Distinguer_les_trois_auteurs_classiques

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Le Classicisme Premières S
Programme de seconde
Le Classicisme va connaître un très grand succès aux siècles suivants, Voltaire par exemple s’essaie au
théâtre et écrit des tragédies avant de se tourner vers le conte philosophique. Au début du XIX ème
siècle, les théâtres proposent encore des pièces classiques.
Comment étudier ces auteurs ?
D’abord, distinguer les textes écrits en vers des textes écrits en prose, la tragédie est toujours écrite
en vers, la comédie est écrite soit en vers soit en prose, selon son sujet. Pour la versification classique,
toutes les règles sont respectées, pas d’alexandrin disloqué comme chez Victor Hugo. Racine passe pour
être le plus grand poète de son temps, Corneille n’enfreint aucune règle de versification, Molière
s’amuse à écrire des stichomythies nombreuses, pour mettre en valeur la colère ou la surprise.
Ensuite, les trois auteurs sont assez différents : Corneille peut enfreindre les règles, il propose par
exemple la sorcière Médée coupable d’avoir tué ses enfants, dans Le Cid il lui a été refusé l’étiquette de
tragédie et la pièce est une tragi-comédie : l’amour entre Chimène et Rodrigue est coupable –elle aime
le meurtrier de son père, la pièce se finit bien, une gifle est proposée et le combat contre les Maures dure
une nuit. On dit que ses personnages hésitent entre l’amour et le devoir, entre l’amour et l’honneur.
Parfois, par ses héros chevaleresques, il propose des idéaux proches du Moyen-Age et de l’amour
courtois, ses personnages aussi peuvent s’aimer. Il nous est resté de lui ses dilemmes qui sont devenus
cornéliens : le héros hésite entre deux solutions possibles qui l’engagent personnellement. Les figures
de style de l’alternative, les oppositions sont alors marquantes.
Molière a excellé dans la comédie, il présente donc des personnages avec des défauts et c’est au
spectateur de se corriger selon la formule latine Castigat ridendo mores, corriger les mœurs en riant…
Ses pièces sont donc drôles : valet espiègle ou naïf, bourgeois ridicule, médecins incompétents, Molière
a présenté les défauts de son temps qui sont d’ailleurs pour la plupart intemporels. Qui ne connaît pas
de misanthrope dans son entourage, d’avare, de prétentieux ? Ses pièces sont si actuelles que les metteurs
en scène modernes ont l’embarras du choix pour les mettre au goût du jour, même Tartuffe… Il emploie
toutes formes de comique : gestes, mots, de situation, de répétition… La satire est toujours féroce de
nos mœurs. La pièce se termine bien sauf Don Juan,…
Racine excelle dans la passion amoureuse non réciproque, ses héroïnes sont ainsi terriblement
malheureuses. Elles sont éprises et ne devraient pas l’être et éprouvent des passions coupables. La
malédiction divine est partout présente, ce sont les Dieux qui s’en prennent à la femme tentée. Le modèle
est Phèdre bien sûr éprise de son beau- fils. Mais on peut aussi citer la veuve Andromaque protégeant
son fils, ou Bérénice amoureuse d’un Empereur romain Titus qui hésite… Ses personnages masculins
sont aussi fragiles comme le jeune Britannicus ou son rival effrayant Néron ou encore Titus pusillanime.
Racine met en scène les passions humaines, il respecte alors la catharsis d’Aristote. Il peint des tableaux
vivants ou hypotyposes, image mentale du personnage en proie au doute, à la passion. Des tragédies de
Racine se terminent bien ou en suspens mais on se souvient surtout de la fin de Phèdre, des larmes
d’Andromaque, de la pudique sortie de la princesse palestinienne Bérénice…Et la fin de Britannicus est
typique du genre : le public du XVIIème siècle connaît Néron, empereur sanguinaire et fou.
Mais le public est sensible avec des évolutions dans le siècle : du temps de Corneille, le Baroque qui a
précédé a mis à la mode des mises en scène spectaculaires avec des pièces à machines et des artifices
spectaculaires, on va au spectacle pour être ébloui. Avec Molière, on va au théâtre pour rire et se moquer
des autres, sans penser que l’on se moque aussi de soi-même. On apprécie surtout les coups de bâton,
les langues paysannes, les plaisanteries de Scapin ou de Sganarelle… Quand Molière peint des
personnages plus sombres, il surprend mais c’est Louis XIV son protégé qui donne le ton, alors Molière,
même inquiété est toujours défendu… Racine, très apprécié par les nobles à la cour de Versailles,
aimera aussi placer des sujets galants : par exemple, Junie, la jeune fille est éprise de Britannicus et
réciproquement et Hippolyte de Phèdre aime Aricie et réciproquement, les spectateurs aiment alors ses
personnages délicats et aimants, qui correspondent au code galant.
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