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Les fondements doctrinaux du chiisme
imâmite duodécimain
Par Muĥibb al-Dīn al-Ķaţīb
Traduit de l’arabe par Amine Chérif-zahar
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Préface de Muĥammad Naşīf
Louanges à Dieu; Que les salutations de Dieu soient sur Son prophète, sur
sa famille ainsi que sur ses compagnons
Le mouvement de rapprochement entre le chiisme et les positions doctri-
nales adverses que sont celles des sunnites, des zaydites et celles des ibadites et
qui s’est constitué ces quelques dernières années, a poussé à la nécessité
d’étudier de près les thèses doctrinales de l'imâmisme sur des bases scienti-
fiques. Et c’est au grand écrivain et penseur Muĥibb al-Dīn al-Ķaţīb qu’est re-
venu cet honneur. L’auteur s’est investi dans l’étude du chiisme en partant des
livres de ses maîtres en vue de trouver les terrains d’entente qui permettraient
pareil rapprochement. Au terme de son étude, il a fini par conclure qu’aucun
rapprochement n’était possible avec les chiites de par le fait que les théoriciens
du chiisme n’ont pas lais la moindre possibilité à un pareil rapprochement
après avoir fondé leur doctrine sur des croyances en contradiction flagrante
avec la religion professée par le prophète et ses compagnons. Cette religion que
le prophète a laissée en héritage à ses compagnons et à ceux qui viendraient
après et de laquelle il n’est pas une personne qui s’éloigne qu’elle n’est perdue.
L’opuscule que voici est un résumé extrêmement riche en preuves puisées
dans les ouvrages des grands docteurs du chiisme avec la mention de l’ouvrage,
de l’édition, de la page et de toutes les informations qui en font en recueil d’une
rare qualité. C’est pour cette raison que nous avons décidé de le présenter au
public afin que vive sur preuve celui qui est destiné à vivre et que crève sur
preuve celui qui est destiné à crever.
Ğadda, le 14 rağab 1380.
Muĥammad Naşīf
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Le sujet du rapprochement entre les diverses tendances de
l'islam
Le rapprochement entre les diverses factions de l'islam dans leurs pensées et
dans leurs croyances, dans leurs tendances et dans leurs finalités est un des ob-
jectifs majeurs de l'islam et un des moyens les plus sûrs qui sont à même de ren-
forcer leurs rangs et de purifier leurs sociétés de leurs scories; ce serait un bien
immense tant pour leurs peuples que pour leur unité.
L'appel à un pareil rapprochement, s'il est innocent et ne cache pas des en-
tourloupettes, ne peut produire de mal et assurément qu'il produirait un bien
plus grand que le mal qui pourrait en résulter. C'est pour cette raison que
chaque musulman a le devoir d'accepter cette idée de rapprochement et d'œu-
vrer, en s'entraidant avec ses frères musulmans, à la faire réussir.
Durant ces dernières années, cet appel au rapprochement entre les diverses
factions musulmanes est devenu le sujet de l'heure à tel point qu'il a fini par in-
téresser les gens d'al-Azhar, la plus prestigieuse université religieuse des adeptes
des quatre écoles de droit sunnite. Al-Azhar a fini par adhérer à l'idée et a, par-
là, dépassé le contexte dans lequel elle s'était renfermée depuis l'époque de Sala-
din à ce jour pour prétendre à une tolérance très large et une volonté affichée
de découvrir les autres doctrines des tendances se prévalant de l'islam et, à leur
tête, le chiisme imâmite duodécimain. Al-Azhar n'en est, à ce jour, qu'à ses dé-
buts, raison pour laquelle nous considérons que l'examen approfondi de ce rap-
prochement des diverses tendances de l'islam doit bénéficier d'études poussées
et de conférences de la part de tous les musulmans qui connaissent bien le sujet
et qui sont instruits de ses problèmes et de ses conséquences.
Comme les questions religieuses, de par leur nature même, sont très sen-
sibles, il s'impose de les étudier avec sagesse, science et réalisme. Chaque per-
sonne qui s'investit dans l'étude des possibilités de rapprochement doit être au
courant de la face cachée de l'iceberg et doit invoquer l'aide de Dieu dans ses
investigations scientifiques avant même de décréter un quelconque jugement
afin que cet effort aboutisse et produise les fruits attendus.
La première chose que nous constatons dans tous les phénomènes qui met-
tent en cause plus d'une partie, c'est que le succès d'une entreprise est tributaire
d'une adhésion de toutes les parties à ladite entreprise.
Voilà un exemple qui démontre ce constat. Il a été mis sur pied, en Egypte,
un établissement veillant au rapprochement entre sunnites et chiites, établisse-
ment financé entièrement par un Etat chiite. L'établissement, nommé «al-
Karīma» (la Généreuse), nous a fait ainsi bénéfice de sa générosité officielle mais
n'en a pas fait de même avec les enfants de son peuple; Aucun établissement de
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ce genre ne s'est constitué à Téhéran, Qom, Nadjaf, le mont ‘Āmil ou tout autre
grand centre du chiisme1.
Ces centres de prosélytisme chiite éditent, ces dernières années, des livres à
vous dresser les poils par l'indécence des propos qu'ils renferment et par les-
quels ils torpillent tout espoir de compréhension et de rapprochement. D'entre
ces livres, «al-Zahrā’», en trois volumes, édité par les soins des oulémas chiites
de Nadjaf et dans lequel –et en toute impunité– les auteurs déclarent que ‘Umar
Ibn al-Ķaţţāb était «atteint d'un mal que seul le sperme des hommes pouvait soulager.»
Cheikh al-Bašīr al-Ibrāhīmī, l'illustre ouléma algérien, a vu cela de ses propres
yeux lors de sa première visite en Irak. Une âme souillée de laquelle émanent
pareilles monstruosités «doctrinales» est davantage dans le besoin d'un rappro-
chement que ne le sont les sunnites. Si le différend qui nous oppose aux chiites
tient au fait qu'ils prétendent être des soutiens meilleurs aux gens de la maison
du prophète -paix et bénédiction d’Allah sur lui- que ne le sont les sunnites et
cette haine affichée à l'égard des compagnons du prophète sur les épaules de
qui l'édifice de l'islam s'est établi et qui les fait tenir pareils propos comble de
l'indécence à l'endroit de ‘Umar Ibn al-Ķaţţāb, justice aurait voulu que le pre-
mier pas vers le rapprochement soit l'allègement de la part des chiites de leur
position vis à vis des premiers guides de l'Islam. Ils devraient ensuite témoigner
de la reconnaissance aux sunnites pour les sentiments irréprochables qu'ils ont
envers les gens de la maison du prophète -paix et bénédiction d’Allah sur lui-.
En fait, sur ce plan, ce qu'ils reprochent aux sunnites, c'est de ne pas les avoir
divinisés comme l'ont fait les chiites eux-mêmes et comme en témoignent les
sanctuaires païens qu'ils ont édifiés sur les tombes des descendants du prophète
«qu'ils reconnaissent.»
L'idée d'un rapprochement impose à chacune des parties une volonté de
rapprochement et une compréhension de l'autre partie. Il ne peut y avoir de
rapprochement entre un pôle positif et un pôle négatif ou entre une partie qui
adhère entièrement à l'idée et une partie qui ne s'en soucie guère tel que c'est le
cas aujourd'hui.
1 Ce genre de «générosité», ils en ont fait preuve à toutes les époques. Et c’est grâce à de pa-
reils prédicateurs missionnaires qu’ils envoient dans les diverses contrées que l’Irak, qui fut une
terre sunnite réside une minorité chiite, s’est transformé en une terre chiite réside une
minorité sunnite.
A l’époque de Suyūţī, un prédicateur de cette catégorie, venu de Perse, a atterri en Egypte.
Suyūţī fait part de cet évènement dans son ĥāli-l-fatāwī, éd. Al-Munīriyya, t. I, p. 330. C’est
en raison de la visite de ce missionnaire que Suyūţī a rédigé son opuscule «miftāĥ al-ğanna fī-l-
i’tişām bi-s-sunna» (La clé du paradis [se trouve] dans l’attachement impeccable à la Sunna)
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Ce qui ce dit concernant le fait qu'une seule partie soit motivée à faire réussir
pareil projet –tel étant le cas du Caire, la capitale du sunnisme, contrairement
aux autres centres actifs du chiisme le prosélytisme chiite et le dénigrement
des autres et de rigueur–, se dit aussi concernant cette exigence donnée comme
préalable par les chiites d'introduire dans les programmes d'enseignement d'al-
Azhar un module de rapprochement sans que pareil module ne soit institué
dans les instituts d'enseignement du chiisme. Si l'état des choses continue à ne
voir qu'une volonté unilatérale de rapprochement, le projet n'aura aucune
chance de succès. Bien au contraire, il va engendrer une réaction d'hostilité
grandissante.
Le rapprochement, avant de pourvoir se faire sur les fondements doctrinaux,
devrait être tenté d'abord dans les domaines secondaires à savoir les pratiques
cultuelles.
Le droit musulman
Le droit musulman ne repose pas sur des fondements reconnus conjointe-
ment par les sunnites et par les chiites. Le droit musulman tel que perçu par les
quatre imams fondateurs des quatre écoles de droit sunnite se base sur des fon-
dements autres que ceux sur lesquels se base de droit chiite. Si dès le départ
nous ne parvenons pas à trouver un terrain d'entente favorable sur des ques-
tions aussi fondamentales que celle des fondements du droit, inutile de recher-
cher un terrain d'entente sur les questions de droit à proprement parler et qui
dérivent des questions fondamentales s'il n'y a pas une adhésion bilatérale au
vœu de trouver un terrain d'entente au niveau des instituts religieux des deux
parties.
Inutile donc de s'épuiser dans des tentatives de rapprochement sur des ques-
tions secondaires s'il n'existe pas d'accord sur les questions fondamentales. Je ne
parle pas ici des fondements du droit mais des fondements de la religion depuis
ses racines premières.
Le problème de la taqiyya
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La première chose qui empêche une adhésion sincère à l'idée de rapproche-
ment, c'est ce dogme de la «taqiyya» qui autorise les chiites à jouer «religieusement»
2 Dissimulation des opinions religieuses. Chez les sunnites, cela n'est permis qu'en cas de
réel danger et un verset clair fait foi de son acceptation en religion dans de pareilles circons-
tances. Les chiites étendent ce dogme à tous leurs opposants et sans qu’il n’y ait de circons-
tances qui le permettent, à commencer par les musulmans non chiites (T).
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