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INTRODUCTION
Depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme a pris une dimension importante dans le
regard du public occidental vis-à-vis de l’islam et des musulmans. En effet, la plupart des
sociétés occidentales connaissent aujourd’hui une montée de l’islamophobie (Esposito, 2011 :
xxiii). Cette exacerbation du sentiment « anti-musulman » s’inscrit dans divers contextes, tels
que la forte immigration musulmane dans les pays occidentaux (Smith, 2002 : 3-5 ; Cesari, 2011
: 24-25), la montée de « l’islam politique » (Ibish, 2013) et la guerre contre le terrorisme (Kumar,
2012 : 2 et 5 ; Razack, 2011 : 4-6). Cette étude s’inscrit dans un constat plus large de l’effet des
attentats terroristes perpétrés à partir du 11 septembre 2001 sur la perception des musulmans ou
des personnes s’identifiant à cette religion. Cette perception négative se traduit par différentes
initiatives et attitudes : par exemple, par la mise en œuvre de lois qui permettent la surveillance
renforcée – voire l’emprisonnement et la torture – des musulmans, et les discriminations
sociales, politiques et économiques (Allen, 2010 : 190 et 195 ; Razack, 2011 : 5 ; Shryock,
2010 : 2).
Au Canada, le travail de Denise Helly (2004) aborde la perception défavorable dont sont
victimes les personnes musulmanes. Elle y expose deux grandes tendances. D’une part, elle note
une méfiance des Canadiens envers les musulmans – surtout ceux provenant du Moyen-Orient –,
qui a influencé le regard des Canadiens sur l’immigration. À titre illustratif, 43 % des Canadiens,
selon un sondage de 2002 de l’Association d’études canadiennes, affirmaient que leur société
accueillait un nombre trop élevé d’immigrants originaires de pays arabes (Helly, 2004 : 34-35).
Pour elle, les médias alimentent fortement le stéréotype négatif « musulman ». D’autre part, les
associations musulmanes canadiennes reprochent aux médias, justement, dans leur couverture
médiatique d’événements violents concernant des pays islamiques, de tenir un discours