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Histoire de l'Orient antique
L’histoire commence il y a quelques milliers d’années dans un ensemble géographique qu’on appelle
aujourd’hui Proche-Orient et qui recouvre pour l’essentiel l’Irak, la Syrie, le Liban, Israël et la Palestine actuels.
Palais, temples, tablettes couvertes d’écritures, statues aux yeux de lapis-lazuli, bijoux et parures d’or, bas-
reliefs, … c’est dans cette vieille terre de Mésopotamie que s’inventent la ville, l’écriture, les mythes, les dieux
et Dieu. C’est que s’opère un extraordinaire brassage de peuples et de cultures : Sumériens, Akkadiens,
Elamites, Babyloniens, Hittites, Egyptiens, Assyriens, Araméens, Phéniciens, Juifs, Perses, … Tous participent à
ce monde mouvant, l’on se fait la guerre, mais les échanges, dans tous les domaines, sont riches et
nombreux. C’est que va se construire une civilisation très riche qui, à bien des égards, est l’ancêtre de la
nôtre.
Au commencement, les hommes vivaient dans des abris sous roche et tiraient leur subsistance de la chasse,
de la pêche et de la cueillette... Peu nombreux, ils se déplaçaient en petits groupes et jouissaient sans trop de
mal des fruits de la Terre.
- 15.000, avant l’agriculture
Autour de
-
15.000, avec la fin de la dernière
glaciation, le climat du Proche-
Orient devient plus
chaud et plu
s humide. Cela favorise la prolifération
des céréales sauvages au pied de l’arc montagneux
qui s’étend des chaînes du Levant aux monts du
Taurus et du Zagros, dessinant ainsi la zone connue
sous le nom de « Croissant fertile ».
Dans ce
Croissant fertile,
de grands fleuves favorisent
l'irrigation des champs et compensent la raréfaction
des pluies : l
e Nil, qui traverse l'Égypte, le Jourdain,
qui baigne la Palestine et surtout le Tigre et
l'Euphrate dont le bassin forme la Mésopotamie
(aujourd'hui l'Irak).
Ces premiers hommes utilisaient des pierres et des os pour se défendre, découper la viande et déterrer les
racines. Pour rendre ces outils rudimentaires plus coupants et plus pointus, ils les taillaient avec du silex. On a
pu calculer qu'une personne pouvait récolter en deux semaines assez d'engrain sauvage pour nourrir une
famille de quatre personnes pendant un an.
Profitant des nouvelles facilités offertes par la nature, les hommes vont stabiliser leur habitat en abandonnant
les grottes et abris naturels pour aménager des petites constructions circulaires, conçues sur le modèle des
huttes, mais à demi enterrées dans le sol.
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- 12.500, premiers villages
A partir de -12.500, des groupes de 200 à 300 personnes commencent à s’établir collectivement dans de
petites unités d’habitat sédentaire (dans la région de l’actuelle Israël) rassemblant quelques dizaines de
maisons de taille modeste et de forme circulaire (3 à 5 m de diamètre) aux murs de bois. Ils se regroupent
dans des villages pour des raisons sociales, culturelles, rituelles... et aussi parce qu'ils y trouvent plus de
confort. C’est le cas en particulier des femmes enceintes ou en charge de nourrissons, des handicapés et des
personnes âgées.
La sédentarisation ne s’accompagne pas tout de suite du développement de l’agriculture. Les premiers
sédentaires restent pendant plusieurs milliers d’années des chasseurs-cueilleurs, alors qu’en Europe, la
sédentarisation et le développement de l’agriculture et de l’élevage seront simultanés (vers - 5.000).
A partir de -10.000, l’habitat se perfectionne : les maisons, toujours de forme circulaire, sont construites
directement à la surface du sol avec des murs de pierre ou de pisé.
- 9.500, premiers semis
De - 9.500 à - 8.700, les premières expérimentations de mise en culture de céréales sauvages sont réalisées,
principalement l’orge et le blé. A côté des graminées, des légumineuses sont également cultivées : pois, pois
chiches, lentilles, ves. C’est bien l’agriculture que les hommes inventent alors dans cette aire privilégiée. Les
Natoufiens du Mont Carmel (Israël) domestiquent le chien. Il faudra attendre trois mille ans avant de
domestiquer un nouvel animal : la chèvre. L’économie de prédation fait place à une économie de production :
l’homme prend possession du milieu naturel.
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- 7.500, essor des sociétés agricoles
l’image de Jéricho, dans la vallée du Jourdain, qui s’entoure
d’un imposant mur de pierres, dominé par une tour haute de
plus de 8 m, considérée comme le vestige d'édifice public le
plus ancien au monde.
De telles réalisations ne peuvent se concevoir sans une
mobilisation collective de la communauté,
vraisemblablement coordonnée par une autorité reconnue.
Les maisons restent circulaires mais s’agrandissent, des murs
divisent l’espace intérieur.
La population augmente fortement par la combinaison de deux facteurs : une croissance démographique
interne due au développement de l’agriculture, et un afflux de populations jusque-là non sédentaire attirées
par le nouveau mode de vie. Au début du IXe millénaire, les premières constructions rectangulaires
apparaissent et les premières expériences de cuisson de l’argile ont lieu.
A partir de - 7.000, le plan rectangulaire et pluricellulaire des constructions devient la règle. La forme ronde
est dès lors réservée aux maisons communautaires ou aux sanctuaires. Des édifices à vocation collective sont
érigés au centre de certains sites. Lieux de rassemblement de la population à l’occasion de cérémonies
collectives, ils reçoivent également les corps des défunts, maintenant ainsi un lien direct entre les vivants et
les morts, et perpétuant à travers les générations la continuité du groupe.
La maitrise du milieu naturel s’accroit avec la domestication d’espèces animales destinées à l’alimentation :
chèvres et moutons. Tandis que l’élevage se développe, la chasse continue à être pratiquée (gazelle, gros
gibier), mais elle ne fournit plus désormais qu’un complément alimentaire.
La céramique fait son apparition et le travail du métal commence à susciter de
l’intérêt. Les petits objets fabriqués (perles, épingles), le plus souvent en cuivre
(produit à partir de la malachite) ou en plomb, entrent dans les circuits
d’échange. Les hommes apprendront plus tard à produire de l'étain (à partir de
la cassitérite) et du bronze (en mélangeant le cuivre et l'étain), un alliage qui se
prête à la fabrication d'armes et d'outils. L’élevage s’étend à de nouvelles
espèces, bovidés et porcins, plus difficiles à domestiquer.
Entre - 7.500 et - 6.200., c'est l'explosion, le «grand exode» ! Des migrants diffusent l'économie urbaine et
agro-pastorale du néolithique au-delà du Moyen-Orient, vers l'Europe comme vers les monts Zagros (Iran).
En Anatolie (Turquie actuelle), on en
trouve les traces à Cayönu, Portasar et
Nevali ainsi qu'à Catal Hüyük. Cette
grosse bourgade qui s’étend sur 12
hectares, prospère grâce au commerce
de l’obsidienne qui est extraite des
chaînes volcaniques environnantes.
Une population nombreuse y vit dans des maisons en brique crue, serrées les unes contre les autres,
qu’aucune rue ne vient séparer, la circulation se faisant par les toits en terrasses. Certaines de ces maisons
sont décorées de peintures murales et de reliefs en argile moulée prédominent le motif du taureau et celui
d’une puissante figure féminine, aux formes exagérées et représentée le plus souvent en situation
d’enfantement (déesse de la fécondité).
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L'émergence de la sédentarisation et de l'agriculture a partout des conséquences sur l'organisation sociale.
Les paysans font appel à des artisans spécialisés pour leur fournir les outils et les vêtements dont ils ont besoin.
Ces artisans tissent la laine du mouton ainsi que des fibres végétales comme le lin ou le chanvre, pour en faire
des vêtements. D'autres fabriquent des poteries en terre cuite pour conserver les céréales et l'huile ainsi que
pour cuire les aliments... Chacun essaie de se prémunir contre le risque de se faire dépouiller de ses cultures
et de ses provisions. Ainsi naissent la propriété et le droit qui s'y attache.
- 6.000, les sociétés se hiérarchisent
Au cours du VIe millénaire, l’âge d’or des sociétés villageoises fondées
sur une
organisation égalitaire et coopérative s’estompe au profit de sociétés
hiérarchisées. Cela se manifeste par la construction de grands édifices
communautaires : vaste salle centrale dotée de banquettes qu’entourent de
nombreuses pièces, murs en brique crue renforcés de pilastres et percés
d’accès multiples.
La mise en œuvre d’un tel projet suppose l’existence d’une autorité
collectivement reconnue dont le statut est régulièrement confirmé par l’usage
même de l’édifice. Elle signe l’apparition dans la société de relations de
dépendance, marque d’une inégalité naissante.
Les bâtiments augmentent en taille atteignant 300 m2, les murs sont plus épais,
les accès plus nombreux, le décor plus riche. Les cérémonies collectives
organisées dans ces édifices leurs confèrent sans doute une certaine valeur
sacrée, mais il ne s’agit pas là de sanctuaires.
Les petites communautés paysannes qui, pendant des millénaires, ont constit l’unique cadre de vie des
hommes, commencent à laisser place à des agglomérations qui prennent de plus en plus d’ampleur. Une classe
de notables s’y constitue, dont les membres s’enrichissent par le contrôle qu’ils exercent sur la circulation des
marchandises et sont investis d’un certain pouvoir.
- 5.000, travail du métal
C’est au
Ve millénaire en Mésopotamie que le travail du métal permet
à l'humanité de faire un bond en avant : en perfectionnant les fours,
les artisans parviennent à élaborer des instruments plus grands et
solides (culture d’Obeïd).
Ainsi naît l'araire, qui permet de creuser des sillons dans la terre pour
y jeter les semences. On ne tarde pas à la compléter par un semoir : les
semences sont versées non plus à la volée mais à travers un tube en
roseau fixé au manche de l'araire. Cet outil-verseur va augmenter de
moitié les rendements céréaliers par rapport au semis à la volée.
La découverte de la technique de l'alliage permet de produire des outils en bronze, mélange de cuivre et
d’étain, plus résistants et faciles à travailler (avec l'arrivée du fer vers - 1.500, les moyens de traction et de
défrichement gagneront encore en solidité).
A la même époque : le lac Tchad a une surface d’un million de km2 (440 fois sa surface actuelle), début de
l’utilisation de la voile en Egypte, développement de la culture inondée du riz en Chine, culture du maïs au
Mexique, domestication du cheval en Eurasie
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- 3.400, invention de la roue
Quand, vers - 3.400, un scribe mésopotamien reproduit sur sa tablette un simple rond, il ne sait pas que cette
première représentation de la roue, va marquer une étape majeure dans le progrès technique. Cette création,
issue probablement de l'utilisation de rondins de bois, va susciter l’apparition du tour du potier, de la charrette
et du char de combat.
A la même époque : hybridation des céréales en Amérique du sud, premières techniques de tissage de la soie
en Chine, début de l’Ancien Empire en Egypte qui durera de 3000 à 2100 (Memphis capitale des pharaons),
premiers hiéroglyphes, début d’utilisation de la laine des ovins en Asie Mineure.
Le préhistorien Jacques Cauvin propose une concordance singulière entre les événements immémoriaux
auxquels la Bible des Hébreux fait référence et le déroulement de la révolution néolithique : ainsi la découverte
de la nudité par Adam et Ève serait-elle assimilable à la vélation de la finitude de la vie ; la perte du jardin
d'Eden traduit l'éloignement de la divinité (cet éloignement se retrouve dans l'opposition en architecture entre
le cercle - temple - et le rectangle - maisons ordinaires -) ; Caïn illustre l'avènement de l'agriculture et Abel, son
frère cadet, de l'élevage.
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