- Il a fait de la prison.
- Ça commence à bien faire.
- Ça te fait quoi ? Ça me fait quelque chose.
- « Trempez-la dans l’eau, ça fera un escargot tout chaud »
- Elle fait ses nuits. (enfant, nouveau-né)
- Quand on refusait un de leurs étudiants, ça faisait des histoires.
- Dans ce film, il fait du Depardieu.
- Tes seins sont faux ? Non, ils sont vrais. Mais ils font faux. (dialogues dans « Koh-
Lanta » 2007)
- Je pense qu’il a fait (« un nourrisson a déféqué dans les couches-culottes »)
etc.
À l’instar de l’anglais, les emplois dits suppléants créent des sources d’ambiguïté.
Exemple :
- Je n’ai pas fait cette tour.
1) « Je n’ai pas interrogé les locataires de cette tour sur tel ou tel fait de société ».
2) « Je n’ai pas distribué de publicité dans les boîtes aux lettres de cette tour ».
3) « Je n’ai pas rénové les ascenseurs dans cette tour ».
4) « J’ai oublié de coller les affiches sur les murs de cette tour ».
5) « Je n’ai pas participé à la construction de cette tour »
etc.
Pour ce qui est du français, ces faits de langue permettent de considérer le verbe faire comme
« un après d’avoir, se situant dans une filiation idéelle des mots, projection d’une chronologie
abstraite » (T. Ponchon, 1994, p.6). Schématiquement :
ÊTRE AVOIR FAIRE
Existence Possession Action
Translateur d’incidence Translateurs d’opérativité
de l’existence à l’existant de l’existant à l’être opérateur
Force est de constater que le concept de mots « paresseux » relève de l’économie du langage
(A. Martinet). En tant que tel, il rejoint les universaux du langage, dans la mesure où toutes
les langues du monde doivent confier à certains de leurs éléments le rôle de mots suppléants
(ou vicaires). Néanmoins, ce qui est mot « paresseux » dans une langue peut ne pas l’être dans
une autre. À titre d’exemple, le verbe français faire correspond aux verbes anglais make et do
au sein de la sémantique lexicale. Or les analyses précédentes permettent de constater que les
deux langues recourent dans leurs choix de mots « paresseux » à des verbes sémantiquement
différents (faire en français, get en anglais). Il va sans dire que les autres langues présentent
des besoins énonciatifs similaires ou différents. Mais dans les enjeux que leur impose
l’oralité, elles convergent toutes vers un processus discursif universalisant : réduire le dire (et
sa complexité sémantique) à un minimum d’expression. Parce que… ça le fait.
Cette journée d’études est conçue comme une réflexion se situant dans le cadre d’une
véritable linguistique comparée. Il s’agit notamment d’examiner ledit concept dans une
variété de langues (contemporaines ou anciennes) afin de dégager quelques principes
généraux au sein de la phénoménologie du langage.