Soins informels, vie quotidienne, psychothérapie institutionnelle

Soins informels, vie quotidienne,
psychothérapie institutionnelle, contextes de
développement et transmission.
Christophe Médart: Recherche et soins,
une histoire de rencontres. Lyon 2016.
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".L’Histoire, les histoires, ça compte! Que ce soit d’un point de vue individuel ou collectif, les histoires sont souvent
construites en partie par les rencontres. Ce sont personnellement ces rencontres, avec la Psychiatrie, avec les
patients, avec les collectifs soignants, avec certains courants de pensée…avec la recherche qui ont déterminé et
orienté ce que je vais essayer de vous raconter aujourd’hui. Jeune infirmier, j’étais par exemple persuadé que les
chercheurs et les psychanalystes étaient de drôles de gens, les uns assis ( au sens de Rimbaud et de son poème: les
assis) dans un laboratoire et les autres derrière un divan. En fait, pas tous! Ce sont les rencontres qui m’ont démontré
cela.
".Première rencontre: le stage en Psychiatrie, des patients (U.M.D.), une équipe de soins, une ambiance…et un
premier boulot dès la fin des études.
".Une dynamique, une formation par les anciens, des réunions cliniques, des soins créatifs, très peu d’obsessions
informatisées et administratives, très peu de documents dans la farde des protocoles et des procédures. Réflexions
autour des voyages thérapeutiques. Pourquoi les patients vont-ils tellement mieux en dehors de la clinique?
".Deuxième rencontre grâce à un conseil: Va écouter Oury à Bruxelles, il intervient dans un colloque à propos de la
psychose! Et là, j’ai entendu parler des psychoses comme jamais. «! Qu’est-ce que je fous là?!» disait il…Et j’ai
entendu parler de fonction d’accueil, d’entours, d’ambiance, de vie quotidienne, de transfert dissocié, de
constellations multiréférentielles…Et puis (comparaison osée s’il en est), comme le chanteur Renaud m’a emmené en
son temps vers Brassens, Fallet et Maupassant…Jean Oury m’a emmené vers Maldiney, Schotte, Pankow, Tosquelles,
Bonnafé…ce qui pour moi a constitué une troisième série de rencontres importantes.
Christophe Médart: Recherche et soins,
une histoire de rencontres. Lyon 2016.
1) Pour la petite histoire…
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".Première grande réforme de la santé mentale en Belgique, fermeture de l’unité au sein de laquelle
je travaillais. Que construire d’autre pour les patients psychotiques chroniques non stabilisés qui
ne trouvaient plus, dès lors, de structure d’accueil et de soins spécifique au sein de l’hôpital?
".Création d’une unité de soins communautaire ouverte où les usagers sont acteurs de leurs
quotidiens. Fonction d’accueil, ambiance, vie quotidienne, transfert dissocié, constellation
multiréférentielle… Essai d’inspiration des expériences de La Borde, des clubs thérapeutiques, du
centre Antonin Artaud, de l’histoire de Saint Alban ( premiers soins psychiatriques à domicile), de
nos propres expériences de voyage avec les patients…
".Construction du projet de thérapie assistée par l’animal Mistral gagnant. L’individualité et le
collectif soutenus par la présence animale ( motivation à la mobilisation physique et psychique,
soutien à la communication, fonction de pontonnier…). Construction d’un partenariat éclectique
autour de ce projet qui a permis une quatrième rencontre: rencontre avec la recherche et
l’évaluation qualitative menée par Bénédicte de Villers, Docteur en Philosophie et doctorante en
Anthropologie.
".Cinquième rencontre: Découverte de la recherche de Jean Paul Lanquetin et de Sophie Tchukriel.
Premier exercice de réappropriation: repérage des fonctions de soins informels dans le quotidien
de la pratique de la médiation animale et exercice d’essai de liaisons avec les écrits de Jean Oury.
Christophe Médart: Recherche et soins,
une histoire de rencontres. Lyon 2016.
2) Les Trieux, Le projet Mistral
gagnant et la recherche.
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".Deuxième réforme nationale de la Psychiatrie et réorganisation des offres de soins. Fermeture progressive des
services hospitaliers longs séjours et migration des patients et d’une partie de l’équipe de soins vers les M.S.P.
( maisons de soins psychiatriques). Comment réorganiser ces structures et ces équipes pour appréhender au mieux
l’accueil et les soins de ces patients si particuliers de nouveau menacés d’exclusion de l’offre de soins.
". Deuxième travail de réappropriation. Deux points de repère, entre autres, pour tenter de reconstruire un espace
d’accueil et un collectif pour personnes souffrant de pathologies lourdes, chroniques et pas forcément stabilisées:
*La psychothérapie institutionnelle.
*Les soins informels.
".Partage en équipe des repérages des fonctions de soins informels issues de la recherche dans nos quotidiens: la
pratique, les écrits de Jean Oury. Distribution du travail de réappropriation, organisation de moments de partage
autour du contenu. Trois exemples de fonction, de lien et de repérage.
* Fonction 1.3.2./Mettre en dérivation.
* Fonction 2.1.1/ Estimer le coût/ bénéfice d’une prise de risque et acter une «!transgression novatrice!».
* Fonction 3.3.2. /Adopter une posture réflexive.
".Quand les usagers vous disent: l’ambiance a changé, on dirait qu’il y a «!plus de gentillesse, plus d’attention!»…
peut on nommer cela la connivence, si chère à Oury?
"Quand les nouveaux collègues viennent vous dire, après des débuts de collaboration délicats: «!On voit le sens, on se
sent de mieux en mieux avec ces concepts, on se sent plus près des besoins des résidents!»…ça encourage plutôt à
persévérer.
Christophe Médart: Recherche et soins,
une histoire de rencontres. Lyon 2016.
3) Les résultats de la recherche
comme un des outils de
reconstruction d’une unité de soins.
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Hormis la réappropriation, deux thématiques viennent naturellement s’adosser à la notion de soins informels: leur
formalisation et leur transmission.
". Faut il formaliser l’informel? Comment classifier, quantifier, évaluer, mesurer, justifier, informatiser, uniformiser…ce
qui par définition relève du changeant, du singulier, du subjectif, de la créativité, de l’invisible, de ce qui ne se donne pas
aisément à mettre en case?...ce qu’en disent certains auteurs. «! Ce qui compte ne peut pas forcément être compté et ce qui
peut être compté ne compte pas forcément!».(1)
". Comment aussi transmettre, au sein d’une équipe de soins, le savoir-faire et les savoir être attachés à ces soins
informels? Felix Guattari disait: «! On ne forme jamais quelqu’un avec du déjà-là. C’est le contraire qu’il faut faire: former
les jeunes à la possibilité d’inventer des choses nouvelles , de les pratiquer et de les remettre en cause. Il s’agirait d’une
pratique créative de terrain. C’est cela qu’il faut transmettre: la création et la remise en cause. Le
savoir est ce qu’il est et on ne peut guère s’en passer pour acquérir un minimum de tonus, de consistance, face à un patient
ou à une institution… mais un concept ne vaut que par la vie qu’on lui donne.!»(2)
Donner envie aux gens de se réapproprier les choses, chacun à sa façon, en fonction de son contexte, de son histoire, de ses
propres courants inspirateurs. Le travail de recherche de jean Paul Lanquetin et Sophie Tchukriel à propos des soins
informels en psychiatrie donne une possibilité de réaliser cela. Les fonctions de soins dégagées de cette recherche
constituent un ensemble de points de repères auxquels chacun peut se rattacher singulièrement mais en gardant un cap
rassembleur et fédérateur: celui des petites choses qui soignent au quotidien, ce qui ne se donne pas à voir et à «!encaser!»
aisément…le cœur de nos métiers
(1)Albert Einstein, un type qui s’y connaissait plutôt bien en chiffres.
(2)Félix Guattari, philosophe, co-fondateur de la clinique de La Borde et grand ami de Jean Oury. Citation tirée de son livre
«! De Leros à La Borde!», éditions lignes 2012.
Christophe Médart: Recherche et soins,
une histoire de rencontres. Lyon 2016.
4) Que faire de ces soins informels
au niveau de l’organisation et de la
visibilité administrative?
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