
Louis Grinda.
Cocasse et instructif…
La construction de l'opéra fut décidée en 1816, une dizaine d'années après l'incendie du 1er janvier 1805
qui ravagea la salle de spectacle de la ville. On confia alors à Auguste Dukers la construction d'un théâtre
pouvant accueillir un millier de spectateurs. L'architecte s'est inspiré pour son projet du théâtre parisien de
l'Odéon, mais notre théâtre est un théâtre classique « à l'italienne » doté d'une salle en fer à cheval, d'une
scène rectangulaire, et de loges fermées comme dans les édifices italiens, avec cependant aussi des loges
ouvertes, qui répondent davantage à la tradition française.
Afin de limiter les coûts, ce sont des pierres traditionnelles des bords de Meuse qui ont été utilisées. Et pour la
sécurité des spectateurs, l'incendie de 1805 étant encore très présent dans les mémoires, l'architecte a prévu
pas moins de dix portes d'entrées. Le spectateur d'aujourd'hui peut désormais porter un nouveau regard sur
l'architecture du théâtre, classé en 1999 par la commission royale des Monuments, sites et fouilles (CRMSF).
Le terme « monument » retrouve ainsi tout son sens étymologique, car le Royal est bel et bien un témoin
du passé.
Tout à côté du bâtiment, la place connue aujourd'hui sous le nom de « place de la République française »,
s'appelait auparavant « place du Théâtre », avant la fin de la première guerre mondiale. Plus tôt encore, la
place accueillait un bras de Meuse, qui occupait également tout le boulevard de la Sauvenière. La construction
de l'édifice a donc nécessité la couverture et la canalisation de ce bras. L'Université de Liège possède d'ailleurs
une maquette de la ville en 1730, réalisée par Gustave Ruhl, qui permet de bien se rendre compte de
l'ampleur des travaux qui ont été nécessaires.
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La maquette « La cité de Liège vers 1730 » : Détail
La guerre de 14-18 est responsable d'une forte dégradation du bâtiment, mais ce ne sont pas les
bombardements qui en sont la cause : le théâtre avait été réquisitionné pour servir d'écurie et de cuisine à
l'armée allemande. Il sera retrouvé à la libération dans un état lamentable et devra être restauré dans l'entre-
deux-guerres, et notamment en 1930, alors que Liège accueille l'Exposition Internationale à l'occasion du
centenaire de l'indépendance belge. Une restauration maladroite de la façade lui fera d'ailleurs perdre sa
couleur blanche, rendue aujourd'hui grâce aux récents travaux.
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2010-2012, une rénovation intelligente et respectueuse
Une nouvelle salle de répétition aux dimensions du plateau, la rehausse de la cage de scène, la révision de la
sécurité, un plus grand confort, des moyens techniques accrus… Autant d'entreprises jugées indispensables
à la survie et à la modernisation de l'Opéra. L'objectif était double : l'institution devait disposer de moyens
techniques qui lui permettraient de rivaliser avec d'autres grandes maisons sur la scène internationale, et le
patrimoine architectural wallon s'en trouverait bien sûr valorisé. Pour ce faire, ces travaux n'allaient pas être
entrepris à la légère : ils sont le fruit d'une étude lithologique, réalisée par Francis Tourneur, d'une étude
structurelle, d'une analyse des enduits et des traitements picturaux appliqués sur les façades, ainsi que d'une
étude précise des décors intérieurs - les deux dernières ayant été menées par le géologue Dominique Bossiroy.
Vue de la grande salle de spectacle après la restauration, état en juin 2012
Photo Guy Focant © SPW-Patrimoine
L'ouvrage nous offre une
véritable visite guidée de l'opéra, littéralement de fond en comble. L'on y découvre, en texte et en images,
le foyer, la salle de spectacle, mais aussi les charpentes, les différents états d'avancement des travaux
de restauration, la construction de la nouvelle salle de répétition, avec un panorama de la ville d'un point
de vue assez inédit. Le grand foyer a retrouvé son apparence originelle, reconstituée grâce à des sources
iconographiques. Pour l'anecdote, les travaux y ont permis de découvrir que les lustres dudit foyer présentaient
de graves défauts techniques et esthétiques. Ils ont donc être remplacés par de nouveaux lustres en verre
de Murano.
La salle, elle aussi, a été rénovée, mais également réaménagée dans un souci d'amélioration acoustique. La
fosse d'orchestre a par exemple été détruite et reconstruite, car sa structure antérieure enfermait le son au
lieu de le diffuser vers la salle. La nouvelle fosse peut adopter une géométrie variable selon l'importance de
l'orchestre.
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La salle gagne également en confort pour les spectateurs grâce entre autres à des bouches d'air, disposées
sous les pieds des spectateurs et pulsant l'air à très faible vitesse pour ne pas les indisposer. Si les travaux ont
réduit les places disponibles au parterre pour le confort des spectateurs, ils en ont au contraire augmenté le
nombre aux quatrième et sixième balcons. Le théâtre compte désormais 1020 places. Remarquons encore que
les personnes à mobilité réduite voient leur accès facilité par l'augmentation du nombre de cages d'ascenseur.
Notons aussi que le soin apporté à l'aspect sécuritaire a permis à l'opéra d'obtenir le fireforum Award 2011
récompensant un concept de bâtiment contribuant à l'amélioration de la sécurité incendie des personnes et
des biens.
Plus de 300 ans d'histoire lyrique
L'ouvrage de Frédéric Marchesani comble enfin un vide en matière de publications relatives à l'histoire du plus
prestigieux théâtre liégeois. En effet, le premier à avoir traité de l'histoire institutionnelle du théâtre est Jules
Martiny. Il publie en 1887 une somme intitulée Histoire du théâtre de Liège depuis ses origines jusqu'à nos
jours dans laquelle il étudie l'activité lyrique liégeoise depuis 1735. Un autre ouvrage, publié par l'association
des amis de l'ORW en 1995, La genèse d'un opéra. Le théâtre de Liège, en 1820 étudie les origines du théâtre,
tandis que plusieurs livres reviennent, depuis 1987, sur l'histoire de l'Opéra depuis la création de l'asbl « Opéra
de Wallonie » fondée en 1967. Il apparait donc qu'une période d'environ quatre-vingts ans (1887-1967) était
jusqu'ici passée sous silence.
La salle de spectacle de la ville de Liège, lithographie de Madou © Trésor de Liège
La tradition théâtrale liégeoise est
déjà bien ancrée au Moyen Âge. Cette tradition est surtout ecclésiastique avec la représentation des miracles.
Au 15e siècle, les cloîtres de la collégiale Saint-Barthélemy, notamment, accueillaient des Mystères, puis à la
fin du 16e, les Jésuites donnaient des ballets à l'emplacement de l'actuelle bibliothèque générale de l'Université
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