C. NOYAU / Processus de grammaticalisation en langue étrangère 1
PROCESSUS DE GRAMMATICALISATION
DANS L’ACQUISITION DE LANGUES ÉTRANGÈRES :
LA MORPHOLOGIE TEMPORELLE
Colette NOYAU,
G.R.A.L.-DIR (GdR 113 C.N.R.S.
et Université de Paris X - Nanterre)
Colloque international sur l’acquisition de la syntaxe,
Université de Franche-Comté
(25-26 novembre 1995).
Paru dans : Claire MARTINOT, ed. (1997)
L’acquisition de la syntaxe
. Besançon,
Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté n° 631, p. 223-252.
L’objectif du présent travail est de réexaminer certains résultats des études
translinguistiques issues du programme européen sur l'acquisition des langues par des
adultes 1 visant à décrire les itinéraires de développement de la temporalité en langue
étrangère par des adultes dans le milieu social (Bhardwaj, Dietrich & Noyau (1988), Noyau
(1990, 1992), Dietrich, Klein & Noyau (1995)), à la lumière de travaux récents sur les
processus de grammaticalisation. Quelle pertinence peuvent avoir ces propositions pour
comprendre la nature des processus cognitifs en jeu dans la mise en place des moyens
temporels grammaticalisés en LE? Dans l’ensemble de recherches ESF sur le
développement de la temporalité en LE, la morphologie ne constituait pas un objet d’étude
en soi. L’objectif principal était bien plutôt de saisir les processus acquisitionnels en tant
que tentatives pour l’apprenant de structurer son répertoire linguistique pour résoudre des
problèmes de communication, compte tenu des contraintes dûes aux limites de son
répertoire du moment et des ressources cognitives allouables à la formulation des énoncés
en LE lors des activités communicatives. Globalement, le développement linguistique dans
le domaine de la référenciation temporelle se manifeste, comme dans d'autres domaines
étudiés parallèlement (cf. Klein & Perdue 1992 pour ce qui est de l'organisation de
l'information dans l'énoncé), par des modifications du poids relatif de différents principes
de structuration du temps dans le discours: structuration pragmatique, structuration
sémantique, et structuration phrastique ou grammaticale (cf. Noyau 1991).
La grammaticalisation, d'un point de vue typologique, est définie comme le fait de
changements dans les principes de fonctionnement de moyens linguistiques menant du
choix individuel en contexte vers un fonctionnement régi par des règles (combinatoires
phrastiques ou morphologiques) cf. par exemple par Heine, Claudi & Hünnemeyer (1991).
La notion de grammaticalisation embrasse divers types de dynamique linguistique :
l’évolution diachronique, l’acquisition primaire du langage, la pidginisation/créolisation, les
variations de registres (entre registres ‘simples’ et ‘élaborés’, cf. Givón 1979), et également
l’acquisition de langues étrangères. Mais il est utile de distinguer entre des processus de
grammaticalisation créative, par lesquels une langue acquiert une nouvelle catégorie (par
exemple une catégorie aspectuelle à partir d'une construction périphrastique), et des
1 Le programme européen de la Fondation Européenne de la Science (European Science Foundation =
ESF) a étudié conjointement dans cinq pays l'acquisition initiale d'une langue étrangère (LE) chez des
adultes locuteurs de dix couples langue source (LS) - langue cible (LC). Cf. Perdue, éd. 1993.
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processus de grammaticalisation adaptative, par lesquels le parler d'un apprenant ou d'un
enfant acquiert une catégorie de la langue de l'environnement, ou un parler acquiert une
catégorie d'un parler avec lequel il est en contact (cf. Giacalone Ramat 1992). Les aspects
structurels peuvent être similaires entre les deux cas, mais les processus sous-jacents
s'expliqueront par des facteurs internes au système ou par des facteurs cognitifs généraux
dans un cas, par des facteurs externes dans l'autre. Cependant les choses ne sont pas
toujours aussi tranchées, nous verrons que l'acquisition linguistique peut aussi donner lieu à
des tentatives de grammaticalisation créative rapidement découragées par
l'environnement linguistique.
Deux aspects principaux de la grammaticalisation donnent lieu à des phénomènes
d'amplitude différente :
a) Les phénomènes qui relèvent de la syntacti(ci)sation, ou passage de structures
discursives pragmatiques (liées à des facteurs situationnels) à des structures syntaxiques,
ou du discursif au phrastique (cf. Givón 1979 ‘pragmatic’ vs ‘syntactic mode’ ; en ce qui
concerne l'acquisition de langues étrangères cf. Klein 1984-89, ainsi que Dittmar (1984), et
Klein & Perdue (1992)). Ainsi, le passage d’une organisation pragmatique en topique
focus de l’énoncé à une organisation syntaxique en sujet prédicat, le passage de classes
purement lexicales de désignateurs d’entités vs désignateurs de procès à des classes
grammaticales N vs V relativement indépendantes des types de contenus.
b) les phénomènes qui relèvent de la morphologisation, ou passage de morphèmes d’un
statut lexical à un statut grammatical dépendant des lexèmes auxquels ils sont attachés (cf.
Bybee 1985, 1991; Bybee & Dahl 1989).
Dans les deux cas, il s’agit d’une évolution de l’expression facultative, dépendante du
contexte, librement combinée, de l’information sémantique, à son expression systématique,
obligatoire donc (plus) indépendante du contexte (et de ce fait susceptible d’être réduite et
liée) — avec une évolution parallèle du sémantisme qui, de concret et variable, tend à devenir
plus abstrait et plus stable. On a un gain en redondance et en cohésion permettant au
discours d’être plus hiérarchisé, plus précis et plus autonome (indépendant d’attentes
contextuelles et co-textuelles).
Pour ce qui est de l'acquisition d'une langue étrangère, nous caractérisons de façon
liminaire le processus de morphologisation, processus complexe associant différents sous-
processus, de la façon suivante : a) un processus de restructuration du matériel linguistique,
qui effectue la réanalyse progressive d’allomorphies dans le lexique en base lexicale +
formants, avec comme conséquence des réajustements des signifiants ; b) un processus
d’organisation du système morphologique, qui effectue le passage de listes à des
régularités organisées en règles à différents degrés de généralité (i. e. plus ou moins locales
vs globales), constituant des micro-systèmes de plus en plus larges et inter-reliés ; c)
parallèlement, un processus de différenciation sémantique, qui vise à l'attribution d'une
fonction ou d'un sens à chaque formant constitué.
Considérons dans son ensemble le domaine conceptuel de la temporalité. Il est clair
qu’entre les phases initiales de l’acquisition de moyens temporels et les étapes d'acquisition
les plus au près de la variété cible on assiste à une évolution vers plus de grammaire qui se
joue de plusieurs façons.
a) Les relations temporelles entre procès, qui sont tout d’abord exprimées par un ordre
iconique de succession des énoncés (principe de l'ordre naturel), et facultativement par la
spécification lexicale des intervalles concernés, deviennent exprimables par des connecteurs
spécialisés (spécialement des subordonnants) de relation temporelle autorisant à la fois
hiérarchisation des structures temporelles représentées et indépendance de l’ordre linéaire
du texte au regard de l’ordre chronologique des procès. Cette évolution est un exemple de
la syntactisation : la juxtaposition polyfonctionnelle cède la place à une spécification des
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relations temporelles dans des structures phrastiques hiérarchisées. Un procès peut ainsi,
dans les subordonnées temporelles par exemple, faire fonction d’identificateur de
l’intervalle temporel auquel est associée la prédication d’un autre procès.
b) L’insertion dans le temps des procès prédiqués s’opère tout d’abord de façon indirecte,
par des inférences mettant à contribution des attentes sur les états de choses référés (cadres
de connaissances, scripts) et des savoirs contextuels sur le monde ou sur les situations
évoquées par le discours, à quoi s'adjoint le cas échéant la spécification lexicale des
intervalles temporels par des moyens divers (ancrage énonciatif déictique ou anaphorique,
datation), la portée de ces cadres temporels étant déterminée par les agencements discursifs.
Plus tard dans l’acquisition, il devient possible d’associer aux lexèmes (verbaux
normalement) des marqueurs plus ou moins fortement liés et obligatoires précisant ou
restreignant l’intervalle sur lequel porte la prédication. On a alors affaire au temps
grammatical (tense, ou Tempus); cette évolution est un exemple de morphologisation.
On peut observer par ailleurs dans la construction des moyens temporels des
phénomènes plus ponctuels de grammaticalisation - idiosyncrasique - lorsque par exemple
un lexème est affecté à l’expression d’une notion temporelle associée aux prédications, son
sémantisme devenant alors plus abstrait (ex. fertig arbeite, pour +CLO Dr2). Mais, même
dans des lectes fossilisés à une phase très élémentaire, on n’observe pas de transformation
de telles généralisations d’emploi de lexèmes, qui sont fonctionnellement des précurseurs
de catégories grammaticales, en clitiques ou auxiliaires, comme il arrive dans l’histoire des
langues le renforcement de telles hypothèses ponctuelles idiosyncrasiques par les
données de l’entourage est insuffisant.
Dans ce qui suit, nous nous centrons sur le second cas, la morphologie temporelle,
qui constitue en effet un problème d’acquisition difficile à résoudre par les apprenants de
langue étrangère, puisque la flexion temporelle apparaît (en tant que telle, avec des fonctions
sémantiques) très tard par rapport aux autres types de moyens linguistiques de référence
temporelle.
Ce que fait le temps grammatical (la composante FIN) selon Klein 1988, 1992,
1994 (cf. la présentation de ce modèle dans Combettes, François, Noyau & Vet 1994) dans
les langues le verbe porte une composante flexionnelle, c’est limiter l’intervalle sur
lequel porte l’assertion (le cas échéant la question, la supposition, etc.) en précisant sa
localisation par rapport au moment de l'énonciation ou à un autre moment de référence, cet
intervalle pouvant à son tour entretenir diverses relations avec l’intervalle du procès, ce qui
renvoie aux différenciations aspectuelles. Les relations entre l'information temporelle
flexionnelle et les autres types de moyens linguistiques s’organisent de façon très diverse
selon les langues (langues sans morphologie temporelle obligatoire comme le chinois, sans
morphologie aspectuelle obligatoire comme l’allemand, vs langues à morphologie
aspectuelle comme le russe, l’arabe, ou temporelle comme le turc, ce qui entraîne des
conséquences sur l’organisation du discours. Les lectes d’apprenants effectuent un
passage progressif du statut de langues sans composante FIN (selon Klein) à des langues
en possédant une.
Rappelons qu’étant donné l’approche conceptuelle privilégiée dans ce travail, cet
aspect a été convoqué comme un éclairage sur la contribution de la morphologie à la
construction du sens dans l’acquisition initiale d’une langue en milieu social. Il ne
s’agissait pas d’une étude du processus de développement morphologique en lui-même et
pour lui-même, ce qui serait un autre objectif de recherche, et nécessiterait d’autres
techniques de collecte de données et sans doute des procédures expérimentales. Le bilan
2 Les abréviations de notions temporelles utilisées ici sont les suivantes (cf. Noyau 1990) : MQ :
moment d’assertion ; MS : moment de la situation ; ±DUR : ±durée ; ±CLO : ± borné (DR, G : à droite,
à gauche) ; +DIST : procès à états distincts, ou transitionnel.
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des travaux des années 70-80 sur l’acquisition de la morphologie en langue étrangère,
centrés sur l’acquisition des grammèmes dans des corpus plus ou moins contraints
(morpheme order studies, cf. Krashen, Burt & Dulay et collègues) se révèle décevant. S’ils
nous montrent que l’acquisition des morphèmes est très en retrait sur d’autres aspects de la
langue — et très graduelle, puisqu’elle est prise comme critère de définition de ‘stades’ de
développement ils ne contribuent pas à expliquer pourquoi les apprenants y sont si
rétifs, ni d'ailleurs pourquoi les grammèmes s'acquièrent dans un ordre ou un autre (cf. la
critique de ces travaux dans Klein 1984-89).
Dans une conception fonctionnelle et conceptuelle de l’acquisition, la
grammaticalisation est vue comme un processus essentiellement sous-tendu par la mise en
place des formes dans des structures discursives, la grammaire est conçue comme
‘émergente’ - émanant des configurations discursives (cf Hopper 1987. La question
cruciale est dès lors la suivante : dans l’évolution des voies par lesquelles la référenciation
(temporelle) est accomplie par les apprenants dans leurs discours narratifs, quand,
comment, pourquoi faire, des moyens morphologiques adviennent-ils dans la construction
du sens ?
Voyons dans cette perspective les conditions et modalités de l’émergence dans le
discours des apprenants de catégories temporelles (temporo-aspectuelles) flexionnelles,
dans les études disponibles, pour y rechercher les traces du processus de construction de
ces catégories, et tenter de mieux définir la morphologisation dans la dynamique des lectes
d’apprenants.
I. Résultats
Nous allons présenter quelques exemples caractéristiques des étapes successives
par lesquelles passent les apprenants pour mettre en place une morphologie verbale
temporo-aspectuelle dans leurs lectes, et plus précisément, nous attacher à examiner les
interrelations lexème X contexte discursif X inflexions en LE.
A. Hypothèses sur les paradigmes de formes et contextes : Abdelmalek3
La description de la mise en place de la morphologie verbale chez les apprenants
n’est pas aisée. En effet, les régularités sont relatives (et non à 100%), car divers facteurs
internes et externes entrent en jeu, qui limitent la portée des hypothèses sous-jacentes au
lecte et augmentent la variation inhérente :
a) facteurs internes (provenant de l’état de connaissance de la langue par l’apprenant) :
- co-existence d’une hypothèse en cours avec un état antérieur de structuration, se
manifestant par des résurgences ponctuelles (notamment lorsque les facultés cognitives
sont moins disponibles: trouble, surcharge cognitive lors de la formulation d’un message
complexe) ;
- structurations locales, éventuellement productrices de conflits ;
- restructuration en cours: plusieurs hypothèses sont directement en compétition, donnant
des alternances et hésitations ;
3 Pour ces analyses, je me suis appuyée sur les relevés et commentaires détaillés d’un vaste corpus de
récits effectués par Véronique et Houdaïfa (cf. notamment ds Bhardwaj, Dietrich & Noyau, eds. ESF
Report Vol. 5 Temporality (1988)), et j’ai procédé à des réanalyses complémentaires associant traitement
informatisé systématique de l’ensemble des corpus (index, concordances sélectives à partir d’hypothèses
locales) et analyses discursives.
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b) facteurs externes (tenant aux circonstances de communication, à l’interaction) :
- reprise dans le dialogue d’une forme donnée par le locuteur dominant, supposé savoir et
servant de cible, soit en écho immédiat, soit de façon médiate par l’activation de formes
normalement moins disponibles qui seront privilégiées au cours de la conversation. Le
recours à des outils de traitement informatique des formes, (index, concordances, tris de
formes ordonnés suivant le déroulement longitudinal de l’enquête) permettra de mettre en
évidence le phénomène : dans le premier cas (écho, reprise), on aura un hapax ou un
précurseur lointain de formes beaucoup plus tardivement acquises, dans le second cas une
fréquence élevée massée dans un seul texte.
Pour pouvoir prendre une vue plus globale sur les paradigmes de formes verbales et
leur fonctionnement chez les apprenants, des outils informatiques simples de comptage et
de tri appliqués aux données transcrites ‘brutes’ (sans codages additionnels) se sont
révélés utiles, moyennant quelques précautions étant donné la nature des données, comme
nous le verrons ci-dessous. Détaillons tout d'abord les étapes de la méthodologie adoptée :
a) procéder à un relevé exhaustif, sur un index de fréquence total des données de
l'apprenant, de toutes les occurrences des formes assignables à un lexème verbal donné
(lemme) ;
b) constituer l’inventaire des formes différentes pour ce vocable (‘formes’ = allomorphes
+ morphèmes liés) ;
c) examiner les relations entre les formes et les contextes sémantiques et syntaxiques
elle apparaissent :
- rechercher les contrastes potentiellement distinctifs;
- mettre en relation chaque forme avec les éventuels facteurs de son apparition.
Ce travail suppose une interprétation de la valeur fonctionnelle-sémantique attribuable à
chaque forme dans chaque contexte d’apparition, et mène à d):
d) formuler des hypothèses globales et locales sur les principes de la structuration
morphologique en fonction de l’observation contextuelle et interprétative des données ; les
hypothèses sont confirmées / infirmées et affinées par ajustements progressifs ;
e) constituer éventuellement des classes de lexèmes caractérisées par un même ensemble de
schèmes formels et de comportements au regard des contextes et des valeurs de chaque
schème.
Nous avons appliqué cette démarche sur une sélection de lexèmes verbaux au corpus
d’Abdelmalek (désormais AE, apprenant arabophone de français), en voici quelques
résultats (cf. présentation détaillée dans Noyau 1995).
A partir de l’index des fréquences de toutes les formes différentes dans les données
d’AE, il nous fallait retenir, à partir de l’inventaire des formes accompagné dans certains
cas d’un rapide examen de contextes, des verbes significatifs suffisamment fréquents et
bien répartis dans les données. Puis nous avons dressé la liste de toutes les formes sous
lesquelles apparaissaient les lexèmes choisis, et effectué des concordances sélectives pour
toutes les occurrences de chacune de ces formes à travers les trois cycles de données. C’est
à partir de celles-ci, et dans quelques cas d’un retour aux transcriptions pour disposer d’un
contexte plus large d’interprétation, que s’effectuent la formulation et la vérification des
hypothèses.
Etant donné la quantité de données à prendre en compte et à traiter, et le fait que ces
traitements ne soient que partiellement automatisables, on est confronté à la necessité d’un
choix optimal des lexèmes verbaux, pour effectuer ce relevé exhaustif et en même temps
contextuel dans les données d’un locuteur. Dressons un rapide inventaire des critères de
choix (qui, pour un verbe donné, ne sont pas toujours en accord entre eux) :
a) il doit s’agit de vocables potentiellement significatifs, c'est-à-dire se manifestant sous
plus d’une forme, utilisés dans des contextes diversifiés, dans plus d’une fonction) ;
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