Cancers du sein Mieux soigner chaque patiente en mesurant sa

9 juin 2009
C O M M U N I Q U E D E P R E S S E
Cancers du sein
Mieux soigner chaque patiente en
mesurant sa protéine HP1α
Pvoir l’évolution tumorale pour chaque patient est un enjeu majeur de
canrologie. Repérer les patients susceptibles de développer des
tastases, évaluer la ponse aux chimiothérapies… autant d’informations
pronostiques qui améliorent la prise en charge des malades atteints de cancer.
A l’Institut Curie, l’équipe de Geneviève Almouzni, directrice de recherche
au CNRS, vient de découvrir un nouveau marqueur pronostique de
l’évolution des cancers du sein, et probablement d’autres cancers : la
protéine HP1α. Plus cette protéine est présente en quantité dans les
tumeurs du sein, plus le risque de velopper rapidement des métastases
est élevé. En outre, cette protéine, qui gère la compaction du matériel
génétique dans les cellules et donc l’expression des gènes, semble un marqueur pronostique
significativement plus informatif que les marqueurs actuellement utilisés. Dautres études sont en cours
pour compléter ces premiers résultats très prometteurs publiés dans EMBO Molecular Medicine et faire
bénéficier ainsi rapidement les patientes de ces avancées.
Mots-clés : Traitement sur mesure Epigénétique Evolution tumorale Marqueur pronostique Cancer du
sein – Recherche préclinique
Les cancers résultent d’une succession d’altérations génétiques. Toutefois la génétique peine à expliquer la très grande
diversité des cancers. Cest pourquoi les modifications des facteurs épigénétiques sont de plus en plus souvent
impliquées en cancérogenèse : il peut s’agir de modifications chimiques (fixation de groupements chimiques, méthyl,
phosphate, acétyl) sur l’ADN et sur les protéines qui lui sont associées, les histones, ou de perturbations de
l’organisation de l’ADN au cœur de la cellule (voir pour en savoir plus sur l’épigénétique p. 2).
Les facteurs épigénétiques « commandent » l’activation ou la désactivation de certains gènes dans la cellule.
C’est grâce à eux si, à partir d’un me capital génétique, les cellules acquièrent des spécificités et forment par
exemple un neurone ou un globule blanc.
Et si ces facteurs épigénétiques, dont la perturbation a déjà été montrée dans les cellules cancéreuses, pouvaient
renseigner les cliniciens sur les évolutions tumorales possibles ? C’est la question que s’est posée l’équipe de
Geneviève Almouzni1 à l’Institut Curie. Et pour y répondre, les chercheurs se sont intéressés à la protéine HP1α,
connue pour son rôle dans la compaction de l’ADN et qui, par conséquent, a un rôle sur l’activation ou la
désactivation des gènes dans les cellules.
Première découverte : la protéine HP1α est surreprésentée dans les cellules tumorales et son absence
provoque des perturbations dans la division cellulaire.
La seconde partie de l’étude, effectuée sur du tissu tumoral, a été alisée grâce au Centre de ressources
biologiques de l’Institut Curie, initié en 1988 par le Dr Xavier Sastre-Garau, chef du département de Biologie des
tumeurs. Les chercheurs ont ainsi pu étudier les niveaux d’expression de HP1α dans 86 échantillons qui avaient
été prélevés en 1995 chez des patientes atteintes de cancer du sein, dont l’évolution est ainsi connue sur plus de
10 ans. Il s’agissait principalement de tumeurs de petite taille sans envahissement métastatique, ni ganglionnaire.
Or, précise Geneviève Almouzni, « plus la quanti de HP1
α
est élevée, plus les patientes avaient développé des
tastases en grand nombre et rapidement ; il existe donc un parallèle significatif entre l’expression de cette protéine et
la survie des patientes. »
1 Geneviève Almouzni est directrice de recherche au CNRS et directrice de l’unité « Dynamique nucléaire et plasticité du génome » Institut Curie/
UMR 218 CNRS. Elle a reçu la Médaille d'argent du CNRS en 2000, le Prix du Comité Départemental des Yvelines de La Ligue contre le Cancer en
2003 et le Grand prix de la Fondation Simone et Cino del Duca de l’Institut de France en 2006. Elle est aussi directrice déléguée à l’enseignement
auprès du directeur du Centre de Recherche de l’Institut Curie. Son équipe est par ailleurs membre coordonnateur du Réseau d'excellence
Epigénome, responsable de la communauté de recherche européenne sur l'épigénétique.
Cette couverte montre ainsi le le de marqueur pronostique de la protéine HP1α
dans le cancer du sein et probablement dans d'autres types de cancers. Par ailleurs, les
analyses statistiques confirment que la protéine HP1α donne des informations sur le devenir
tumoral beaucoup plus significatives que les marqueurs actuellement utilisés tels que le grade
de la tumeur, sa taille, la prolifération cellulaire et l’âge de survenue du cancer. Cette
couverte a fait l’objet d’une demande de brevet européen.
Les études rétrospectives se poursuivent sur d’autres prélèvements de tumeurs du sein, avant
de commencer des études prospectives comparant la valeur pronostique de ce marqueur par
rapport aux marqueurs standard.
Par ailleurs, complète le Dr Brigitte Sigal, directeur délégué pour la sénologie à l’Institut Curie,
« ce marqueur pourrait servir à orienter le choix d’une chimiothérapie néoadjuvante
chimiothérapie administrée avant l’acte chirurgical pour réduire la taille de la tumeur. » Les
espoirs sont donc nombreux autour de la protéine HP1α et de son implication pour le
pronostic des cancers du sein. C’est également une preuve supplémentaire de la forte
implication des facteurs épigénétiques en cancérogenèse.
L’ensemble de ces découvertes, dont l’objectif est de faire progresser la prise en charge des
cancers du sein, illustre parfaitement le modèle Curie « de la recherche fondamentale aux
soins innovants », véritable accélérateur de progrès en cancérologie grâce à la proximientre
l’Hôpital et le Centre de Recherche.
Abondance de HP1α dans les cellules tumorales
Sur ces coupes de tissu d’un cancer du sein, le marquage vert permet de
repérer à gauche, la protéine HP1α et à droite, les cellules tumorales
(grâce à un marquage spécifique des cellules épithéliales). En bas, on
observe le matériel génétique, et donc le noyau des cellules.
Premier constat : seule une partie des cellules contient beaucoup de
HP1α. Deuxièmement, la comparaison des images de droite et de
gauche montre que les cellules avec une forte expression de HP1α sont
les cellules cancéreuses.
Noak / Le Bar / Floréal – Leanne de Koning - C. Charré / Institut Curie
Référence
« Heterochromatin Protein 1 alpha: a hallmark of cell proliferation relevant in clinical oncology »
L. de Koning1, A. Savignoni2, C. Boumendil1, H. Rehman1, B. Asselain2, X. Sastre-Garau3, G. Almouzni1
1 Dynamique nucléaire et plasticité du génome Institut Curie/UMR 218 CNRS/UPMC, Paris 2 Service de Biostatistiques, Institut Curie,
Paris 3 Département de Biologie des tumeurs, Institut Curie, Paris
EMBO Molecular Medicine, juin 2009
Contact presse :
Institut Curie
Tél. 01 56 24 55 24
service.press[email protected]
L’épigénétique ou la vie cachée de nos gènes
Chacune de nos cellules possède le me capital génétique : hérité de chacun des parents, l’ADN se transmet
ensuite au fil des divisions cellulaires à toutes les cellules. Quelle est alors la différence entre un neurone et un
globule blanc ?
Si toutes les cellules de notre organisme ont le me nombre de nes, seul un certain nombre d’entre eux sont
activés dans une cellule donnée. En fonction du type cellulaire, certains gènes sont « verrouillés » afin
d’empêcher leur expression. Essentielle au fonctionnement de la cellule, l’information sur le verrouillage ou le
déverrouillage du génome n’est pas portée par les nes, mais par des facteurs épigénétiques, qui assurent la
transmission de cette information à travers les divisions cellulaires d’un type cellulaire donné. Il peut s’agir de
modifications chimiques ou de protéines associées à l’ADN, qui dictent l’organisation de l’ADN au cœur de la
cellule. La double hélice d'ADN (d'un diamètre de 2 nanomètres) s’enroule dans un premier temps autour de
protéines qui facilitent sa compaction, les histones, pour former des nucléosomes qui s’enchaînent comme dans
un collier de perles. Ce collier de perles se replie ensuite sur lui-même pour former une fibre, la chromatine. Le
degré de compaction de l’ADN module son accessibilité et en conséquence l’expression des gènes qu’il porte.
Geneviève ALMOUZNI
Dr Brigitte SIGAL
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