L’INFORMATION DU PATIENT, UNE NECESSITE DIFFICILE A METTRE EN ŒUVRE Céline DEGASNE–LORCY Psychologue clinicienne CHU de Rennes LA PARTICULARITE DE LA RELATION SOIGNANT/SOIGNE UNE SITUATION DE CRISE LES MECANISMES DE DEFENSE L’annulation La dénégation L’isolation Le déplacement La maîtrise La régression La projection agressive LA RELATION COMMUNICANTE SOIGNANT/SOIGNE LES ATTITUDES COMMUNICANTES L’empathie La congruence L’écoute L’attention positive inconditionnelle LES TECHNIQUES DE COMMUNICATION Formulations La reformulation LA PARTICULARITE DE LA RELATION SOIGNANT/SOIGNE UNE SITUATION DE CRISE La rencontre avec le patient se fait toujours : • • • Dans un moment aigu de sa vie. Par un évènement impromptu faisant rupture à son état de santé. De façon souvent inédite. Le patient passe du statut de « bien portant » à celui de « malade ». C’est une situation de fragilité émotionnelle et psychologique. Des mécanismes d’alertes se dynamisent : • La peur. • L’anxiété. • L’angoisse. Ceux-ci témoignent d’une perte d’équilibre de la structure psychique qui dynamise à son tour des processus défensifs appelés : mécanismes de défense LES MECANISMES DE DEFENSE Leur fonction : • • • • Permettre de soutenir psychiquement un réel parfois trop brutal ou menaçant. Procéder à un refoulement inconscient de l’information ou d’une partie. Agir comme filtre. Rendre l’information plus tolérable. Maintenir l’équilibre psychologique de l’individu. L’annulation • Les patients mettent en jeu des mécanismes propres à effacer, du discours du médecin, toute menace qui ne peut être encore entendue. • De façon inconsciente la représentation insupportable énoncée par le médecin est annulée. La dénégation • Le malade tente d’invalider l’événement traumatisant et refuse que ce qui a été énoncé par le médecin le concerne : « ce n’est pas possible, ça ne peut pas m’arriver… » L’isolation • • Le malade reconnaît son état de santé mais présente un détachement affectif. Son discours peut être distant et inexpressif. L’information médicale peut avoir été clairement entendue mais le patient s’attache à être étranger à ses émotions. Le déplacement • C’est centrer sa souffrance sur une autre affliction en lien avec sa pathologie ou sur une autre difficulté du moment (problèmes familiaux, professionnels…). La maîtrise • • La personne se sent moins vulnérable en pensant pouvoir comprendre l’événement et en maîtriser le processus, agir sur sa propre histoire. Cela donnera lieu à une certaine rationalisation. La régression • C’est s’immerger totalement dans la maladie, adopter un comportement infantile et puéril, engendrant une complète dépendance et passivité. La projection agressive • Le patient déverse sur l’entourage et l’équipe soignante son amertume, les rendant constamment responsables de toutes ses difficultés. En situation de crise l’information sera toujours en partie biaisée par ces processus défensifs. Ceux-ci seront moins opérants dans un contexte hors crise. L’information pourra alors être mieux assimilée. Or la nécessité des soins conduit souvent à informer le patient dans un contexte de crise parfois d’urgence et met le soignant en difficulté dans sa démarche. Une méconnaissance de ces processus psychiques peut conduire à porter la responsabilité de la non intégration de l’information sur le corps médical et soignant pris alors en défaut dans le devoir d’information. La difficulté pour le soignant réside dans : • • Repérer ces mécanismes et établir une relation communicante adaptée et opérante pour le patient. Maîtriser ces concepts théoriques et ces aptitudes qui soustendent la relation et qui ne sont pas toujours abordées lors de la formation des soignants. LA RELATION COMMUNICANTE SOIGNANT / SOIGNE L’information est une démarche de communication avec le patient. • Il n’y a communication que si le message transmis a une signification pour l’autre. C’est aller à la rencontre de l’autre, comprendre l’autre. LES ATTITUDES COMMUNICANTES L’empathie • Il s’agit de se mettre dans une position de comprendre la vie intérieure d’autrui, selon Carl Rogers : « comme s’il était la vôtre, mais sans jamais oublier la qualité de comme si ». La congruence • • • C’est la capacité pour le soignant de ressentir et avoir conscience des émotions que la relation avec le patient suscite en lui. Etre en harmonie avec son vécu. C’est avoir une bonne distance, ni trop éloignée, ni trop proche. C’est être entièrement présent ici et maintenant dans la relation avec l’autre. L’écoute • • • C’est créer un lien particulier et rapproché avec la personne. C’est entendre le patient et percevoir ses doutes et ses certitudes. L’écoute verbale, non verbale (expression du visage, attitudes) et paraverbale (le ton de la voix, parole rapide…). L’attention positive inconditionnelle • • • Garder une bienveillance pour la personne qui est en face. L’abandon d’une attitude de pouvoir en faveur d’une rencontre humaine et vraie. Une attitude d’accueil qui permet au patient d’évoquer sereinement ses doutes et ses angoisses. Ces attitudes communicantes vont permettre d’établir : • • Un lien de qualité adapté à la personne en situation émotionnelle. Favoriser l’échange, favoriser une verbalisation du patient pour repérer le sens qu’il donne à l’information qui lui a été transmise. LES TECHNIQUES DE COMMUNICATION Formulations Formulation en écho • • • Répéter le dernier mot prononcé par le patient afin de créer une relance. Créer un effet miroir qui sécurise le patient qui se sent alors compris. Aider le patient a aborder le plus objectivement possible sa situation clinique. Formulation en reflet • • • Faire sentir au patient que l’on perçoit ce qu’il éprouve. Permet une validation de la personne. Poursuivre les explications concernant sa situation. La reformulation • • Reprendre les propos du patient avec une autre formulation. Rebondir sur un mot-clef en utilisant un synonyme. Elle permet de : • • • Vérifier la bonne compréhension du patient. Recentrer l’entretien sur un point particulier pour lequel on souhaite plus d’informations. Montrer son écoute et favoriser un lien propice à la communication. CONCLUSION • • • • Considérer un temps psychique pour l’assimilation de l’information. C’est rencontrer à différentes reprises de façon espacée le patient. Répéter l’information et vérifier sa compréhension. Ne pas multiplier les intervenants. Cela suppose pour le soignant : • • • • De repérer le mécanisme dans lequel la personne se situe. Avoir des repères théoriques pour adopter une relation communicante. Conscience de sa dimension subjective. Besoin de formation.