© Edelo - Histoire de l’Orient Antique 3
- 7.500, essor des sociétés agricoles
Quelquefois, de véritables bourgades se constituent, à
l’image de Jéricho, dans la vallée du Jourdain, qui s’entoure
d’un imposant mur de pierres, dominé par une tour haute de
plus de 8 m, considérée comme le vestige d'édifice public le
plus ancien au monde.
De telles réalisations ne peuvent se concevoir sans une
mobilisation collective de la communauté,
vraisemblablement coordonnée par une autorité reconnue.
Les maisons restent circulaires mais s’agrandissent, des murs
divisent l’espace intérieur.
La population augmente fortement par la combinaison de deux facteurs : une croissance démographique
interne due au développement de l’agriculture, et un afflux de populations jusque-là non sédentaire attirées
par le nouveau mode de vie. Au début du IXe millénaire, les premières constructions rectangulaires
apparaissent et les premières expériences de cuisson de l’argile ont lieu.
A partir de - 7.000, le plan rectangulaire et pluricellulaire des constructions devient la règle. La forme ronde
est dès lors réservée aux maisons communautaires ou aux sanctuaires. Des édifices à vocation collective sont
érigés au centre de certains sites. Lieux de rassemblement de la population à l’occasion de cérémonies
collectives, ils reçoivent également les corps des défunts, maintenant ainsi un lien direct entre les vivants et
les morts, et perpétuant à travers les générations la continuité du groupe.
La maitrise du milieu naturel s’accroit avec la domestication d’espèces animales destinées à l’alimentation :
chèvres et moutons. Tandis que l’élevage se développe, la chasse continue à être pratiquée (gazelle, gros
gibier), mais elle ne fournit plus désormais qu’un complément alimentaire.
La céramique fait son apparition et le travail du métal commence à susciter de
l’intérêt. Les petits objets fabriqués (perles, épingles), le plus souvent en cuivre
(produit à partir de la malachite) ou en plomb, entrent dans les circuits
d’échange. Les hommes apprendront plus tard à produire de l'étain (à partir de
la cassitérite) et du bronze (en mélangeant le cuivre et l'étain), un alliage qui se
prête à la fabrication d'armes et d'outils. L’élevage s’étend à de nouvelles
espèces, bovidés et porcins, plus difficiles à domestiquer.
Entre - 7.500 et - 6.200., c'est l'explosion, le «grand exode» ! Des migrants diffusent l'économie urbaine et
agro-pastorale du néolithique au-delà du Moyen-Orient, vers l'Europe comme vers les monts Zagros (Iran).
En Anatolie (Turquie actuelle), on en
trouve les traces à Cayönu, Portasar et
Nevali ainsi qu'à Catal Hüyük. Cette
grosse bourgade qui s’étend sur 12
hectares, prospère grâce au commerce
de l’obsidienne qui est extraite des
chaînes volcaniques environnantes.
Une population nombreuse y vit dans des maisons en brique crue, serrées les unes contre les autres,
qu’aucune rue ne vient séparer, la circulation se faisant par les toits en terrasses. Certaines de ces maisons
sont décorées de peintures murales et de reliefs en argile moulée où prédominent le motif du taureau et celui
d’une puissante figure féminine, aux formes exagérées et représentée le plus souvent en situation
d’enfantement (déesse de la fécondité).