STV, vol. 29, no 1, janvier-février 2017
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d’un système d’enregistrement
implanté en sous-cutané (Confi rm
DM2100, St Jude Medical) avec un
suivi moyen de 16 mois [2]. Environ
la moitié des patients (48 %) avaient
un antécédent d’AIC, accident isché-
mique transitoire ou embolie sys-
témique. La majorité des patients
(90 %) avaient une oreillette gauche
dilatée sur l’échocardiographie à
l’inclusion. Les patients porteurs
d’un pace-maker, d’un défi brillateur
ou qui recevaient une anticoagu-
lation au long cours étaient exclus
de l’étude. L’incidence annuelle de
FA infraclinique a été de 34,4 %
pour des épisodes > 5 minutes,
21,8 % pour des épisodes > 30 mi-
nutes, 7,1 % si > 6 heures et 2,7 %
si > 24 heures. Les patients ayant
présenté un épisode de FA infra-
clinique étaient plus âgés (75 ans
versus 73 ans) avec un volume de
l’oreillette gauche > 73,5 ml.
Ces résultats démontrent que la pré-
valence de la FA chez des sujets âgés
à fort risque cardiovasculaire est plus
élevée que celle estimée dans les
études antérieures. Cependant, le lien
reste à faire entre ces épisodes infra-
cliniques détectés au décours d’un
accident vasculaire cérébral (AVC)
avant d’en affi rmer la causalité.
Faut-il effectuer une recherche systé-
matique des épisodes infracliniques
de FA chez tous les patients de plus
de 65 ans et un score CHA2DS2-
VASc > 2 ? La réponse ne peut être
affi rmative sur les résultats de cette
seule étude qui ne permet pas d’esti-
mer le rapport coût/effi cacité d’un tel
dépistage à grande échelle.
La nécessité d’un traitement anti-
coagulant au long cours sur le seul
dépistage de ces épisodes infracli-
niques n’est pas claire non plus, en
termes de rapport risque/bénéfi ce
mais également coût/effi cacité. Il
faudra attendre les résultats de deux
essais en cours avec les nouveaux
anticoagulants oraux validés dans la
prévention des AVC au cours des FA
non valvulaires. L’étude NOAH (Non-
vitamine K Antagonist Oral Anticoa-
gulation in Patients with Atrial High
Rate Episodes, ClinicalTrials.gov,
Identifi er : NCT02618577) sera un
essai européen, randomisé, en double
insu testant l’effi cacité de l’edoxa-
ban (60 mg/j réduit à 30 mg/j si clea-
rance créatinine entre 15 et 50 ml/
min ou poids < 60 kg) sur la préven-
tion des AVC, embolies systémiques
et décès d’origine cardiovasculaire
(suivi moyen : 28 mois) chez des
patients ayant présenté des épisodes
infracliniques de tachyarythmie. Le
comparateur sera soit un placebo
soit l’aspirine à la dose de 100 mg/j.
Le nombre total de sujets prévus a
été estimé à 3 400, l’étude a débuté
en février 2016 et les résultats sont
escomptés en 2019. L’étude ARTE-
SIA (Apixaban for the Reduction of
Thrombo-Embolism in Patients with
Device-Detected Sub-Clinical Atrial
Fibrillation, ClinicalTrials.gov, Iden-
tifi er : NCT1938248) sera un essai
international, randomisé, en double
insu testant l’effi cacité de l’apixa-
ban (5 mg deux fois par jour réduit à
2,5 mg si âge > 80 ans, poids < 60 kg
ou créatinine >
– 133 mmol/L) sur la
survenue d’un AVC ou d’une embo-
lie systémique sur un suivi moyen de
trois ans. Le comparateur sera l’aspi-
rine à la dose de 81 mg/j. Le nombre
total de sujets prévus a été estimé à
4 000, l’étude a débuté en mai 2015 et
les résultats sont escomptés en 2019.
Les critères d’inclusion sont proches
de l’étude ASSERT-II : âge > 55 ans,
enregistrement d’un épisode de FA >
– 6
minutes enregistré soit à partir d’un
pace-maker et/ou défi brillateur ou
d’un enregistrement sous-cutané de
longue durée et facteurs de risque
associés.
Les dernières recommandations de
la Société européenne de cardiologie
sur l’indication de la mise sous anti-
coagulants sont résumées (fi gure 1)
en cas de dépistage d’un épisode
prolongé de tachyarythmie [3].
Nous avons cependant besoin de
plus de preuves scientifi ques pour
mieux défi nir le rapport risque/béné-
fi ce d’un traitement anticoagulant au
long cours sur la seule découverte
d’épisodes infracliniques de FA. La
pertinence de la durée ou de la fré-
quence de l’épisode arythmique est
totalement empirique. Ce schéma
montre la nécessité d’individuali-
ser le risque embolique de chaque
patient, mais il faudrait également
prendre en considération son risque
hémorragique. Ce diagramme est
une aide à la décision, encore for-
cément imparfait en l’absence des
résultats des études à venir, et prend
également en compte la préférence
du patient !
Liens d’intérêts : l’auteur déclare
n’avoir aucun lien d’intérêt en
rapport avec cet article.
Références
1. Healey JS, Connolly SJ, Gold MR, et al.,
for the ASSERT Investigators. Subclinical
atrial fi brillation and the risk of stroke. New
Engl J Med 2012 ; 366 : 120-9.
2. Healey JS, Connolly S, Alings M. Preva-
lence of sub-clinical atrial fi brillation using
an implantable cardiac monitor in patients
with cardiovascular risk factors: ASSERT-II.
American Heart Association, Scientifi c Ses-
sions, Late Breaking Trials, New Orleans,
November 15 2016.
3. Kirchhof P, Benussi S, Kotecha D, et al.
2016 ESC guidelines for the management of
atrial fi brillation developed in collaboration
with EACTS. The task force for the mana-
gement of atrial fi brillation of the European
Society of Cardiology (ESC). Eur Heart J
2016 ; 37 : 2893-962.
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