Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 16/04/2017
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Un livre d'art
Cet ouvrage sur le Théâtre Royal foisonne de superbes illustrations qui en font, ipso facto, un livre d'art. L'on
y trouve tantôt des photos récentes, témoignant de l'avancement des travaux, tantôt des images anciennes,
montrant le bâtiment et ses alentours il y a environ 150 ans. Les nombreuses images d'archives découvertes,
notamment, dans les fonds patrimoniaux de la Ville de Liège, dans les trésors Musée de la vie wallonne ou
de la bibliothèque du Conservatoire royal de Liège, représentent à elles seules une documentation du plus
haut intérêt.
L'illustration est abondante, dans tout l'ouvrage : l'extérieur du bâtiment, l'intérieur, des dorures aux endroits
les plus inaccessibles. L'on y voit également reproduits des règlements vieux de 200 ans destinés à l'orchestre,
ou des affiches annonçant événements et spectacles, comme cette représentation de Carmen en 1893
en présence du Prince Albert, mais également des portraits des personnalités marquantes de l'O.R.W.,
comme Raymond Rossius, directeur de 1965 à 1992. Plusieurs productions très remarquées sont également
représentées dont Tre intermezzi fin 2007, où la prestation en particulier d'Alberto Rinaldi avait été saluée,
et bien sûr, l'incontournable tétralogie de Wagner Der Ring des Nibelungen en 2005 mis en scène par Jean-
Louis Grinda.
Cocasse et instructif…
La construction de l'opéra fut décidée en 1816, une dizaine d'années après l'incendie du 1er janvier 1805
qui ravagea la salle de spectacle de la ville. On confia alors à Auguste Dukers la construction d'un théâtre
pouvant accueillir un millier de spectateurs. L'architecte s'est inspiré pour son projet du théâtre parisien de
l'Odéon, mais notre théâtre est un théâtre classique « à l'italienne » doté d'une salle en fer à cheval, d'une
scène rectangulaire, et de loges fermées comme dans les édifices italiens, avec cependant aussi des loges
ouvertes, qui répondent davantage à la tradition française.
Afin de limiter les coûts, ce sont des pierres traditionnelles des bords de Meuse qui ont été utilisées. Et pour la
sécurité des spectateurs, l'incendie de 1805 étant encore très présent dans les mémoires, l'architecte a prévu
pas moins de dix portes d'entrées. Le spectateur d'aujourd'hui peut désormais porter un nouveau regard sur
l'architecture du théâtre, classé en 1999 par la commission royale des Monuments, sites et fouilles (CRMSF).
Le terme « monument » retrouve ainsi tout son sens étymologique, car le Royal est bel et bien un témoin
du passé.
Tout à côté du bâtiment, la place connue aujourd'hui sous le nom de « place de la République française »,
s'appelait auparavant « place du Théâtre », avant la fin de la première guerre mondiale. Plus tôt encore, la
place accueillait un bras de Meuse, qui occupait également tout le boulevard de la Sauvenière. La construction
de l'édifice a donc nécessité la couverture et la canalisation de ce bras. L'Université de Liège possède d'ailleurs
une maquette de la ville en 1730, réalisée par Gustave Ruhl, qui permet de bien se rendre compte de
l'ampleur des travaux qui ont été nécessaires.