Proposition 4 : le taux d’intérêt est exogène. Il n’est pas déterminé par un quelconque mécanisme de marché
à travers lequel seraient confrontés une offre et une demande.
Proposition 5 : L’offre de monnaie est déterminée par la demande de crédit ("demand –determined and
credit driven"). La monnaie est créée ex-nihilo et n’est pas le résultat de décisions patrimoniales.3
Malgré un consensus général autour de cette séquence, les auteurs post-keynésiens ne
traitent pas tous avec le même intérêt ces différents thèmes, d'où l'émergence de débats et de
discussions au sein de l'école de pensée.
Lorsque l’on compare d’un côté la théorie des horizontalistes4/structuralistes5 et de l’autre la
théorie des circuitistes6 sur l’endogénéité de la monnaie, on note une différence d’importance
accordée aux deux composantes de l’endogénéité : le comportement du système bancaire
hiérarchisé et le lien entre la monnaie/production. En effet, on peut considérer que :
« La théorie de la monnaie endogène s’interprète à deux niveaux : celui des banques
commerciales et celui des Banques Centrales. A chacun de ces deux niveaux on peut dire que
l’offre s’adapte à la demande, au prix fixé. »7
On peut en déduire que l’endogénéité de la monnaie s’analyse à la fois dans la relation entre
la Banque Centrale (l’offre de monnaie centrale) et les banques commerciales (la demande de
monnaie centrale), c’est-à-dire dans le comportement du système bancaire hiérarchisé8, et dans la
relation entre les banques commerciales (l’offre de monnaie de crédit) et les entreprises (la
demande de monnaie de crédit), c’est-à-dire dans le lien monnaie/production. Les post-keynésiens
anglo-saxons privilégient l’étude de la première relation en s’intéressant aux fonctionnements du
système bancaire au sens large. Puis dans un second temps, après s’être penchés sur les
comportements des banques, ils étudient les comportements des agents non financiers face à la
monnaie. Les circuitistes, qu’en à eux, privilégient la relation monnaie/production, et tentent de
tirer toutes les conséquences de cette relation sur la théorie monétaire.
L’objet de cette communication est à la fois d’analyser cette divergence et la
complémentarité entre les deux points de vue. Il s'agit d'étudier en quoi la dimension plus
fondamentale de la définition de la monnaie des circuitistes demeure compatible avec la dimension
3 L.-P. Rochon (2001), p. 294.
4 Les horizontalistes regroupent des économistes essentiellement nord-américains et s’intéressant spécifiquement à la
question de l’offre Les auteurs les plus représentatifs de ce courant sont B. Moore et N. Kaldor.
5 Ce courant est sans doute le plus prolifique et a de nombreux représentants : V. Chick, T. Palley, P. Davidson.
6 Ici, la théorie circuitiste est considérée comme une composante du courant post-keynésien pour les raisons invoquées
plus haut dont les auteurs marquants sont A. Graziani, A. Parguez, B. Schmitt. Cependant, lors de cette étude le terme de
post-keynésiens désignera souvent les horizontalistes et les structuralistes uniquement.
7 M. Lavoie (1985), pp. 171-172.
8 Nous avons choisi d’utilisé le terme technique de "système bancaire hiérarchisé" comme équivalent au terme technique
de "système monétaire" ; il regroupe donc les banques de second rang et la Banque Centrale.