Le dé du fondamentalisme
au coeur des trois religions abrahamiques
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
SP. - AA. 2013-2014
LE JUDAÏSME EN ISRAËL AUJOURD’HUI
Le choc est d’autant plus rude lorsqu’il devient clair que l’oppression officielle et la haine se
généralisent en Europe de l’Est, et que l’antisémitisme prend également de l’ampleur en
Occident. Les penseurs juifs affichent alors un sens toujours plus aigu du tragique de la vie
humaine.
Quant à la tendance nationaliste juive, elle se concrétise dans le sionisme, dérivé de « Sion »,
qui désigne à la fois Jérusalem, la terre et le peuple d’Israël. Contesté, à l’origine, par de
nombreux chefs religieux de toutes tendances et par les socialistes juifs, le sionisme trouve
dans le cours des événements la justification de son projet.
En revenant au cadre général, les sociologues israéliens, en regardant à la diversité complexe
du monde juif, font souvent une distinction entre les laïcs (peu intéressés par la religion, mais
pas forcément antireligieux), les traditionalistes ou conservateurs (pratique religieuse
partielle), les orthodoxes (pratique religieuse stricte, mais immersion dans le monde
moderne) et les ultra-orthodoxes (pratique religieuse stricte, large refus de la modernité,
volonté forte de séparatisme social : vêtements spécifiques, quartiers spécifiques, institutions
religieuses spécifiques).
À noter que les ultra-orthodoxes ne se définissent pas eux-mêmes comme tels, mais comme des
juifs Haredim (« les trembleurs », au sens de « ceux qui tremblent devant Dieu », ou « les
craignant-Dieu »). Les orthodoxes et les Haredim ne diffèrent pas d’un point de vue
théologique, mais dans leur mode de vie et leurs orientations politiques.
Vers le début du XXe siècle, la distinction entre juifs orthodoxes « modernes » (vivant dans le
monde moderne) et juifs orthodoxes Haredim (refusant de s’y compromettre) étaient en cours
de constitution. Et tant les Mitnagdim (ou « opposants ») que les Hassidim (deux groupes qui,
au début, étaient complètement opposés) se trouveront dans le même camp Haredi. Leur idéal
commun reste une vie juive centrée sur les rabbins, refusant beaucoup d’aspects du monde
moderne (on rejette en particulier les moyens de communication de masse, comme la
télévision), regroupée dans des quartiers séparés, tant des non-juifs que des autres juifs.
Physiquement, leurs vêtements noirs (les « hommes en noir » selon l’expression israélienne)
les font remarquer facilement. Le degré de séparatisme social et de refus de la modernité
varient selon les communautés.
Certaines ailes, comme la Edah Haredit, sont particulièrement strictes dans leur rejet. Ainsi,
les membres de la Edah prient pour la destruction de l’État d’Israël, un état impie, refusent de
pratiquer l’hébreu moderne parlé en Israël, vivent de façon strictes dans des ghettos, ont leurs
propres tribunaux rabbiniques et évitent même, quand cela est possible, la nourriture cachère
des autres communautés, qu’ils suspectent volontiers de laxisme dans le respect des rituels.
L’usage de la télévision est totalement banni.
À l’inverse, les Hassidim de Loubavitch, tout en respectant scrupuleusement le mode de vie