Effet de l`écartement et la fréquence des récoltes sur la croissance et

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Moringa et autres végétaux à fort potentiel nutritionnel : Stratégies, normes et marchés pour un
meilleur impact sur la nutrition en Afrique. Accra, Ghana, 16-18 novembre 2006
Effet de l’écartement et la fréquence des récoltes sur la croissance et le
rendement en feuilles de Moringa oleifera Lam
Amaglo, N. K.1, Timpo, G. M.1 , Ellis W.O2 and Bennett, R.N.3
1. Department of Horticulture, Faculty of Agriculture,
Kwame Nkrumah University of Science and Technology, Kumasi, Ghana.
2. Department of Biochemistry, Faculty of Biosciences,
Kwame Nkrumah University of Science and Technology, Kumasi, Ghana.
3. CECEA-Departamento de Fitotecnia e Engenharia Rural, Universidade de
Trás-os-Montes e Alto Douro (UTAD), 5001-801 Vila Real, Portugal
INTRODUCTION
Les légumes sont les parties succulentes des plantes qui peuvent être mangées comme des
aliments à part entière, comme suppléments, ou en tant que plat d’accompagnement cru ou cuit,
ou combinés avec de la viande ou du poisson dans des ragoûts, soupes et autres préparations
(Okigbo, 1983). Ils fournissent une source d’alimentation souvent pauvre en calories et matière
sèche et sont souvent consommés associés à des féculents pour les rendre meilleurs au goût
(Grubben, 1977). Il est universellement reconnu qu’ils ont une grande valeur nutritionnelle et
constituent une partie essentielle du régime alimentaire humain. Les régimes carencés en fruits et
légumes conduisent à de nombreuses maladies dont les cancers, les maladies neurovégétatives,
des dysfonctionnement du système immunitaire et des maladies cardiaque (McBride, 1992;
Wood, 1992). Les légumes, en particulier à feuilles, sont donc présents dans la plupart des
jardins, marchés et foyers. Au Sénégal, les légumes à feuilles représentent jusqu’à 50 à 85% du
budget familial de certains consommateurs, tandis qu’au Cameroun la production totale de
légumes a été estimée à 93 600 tonnes en 1998 (Spore, 2005). Ces légumes feuille traditionnels
sont maintenant reconnus comme des alliés dans la lutte contre les carences en macro et micro
nutriments bien qu’ils aient été longtemps éclipsés par d’autres légumes verts à feuilles d’origine
européenne comme le choux et la salade, qui ont un contenu nutritionnel inférieur. Un de ces
légumes feuilles traditionnel d’importance est le Moringa oleifera, Lam. Cette plante à usages
multiples, originaire d’Inde, est produit et utilisé dans beaucoup de pays africains (par ex. au
Ghana, Sénégal, Malawi), en Amérique du Sud (Nicaragua, Bolivie…) et même en Nouvelle
Zélande. Elle continue également à être une plante alimentaire importante en Inde.
La Déclaration Mondiale et le Plan d’Action pour la Nutrition, adoptée par 159 pays à la
Conférence Internationale sur l’Alimentation organisée par la FAO et l’OMS en 1992, affirme
que les stratégies pour combattre la malnutrition en micronutriments devraient « Assurer que des
approches durables basées sur l’alimentation constituent la priorité, en particulier pour les
populations carencées en vitamine A et en fer, en favorisant les aliments disponibles localement
et en prenant en compte les habitudes alimentaires locales ». Des recherches ont montré que le
Moringa peut être une nourriture bon marché, disponible toute l’année et de haute qualité pour
les humains comme pour les animaux. Cette plante est aussi riche en composés phytochimiques
bon pour la santé comme les caroténoïdes, les acides phénoliques, les flavonoïdes (quercitine et
kaempherol), plusieurs vitamines et minéraux (Foidl, et. al., 2001; Becker and Siddhuraju, 2003;
Bennett et al., 2003).
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Dans certaines régions du monde où la culture à grande échelle est pratiquée, l’arbre ne
reçoit que peu de soins horticoles car il est souvent considéré comme une plante agroforestière
ou comme haie vive. Au Ghana, le Moringa est souvent cultivé comme haie ou dans les cours.
Mettre plus de surface en culture pour accroître la production et satisfaire la demande croissante
serait cher, difficile et néfaste à l’environnement (Okigbo, 1984). Les planteurs doivent donc
augmenter leur production en adoptant des stratégies et des techniques appropriées qui mènent à
des rendements suffisants et fiables sans réduire les ressources naturelles. Il est donc essentiel
d’établir les meilleures pratiques agronomiques pour la culture et l’utilisation.
Cette étude fut initiée pour établir les niveaux de productivité du Moringa oleifera en tant
que légume feuille dans la zone de forêt semi-décidue du Ghana. Les objectifs spécifiques étaient
de déterminer l’espacement optimal, les effets de l’espacement sur les rendements, et la
fréquence de récolte appropriée pour maintenir une production de feuille sur plusieurs années.
MATERIEL ET METHODES
Schéma expérimental
Un plan factoriel de 3x2 en blocs aléatoires fut utilisé. Trois niveaux d’espacements (5 x
5, 5 x 10 et 5 x 15 cm) et trois niveaux de fréquences de récolte (30, 35 et 40 jours) furent testés,
donnant 9 combinaisons de traitement dans chaque bloc (Tableau 1).
Tableau 1 : Combinaisons de traitement
1. 5 x 5 cm et 30 jours entre
récoltes
3. 5 x 10 cm et 30 jours entre
récoltes
5. 5 x 15 cm et 30 jours entre
récoltes
7. 5 x 5 cm et 35 jours entre
récoltes
9. 5 x 10 cm et 35 jours entre
récoltes
2. 5 x 15 cm
récoltes
4. 5 x 5 cm
récoltes
6. 5 x 10 cm
récoltes
8. 5 x 15 cm
récoltes
et 35 jours entre
et 40 jours entre
et 40 jours entre
et 40 jours entre
Localisation et climat du site expérimental
Les essais furent conduits au Département d’Horticulture de l’Université des Sciences
Kwame Nkrumah, à Kumasi, Ghana (Latitude 5 degrés, 36 minutes Nord; Longitude 0 degrés,
10 minutes Est) entre le 19 mai 2004 et le 21 mars 2005. La région est située dans la zone de
forêt semi-décidue du Ghana. La pluviométrie est bimodale (2 saisons sèches et 2 saisons
humides). La pluviométrie moyenne annuelle est de 1563 mm, dont 55% tombe entre mars et
juillet et 30% entre septembre et novembre. Il y a généralement une courte saison sèche en août
et une longue entre décembre et mars. Les températures mensuelles moyennes vont de 27°C à
29°C durant l’année, avec les mois de février, mars et avril généralement les plus chauds.
L’humidité relative pendant la période expérimentale a varié de 66% tôt le matin à 27% à midi.
Préparation du sol et semis. La parcelle expérimentale était localisée sur une série
Akroso d’Ochrosols forestiers. Ce sol consiste en limons sableux jaune-bruns modérément
drainés, développés à partir de colluvions sur les pentes moyennes ou basses. Le sol avait été
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cultivé auparavant avec Amaranthus hybridus. Une surface totale de 5,3m x 13,4m fut utilisée
pour l’étude. Elle fut subdivisée en trois blocs (Blocs I, II & III) d’où des échantillons de terre
furent prélevés à deux profondeurs (0-15cm et 15-30cm) pour une analyse des niveaux de
nutriments. Le champ fut labouré, hersé et nivelé. Les neuf (9) traitements furent distribués au
hasard dans chacun des trois blocs. La taille de chaque parcelle était de 1m x 1m et les parcelles
séparées entre elles par une bande de 0,25m, avec une bordure de 0,50 x 0,50 m créée entre les
parcelles de traitement. Pendant le déroulement de l’étude, les parcelles furent entretenues en
arrachant les mauvaises herbes, en irrigant quand nécessaire et en appliquant du compost après
six mois de croissance à un taux de 1,5 tonnes/ha pour stopper les baisses de rendement. Les
semences furent obtenues à partir de quelques plants identifiés dans le jardin médicinal de la
Faculté de Pharmacie de l’Université. Les semences propres et décortiquées furent semées
directement à une profondeur de 2cm sur chaque parcelle le 19 mai 2004, selon le traitement
alloué à chaque parcelle. Les graines germèrent en dix jours.
Mesures de croissance et de développement. Le suivi de la croissance et du
développement des plants fut effectué pendant soixante jours après le semis. Les paramètres
étudiés chaque semaine pendant cette période furent la hauteur de la plante, le nombre de feuilles
et le diamètre de la tige à 10cm du sol. Les plants furent laissé libres de croître pendant 60 jours
afin que le système racinaire ait le temps de se développer suffisamment pour absorber le choc
de la première récolte. Après cette première coupe, les récoles suivantes furent effectuées tous
les 30, 35 et 40 jours selon les traitements assignés à chaque parcelle. Les pousses étaient
récoltées manuellement avec un couteau en coupant les branches à 20cm du sol. Seuls les
rangées intérieures (non périphériques) de chaque parcelle furent coupées et mises en commun
pour la détermination des rendements. .
Mesure des paramètres agronomiques et autres. Le poids frais des pousses récoltées par
parcelle était déterminé en utilisant une balance dans le champ. Cinq (5) plants furent
sélectionnés au hasard dans chaque parcelle et leurs poids frais fut mesuré en utilisant une
balance électronique au laboratoire. Leurs différentes parties furent ensuite triées (tiges, pétioles
et feuilles) et pesées. Ces tissus furent mis dans des enveloppes de papier kraft étiquetées et ils
furent séchés à 60°C pendant 72 heures dans un four électrique. Le poids sec de chaque
échantillon fut ensuite enregistré sur une balance électrique à fléau. Le contenu en protéines
brutes, hydrates de carbone, fibres, lipides et cendres des pétioles, tiges et feuilles fut déterminé
au Département de Biochimie de l’Université des Sciences et Technologies Kwame Nkrumah.
Les composés phytochimiques intéressants (glucosinolates et antioxydants phénoliques) présents
dans les différentes fractions furent aussi analysés à l’UTAD, Portugal, avec des méthodes
décrites antérieurement (Bennett et al., 2003).
Analyses statistiques. L’analyse statistique des données (Analyses de variance ANOVA)
fut réalisée en utilisant le logiciel Genstat. Les différences entre les moyennes des traitements
furent établies en utilisant le Test de Duncan.
RESULTATS
Effet de l’espacement sur la croissance végétative pendant les soixante premiers jours.
Les résultats montrent que les graines germent uniformément après 10 à 14 jours après le semis.
La hauteur moyenne des plants augmente avec le temps, en montrant des différences
significatives (P<0.05) à partir de la sixième semaine. L’espacement le plus faible (5 x 5cm)
donne le plus fort accroissement de taille des plants, suivi par l’écartement moyen (15 x 5 cm)
puis l’espacement le plus grand (15 cm x 5cm) (Figure 1). Le nombre moyen de feuilles
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produites par plant en fonction du temps est montré à la Figure 2. Il y a un accroissement général
du nombre de feuilles produites par plant au cours du temps pour tous les traitements sauf avec
l’espacement le plus faible, qui montre un déclin sévère à partir de la 7ème et 8ème semaine.
L’espacement le plus large produit davantage de feuilles par plant avec une différence
significative (P<0.05) par rapport aux plants des espacements faible et moyen pendant toute la
durée de l’étude. Le diamètre de la tige principale s’accroît avec le temps dans tous les
traitements avec une différence significative (P<0.05) à partir de la 5ème semaine. Le diamètre est
supérieur pour l’écartement le plus large, suivi par le moyen et le faible (Figure 3).
Fig. 1 Effet de l’âge et de l’espacement sur la hauteur des plantes
100
90
hauteur (cm)
80
70
60
5x5 cm
50
5x10 cm
5x15 cm
40
30
20
10
0
4
5
6
Age desPlantes
(semaines)
7
8
Fig. 2 Effet de l’âge et de l’espacement sur le nombre de feuilles
12
Nbre de feuilles par plante
10
8
5x5 cm
5x10 cm
6
5x15 cm
4
2
0
4
5
6
7
Age des Plantes (semaines)
8
4
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Fig 3 Effet de l’âge et de l’espacement sur le diamètre de la tige principale
9
8
7
Diametre (mm)
6
5x5 cm
5
5x10 cm
4
5x15 cm
3
2
1
0
4
5
6
7
8
Age des Plantes (semaines)
Effet de l’espacement sur le rendement en pousses (tissu aérien) 60 jours après le semis
Il n’y a pas de différence statistique dans le rendement en pousses fraîches ou sèches par plante à
la première coupe 60 jours après le semis. Les données observées ont montré que l’espacement le
plus large a donné le plus fort rendement en pousses fraîches ou sèches par plante, suivi par
l’espacement moyen et l’espacement faible (Figure 4). Ces différences n’étaient cependant pas
significatives. Les résultats ont montré que le rendement en pousses fraîches et sèches par
hectare était significativement différent (P<0.05) avec l’espacement le plus faible donnant les
plus forts rendements de 101,52 tonnes et 31,32 tonnes respectivement. L’espacement moyen
donna 55,84 tonnes de pousses fraîches et 15,73 tonnes de pousses sèches par hectare. Le plus
faible rendement à l’hectare résultait de l’espacement large avec 38,47 tonnes pour les pousses
fraîches et 11,71 tonnes pour les sèches.
Fig. 4 Effet de l’espacement sur les rendements en pousses
fraîche et sèches 60 jours après le semis
27.97
30
28.86
25.38
25
Rdt en gramme
20
15
10
Poids frais
7.83
7.864
8.782
Poids sec
5
0
5x5 cm
5x10 cm
5x15 cm
Écartement
5
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Effet de l’écartement sur les rendements en tiges pétioles et feuilles
Les tiges formaient 52% du rendement total en pousses dans les écartements faible et moyen,
mais 50% dans l’écartement large. Les pétioles constituaient 18% des pousses entières dans les
écartements faible et moyen mais 19% pour l’écartement large. Les feuilles formaient 30% des
pousses entières pour les écartements faible et moyen, et 31% pour l’écartement large (Figure 5).
Fig. 5 Effet de l’écartement sur les composantes du
rendement 60 jours après le semis
60%
52%
52%
50%
50%
40%
30%
20%
Rendt
30%
30%
31%
18%
18%
19%
5x5 cm
5x10 cm
5x15 cm
Tiges
Petioles
Feuilles
10%
0%
Ecartement
Effet de l’espacement et du nombre de récoltes sur le rendement en pousses
Après la première récolte à 60 jours, il y eu six récoltes en tout. Les rendements en pousses par
arbre déclinèrent généralement à chaque récolte successive. Ce déclin fut très prononcé lors des
trois premières récoltes. A près avoir appliqué 66,11 tonnes de compost, les rendements suivants
augmentèrent, jusqu’à un léger déclin (Figure 6). Bien que l’écartement et la fréquence des
récoltes n’affectent pas significativement les rendements en pousses par plante, l’espacement
large de 5x15cm donna les plus forts rendements en pousses par hectare, et le plus serré les plus
faibles rendements. La fréquence de 40 jours donna également les plus forts rendements par
plante, suivie par la fréquence de 35 jours et enfin de 30 jours. L’interaction entre les deux
facteurs (espacement et fréquence) ne montra pas de différence singificative (P<0.05) (Figure 6).
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Fig 6 Effet de l’espacement et du nombre de récoltes sur le
rendement en pousses fraîches
Compost
120
100
80
Rdt en pousses (t/ha)
60
5x5 cm
5x10 cm
5x15 cm
40
20
0
1
2
3
4
5
6
7
Nbre de récoltes
Il y eu en général une diminution sévère du rendement en pousses pendant les trois premières
récoltes, puis une augmentation après la cinquième. La différence est significative (P<0.05) entre
les rendement en pousses par hectare en fonction de l’espacement mais pas en fonction de la
fréquence de récolte. L’espacement le plus serré (5 x 5 cm) donne le plus fort rendement en
pousses par hectare, suivi par l’écartement moyen puis l’écartement large. Ceci fut observé pour
les six récoltes. Les interactions n’étaient pas significativement différentes. Les rendements en
feuilles fraîches par hectare suivent les mêmes variations que les rendements en pousses (Figure
7).
Fig. 7 Effet de l’espacement et du nombre de
récoltes sur les rendements en feuilles fraîches
35
30
Rdt en
25feuilles
20
15
10
5
0
1
Compost
5x5 cm
5x10
cm
5x15
cm
2
3
4
5
6
7
Nbre de récoltes
Effet de l’espacement et de la fréquence de récolte sur la survie des plants
L’étude a montré que le diamètre de la tige principale augmentait avec le temps, et que les plants
du traitement à large écartement avaient des tiges plus épaisses, suivis par celles de l’écartement
moyen, et enfin de l’écartement faible (Figure 8). Il a aussi été observé qu’un grand nombre de
plants mourraient pendant la période allant de 100 à 280 jours après le semis. Cette période
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coïncidait aussi avec la saison sèche et les plants furent suivis de près à partir du 100ème jour
après le semis.
Fig. 8 Effet de l’espacement et de l’âge sur le diamètre de la tige
principale.
12
10
Diametre de la tige ppale (mm)
8
5x5 cm
5x10 cm
6
5x15 cm
4
2
0
100 jours
160 jours
220 jours
280 jours
Age des Plants
Après avoir éliminé les plants périphériques, les plants restants dans chaque parcelle furent
comptés et les différences étaient significatives (P<0.05). Pour les plants à espacement faible,
sur une moyenne de 250,4 plants dans la parcelle, 15,7 furent perdus pendant la période 100 à
160 jours, 70,9 entre 160 et 220 jours, et 37 pendant la période de 60 jours suivante. Pour
l’écartement moyen, sur 127,6 plants, 2,2 furent perdus entre 100 et 160 jours, 24,3 entre 160 et
220 jours et 19,7 entre 220 et 280 jours. Pour l’écartement le plus large, 3,4 plants furent perdus
de 100 à 160 jours, 17,5 et 10,4 pendant les périodes de 160-220 et 220-280 respectivement.
Les effets de la fréquence de récolte et de l’âge sur le nombre de plants survivants suivent
la même tendance que l’effet de l’espacement. Ainsi, le nombre total moyen de plants perdu par
hectare dans chaque traitement pendant la période de 100 à 280 jours après semi, pour
l’espacement faible, moyen et large fut respectivement de 49.36%, 36.24% et 31.58%.
Les données concernant l’effet de la fréquence de récolte sur l’humidité, les protéines
brutes, les hydrates de carbone, les fibres, les lipides et les cendres contenus dans les tiges,
pétioles et feuilles de Moringa indiquent que les feuilles de Moringa contiennent davantage de
protéines brutes, hydrates de carbones, lipides et cendres que les tiges et les pétioles. Les tissus
récoltes à 35 jours ont donné les plus forts taux de protéines brutes (8,4%), suivis par les tissus
récoltés à 30 et à 40 jours, qui contenaient respectivement 6,9% et 5,7%. De plus, à 35 jours les
feuilles contenaient également les plus forts taux de composés phytochimiques bénéfiques pour
la santé : glucosinolates, glycosides phénoliques et flavonoïdes (données non présentées).
DISCUSSION
Croissance et développement
Les données de croissance et développement observées montrent une augmentation importante
de la hauteur des plants et du nombre de feuilles dans tous les traitements. Pour la hauteur des
plants, l’espacement le plus faible a donné les croissances les plus fortes, tandis que
l’espacement le plus large a donné des accroissements relativement plus faibles. La tendance
inverse fut observée pour le nombre de feuille par arbre. Selon Lyons, (1968), des densités de
plantation élevées accélèrent le taux de croissance des plantes, d’où les hauteurs plus élevées
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pour les espacements les plus faibles. La croissance dépend d’une interaction entre facteurs
internes et externes, dans un système hautement ordonné et organisé. Lorsque la population de
plantes augmente par unité de surface, on atteint un point où les plantes sont en compétition pour
les facteurs essentiels de croissance comme les nutriments, la lumière et l’eau. L’effet de la
compétition est similaire à une réduction de la concentration en facteurs de croissance (Janick,
1972; Norman, 1992). Une augmentation de la densité de plantation n’affecte pas la
performance individuelle des plantes tant que la densité reste en dessous du niveau où la
compétition apparaît entre plantes. A l’espacement de 5 x 5 cm, la compétition pour les facteurs
de croissance cités plus haut est si intense que les feuilles situées en bas des plantes de ce
traitement meurent. Les feuilles basses des plantes soumises aux traitements 5 x 10 cm et 5 x 15
cm reçoivent suffisamment de lumière etc. pour être en bonne santé car le niveau de compétition
pour les facteurs de croissance est encore sous le seuil.
Effet de l’espacement sur le rendement de pousses 60 jours après le semis.
Les traitements d’écartement 5 x 5 cm, 5 x 10 cm et 5 x 15 cm équivalaient à des densités de 4, 2
et 1,333 millions de plantes respectivement. Les rendements en pousses fraîches par plante 60
jours après le semis n’étaient pas significativement différents bien que les résultats observés
montraient les plus forts rendements pour l’espacement le plus faible, suivi par les écartement
moyen et large. Cependant les rendements de pousses fraîches par hectare étaient, eux,
significativement différents et suivaient la même tendance. Norman (1992) et Foidl (2001)
rapportent que l’augmentation de la densité de plantation n’affecte pas individuellement les
plantes en dessous du seuil de compétition. Cependant quand la densité est trop forte et que la
compétition apparaît, le rendement par plante baisse. Pour chaque culture il existe une taille et
une qualité acceptable sur le marché. Bien que la compétition puisse exister à de fortes densités
de plantation, ces espacements peuvent être utilisés tant que les produits récoltés restent dans le
format accepté par le marché. Le rendement par plante décroît tandis que la production totale de
biomasse par unité de surface augmente avec la densité. La production inférieure par plante est
compensée par le plus grand nombre de plantes par unité de surface.
Le rendement en pousses fraîches de 101,52 tonnes par hectare obtenu pour l’espacement 5 x 5
cm est juste un peu supérieur aux 97,40 tonnes par hectare enregistrés au Nicaragua par Foidl
(2001). Contrairement à la laitue et au chou pour lesquels presque 100% des pousses vertes
constituent la composante « légume-feuille » du rendement, les feuilles de Moringa ne
constituent que 30 à 31% du rendement en pousses fraîches.
Espacement et récoltes continues
Les résultats de l’étude montrent que les rendements en pousses fraîches ou en feuilles réduisent
drastiquement avec les récoltes continues. Après la troisième récolte une fertilisation générale au
compost a permis une légère augmentation qui a ensuite atteint un plateau. Ceci peut indiquer
qu’il existe une forte compétition pour les nutriments et d’autres facteurs de croissance et que le
prélèvement continuel de nutriments dans le sol résulte en un déclin correspondant des
rendements en pousses et en feuilles. La forte productivité en pousses ne peut être maintenue
qu’en compensant continuellement les prélèvements des plantes par un programme de
fertilisation, préférablement organique car il sera d’un coût moindre et n’aura pas les impacts
environnementaux et sanitaires négatifs (accumulation de nitrates dans l’eau et les plantes) des
fertilisants minéraux. Comme le Moringa continue à croître entre les coupes, le nombre de plants
par hectare est fortement réduit de fait des différences de taux de croissance entre les plantes.
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Akinbamijo, et. al., (2003) rapporte que comme les plantes de Moringa rivalisent pour la
lumière, les plus grandes font de l’ombre aux plus petites. A 35 jours, la hauteur moyenne des
plantes est encore entre 1,6m et 2 m et la compétition pour la lumière n’est donc pas encore forte.
Les différences de hauteur entre plantes à ce stade sont de 10 à 40 cm selon Akinbamijo, et. al.,
(2003).
Survie des plants dans le temps
L’augmentation du diamètre de la tige avec le temps, de façon plus prononcée pour les
écartements large, puis moyens, puis faible, est un résultat prévisible (Laurie and Ries, (1950);
Black and Edelman, (1970)). Janick, (1972) rapporte également que la compétition accrue
équivaut à une diminution de la concentration en facteurs de croissance. Ainsi les plantes plus
serrées ont accès à moins de facteurs de croissance que les plantes plus espacées. Il a aussi été
observé que durant la période de 100 à 280 jours, un grand nombre de plants moururent. Cette
période coïncidait également avec la saison sèche et les plantes étaient suivies tous les 60 jours.
Le nombre total de plantes qui survécurent à la période sèche (100-280 jours après le semis)
constituèrent 50,64%, 63,42% et 69,42% pour les écartements faible, moyen et large
respectivement. Cette observation peut être attribuée à la diminution des facteurs de croissance
due à la compétition, qui conduit à la mort de plantes nettement plus nombreuses dans le
traitement à forte densité. Cela indique aussi qu’une très bonne gestion culturale est nécessaire
(irrigation, fertilisation) pour fournir le niveau optimal de nutriments nécessaire pour réduire la
compétition entre individus. Cette gestion peut réduire largement la mortalité des plants et
assurer une durabilité à long terme.
Contenu en nutriments, tendances observées
Le fait qu’il y ait davantage de nutriments dans les feuilles est positif puisque ce sont elles qui
constituent la composante « légume comestible» du rendement. Les tissus de feuilles fraîches
récoltés à 35 jours ont donné les taux de protéines brutes les plus élevés avec 8,4 %. Ce niveau
de protéines brutes place le Moringa parmi les légumes feuilles les plus riches en protéines,
comparés à Amaranthus spp (3.6%), Solanum macrocarpon (4.6%), etc. Le Moringa peut aussi
être intéressant pur son contenu en antioxydants. Le fait que le niveau d’antioxydants et d’autres
composés phytochimiques favorables à la santé soit plus élevé et plus varié dans les feuilles que
dans les tiges et pétiole est également une observation positive. Il est important de récolter les
feuilles à une fréquence favorable pour obtenir le meilleur niveau possible de ces composés, et
cette fréquence déterminée par l’étude est de 35 jours.
CONCLUSION
Les résultats de l’étude montrent que l’espacement a un effet significatif sur la croissance et les
rendements du Moringa. Un effet prononcé fut observé sur la production de feuilles, le diamètre
de la tige principale et le rendement total de la plante. Ainsi la production de Moringa comme
source de légume-feuille nécessite qu’une attention particulière soit accordée, parmi d’autres
facteurs, à la densité de plantation. Après avoir pris en compte un certain nombre de facteurs
affectant l’efficacité globale, y compris la perte de plants après les coupes successives et la
facilité de travail dans les champs, la densité optimale dans un sol sableux, bien drainé et fertile
fut déterminée à 1.33 million de plants par hectare avec un espacement de 5 x 15cm. Après la
première récolte à 60 jours après le semi, les récoltes suivantes doivent être faites tous les 35
jours, à la condition qu’une fertilisation adéquate soit apportée pour maintenir les rendements et
la survie des plantes.
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Moringa et autres végétaux à fort potentiel nutritionnel : Stratégies, normes et marchés pour un
meilleur impact sur la nutrition en Afrique. Accra, Ghana, 16-18 novembre 2006
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