
contenus et les genres d’émission, de même que pour élaborer les grilles de
programmation. Il arrive parfois que des stations de télévision et de radio utilisent la taille
des auditoires pour déterminer les cachets de certains animateurs ou animatrices et pour
établir les budgets de production. Les données sur les auditoires sont aussi utilisées
comme outil de légitimation du choix des contenus offerts auprès de l’opinion publique et
des organismes de réglementation (Malo et Giroux, page 17).
De manière secondaire, les données d’auditoires peuvent aussi avoir une incidence
directe sur l’établissement et l’application de certaines politiques. Ainsi, la loi québécoise
interdit les messages publicitaires dans les émissions pour enfants et ce sont les données
sur l’importance numérique des enfants dans l’auditoire qui permettent d’établir si une
émission doit être considérée ou non comme destinée aux enfants. Par ailleurs, les
organismes de réglementation, tel le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC), évaluent partiellement le respect des cahiers
des charges et des mandats des stations en ayant recours à ces données. Lors des
audiences publiques pour le renouvellement des licences d’exploitation, les stations de
radio et de télévision doivent démontrer leur succès auprès des auditeurs et des
téléspectateurs à l’aide de ces données standardisées. Comme les mêmes données sont
accessibles aux stations concurrentes, celles-ci peuvent intervenir publiquement pour
faire valoir leurs vues lors de telles audiences et engager un débat. Ainsi, en 1994, le
réseau privé TVA a utilisé largement les données d’auditoire pour tenter de démontrer
que Radio-Canada ne s’en tenait pas à son mandat de réseau public et pour prier le CRTC
d’intervenir. Selon TVA, certaines émissions de divertissement qui retiennent un fort
auditoire à la programmation de Radio-Canada ne servent qu’à produire des revenus
publicitaires et nuisent financièrement aux réseaux privés. Il est important de souligner,
toutefois, que les groupes de pression de la société civile peuvent difficilement utiliser la
recherche industrielle pour étayer leurs arguments, n’ayant pas accès aussi facilement aux
données (Malo et Giroux ,pages 18-19).
L’arrivée de nouveaux canaux spécialisés visant des créneaux limités de la population, le
grand nombre de canaux de diffusion, l’internationalisation des médias, l’utilisation
répandue du magnétoscope, les satellites de diffusion directe et la convergence des
médias vers l’autoroute électronique remettent en question la possibilité que ce système
de mesure de l’auditoire puisse continuer sous sa forme actuelle. Plusieurs observateurs
affirment que, dans ce contexte changeant, le système actuel de mesure des auditoires fait
face à un enjeu de survie. Les médias qui vivent du système commercial n’en auront
peut-être plus besoin à plus ou moins brève échéance. Car pointe à l’horizon la
généralisation des contenus payables à la carte par l’usager. À ce moment, tout ce qui
importera aux divers médias, ce sera de connaître le nombre exact d’utilisateurs de
chacun des contenus diffusés (Malo et Giroux, page 46).
BBM et Nielsen
Les recherches sur les auditoires de la télévision et de la radio au Canada sont menées par
deux sociétés. Principalement au service des radiodiffuseurs et des agences de publicité,