Principaux courants de la pensée économique
L’antiquité et le Moyen-âge.
La civilisation grecque fournit grâce à Platon et Aristote (Ve et Ive siècles av. J.-C.) des amorces de
théorie économique. Cependant, le but de ces écrits est d’apporter des lignes de conduite morales ou
politiques. L’économie n’est pas un sujet d’étude en soi.
Platon s’inquiétait de l’importance croissante des préoccupations matérielles, alors qu’Aristote
mettait en garde contre le développement des échanges monétaires.
La Rome antique est encore plus pauvre que la Grèce en raisonnements économiques. Avant tout,
Rome a le mépris du travail, attitude suffisante pour empêcher la naissance et le développement de
l’économie.
Cicéron (106-43 av. J.-C.), homme d’Etat et philosophe, disait : « Rien de noble ne pourra jamais
sortir d’une boutique ou d’un atelier ». Rome préconise une vie simple, et combat toute forme
exagérée de richesse. Dans la pensée latine, il est immoral de vouloir s’enrichir. Les Romains
s’intéressaient beaucoup plus à la science du droit.
Au Moyen-âge, l’économie n’est pas une préoccupation dominante ; la société est entièrement tournée
vers la foi. Cependant, le christianisme a réhabilité le travail : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton
front », mais celui-ci restera une sanction nécessaire, voulue par Dieu et ce jusqu’à la réforme.
La religion chrétienne enseigne à l’individu qu’ « il est plus facile à un chameau de passer par le trou
d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer au Royaume Eternel »(Marc, 10.25). Dans ces circonstances,
chacun se méfie de la richesse et les conditions de la naissance de la science économique ne sont pas
remplies.
La religion a souvent été un obstacle important au développement économique. Voici quelques autres
exemples :
•Par son influence sur la famille (l’Eglise catholique s’oppose toujours à l’utilisation de
moyens de contraception), la religion peut provoquer des phénomènes de surpopulation et
empêcher le démarrage économique (misère, famine, épargne impossible)
•L’attitude de rejet par rapport à la richesse fait que l’élite ne s’intéresse pas à l’économie
•Les interdits et les tabous. Exemple : le Moyen-âge interdit le commerce à but lucratif et le
prêt à intérêts aux Chrétiens, car on ne peut échanger de l’argent contre du temps ; en effet,
le temps appartient à Dieu. On permet cependant aux Juifs d’exercer ces activités. Le résultat
fut simple : ce furent les juifs au Moyen-âge qui constituèrent l’élément moteur de l’économie.
Ils tinrent ce rôle encore longtemps.
Avec une telle emprise de la foi, l’essor de l’économie ne pouvait être rendu possible que par une
révolution brutale de la doctrine. Et c’est Calvin (1509-1564) qui va complètement bouleverser
l’échelle des valeurs du Moyen-âge.
Calvin prêche à une société genevoise de banquiers des nouvelles valeurs ; le profit et l’intérêt ne sont
plus des péchés. Ces idées vont se répandre dans toute l’Europe et les industriels et les commerçants
deviennent, dans la société, des gens honorables.
Cependant, Calvin ne prêche pas le relâchement des mœurs, au contraire. Il est défenseur farouche de
la réglementation, de l’interventionnisme. Il interdit les bijoux, les souliers pointus, inutiles à son avis,
les boucles d’oreilles, etc. Il s’élève contre les dépenses des riches et prône la simplicité. Il a compris
que l’épargne, qui résulte d’une vie simple, est le moteur de l’économie.