Economie générale Professeur IGAMANE Saâdeddine Chapitre II : Les dysfonctionnements du marché : L’inflation et le chômage Dans un environnement qui change en continu (mondialisation, monopoles, concurrence imparfaite…), des dysfonctionnements apparaissent sur le marché (inflation sur le marché des biens et services et chômage au niveau du marché de travail) et nécessitent l’intervention des pouvoirs publics dans l’économie. I- Déséquilibres sur le marché des biens et services : L’inflation A- Mesure de l’évolution des prix : Cas du Maroc Doc 1 Les prix de la plupart des biens et services augmentent avec le temps. L’augmentation du niveau général des prix s’appelle l’inflation. Cette inflation cause une perte de pouvoir d'achat: 1 000 dirhams aujourd'hui achètent moins de produits qu'il y a 10 ou 20 ans. Le niveau général des prix est généralement mesuré par l’indice des prix à la consommation (IPC). Pour calculer cet indice, on pondère les prix par des quantités de ces produits. Ces quantités doivent refléter les achats de biens et services par un consommateur moyen. Comme les habitudes des consommateurs changent et plusieurs nouveaux produits apparaissent alors que d'autres disparaissent, il faudrait réviser régulièrement la composition du panier-type du consommateur moyen. Au Maroc et jusqu'en 2006, l’IPC est calculé par la Direction de la Statistique, qui l’appelle Indice général du coût de la vie (ICV): L’indice du coût de la vie (base 100: 1989) ... concerne ...la population urbaine dite «Modeste» et mesure l’évolution relative des prix de détail dans le temps et dans l’espace. Le panier de l’indice contient désormais 385 articles ...représentant l’essentiel des produits consommés par la population de référence. Ces articles sont classés en 8 groupes ... Les prix sont relevés à l’aide d’une enquête permanente dans 11 des principales villes du Royaume, à savoir : Agadir, Casablanca, Fès, Kénitra, Marrakech, Oujda, Rabat, Tétouan, Méknès, Tanger et Laâyoune. Source : www.ecomaroc.blogspot.com T.A.F. 1- Pourquoi il est difficile de suivre l’évolution de tous les prix ? 2- Comment mesure-t-on l’évolution des prix au Maroc ? 3- Quelles sont les principales inconvénients que présente la mesure préconisée ? Réponses R1 : Du fait de l’infinité des produits et services consommés, alors que de nouveaux articles apparaissent et que les habitudes de consommation changent d’une région à une autre et d’une époque à une autre. R2 : A l’aide d’un indicateur qui s’appelle l’indice du coût de la vie (base 100 en 1989). Il contient un panier de 385 articles classés en 8 groupes (habitation, habillement, loisirs et culture,etc) et concerne seulement 11 villes du royaume et plus exactement la population urbaine modeste. R3 : Selon les données de la Direction de la Statistique, le taux d'inflation annuel (taux de croissance de l'ICV) a atteint les 8% au début des années 1990. Depuis la fin de la même 1 Economie générale Professeur IGAMANE Saâdeddine décennie, ce taux fluctue entre 1 et 2%. Ces taux sous-estiment l'inflation réelle ressentie par le marocain moyen pour trois raisons principales: 1- La pondération des prix utilisée est dépassée: les marocains dépensent aujourd'hui beaucoup plus sur les transports et les communications. La hausse récente du prix de l'essence et l'utilisation accrue de la téléphonie et de l'Internet devrait avoir un impact important sur le taux d'inflation, or l'indice actuel ne le reflète pas. 2- Le nombre d’articles pris en considération doit être révisé en continu car la nature de la consommation change avec le temps. 3- l'indice actuel concerne une population urbaine dite modeste, or le taux d'inflation devrait être plus général, représentant l'inflation ressentie par le marocain moyen, autrement dit par tous les marocains. Doc 2 EVOLUTION L’ICV PAR GROUPE DE PRODUITS Groupes de produits Indices moyens des dix premiers mois Produits alimentaires Produits non alimentaires dont : Habillement Habitation Equipements ménagers Soins médicaux Transports et communications Loisirs et culture Autres biens et services Ensemble 2006 2007 Tx de variation 175,4 172,2 172,1 174,9 144,7 152,1 187,4 175,9 180,2 181,1 174,1 174,2 180,5 147,3 153,3 182,9 177,7 182,8 3,2 1,1 1,2 3,2 1,8 0,8 -2,4 1,0 1,4 173,8 177,4 2,1 Source : Division des Indices Statistique. T.A.F. : 1- Compléter le tableau ci-dessus. 2- A quoi correspond le taux de variation de l’ICV ? 3- Interpréter. Réponses R1 : Voir tableau (Tx de variation = (ICV 2 – ICV 1)/ICV 1) R2 : Le taux de variation de l’ICV correspond au taux d’inflation. R3 : Entre 2006 et 2007, et concernant les 10 premiers mois, les prix des produits alimentaires (3,2%) ont augmenté plus vite que les produits non alimentaires (1,1%). Ce renchérissement des produits alimentaires est du essentiellement à l’augmentation des prix concernant l’habitat dont la demande connaît une augmentation considérable. Alors qu’on le ralentissement des prix du poste transport et communication (dont l’ICV reste important : 187,4 en 2006 et 182,9 en 2007). 2 Economie générale Professeur IGAMANE Saâdeddine B- Explication traditionnelle et moderne du phénomène d’inflation Doc 3 Un processus auto-entretenu La définition la plus simple que l’on peut donner de ce phénomène est celle d’un « processus de hausse cumulative et auto-entretenue du niveau générale des prix ». Elle met l’accent sur l’idée d’un mécanisme mettant en cause des variations multiples, de longue durée, générant lui-même les causes de sa permanence, et s’exprimant par l’augmentation de la plus grande parité des prix. Ce processus se distingue donc des hausses sectorielles de certains prix, même si elles sont fortes, ou celles qui, pourtant généralisées à l’ensemble de l’économie, restent sans lendemain, car elles ne mettent pas en œuvre des ajustements provoquant des effets en retour (feed-back ou circuits inflationnistes). Source : Peirre Bezbakh, ‘’Inflation et désinflation’’, coll ‘’repères’’, Ed. la découverte, 1988. p.5. T.A.F. 1- D’après le texte, comment peut-on expliquer l’inflation ? 2- Quelle relation entre les flux réels et les flux monétaires ? Réponses R1 : L’inflation est une hausse générale des prix, de longue durée et auto-entretenue (génère les causes de sa permanence et sa continuité) ; R2 : Il y a inflation, lorsque la vitesse de circulation des flux monétaires dépasse celle des flux réels. La monnaie se trouve donc en grande quantité sur le marché et donc perd sa valeur. Il s’agit de l’inflation par la monnaie (ou par création monétaire). Remarque : Lorsqu’on a une baisse des prix, on parle de déflation. Lorsqu’il y a une baisse du taux d’inflation, on parle de désinflation. Causes de l’inflation : En plus de l’inflation par la monnaie, l’augmentation des prix peut être à cause de l’augmentation des prix des matières premières (inflation par les coûts) achetées à l’intérieur du pays ou même importées (dans ce cas on parle de l’inflation importée). L’inflation peut être engendrée suite à une augmentation de la demande (Inflation par la demande) ou tout simplement due à une modification des structures de l’économie dans son ensemble (Inflation par les structures). C- Conséquences économiques et sociales de l’inflation Sur le plan économique : La confiance en la monnaie est affectée, ce qui pousse les gens à s’en débarrasser. Il en résulte une diminution de l’épargne, une augmentation des dépenses et une nouvelles progression des prix. Sur le plan social - Les personnes qui bénéficient d’un revenu fixe sont les plus sensibles à la hausse des prix : avec la même somme d’argent, elles seront obligées d’acheter une quantité de moins en moins importante de biens et services. - Les ouvriers et les employés réclament régulièrement des augmentations salariales... Avis de kéynes : L’inflation est bénéfique pour l’économie ; elle permet aux entreprises d’augmenter leurs chiffres d’affaires et donc de faire plus d’investissements. Aussi, l’inflation entraine une baisse de la valeur de la monnaie et donc du taux d’interêt, ce qui stimule les crédits et donc la demande et la production. Avis des classiques et des monétaristes : L’inflation est un mal qu’il faut combattre. 3 Economie générale II- Professeur IGAMANE Saâdeddine Dysfonctionnement sur le marché du travail : Le chômage A : Notion du chômage 1 : Définition Selon la direction de la statistique, est en chômage, toute personne en âge d’activité (15 ans et plus) sans emploi, disponible pour travailler et qui recherche effectivement un emploi. D’après le Bureau international du travail, est chômeur toute personne qui : - est dépourvue d’un emploi ; - est amène de travailler ; - cherche un travail rémunéré ; - est effectivement en quête de travail. 2 : Mesure Population active en chômage Taux de chômage (en %) = x 100 Population active âgée de 15 ans et plus B : Typologies du chômage - Chômage conjoncturel ou cyclique : chômage lié à un ralentissement de l'activité économique. En cas de sécheresse par exemple. - Chômage structurel : chômage qui ne disparaît pas quand l'activité économique repart, car il est dû aux déséquilibres structurels de l’économie (déclin des activités traditionnelles par exemple). - Chômage frictionnel : chômage lié au temps moyen normalement nécessaire pour passer d'un emploi à un autre. Il y a toujours un chômage frictionnel, même en période de plein emploi. Il est du : * à des insuffisances de mobilité de main d’œuvre ; * à une inadéquation entre les qualifications demandées et celles demandées sur le marché de travail. - Chômage sectoriel : chômage qui touche seulement une branche ou secteur et qui peut être soit conjoncturel soit structurel. - Chômage technologique : chômage lié à des transformations techniques qui supposent, au minimum, un déplacement de la main-d’œuvre. - Chômage technique : chômage partiel ou total lié à l'arrêt d'une fabrication dans une usine ou un atelier autre que celui où se produit le blocage de production. - Chômage volontaire : chômage de ceux qui refusent les emplois offerts, car ils préfèrent chercher un emploi qui leur convient mieux. N/B : Les conséquences du chômage sont économiques (diminution de la demande), sociales (pauvreté, précarité…) et aussi psychologiques (dignité, perte de la notion du temps et de l’espace…), etc. 4 Economie générale Professeur IGAMANE Saâdeddine C : Le chômage au Maroc Taux annuel du chômage selon le milieu au Maroc Années Urbain Rural Ensemble 2006 15,5 3,7 9,7 2005 18,3 3,6 11 2004 18,4 3,1 10,8 2003 19,3 3,4 11,4 2002 18,3 3,8 11,3 2001 19,5 4,5 12,3 2000 21,4 5 13,4 1999 22 5,4 13,8 Source : Enquête nationale sur l’emploi. HCP. Maroc. T.A.F. : Interpréter la structure et l’évolution du taux de chômage au Maroc entre 1999 et 2006. 5