Effet de l`écartement et la fréquence des récoltes sur la croissance et

Moringa et autres végétaux à fort potentiel nutritionnel : Stratégies, normes et marchés pour un
meilleur impact sur la nutrition en Afrique. Accra, Ghana, 16-18 novembre 2006
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Effet de l’écartement et la fréquence des récoltes sur la croissance et le
rendement en feuilles de Moringa oleifera Lam
Amaglo, N. K.1, Timpo, G. M.1 , Ellis W.O2 and Bennett, R.N.3
1. Department of Horticulture, Faculty of Agriculture,
Kwame Nkrumah University of Science and Technology, Kumasi, Ghana.
2. Department of Biochemistry, Faculty of Biosciences,
Kwame Nkrumah University of Science and Technology, Kumasi, Ghana.
3. CECEA-Departamento de Fitotecnia e Engenharia Rural, Universidade de
Trás-os-Montes e Alto Douro (UTAD), 5001-801 Vila Real, Portugal
INTRODUCTION
Les légumes sont les parties succulentes des plantes qui peuvent être mangées comme des
aliments à part entière, comme suppléments, ou en tant que plat d’accompagnement cru ou cuit,
ou combinés avec de la viande ou du poisson dans des ragoûts, soupes et autres préparations
(Okigbo, 1983). Ils fournissent une source d’alimentation souvent pauvre en calories et matière
sèche et sont souvent consommés associés à des féculents pour les rendre meilleurs au goût
(Grubben, 1977). Il est universellement reconnu qu’ils ont une grande valeur nutritionnelle et
constituent une partie essentielle du régime alimentaire humain. Les régimes carencés en fruits et
légumes conduisent à de nombreuses maladies dont les cancers, les maladies neurovégétatives,
des dysfonctionnement du système immunitaire et des maladies cardiaque (McBride, 1992;
Wood, 1992). Les légumes, en particulier à feuilles, sont donc présents dans la plupart des
jardins, marchés et foyers. Au Sénégal, les légumes à feuilles représentent jusqu’à 50 à 85% du
budget familial de certains consommateurs, tandis qu’au Cameroun la production totale de
légumes a été estimée à 93 600 tonnes en 1998 (Spore, 2005). Ces légumes feuille traditionnels
sont maintenant reconnus comme des alliés dans la lutte contre les carences en macro et micro
nutriments bien qu’ils aient été longtemps éclipsés par d’autres légumes verts à feuilles d’origine
européenne comme le choux et la salade, qui ont un contenu nutritionnel inférieur. Un de ces
légumes feuilles traditionnel d’importance est le Moringa oleifera, Lam. Cette plante à usages
multiples, originaire d’Inde, est produit et utilisé dans beaucoup de pays africains (par ex. au
Ghana, Sénégal, Malawi), en Amérique du Sud (Nicaragua, Bolivie…) et même en Nouvelle
Zélande. Elle continue également à être une plante alimentaire importante en Inde.
La Déclaration Mondiale et le Plan d’Action pour la Nutrition, adoptée par 159 pays à la
Conférence Internationale sur l’Alimentation organisée par la FAO et l’OMS en 1992, affirme
que les stratégies pour combattre la malnutrition en micronutriments devraient « Assurer que des
approches durables basées sur l’alimentation constituent la priorité, en particulier pour les
populations carencées en vitamine A et en fer, en favorisant les aliments disponibles localement
et en prenant en compte les habitudes alimentaires locales ». Des recherches ont montré que le
Moringa peut être une nourriture bon marché, disponible toute l’année et de haute qualité pour
les humains comme pour les animaux. Cette plante est aussi riche en composés phytochimiques
bon pour la santé comme les caroténoïdes, les acides phénoliques, les flavonoïdes (quercitine et
kaempherol), plusieurs vitamines et minéraux (Foidl, et. al., 2001; Becker and Siddhuraju, 2003;
Bennett et al., 2003).
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Dans certaines régions du monde la culture à grande échelle est pratiquée, l’arbre ne
reçoit que peu de soins horticoles car il est souvent considéré comme une plante agroforestière
ou comme haie vive. Au Ghana, le Moringa est souvent cultivé comme haie ou dans les cours.
Mettre plus de surface en culture pour accroître la production et satisfaire la demande croissante
serait cher, difficile et néfaste à l’environnement (Okigbo, 1984). Les planteurs doivent donc
augmenter leur production en adoptant des stratégies et des techniques appropriées qui mènent à
des rendements suffisants et fiables sans réduire les ressources naturelles. Il est donc essentiel
d’établir les meilleures pratiques agronomiques pour la culture et l’utilisation.
Cette étude fut initiée pour établir les niveaux de productivité du Moringa oleifera en tant
que légume feuille dans la zone de forêt semi-décidue du Ghana. Les objectifs spécifiques étaient
de déterminer l’espacement optimal, les effets de l’espacement sur les rendements, et la
fréquence de récolte appropriée pour maintenir une production de feuille sur plusieurs années.
MATERIEL ET METHODES
Schéma expérimental
Un plan factoriel de 3x2 en blocs aléatoires fut utilisé. Trois niveaux d’espacements (5 x
5, 5 x 10 et 5 x 15 cm) et trois niveaux de fréquences de récolte (30, 35 et 40 jours) furent testés,
donnant 9 combinaisons de traitement dans chaque bloc (Tableau 1).
Tableau 1 : Combinaisons de traitement
1. 5 x 5 cm et 30 jours entre
récoltes
2. 5 x 15 cm et 35 jours entre
récoltes
3. 5 x 10 cm et 30 jours entre
récoltes
4. 5 x 5 cm et 40 jours entre
récoltes
5. 5 x 15 cm et 30 jours entre
récoltes
6. 5 x 10 cm et 40 jours entre
récoltes
7. 5 x 5 cm et 35 jours entre
récoltes
8. 5 x 15 cm et 40 jours entre
récoltes
9. 5 x 10 cm et 35 jours entre
récoltes
Localisation et climat du site expérimental
Les essais furent conduits au Département d’Horticulture de l’Université des Sciences
Kwame Nkrumah, à Kumasi, Ghana (Latitude 5 degrés, 36 minutes Nord; Longitude 0 degrés,
10 minutes Est) entre le 19 mai 2004 et le 21 mars 2005. La région est située dans la zone de
forêt semi-décidue du Ghana. La pluviométrie est bimodale (2 saisons sèches et 2 saisons
humides). La pluviométrie moyenne annuelle est de 1563 mm, dont 55% tombe entre mars et
juillet et 30% entre septembre et novembre. Il y a généralement une courte saison sèche en août
et une longue entre décembre et mars. Les températures mensuelles moyennes vont de 27°C à
29°C durant l’année, avec les mois de février, mars et avril généralement les plus chauds.
L’humidité relative pendant la période expérimentale a varié de 66% tôt le matin à 27% à midi.
Préparation du sol et semis. La parcelle expérimentale était localisée sur une série
Akroso d’Ochrosols forestiers. Ce sol consiste en limons sableux jaune-bruns modérément
drainés, développés à partir de colluvions sur les pentes moyennes ou basses. Le sol avait été
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cultivé auparavant avec Amaranthus hybridus. Une surface totale de 5,3m x 13,4m fut utilisée
pour l’étude. Elle fut subdivisée en trois blocs (Blocs I, II & III) d’où des échantillons de terre
furent prélevés à deux profondeurs (0-15cm et 15-30cm) pour une analyse des niveaux de
nutriments. Le champ fut labouré, hersé et nivelé. Les neuf (9) traitements furent distribués au
hasard dans chacun des trois blocs. La taille de chaque parcelle était de 1m x 1m et les parcelles
séparées entre elles par une bande de 0,25m, avec une bordure de 0,50 x 0,50 m créée entre les
parcelles de traitement. Pendant le déroulement de l’étude, les parcelles furent entretenues en
arrachant les mauvaises herbes, en irrigant quand nécessaire et en appliquant du compost après
six mois de croissance à un taux de 1,5 tonnes/ha pour stopper les baisses de rendement. Les
semences furent obtenues à partir de quelques plants identifiés dans le jardin médicinal de la
Faculté de Pharmacie de l’Université. Les semences propres et décortiquées furent semées
directement à une profondeur de 2cm sur chaque parcelle le 19 mai 2004, selon le traitement
alloué à chaque parcelle. Les graines germèrent en dix jours.
Mesures de croissance et de développement. Le suivi de la croissance et du
développement des plants fut effectué pendant soixante jours après le semis. Les paramètres
étudiés chaque semaine pendant cette période furent la hauteur de la plante, le nombre de feuilles
et le diamètre de la tige à 10cm du sol. Les plants furent laissé libres de croître pendant 60 jours
afin que le système racinaire ait le temps de se développer suffisamment pour absorber le choc
de la première colte. Après cette première coupe, les récoles suivantes furent effectuées tous
les 30, 35 et 40 jours selon les traitements assignés à chaque parcelle. Les pousses étaient
récoltées manuellement avec un couteau en coupant les branches à 20cm du sol. Seuls les
rangées intérieures (non périphériques) de chaque parcelle furent coupées et mises en commun
pour la détermination des rendements. .
Mesure des paramètres agronomiques et autres. Le poids frais des pousses récoltées par
parcelle était déterminé en utilisant une balance dans le champ. Cinq (5) plants furent
sélectionnés au hasard dans chaque parcelle et leurs poids frais fut mesuré en utilisant une
balance électronique au laboratoire. Leurs différentes parties furent ensuite triées (tiges, pétioles
et feuilles) et pesées. Ces tissus furent mis dans des enveloppes de papier kraft étiquetées et ils
furent séchés à 60°C pendant 72 heures dans un four électrique. Le poids sec de chaque
échantillon fut ensuite enregistré sur une balance électrique à fléau. Le contenu en protéines
brutes, hydrates de carbone, fibres, lipides et cendres des pétioles, tiges et feuilles fut déterminé
au Département de Biochimie de l’Université des Sciences et Technologies Kwame Nkrumah.
Les composés phytochimiques intéressants (glucosinolates et antioxydants phénoliques) présents
dans les différentes fractions furent aussi analysés à l’UTAD, Portugal, avec des méthodes
décrites antérieurement (Bennett et al., 2003).
Analyses statistiques. L’analyse statistique des données (Analyses de variance ANOVA)
fut réalisée en utilisant le logiciel Genstat. Les différences entre les moyennes des traitements
furent établies en utilisant le Test de Duncan.
RESULTATS
Effet de l’espacement sur la croissance végétative pendant les soixante premiers jours.
Les résultats montrent que les graines germent uniformément après 10 à 14 jours après le semis.
La hauteur moyenne des plants augmente avec le temps, en montrant des différences
significatives (P<0.05) à partir de la sixième semaine. L’espacement le plus faible (5 x 5cm)
donne le plus fort accroissement de taille des plants, suivi par l’écartement moyen (15 x 5 cm)
puis l’espacement le plus grand (15 cm x 5cm) (Figure 1). Le nombre moyen de feuilles
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produites par plant en fonction du temps est montré à la Figure 2. Il y a un accroissement général
du nombre de feuilles produites par plant au cours du temps pour tous les traitements sauf avec
l’espacement le plus faible, qui montre un déclin sévère à partir de la 7ème et 8ème semaine.
L’espacement le plus large produit davantage de feuilles par plant avec une différence
significative (P<0.05) par rapport aux plants des espacements faible et moyen pendant toute la
durée de l’étude. Le diamètre de la tige principale s’accroît avec le temps dans tous les
traitements avec une différence significative (P<0.05) à partir de la 5ème semaine. Le diamètre est
supérieur pour l’écartement le plus large, suivi par le moyen et le faible (Figure 3).
Fig. 1 Effet de l’âge et de l’espacement sur la hauteur des plantes
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
4
5
7
Age desPlantes
(semaines)
hauteur (cm)
5x5 cm
5x10 cm
5x15 cm
Fig. 2 Effet de l’âge et de l’espacement sur le nombre de feuilles
0
2
4
6
8
10
12
4
5
7
8
Age des Plantes (semaines)
Nbre de feuilles par plante
5x5 cm
5x10 cm
5x15 cm
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Effet de l’espacement sur le rendement en pousses (tissu aérien) 60 jours après le semis
Il n’y a pas de différence statistique dans le rendement en pousses fraîches ou sèches par plante à
la première coupe 60 jours après le semis. Les données observées ont montré que l’espacement le
plus large a donné le plus fort rendement en pousses fraîches ou sèches par plante, suivi par
l’espacement moyen et l’espacement faible (Figure 4). Ces différences n’étaient cependant pas
significatives. Les résultats ont montré que le rendement en pousses fraîches et sèches par
hectare était significativement différent (P<0.05) avec l’espacement le plus faible donnant les
plus forts rendements de 101,52 tonnes et 31,32 tonnes respectivement. L’espacement moyen
donna 55,84 tonnes de pousses fraîches et 15,73 tonnes de pousses sèches par hectare. Le plus
faible rendement à l’hectare résultait de l’espacement large avec 38,47 tonnes pour les pousses
fraîches et 11,71 tonnes pour les sèches.
Fig 3 Effet de l’âge et de l’espacement sur le diamètre de la tige principale
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
4
5
6
7
8
Age des Plantes (semaines)
Diametre (mm)
5x5 cm
5x10 cm
5x15 cm
25.38
7.83
27.97
7.864
28.86
8.782
0
5
10
15
20
25
30
Rdt en gramme
5x5 cm
5x10 cm
5x15 cm
Écartement
Fig. 4 Effet de l’espacement sur les rendements en pousses
fraîche et sèches 60 jours après le semis
Poids frais
Poids sec
1 / 11 100%
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