Air Pur N° 72 - Deuxième semestre 2007 - 7
Les variations thermiques sur le long terme
Lorsque l'analyse tente de replacer l'évolution
contemporaine dans un contexte plus vaste (Fig.3),
il apparaît que la température moyenne de surface
a augmenté de 0,8°C environ depuis la fin du
XIXesiècle, avec deux phases de hausses plus
importantes (entre 1920 et 1940 et depuis 1975
environ). Sur une période plus longue, la tempéra-
ture moyenne de surface est relativement stable,
avec toutefois une diminution notable entre 1600
et 1900 environ (cette baisse est appelée le « petit
âge glaciaire »). Ainsi la période actuelle ne semble
pas beaucoup plus chaude que celle dite de « l'op-
timum médiéval », entre 1100 et 1350 environ.
tions entre les périodes glaciaires (les températures
sont 6 à 10°C inférieures à celles d'aujourd'hui) et
interglaciaires (les températures oscillent entre
±2°C par rapport à aujourd'hui).
C'est dire donc s'il faut nuancer l'augmentation
observée des températures au cours du XXesiècle,
puisque remises dans un contexte beaucoup plus
large, les quantifications de la hausse correspon-
dent à des valeurs déjà observées à d'autres
époques. Cependant, ce n'est pas pour autant qu'il
faille nier l'actuelle modification du climat, dont la
hausse des températures représente une des facet-
tes les plus visibles.
2 - Evolution contemporaine d'autres
paramètres climatiques
C'est pourquoi après la hausse constatée des tem-
pératures moyennes de surface qui, même si elle
est constatée globalement, observe tout de même
des nuances dans le détail régional, d'autres para-
mètres climatiques peuvent également refléter le
changement climatique global qui est en train de
se produire. Parmi les plus visibles et accessibles,
les précipitations seront analysées dans un pre-
mier temps, puis la banquise et les glaciers conti-
nentaux.
L'évolution des précipitations
Les mesures de précipitations sont dans l'ensem-
ble de moins bonne qualité que celles des don-
nées thermiques : ceci s'explique par le fait que les
précipitations sont un champ discontinu dans
l'espace, contrairement aux températures.
L'observation en est donc plus incertaine.
La tendance générale est plus difficile à décrypter
(Fig.5), cependant il est possible de déterminer :
- l'augmentation la plus forte au cours du XXe siè-
cle concerne les précipitations des moyennes et
hautes latitudes en automne et en hiver ;
- les latitudes subpolaires sont plutôt le siège d'une
diminution des précipitations ;
- dans la zone tropicale les variations des pluies
sont plutôt disparates.
Cependant, tout comme pour les températures,
ces variations des précipitations masquent de for-
tes disparités locales.
La banquise et les glaciers continentaux
Cet exemple est traité car le bilan glaciaire dépend
à la fois des températures et des précipitations,
deux paramètres qui viennent d'être examinés.
Globalement, l'extension des glaciers a diminué
depuis la fin du XIXesiècle, tout comme la ban-
quise marine arctique (Fig.6a), suivie par satellite
depuis la décennie 1970. Cependant pour cette
dernière, la diminution s'est faite rapidement en
1979-1980, puis après cette date la diminution
s'est poursuivie, mais plus faiblement, avec même
un léger gain entre 1996 et 1999. L'évolution de
la banquise marine antarctique montre le même
Figure 3 : Evolution des températures globales
depuis l'an 1000 (d'après Petit et al., 1999)
Figure 4 : Evolution des températures depuis
400 000 BP (d'après Petit et al., 1999)
Sur une période encore plus longue, la tempéra-
ture moyenne de surface a varié sans doute de
moins de 2°C depuis presque 10 000 ans (Fig.4).
Elle peut donc être considérée comme stable à
cette échelle de temps. La principale modification
se situe vers 10 000-12 000BP, avec la fin de la
dernière glaciation (appelée le Würm en Europe) :
la température moyenne de surface varie alors de
6 à 10°C entre une période glaciaire et intergla-
ciaire. La Figure 4 présente ainsi l'évolution des
températures reconstruites à partir du carottage de
Vostok en Antarctique oriental, qui permet de
remonter jusqu'à 420 000 ans avant le présent.
Les températures montrent de très fortes varia-