Citoyens et non-citoyens à Athènes
« Le citoyen n'est pas un citoyen par le lieu où il réside, car métèques et esclaves ont la résidence en commun avec les citoyens. Ne
sont pas citoyens non plus ceux qui participent aux droits de la vie judiciaire, comme défendeurs ou comme demandeurs, car ces
droits appartiennent aussi aux bénéficiaires des conventions judiciaires(1). [...] Ces gens (les métèques), on peut dire qu'ils sont en
quelque sorte citoyens à la façon des enfants trop jeunes encore pour être inscrits (2) ou des vieillards dont le nom a été supprimé
des listes (3), tous gens qui sont, en quelque sorte, citoyens dans un sens non absolu : il faut spécifier que les premiers sont des
citoyens encore imparfaits et les seconds des citoyens ayant dépassé l'âge de la maturité [...]. Ce que nous cherchons, c'est à définir
un citoyen de façon absolue, n'encourant aucune des disqualifications mentionnées, sans qu'il soit besoin d'ajouter un correctif à son
titre : car les mêmes problèmes et les mêmes solutions peuvent jouer pour ceux qui ont été frappés d'atimie (4) ou d'exil. Un citoyen
au sens absolu du terme ne peut mieux se définir que par le fait de participer à l'exercice de la justice et aux magistratures. »
Aristote, Politique, III, 1274 b 40 - 1275 a 25, IVème siècle av. J-C.
1. À Athènes, tout métèque (étranger domicilié à Athènes) doit être représenté en justice par un citoyen athénien qui est son garant. En revanche, les
étrangers de passage peuvent eux-mêmes plaider en justice si leur cité d'origine a passé avec Athènes une convention portant sur les questions
judiciaires.
2. Les jeunes Athéniens ne peuvent s'inscrire sur les registres des dèmes, divisions administratives de base, qu'à partir de 18 ans et ne deviennent
véritablement citoyens qu'après avoir effectué leur service militaire, l'éphébie.
3. À partir de 60 ans, les Athéniens ne participent plus à la défense militaire de la cité, ce qui, pour Aristote; est synonyme de perte des droits politiques.
En réalité, nous ne sommes pas certains que les Athéniens de plus de 60 ans perdaient ainsi leurs droits politiques.
4. Atimie : sanction judiciaire privant, de manière partielle ou totale, le citoyen de ses droits politiques. On pouvait être frappé d'atimie pour des affaires
privées (par exemple, la non-répudiation d'une épouse adultère) ou pour des fautes à l'encontre de la cité (faux témoignage, désertion de l'armée.. .).
Question 1 : Quels sont les différents critères examinés par Aristote dans sa recherche de définition du citoyen
athénien ?
Question 2 : Quel est le seul qui, d’après Aristote, permet de définir ce qu’est un citoyen athénien ?
Extraits de l’encyclopédie Encarta 98
« Aristote (384-322 av. J.-C.), philosophe et scientifique grec, élève de Platon, dont l'œuvre est à l'origine de la science et de la philosophie
médiévale.
Né à Stagire, en Macédoine, fils d'un médecin à la cour royale, Aristote se rendit à Athènes à l'âge de dix-sept ans pour étudier à l'Académie de
Platon. Il y demeura environ vingt ans, d'abord comme étudiant puis comme enseignant. À la mort de Platon en 347 av. J.-C., Aristote se rendit à
Assos, cité d'Asie Mineure dirigée par Hermias, dont il devint le conseiller. Il fut le précepteur du jeune fils du roi, Philippe de Macédoine, le futur
Alexandre le Grand de 343 à 342. En 340, Aristote retourna à Athènes et fonda sa propre école, le Lycée.
Extrait de « La démocratie grecque » Claude MOSSE, M.A. Editions, Paris, 1986.
« De son œuvre immense et qui aborde tous les domaines de la pensée, l’historien retient surtout la Politique, cette réflexion sur la cité qui constitue
l’une des sources essentielles de notre connaissance des institutions grecques. »
Extrait de « Le IVème siècle grec » François VANNIER, Armand Colin, Paris,1967.
« Le IVème siècle est marqué par la crise de la cité grecque et l’hégémonie de l’empire macédonien de Philippe et d’Alexandre. Crise et déclin avant
tout politiques, voire économiques. Mais la civilisation qui s’élabore rayonne bien au-delà de la mouvance politique grecque, et le siècle de Platon
soutient la comparaison avec celui de Périclès. A la sérénité et l’équilibre succèdent l’inquiétude et l’émotion : qu’il s’agisse de la religion ou de l’art,
les tensions libèrent les ardeurs et la sensibilité individuelles, et au travers des bouleversements politiques et sociaux apparaît la vitalité d’un monde
nouveau. »
Présentation d’un texte deThucydide extrait de « Histoire de la guerre du Péloponnèse » :
Dans la seconde moitié du Vème siècle, le rayonnement athénien est assombri par la guerre du Péloponnèse
(431-404 av. J.C.). L’historien athénien Thucydide (vers 460-vers 399 av.J.C.) est l’auteur de l’Histoire de la guerre du
Péloponnèse, un ouvrage rédigé à la fin du Vème siècle av.J.C.. L’auteur a peut-être été le témoin du discours que
Périclès a prononcé en 430 lors des funérailles des soldats morts la première année de la guerre du Péloponnèse.
Dans cet extrait, le stratège fait l’éloge de la démocratie athénienne. Thucydide écrit son texte alors qu’Athènes subit
les effets dramatiques de la guerre. On voit à travers ce document comment l’historien démontre la supériorité du
régime athénien.