Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2015 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
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Le chapitre II, consacré au peuplement de la Thrace avant la conquête perse, met en
évidence une autre difficulté du sujet. À part quelques traditions homériques (dont il
n’est pas fait mention), ce n’est qu’avec la colonisation grecque que les premières bribes
d’information nous parviennent. A. Zannis commence donc par elle, essentiellement la
fondation de Thasos et ses premières implantations sur le continent. Déjà on note
l’extraordinaire attrait de l’or, pour cette“pelote de richesses”, qui attire des Grecs en
pays thrace. L’auteur passe ensuite en revue les“populations indigènes”, en passant en
revue une liste de noms de groupes humains, dont l’importance et l’organisation nous
échappent. Certains, comme les Péoniens, peuvent être considérés comme un peuple
gouverné par un roi. D’autres sont-ils des groupes de guerriers, des clans plus ou moins
puissants, aux habitats variés ? La situation géopolitique se modifie entre l’époque
d’Hérodote et celle de Thucydide, sous l’effet de la conquête perse puis des conflits
ultérieurs. Il paraît dès lors très difficile d’établir une carte du peuplement, dont les
composantes nous échappent.
Les chapitres suivants analysent l’évolution historique. Nous sommes sur un terrain plus
solide, grâces aux historiens grecs. Le premier temps est celui de l’occupation perse,
avec les trois passages des armées de Mégabaze, de Mardonios et de Xerxès. Cette
domination eut pour effet l’installation de colonies militaires, – dont sans doute la future
Datos-Philippes – dans une région d’où les Thasiens tiraient d’importants revenus, ainsi
que l’imposition d’un tribut en monnaies payé par les peuples thraces et les cités
grecques. C’est alors que la monnaie est créée, grâce à des collaborations de formes très
originales entre Thraces et Grecs, allant jusqu’à des alliances matrimoniales (on connaît
les cas de Miltiade et de Thucydide). Le deuxième temps est ce que l’auteur appelle
“l’équilibre athéno-macédonien au Ve siècle”, qui commence par les conflits autour des
mines, opposant Thraces et Thasiens, mais aussi Athènes et le roi de Macédoine
Alexandre Ier. La victoire d’Athènes marque l’apogée de son hégémonie et Brasidas
savait bien que c’est là qu’il fallait la frapper. A. Zannis étudie alors les Thraces qui
échappent à toute domination, sous le nom de “Thraces autonomes” et il termine par la
question qui de tout temps a attiré l’attention des historiens sur cette région, la rupture
entre continent et Thasos et la fondation de la ville de Philippes. Renversant la solution
adoptée depuis L. Heuzey, il croit pouvoir conclure que celle-ci serait sans lien avec la
ville de Datas, qui se serait installée ailleurs. Il ne sera pas suivi par tout le monde.
Il faut souligner le grand intérêt du sujet auquel s’est attaqué A. Zannis, tant le rôle joué
par les Thraces de la côte égéenne a été important dans l’histoire de la Grèce classique.
Les échanges entre les deux peuples se sont fait dans les deux sens : une forme de ruée
des Grecs vers l’or, des achats d’innombrables esclaves, le recrutement de guerriers
thraces sans qui il n’y aurait pas eu d’hégémonie macédonienne, ni de conquête de
l’empire perse. L’étude de ces pays est très complexe. Les rares indications laissées par
les Anciens sont obscurcies par de nombreux changements de toponymie. Les noms
anciens se sont perdus avec l’arrivée de nouvelles populations depuis l’Antiquité : sans
parler des anciens Bulgares, l’installation des Slaves, la conquête ottomane ont
profondément modifié la toponymie et il est très difficile d’identifier les sites antiques.
Sans apporter toujours la clarté sur des informations confuses, l’auteur nous fournit du