comédie poitou-charentes
saison
2o13.14
centre
dramatique
national
direction
Yves
Beaunesne
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l’annonce
faite
à marie
l’annonce
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l’annonce
faite
faite
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éditorial
Bob Kennedy disait dans les années 1960 à propos du PIB : « Il ne
tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur
éducation, il n’inclut pas la beauté de notre poésie ou la solidité
de nos mariages, il mesure tout sauf ce qui rend la vie digne d’être
vécue. » Ne donnait-il pas déjà raison à ce qui nous apparaît de plus
en plus, à savoir que la démocratie et l’économie de marché semblent
avoir fusion en un organisme pdateur dont l’imagination étroite,
indigente, se limite à graviter presque entièrement autour de l’idée
de maximiser le profit ? Ce n’est pas étonnant dès lors s’il y a un
retour des luttes et des contradictions sociales. Protester, c’est refuser
d’être réduit à un zéro et à un silence forcé.
Dans ce contexte, il me semble impératif d’opérer une sorte
de restauration de la représentation : le monde et la raison moderne
peuvent-ils se passer du potentiel de sens contenu dans les grands
poèmes théâtraux, sur lequel se fonde notamment la substance
éthique des Etats de droit et des sociétés démocratiques ? Il faut
réinvestir les récits, les caractères, les personnages et les héros auxquels
on peut s’identifier ou s’opposer. Le refus des protestataires devient
alors le cri sauvage, la colère, l’humour, l’illumination des femmes,
des hommes et des enfants évoqués dans une histoire. L’art doit
être une fête qui réunit ce que l’ordre social divise.
Il faut des lieux de cation et de diffusion qui soient des sanctuaires,
dans lesquels les artistes puissent s’exprimer totalement et librement.
Mais l’artiste doit aussi aller dans l’espace des publics, pour toucher
le plus grand nombre. Introduire l’art dans la vie, c’est donner le
goût de fréquenter des œuvres. En favorisant la présence artistique
sur les territoires, on assiste à des connexions passionnantes entre
des œuvres et des publics qui n’ont pas l’habitude de se fréquenter.
Qui ne prend goût pendant l’enfance au livre, au musée ou au théâtre
n’a que peu de chances d’en découvrir les plaisirs à l’âge adulte.
L’appétit pour la culture, c’est à l’école qu’il s’éveille et se forme.
C’est donc une école de spectateurs que nous voulons développer,
et pour cela nous voulons encourager les créateurs qui travaillent
avec nous, comédiens, metteurs en scène, auteurs à investir d’abord
les écoles, puis tous les lieux prêts à dialoguer avec le théâtre,
à se sortir d’eux-mêmes, et nous avec eux. Qu’aux temps durs
qui courent, le théâtre oppose le droit et la capacité pour chacun
de rester vif et inventif. En proposant prioritairement, cette
année, des écritures contemporaines. Créations, rencontres avec
des créateurs et des œuvres, ateliers de pratiques artistiques : les
trois leviers de la démocratisation culturelle seront tenus avec tous
les âges de la vie : le jeune public, les collèges, les lycées, les jeunes
en formation, les adultes, les anciens. A la ville, dans les quartiers
comme à la campagne.
Le désir de théâtre ne connaît pas la nuit.
Yves Beaunesne
goldoni
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mot du collectif
d’artistes
« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis ».
(Saint-Exupéry)
Cette année la Comédie Poitou-Charentes met à l’honneur l’écriture
contemporaine. Lécriture est fascinante, elle nous permet d’entretenir
des conversations à travers les époques et à travers les pays, ce qui
fait que ce que l’homme a découvert une fois, il l’a découvert pour
très longtemps. Chacun, face à une œuvre d’art, qu’elle soit théâtre,
musique, peinture, poème, peut sentir s’éclairer en lui une sorte
de révélation intime. Bien souvent, nous écrivons davantage pour
comprendre que pour expliquer. L’écriture et la lecture repoussent
la tentation de se laisser envahir par la lassitude, l’ignorance, la bêtise,
ombres qui portent le joli nom d’obscurantisme quand on délaisse
le désir de connaître. C’est pourquoi nous nous réjouissons de pro-
poser des textes inédits, et par ailleurs, de pouvoir accueillir dans
les murs de la Comédie un atelier d’écriture destiné aux amateurs.
Mais le théâtre, c’est passer de l’acte individuel à une aventure
collective où nous portons de l’écrit aux oreilles d’une assemblée.
Face à un spectacle, qu’on l’ait aimé ou pas, la profondeur de la
discussion qui s’engage avec nos proches à l’issue de la représentation,
la qualité de l’échange, est d’une étoffe plus singulière que tout notre
plaisant bavardage de la vie de tous les jours. Nous touchons en nous
à ces cordes sensibles et résonnantes, ces cordes faites de liens
tendus entre les uns et les autres. Quoi que nous cherchions à travers
le théâtre – distraction, éclairage, consolation, incandescence, ou que
sais-je – gardons vivante cette archaïque manière de vibrer ensemble.
Né des cheminements et circulations des artistes associés, notre
collectif reflète la diversité des univers et des synergies qui se croisent
dans un lieu de création. Chaque artiste, à sa manière, amène un vent
de curiosiet d’émerveillement, une respiration pour se sentir vivant.
Et, à sa manière, répond aux questions que nous nous posons :
comment faire pour que l’art contemporain soit accessible au plus
grand nombre, sans se demander ce qui va plaire ni donner au public
ce qu’on croit qu’il attend ? Comment fabule-t-on sa vie la dernière
année de son lycée ? Comment raconter son vécu quand on est
à la retraite ? Comment se tissent les liens entre des générations
soi-disant éloignées ? Quelle ventilation faut-il imaginer entre le
soutien à la création et les différents leviers de l’accès à la culture ?
Ce sont des questions de politique culturelle, mais « celui qui ne
s’occupe pas de politique ne s’occupe de rien ». (Aristote) Ce que
l’on ne peut pas faire tout seul, on peut le faire ensemble. Mettre
en commun nos expériences, nos problématiques, produire
des spectacles spécifiques qui réinventent une manière d’écrire
le spectacle. C’est un challenge pour nous, pour tous.
Laure Bonnet
Thomas Condemine
Yves Beaunesne
L’Intervention © Guy Delahaye
Œdipapa © DR
L’Otage © François Passerini
Carmen © Guy Delahaye
Hetero © Nicolas MahuÀ la vie ! © Philippe Wall
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humaine, qui reproduit la vio-
lence sans un vrai détournement
créatif, qui se contente de faire
résonner ses doutes sans porter
en lui une forme de reconstruc-
tion, de résilience. Sans vouloir
additionner les raisons ou les
non-raisons d’avoir confiance,
il pose la confiance comme
un postulat : la peur ne doit pas
mener les artistes. Les situations
sans solution sont résolues
par les fous, les enfants et les
amoureux comme Claudel.
Il aurait pu faire sienne la devise
de Schiller : « Vivez votre siècle,
mais ne soyez pas sa créature ».
de Claudel
mise en scène Yves Beaunesne
adaptation et dramaturgie Marion
Bernède scénographie Damien
Caille-Perret lumières Joël Hourbeigt
création musicale Camille Rocailleux
costumes Jean-Daniel Vuillermoz
maquillages /coiffures Catherine
Saint-Sever assistanat à la mise
en scène Marie Clavaguera Pratx
et Amélie Chalmey
distribution Damien Bigourdan,
Judith Chemla, Thomas Condemine,
Jean-Claude Drouot, Fabienne
Lucchetti, Julie-Marie Parmentier
et trois musiciens
production Comédie Poitou-Charentes –
Centre Dramatique National avec le soutien
de la Drac Poitou-Charentes, de la Région
Poitou-Charentes et de la Ville de Poitiers
coproducteurs Le Théâtre d’Angoulême,
Le Moulin du Roc à Niort en partenariat
avec Les Bouffes du Nord
19 › 21.03.14
TAP, Poitiers
l’annonce
faite à marie
création
Claudel est un de ces cavaliers
qui firent, dès le début du xxe
siècle, le grand écart sur les
côtés de l’échiquier littéraire.
Immense voyageur, c’est un
écrivain qui est sorti toute sa
vie de sa chambre. Il y a chez
lui comme une navigation sur
une mer démontée. Il a inventé
une langue capable de tenir
le passé, le présent et le futur
ensemble, il a redonné à la
langue française des dérapages,
du brut, de l’horizon lointain.
Je me rappelle ce professeur
qui, à la lecture de Animus et
anima de Claudel, nous montrait
la chair de poule qui couvrait
son avant-bras : « Voilà, disait-il,
à quoi on reconnaît le théâtre
vital ». Sa parole est la chair
et le sang donné aux tigres.
Première pièce de Claudel
à être jouée, elle a été amorcée
dès 1892 sous le titre La Jeune
fille Violaine, puis remaniée
en 1911 pour donner L’Annonce
faite à Marie. Au départ, il y
a comme un drame domestique
autour de la rivalité de deux
sœurs : le père soutient Violaine,
l’aînée, la mère, Mara, la cadette,
qui prend à l’aînée son fiancé.
Mais il se passe que Violaine,
malgré la déchéance survenue
après un baiser donné à un lé-
preux, prête assistance à sa sœur,
et c’est là que tout commence.
Poème inspiré par l’enfance
orageuse de l’auteur, germé
dans la glaise et la tourbe de
son Tardenois natal, écrit avec
ses tourments charnels autant
que mystiques, L’Annonce faite
à Marie est le « drame de la
possession d’une âme par le
surnaturel ». Claudel n’est jamais
franchement dans l’orthodoxie
religieuse, son catholicisme est
beaucoup plus imbibé de rhum
qu’on ne le pense, il y a chez
lui quelque chose d’hérétique
dans le dialogue de la chair
et de la tentation. Et au-delà
de la tragédie familiale, il y a,
comme dans la tradition
hébraïque, le sens caché :
Claudel a cherché l’irruption
du divin dans l’humain
et il l’a trouvée dans l’ébriété
divine de Violaine, touchée
par la passion du Christ.
Claudel n’est pas un défenseur
du « théâtre des symptômes »,
un théâtre du constat qui fait
état surtout de la seule misère
l’annonce
faite
à marie
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Pour le travail d’écriture, Laure
Bonnet vise une malicieuse
mécanique quant à la forme, et
à l’image du travail de Goldoni
dans ses œuvres, qui a toujours
cherché du côté de la « comédie
de caractères » des personnages
bien dessinés, dynamiques
et drôles.
texte de Laure Bonnet
mise en scène
Thomas Condemine
distribution en cours
production Comédie Poitou-Charentes –
Centre Dramatique National avec le soutien
de la DRAC Poitou-Charentes, la Région
Poitou-Charentes et la ville de Poitiers
12.05.14 séance scolaire
› Centre socioculturel
de la Blaiserie
12.05.14 19h30
› Centre socioculturel
de la Blaiserie
13.05.14 19h30
› Centre socioculturel
de la Blaiserie
goldoni
création
La Comédie Poitou-Charentes
cherchant, sous l’impulsion de
son directeur Yves Beaunesne,
à mettre en place un cycle
de pièces courtes autour des
grandes heures du théâtre,
il nous revient, à nous artistes
associés, de nous rencontrer
et de collaborer pour en créer
le premier maillon.
Nous partageons le désir
de créer un spectacle plein
d’humour et d’énergie. Nous
avons choisi Goldoni car c’est
un auteur qui nous intéresse
et nous avions envie d’éveiller
la curiosité à son égard. Ce
petit gros sympathique qui
ne connaissait rien aux filles,
ce gosse insupportable fugueur
et influençable a, de son vivant,
vu dix-huit éditions de son
théâtre, mis sous presse plus
de cent cinquante comédies,
réussi a réformer la comédie
italienne en en faisant tomber
les masques pour l’emporter
vers plus de sensibilité et
de réalisme. Cet auteur a écrit
pour les femmes, pour les
gondoliers, pour les marchands
laborieux, pour les soubrettes,
pour ceux que la misère oblige
à en servir d’autres sous les
coups de bâtons, et encore
pour les femmes, celles qui
doivent se marier pour survivre,
celles qui rusent, qui se battent,
qui crient dans les rues, celles
qui cancanent, celles qui
jalousent. Il a écrit pour les
comédiens des rôles qu’il voulait
sur mesure et des mécaniques
dramaturgiques complexes
et précises. Réfugié en France
à la fin de sa vie, pensionné
par le Roi, la Révolution coupe
ses moyens de subsistance,
juste avant d’être reconnu
comme un « auteur du peuple »
par la République qui souhaite
continuer à le pensionner.
Le messager arrive trop tard,
Goldoni est mort à Paris dans
la misère. Son destin offre
de multiples portes d’entrées
pour créer ce spectacle.
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goldoni
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