Troubles anxieux
et comorbidités
4
Troubles anxieux
et comorbidités
Stéphane Bouchard Ph. D. et Pierre Verrier M.D.
1
Louise vient de sortir du cabinet de son médecin après avoir reçu le diagnostic
de dépression majeure. Elle se sent soulagée de savoir quelle va enfin pouvoir
recevoir de l’aide pour ses problèmes. Par contre, elle demeure ambivalente
envers ce qu’elle aurait pu lui dire et quelle na pas osé parler, comme par exem-
ple l’agression dont elle a été victime et qui la hante encore quotidiennement,
sa consommation fréquente d’alcool, et son malaise à parler à des gens qu’elle
ne connaît pas de peur de faire rire d’elle. Elle se dit que «déjà, recevoir un dia-
gnostic c’est assez», et «on va me prendre pour une folle». Pourtant, il n’est ni
rare ni gênant de souffrir de plus d’un problème en même temps. C’est ce qui
sappelle la comorbidité.
Qu’est-ce que la comorbidité ?
La comorbidité signifie que les difficultés et les symptômes vécus par une personne
représentent des manifestations de deux ou plusieurs problèmes de santé. Le profes-
sionnel émettra alors plus d’un diagnostic, le terme morbidité étant simplement un
terme médical indiquant que la vie d’une personne est affectée par un problème ou
une maladie. L’ensemble de ces diagnostics forme ce que l’on appelle le tableau clini-
que. Ainsi, une personne peut souffrir d’un trouble panique et en plus avoir une
dépression majeure.
En présence de comorbidité, les professionnels
utilisent les termes diagnostic principal et secon-
daire. La décision de considérer un trouble de san
comme diagnostic principal repose sur une évalua-
tion de l’ordre d’apparition des problèmes, des rela-
tions de cause à effet entre eux et de leur sévérité
respective. Bien entendu, tout cela pourrait influ-
encer le type de traitement.
Est-ce un phénomène important ?
On sait que 56% des gens qui souffrent d’un problème de santé mentale ont été
atteints au moins une fois dans leur vie d’un autre problème de cette nature. Ceux-ci
peuvent apparaître à des périodes différentes ou au même moment. Certaines per-
sonnes souffrent d’ailleurs parfois de trois troubles comorbides et plus. Le fait que la
comorbidité constitue un phénomène si fréquent renforce l’hypothèse selon laquelle
un trouble d’anxiété peut avoir certaines origines communes avec les autres troubles
anxieux mais aussi également avec la dépression.
Dans le cas bien précis des troubles d’anxiété, la présence d’un autre problème de
santé mentale à un moment quelconque de la vie semble être la norme plutôt que l’ex-
Le fait que la comorbidité
constitue un phénomène si
fréquent renforce l’hypothèse
selon laquelle un trouble
d’anxiété peut avoir certaines
origines communes avec les autres
troubles anxieux mais aussi
également avec la dépression.
Le traitement pharmacologique de la dépression accompagnée de troubles d’anxiété
comorbides sera pour sa part assez différent. Premièrement, on retrouve générale-
ment chez l’individu anxieux une perception amplifiée des sensations corporelles. Un
tel phénomène rendra la personne plus inquiète face aux effets secondaires des
médicaments. Cela encouragera le clinicien à débuter le traitement avec de plus
petites doses afin de favoriser une adaptation graduelle aux effets secondaires.
Deuxièmement, le clinicien privilégiera des substances qui ont également des pro-
priétés calmantes. Ainsi, certains antidépresseurs (ISRS et IRSN) ont pu obtenir une
double indication dans le traitement tant de la dépression que de l’anxiété.
Généralement, il faut compter de six à huit semaines avant d’obtenir l’effet optimal
du médicament. Cependant, ce délai peut se voir allongé en présence de symptômes
anxieux.
Troisièmement, il n’est pas rare qu’un médica-
ment contre l’anxiété soit ajouté au traitement,
par exemple une benzodiazépine. Une telle pra-
tique permet d’apporter un soulagement plus
rapide, le temps que l’effet antidépressif et
anxiolytique de l’antidépresseur se fasse sentir.
Pour une psychothérapie, les défis posés par la
comorbidité sont: (a) plus de résistance, à s’investir dans les exercices à la maison;
(b) plus de difficulté à évaluer les progrès accomplis, et (c) moins d’habilité à focali-
ser sur un seul problème à la fois, semaine après semaine.
Les études sur l’efficacité de la psychothérapie cognitivo-comportementale se font
toutefois rassurantes. On sait déjà qu’elle s’avère efficace pour le traitement du pro-
blème principal auquel elle s’adresse. Mais on découvre aussi qu’elle agit indirecte-
ment sur les problèmes comorbides. Par exemple, plusieurs personnes cessent de
souffrir de phobie sociale ou de dépression lors du traitement du trouble panique
avec agoraphobie. On croit que les effets se généralisent parce que la personne
apprend à utiliser auprès des problèmes comorbides les nouvelles stratégies quelle a
développées en thérapie. Il pourrait aussi y avoir un effet d’entraînement où le traite-
ment du problème principal viendrait agir sur ce qui cause ou maintient les pro-
blèmes comorbides.
On a longtemps cru que la présence de troubles comorbides réduisait fortement
l’efficacité de la psychothérapie. En effet, la présence de troubles comorbides peut
compliquer l’élimination des comportements d’évitement et des croyances provo-
quant de l’anxiété et de la panique. Par contre, les études indiquent que les profes-
sionnels qui savent adapter la thérapie obtiendront aussi d’excellents résultats.
Un tel phénomène rendra la personne
plus inquiète face aux effets
secondaires des médicaments.
Cela encouragera le clinicien à débuter
le traitement avec de plus petites
doses afin de favoriser une adaptation
graduelle aux effets secondaires.
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de leur personnalité souvent plus rigides peuvent aussi compliquer le portrait clini-
que et le traitement.
La comordibité des troubles d’anxiété peux aussi toucher d’autres maladies mentales
(maladie bipolaire, etc.), dans des proportions moindres toutefois. Il ne faut pas
négliger la comorbidité avec certaines maladies physiques, par exemple, les maladies
cardio-vasculaires et le diabète.
Quelles sont les implications de la comorbidité ?
Parmi les troubles comorbides,la relation entre la dépression et l’anxiété semble par-
ticulièrement complexe et demeure objet de débat et de controverse au sein de la
littérature scientifique. Certains auteurs proposent même la reconnaissance d’en-
tités comme la «dépression anxieuse» ou «le trouble anxio-dépressif mixte» pour
mieux traduire la réalité clinique.
Comment comprendre ce mélange d’éléments anxieux et dépressifs? Il faut se rap-
peler que tous ces troubles reposent sur le fonctionnement de substances qui trans-
mettent des informations entre les neurones. Nous ne connaissons qu’un petit nom-
bre de ces neurotransmetteurs et ils s’influencent tous mutuellement. Une théorie
propose d’ailleurs que la dépression puisse être l’aboutissement d’une utilisation
excessive de certains neurotransmetteurs impliqués dans l’anxiété.
La présence d’un trouble d’anxiété augmente ainsi les risques de développer un autre
problème d’anxiété ou une dépression majeure. Une comorbidité implique aussi une
moins bonne qualité de vie,une plus grande souffrance et un risque suicidaire accru.
Finalement, une personne peut hésiter à exprimer tous ses problèmes de peur d’être
jugée par ses proches ou les professionnels de la santé mentale, ce qui contribuera à
son isolement.
Reconnaître que l’on souffre de plus d’un problème à la fois peut paradoxalement être
rassurant. Cela permet d’identifier plus clairement ce que l’on vit, de mieux compren-
dre nos réactions et ce qui les cause, et de suivre plus efficacement le plan de traite-
ment proposé par un professionnel.
Quelles sont les implications
pour le traitement?
Pour les médecins et les psychiatres, la comorbidité entre les
troubles anxieux a un impact sur le dosage de médication pre-
scrit, le temps nécessaire avant d’observer des progrès, et la
durée du traitement.
Troubles anxieux
et comorbidités
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ception. Ainsi,plus de 70% des gens souffrant d’un trouble d’anxiété peuvent présen-
ter un trouble comorbide. Notamment, on rapporte parfois plus de 80% de troubles
comorbides chez les personnes souffrant de trouble d’anxiété généralisée ou de trou-
ble de stress post-traumatique (surtout de la phobie spécifique, de l’anxiété sociale,
de la dépression ou de l’alcoolisme). Chez les personnes souffrant de trouble panique
avec agoraphobie, certaines études rapportent
des taux de comorbidité atteignant 60%, dont
une forte proportion de dépression, d’anxiété
généralisée et d’anxiété sociale.
Il existe avant tout une très forte comorbidité
entre les différents troubles d’anxiété. Ceux con-
sidérés le plus souvent comme probèmes secondaires sont la phobie sociale (en
moyenne 33 % du temps) et la phobie spécifique (en moyenne 27% du temps).Ajoutons
que les attaques de panique et une légère gêne sociale se manifestent aussi dans la
majorité des troubles d’anxiété.
Pour sa part, la comorbidité entre la dépression et les troubles anxieux passe malheu-
reusement trop souvent inaperçue. Jusqu’à 45% des gens souffrant d’un trouble
d’anxiété souffrent aussi de dépression à un moment de leur vie. Les taux de comor-
bidité entre l’anxiété généralisée ou le trouble panique avec agoraphobie dépassent
même les 55%. De plus, 20 % des gens souffrant de maladie maniaco-dépressive
ressentent de l’anxiété et des attaques de panique.
Ces pourcentages élevés ne signifient pas que toutes les personnes anxieuxes
sont nécessairement déprimées ou atteintes de plusieurs troubles d’anxiété à la
fois. Par contre, il faut réaliser qu’un trouble d’anxiété peut souvent s’accompa-
gner d’un autre problème d’anxiété ou d’une dépression. À l’inverse, lorsqu’une
personne souffre premièrement d’une dépression, il semble moins fréquent
qu’elle développe un trouble d’anxiété secondaire.
La consommation d’alcool constitue parfois un
moyen pour faire face à l’anxiété et à ses manifes-
tations. Mais ce comportement peut entraîner
d’autres problèmes de santé, conduisant même
jusqu’à l’alcoolisme. En effet, certaines études
menées auprès de gens souffrant d’alcoolisme
observent des taux de comorbidité avec les trou-
bles d’anxiété dépassant parfois 30%, les plus
fréquents étant la phobie sociale et l’agoraphobie.
Pour terminer,chez certaines personnes,des traits
Notamment, on rapporte parfois plus
de 80% de troubles comorbides chez
les personnes souffrant de trouble
d’anxiété généralisée ou de trouble
de stress post-traumatique
Par contre, il faut réaliser
qu’un trouble d’anxiété peut
souvent s’accompagner d’un
autre problème d’anxiété ou
d’une dépression. À l’inverse,
lorsqu’une personne souffre
premièrement d’une dépression,
il semble moins fréquent
qu’elle développe un trouble
d’anxiété secondaire.
Reconnaître que l’on
souffre de plus d’un
problème à la fois
peut paradoxalement
être rassurant.
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de leur personnalité souvent plus rigides peuvent aussi compliquer le portrait clini-
que et le traitement.
La comordibité des troubles d’anxiété peux aussi toucher d’autres maladies mentales
(maladie bipolaire, etc.), dans des proportions moindres toutefois. Il ne faut pas
négliger la comorbidité avec certaines maladies physiques, par exemple, les maladies
cardio-vasculaires et le diabète.
Quelles sont les implications de la comorbidité ?
Parmi les troubles comorbides,la relation entre la dépression et l’anxiété semble par-
ticulièrement complexe et demeure objet de débat et de controverse au sein de la
littérature scientifique. Certains auteurs proposent même la reconnaissance d’en-
tités comme la «dépression anxieuse» ou «le trouble anxio-dépressif mixte» pour
mieux traduire la réalité clinique.
Comment comprendre ce mélange d’éléments anxieux et dépressifs? Il faut se rap-
peler que tous ces troubles reposent sur le fonctionnement de substances qui trans-
mettent des informations entre les neurones. Nous ne connaissons qu’un petit nom-
bre de ces neurotransmetteurs et ils s’influencent tous mutuellement. Une théorie
propose d’ailleurs que la dépression puisse être l’aboutissement d’une utilisation
excessive de certains neurotransmetteurs impliqués dans l’anxiété.
La présence d’un trouble d’anxiété augmente ainsi les risques de développer un autre
problème d’anxiété ou une dépression majeure. Une comorbidité implique aussi une
moins bonne qualité de vie,une plus grande souffrance et un risque suicidaire accru.
Finalement, une personne peut hésiter à exprimer tous ses problèmes de peur d’être
jugée par ses proches ou les professionnels de la santé mentale, ce qui contribuera à
son isolement.
Reconnaître que l’on souffre de plus d’un problème à la fois peut paradoxalement être
rassurant. Cela permet d’identifier plus clairement ce que l’on vit, de mieux compren-
dre nos réactions et ce qui les cause, et de suivre plus efficacement le plan de traite-
ment proposé par un professionnel.
Quelles sont les implications
pour le traitement?
Pour les médecins et les psychiatres, la comorbidité entre les
troubles anxieux a un impact sur le dosage de médication pre-
scrit, le temps nécessaire avant d’observer des progrès, et la
durée du traitement.
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ception. Ainsi,plus de 70% des gens souffrant d’un trouble d’anxiété peuvent présen-
ter un trouble comorbide. Notamment, on rapporte parfois plus de 80% de troubles
comorbides chez les personnes souffrant de trouble d’anxiété généralisée ou de trou-
ble de stress post-traumatique (surtout de la phobie spécifique, de l’anxiété sociale,
de la dépression ou de l’alcoolisme). Chez les personnes souffrant de trouble panique
avec agoraphobie, certaines études rapportent
des taux de comorbidité atteignant 60%, dont
une forte proportion de dépression, d’anxiété
généralisée et d’anxiété sociale.
Il existe avant tout une très forte comorbidité
entre les différents troubles d’anxiété. Ceux con-
sidérés le plus souvent comme probèmes secondaires sont la phobie sociale (en
moyenne 33 % du temps) et la phobie spécifique (en moyenne 27% du temps).Ajoutons
que les attaques de panique et une légère gêne sociale se manifestent aussi dans la
majorité des troubles d’anxiété.
Pour sa part, la comorbidité entre la dépression et les troubles anxieux passe malheu-
reusement trop souvent inaperçue. Jusqu’à 45% des gens souffrant d’un trouble
d’anxiété souffrent aussi de dépression à un moment de leur vie. Les taux de comor-
bidité entre l’anxiété généralisée ou le trouble panique avec agoraphobie dépassent
même les 55%. De plus, 20 % des gens souffrant de maladie maniaco-dépressive
ressentent de l’anxiété et des attaques de panique.
Ces pourcentages élevés ne signifient pas que toutes les personnes anxieuxes
sont nécessairement déprimées ou atteintes de plusieurs troubles d’anxiété à la
fois. Par contre, il faut réaliser qu’un trouble d’anxiété peut souvent s’accompa-
gner d’un autre problème d’anxiété ou d’une dépression. À l’inverse, lorsqu’une
personne souffre premièrement d’une dépression, il semble moins fréquent
qu’elle développe un trouble d’anxiété secondaire.
La consommation d’alcool constitue parfois un
moyen pour faire face à l’anxiété et à ses manifes-
tations. Mais ce comportement peut entraîner
d’autres problèmes de santé, conduisant même
jusqu’à l’alcoolisme. En effet, certaines études
menées auprès de gens souffrant d’alcoolisme
observent des taux de comorbidité avec les trou-
bles d’anxiété dépassant parfois 30%, les plus
fréquents étant la phobie sociale et l’agoraphobie.
Pour terminer,chez certaines personnes,des traits
Notamment, on rapporte parfois plus
de 80% de troubles comorbides chez
les personnes souffrant de trouble
d’anxiété généralisée ou de trouble
de stress post-traumatique
Par contre, il faut réaliser
qu’un trouble d’anxiété peut
souvent s’accompagner d’un
autre problème d’anxiété ou
d’une dépression. À l’inverse,
lorsqu’une personne souffre
premièrement d’une dépression,
il semble moins fréquent
qu’elle développe un trouble
d’anxiété secondaire.
Reconnaître que l’on
souffre de plus d’un
problème à la fois
peut paradoxalement
être rassurant.
Troubles anxieux
et comorbidités
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Troubles anxieux
et comorbidités
Stéphane Bouchard Ph. D. et Pierre Verrier M.D.
1
Louise vient de sortir du cabinet de son médecin après avoir reçu le diagnostic
de dépression majeure. Elle se sent soulagée de savoir qu’elle va enfin pouvoir
recevoir de l’aide pour ses problèmes. Par contre, elle demeure ambivalente
envers ce qu’elle aurait pu lui dire et qu’elle na pas osé parler, comme par exem-
ple l’agression dont elle a été victime et qui la hante encore quotidiennement,
sa consommation fréquente d’alcool, et son malaise à parler à des gens qu’elle
ne connaît pas de peur de faire rire d’elle. Elle se dit que «déjà, recevoir un dia-
gnostic c’est assez», et «on va me prendre pour une folle». Pourtant, il n’est ni
rare ni gênant de souffrir de plus d’un problème en même temps. C’est ce qui
sappelle la comorbidité.
Qu’est-ce que la comorbidité ?
La comorbidité signifie que les difficultés et les symptômes vécus par une personne
représentent des manifestations de deux ou plusieurs problèmes de santé. Le profes-
sionnel émettra alors plus d’un diagnostic, le terme morbidité étant simplement un
terme médical indiquant que la vie d’une personne est affectée par un problème ou
une maladie. L’ensemble de ces diagnostics forme ce que l’on appelle le tableau clini-
que. Ainsi, une personne peut souffrir d’un trouble panique et en plus avoir une
dépression majeure.
En présence de comorbidité, les professionnels
utilisent les termes diagnostic principal et secon-
daire. La décision de considérer un trouble de san
comme diagnostic principal repose sur une évalua-
tion de l’ordre d’apparition des problèmes, des rela-
tions de cause à effet entre eux et de leur sévérité
respective. Bien entendu, tout cela pourrait influ-
encer le type de traitement.
Est-ce un phénomène important ?
On sait que 56% des gens qui souffrent d’un problème de santé mentale ont été
atteints au moins une fois dans leur vie d’un autre problème de cette nature. Ceux-ci
peuvent apparaître à des périodes différentes ou au même moment. Certaines per-
sonnes souffrent d’ailleurs parfois de trois troubles comorbides et plus. Le fait que la
comorbidité constitue un phénomène si fréquent renforce l’hypothèse selon laquelle
un trouble d’anxiété peut avoir certaines origines communes avec les autres troubles
anxieux mais aussi également avec la dépression.
Dans le cas bien précis des troubles d’anxiété, la présence d’un autre problème de
santé mentale à un moment quelconque de la vie semble être la norme plutôt que l’ex-
Le fait que la comorbidité
constitue un phénomène si
fréquent renforce l’hypothèse
selon laquelle un trouble
d’anxiété peut avoir certaines
origines communes avec les autres
troubles anxieux mais aussi
également avec la dépression.
Le traitement pharmacologique de la dépression accompagnée de troubles d’anxiété
comorbides sera pour sa part assez différent. Premièrement, on retrouve générale-
ment chez l’individu anxieux une perception amplifiée des sensations corporelles. Un
tel phénomène rendra la personne plus inquiète face aux effets secondaires des
médicaments. Cela encouragera le clinicien à débuter le traitement avec de plus
petites doses afin de favoriser une adaptation graduelle aux effets secondaires.
Deuxièmement, le clinicien privilégiera des substances qui ont également des pro-
priétés calmantes. Ainsi, certains antidépresseurs (ISRS et IRSN) ont pu obtenir une
double indication dans le traitement tant de la dépression que de l’anxiété.
Généralement, il faut compter de six à huit semaines avant d’obtenir l’effet optimal
du médicament. Cependant, ce délai peut se voir allongé en présence de symptômes
anxieux.
Troisièmement, il n’est pas rare qu’un médica-
ment contre l’anxiété soit ajouté au traitement,
par exemple une benzodiazépine. Une telle pra-
tique permet d’apporter un soulagement plus
rapide, le temps que l’effet antidépressif et
anxiolytique de l’antidépresseur se fasse sentir.
Pour une psychothérapie, les défis posés par la
comorbidité sont: (a) plus de résistance, à s’investir dans les exercices à la maison;
(b) plus de difficulté à évaluer les progrès accomplis, et (c) moins d’habilité à focali-
ser sur un seul problème à la fois, semaine après semaine.
Les études sur l’efficacité de la psychothérapie cognitivo-comportementale se font
toutefois rassurantes. On sait déjà qu’elle s’avère efficace pour le traitement du pro-
blème principal auquel elle s’adresse. Mais on découvre aussi qu’elle agit indirecte-
ment sur les problèmes comorbides. Par exemple, plusieurs personnes cessent de
souffrir de phobie sociale ou de dépression lors du traitement du trouble panique
avec agoraphobie. On croit que les effets se généralisent parce que la personne
apprend à utiliser auprès des problèmes comorbides les nouvelles stratégies quelle a
développées en thérapie. Il pourrait aussi y avoir un effet d’entraînement où le traite-
ment du problème principal viendrait agir sur ce qui cause ou maintient les pro-
blèmes comorbides.
On a longtemps cru que la présence de troubles comorbides réduisait fortement
l’efficacité de la psychothérapie. En effet, la présence de troubles comorbides peut
compliquer l’élimination des comportements d’évitement et des croyances provo-
quant de l’anxiété et de la panique. Par contre, les études indiquent que les profes-
sionnels qui savent adapter la thérapie obtiendront aussi d’excellents résultats.
Un tel phénomène rendra la personne
plus inquiète face aux effets
secondaires des médicaments.
Cela encouragera le clinicien à débuter
le traitement avec de plus petites
doses afin de favoriser une adaptation
graduelle aux effets secondaires.
Troubles anxieux
et comorbidités
5
Conclusion
La comorbidité se résume au fait de souffrir de plus d’un problème de santé mentale
à la fois. La comorbidité constitue un phénomène très fréquent. En effet, un trouble
d’anxiété s’accompagne souvent d’un autre trouble d’anxiété ou d’une dépression. Il
faut donc sassurer, lorsque l’on consulte des professionnels en santé mentale, qu’ils
portent attention à l’ensemble des symptômes qui nuisent à notre fonctionnement et
notre équilibre.
La comorbidité a un impact direct sur le niveau de détresse et la qualité de vie, et un
impact potentiel sur le traitement. Il ne semble pas toujours nécessaire de traiter
tous les problèmes comorbides en même temps. Les professionnels préfèrent
habituellement identifier un diagnostic principal et organiser le traitement autour de
ce dernier. Si les troubles comorbides ne s’éliminent pas grâce à la pharmacothérapie
ou à la psychothérapie, ils devraient alors faire l’objet d’une révision du diagnostic et
d’un traitement adapté.
Comité de rédaction
Denis Audet ,
Médecin de famille
Louis Blanchette,
ADAC/ACTA
Stéphane Bouchard,
Psychologue
Jean-Claude Cusson,
ATAQ
Martin Katzman,
Psychiatre
Remerciements
Nous tenons à remercier nos deux
PARTENAIRES FONDATEURS,
les sociétés :
pour leur appui financier, offert
à titre de subvention sans
restrictions à visée éducative.
Mai 2005
This brochure is also available in English
Dr Stéphane Bouchard, psychologue
Gatineau
Dr Pierre Verrier, psychiatre
Montréal
Sites web utiles
www.santepub-mtl.qc.ca/Publication/pdfppm/ppmjan03_01.pdf
Association/Troubles www.ataq.org
Anxieux du Québec (ATAQ) :
www.alaphobie.com/symptomes.php#anxiété%205/
ADAC/ACTA: www.anxietycanada.ca
Anxiety Disorders Association www.adaa.org/
of America :
Livre pratique
Mirabel-Sarron, J. (2002). La dépression, comment en sortir. Paris: Odile Jacob.
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