Redressement non commandé sur charge RLE en conduction continue TSI 1 2009-2010 I. Conversion alternatif-continu, exemples d’applications liés à la traction Figure 1 : Locomotive BB2500 Réseau de distribution Redresseur statique monophasé Constituant principal de l’étage d’entrée de la chaine de conversion d’énergie, le convertisseur statique réalisant la conversion alternatif-continu a été réalisé par des Caténaire très différentes suivant la date de conception du matériel montages de technologies roulant considéré. Utilisation de la tension redressée : Pantographe Is Ie 1974 : Locomotive BB2500 (4130kW) : Redresseur par pont de diodes PD2. - Vers machines à courant continu à 2000 : Locomotive BB 27000 (4200 kW) : Entrelacement de 4 ponts monophasés (par l’intermédiaire de hacheurs par commutation forcées (IGBT) exemple) Les évolutions technologiques ont permis d’améliorer la qualité de OU l’énergie consommée par le matériel ferroviaire roulant, notamment en réduisant les harmoniques au niveau de - Vers machines à courant alternatif l’onde de courant absorbée par l’engin de traction. alimentées l’intermédiaire d’onduleurs. Ces harmoniques peuvent perturber le fonctionnement despar autres éléments du système ferroviaire (équipements de signalisations) tout comme ils peuvent perturber l’engin de traction lui-même. Transformateur abaisseur de tension dont la puissance apparente peut atteindre plusieurs MVA et pouvant posséder plusieurs enroulements secondaires. Figure n°1 : Schéma de principe de l’étage de conversion AC-DC pour la traction ferroviaire Exemple n°1 : Figure n°2 : Locomotive BB15100 La locomotive BB15100 a été fabriquée à 65 exemplaires et mises en service de 1971 à 1978, vitesse maximale 180 km/h pour un train de voyageurs. Il s’agit d’une locomotive mono-tension qui fonctionne uniquement sous caténaire monophasée 25 kV 50 Hz. Page n°1 Figure n°3 : Schéma simplifié de la chaine de traction de la BB15100 (CS : Convertisseurs statiques AC/DC, associations de redresseurs à diodes et à thyristors) Puissance utile de chaque moteur : 2100 kW. Alimenté par le réseau alternatif monophasé 25 kV, 50 Hz, le courant absorbé au primaire du transformateur (courant noté Ip sur le schéma, figure n°3, ci-dessus) contient de nombreux harmoniques (celui-ci n’est pas sinusoïdal) ; malgré l’association des ponts redresseurs. Ces harmoniques peuvent perturber le fonctionnement des autres éléments du système ferroviaire (équipements de signalisations), tout comme ils peuvent perturber l’engin de traction lui-même En 1981, la SNCF a expérimenté sur cette locomotive un dispositif de relèvement du facteur de puissance à base de filtres passifs. Page n°2 Exemple n°2 : Figure n°4 : TGV POS (Paris Ost Frankreich Süd Deutschland) Le TGV POS a été mis en service juin 2007, départ de Paris vers Strasbourg, Metz, Munich, Francfort, Zurich et Luxembourg (vitesse commerciale de 320 km.h-1 sur le parcours français et de 300 km.h-1 sur lignes grande vitesse allemandes). Ip Figure n°5 : Convertisseurs statiques AC/DC sur le TGV POS (PMCF : Ponts monophasés à commutation forcée à IGBT) Page n°3 Chacune des 2 motrices est constituée de 4 ensembles "essieux-moteurs" regroupés en 2 blocs moteurs (de 1200 kW), un par bogie. Pour le TGV POS, la pénétration sur les réseaux allemands et suisses nécessite des rames tri-tensions adaptées aux tensions 25kV-50Hz monophasée et 1500V continu du réseau français et, d’autre part, à la tension spécifique 15 kV-16,7Hz des réseaux allemands et suisses. Sur réseau alternatif, le courant absorbé au primaire du transformateur (courant noté Ip sur le schéma, figure n°5, page précédente) est quasi-sinusoïdal. Les 2 exemples précédents montrent que, dans le cadre de la traction ferroviaire, le convertisseur statique alternatif-continu est réalisé par des montages de technologies très différentes suivant la date de conception du matériel roulant considéré. Les évolutions technologiques ont permis d’améliorer la qualité de l’énergie consommée par le matériel ferroviaire roulant, notamment en réduisant les harmoniques au niveau de l’onde de courant absorbée par l’engin de traction. . Exemple n°3 : Figure n°6 : Exemple de réseau d’alimentation électrique de tramway Seul le redressement monophasé non commandé à diodes est traité dans les pages suivantes (avec charge RLE en conduction continue). Page n°4 II. Redressement monophasé à diodes A. Structure du convertisseur statique • Ve(t) = V 2 sin(ω E t) • Is > 0, conduction continue Is Ve(t) IK VK Vs(t) Figure n°7 : Structure du convertisseur direct (AC/DC) Figure n°8 : interrupteurs statiques K (convention récepteur) B. Interrupteurs statiques utilisés Fonctionnement : • Si Ve(t) > 0, K1 et K4 sont fermés. • Si Ve(t) < 0, K3 et K2 sont fermés. IK1 IK1 VK1 VK1 0 Figure n°9 : Caractéristique statique de K1 diode IK2 IK2 0 VK2 VK2 Figure n°10 : Caractéristique statique de K2 diode « inversée » Page n°5 C. Nature des commutations (diodes considérées comme parfaites) K1 - K2 : commutateur « plus positif » : 2 diodes à cathodes communes. ID1(t) D2 VD1(t) K3 - K4 : commutateur « plus négatif » : 2 diodes à anodes communes. ID2(t) Ve(t) Vs(t) D3 D2 Figure n°11 : Redresseur à diodes Ve ID2 ID1 t t0 t1 t2 Figure n°12 : Empiètement des diodes D1 et D2 (conduction simultannée) ID1 ID2 0 VD1 VD2 0 Figure n°13 : Amorcage de D1 Blocage de D2 - À t = t0 : D2 est passante, D1 est bloquée. - À t = t1 : amorçage naturel de D1 par annulation de la tension à ses bornes. - À t = t2 : iD1 = Is, iD1 = 0 : blocage naturel de D2 par annulation du courant d’anode. t2 – t1 : durée de l’empiètement (négligée par la suite). Page n°6 D. Valeur moyenne de la tension de sortie (diodes considérées comme parfaites) Ve(t) = V 2 sin (ω E t ) 2π Vs(t) = V 2 sin (ω E t) avec ωE = TE V 2 V 2 t t TS TE = 2π ωE TE = Figure n°14 : Tension d’entrée du convertisseur 2π ωE Figure n°15 : Tension de sortie De 0 à Ts : Vs(t) = Ve(t) = V 2 sin(ω E t) s’où : < Vs (t ) >= 2V 2 π Rappel : Valeur moyenne de x(t) : notée < x(t) > : x(t) A1 1 < x(t) >= T A1 t1+T A2 ∫ x(t) dt t1 A2 t T Valeur efficace de x(t) notée X EFF = X RMS RMS : Root Mean Square, (moyenne quadratique). X EFF 1 = T t1+ T ∫ x²(t) dt x²(t) A1 A1 A1 t1 Remarque : A² = A X EFF ≥ 0 A1 A2 A2 t T Page n°7 E. Ondulation du courant de sortie sur charge RLE Décomposition harmonique de Vs(t) : Vs (t ) = ∞ cos(2 pω E t ) 2V 2 1 − 2∑ π p =1 ( 2 p − 1)(2 p + 1) Figure n°16 : Spectre de Vs(t) Approximation du 1er harmonique (p=1) Vs (t ) ≈ 2V 2 4V 2 − cos ( 2ωE t) =< Vs (t ) > +Vsf (Composante continu + fondamental). π 3π Vs(t) <Vs>+Vsf V2 Vs 400.00 300.00 200.00 100.00 0.0 -100.00 1000.00 Ts 1005.00 1010.00 1015.00 Time (ms) 1020.00 Figure n°17 : Vs(t) et <Vs>+Vsf Page n°8 1025.00 1030.00 Sur charge RLE : dIs(t) 2V 2 4V 2 + RIs(t) + E = − cos(2ωt ) soit dt 3π π dIs(t) 2V 2 4V 2 L + RIs(t) = −E− cos(2ωt ) dt 3π π L Is 12.00 10.00 8.00 6.00 4.00 2.00 0.0 t= -2.00 0.0 0.10 τ= L R 0.20 0.30 Time (s) 0.40 0.50 0.60 Figure n°18 : Is(t) durant le régime transitoire Is 11.20 11.00 10.80 ∆Is 10.60 <Is> 10.40 10.20 10.00 530.00 540.00 Time (ms) 550.00 Figure n°19 : Is(t) en régime permanent (t >> 3τ) : Page n°9 La réponse du système est forcée par une excitation considérée sinusoïdale 4V 2 2V 2 Vsf = − −E. cos(2ω E t ) plus une composante continue < Vs >= 3π π Schémas équivalents en régime permanent : À la pulsation 2ωE : Isf Vsf = ( R + jL 2ω E ) Isf R Soit : ∆Is ≈ 2 Isf max Vsf Vsf max Isf max = jL2ω ω ∆Is ≈ R² + (L2ω E )² 2Vsf max R² + (L 2ωE )² 8V 2 3π R² + (L 2ωE )² Figure n°20 : Schéma équivalent à la pulsation 2ωE Gain : 20 log Isf (jω) Vsf (jω ) - 3 dB − 10 log (R² + ( 2 LωE )²) 1 τ avec τ = L R 2ωE Figure n°21 : Diagramme de Bode Afin de minimiser l’ondulation du courant de sortie, il faut que 1 << 2ω E τ Page n°10 A la pulsation ω = 0 : <Is> R < Is >= <Vs> < Vs > − E R E Figure n°22 : Schéma équivalent à la pulsation ω = 0 F. Condition d’une conduction continue (ininterrompue) ∆Is is(t) ne s’annule pas si <Is> est supérieur à . 2 En conduction continue, la tension Vs(t) est imposée uniquement par le convertisseur ; donc par Ve(t). Si Is(t) s’annule, les diodes se bloquent naturellement par annulation du courant d’anode, la tension de sortie est alors imposée par la charge (Vs = E dans le cas d’une charge active RLE). Is 0.50 0.40 0.30 0.20 0.10 0.0 -0.10 Is(t) = 0 Vs 350.00 300.00 250.00 200.00 150.00 100.00 50.00 1000.00 E 1005.00 1010.00 1015.00 Time (ms) 1020.00 1025.00 Figure n°23 : Is(t) et Vs(t) en conduction discontinue (interrompue) 1030.00 Dans le cas d’un redressement commandé par exemple, la conduction interrompue peut être très gênante puisque elle entraine la perte de contrôle du pont redresseur (la tension de sortie n’est plus imposée par celui-ci). Page n°11 G. Facteur de puissance Rappels : La puissance instantanée égale au produit des valeurs instantanées du courant et de la tension p(t) = v(t) . i(t) Si p(t) est périodique, de période T, la puissance moyenne est égale à : 1 t1+ T 1 t1+ T P = ∫ p(t) dt ∫ v(t) . i(t) dt T t1 T t1 Si i(t) et v(t) sont périodiques : ∞ ∞ n =1 m =1 i(t) = < i(t) > + ∑ C n .cos(nωt - ϕ n ) et v(t) = < v(t) > + ∑ C 'm .cos(mωt - ϕ m ) Seuls les harmoniques de même rang (m = n) transportent de la puissance Exemple pour 2 signaux périodiques i(t) et v(t) de période T - vh1(t) : fondamental de v(t) ; - ih2(t) : harmonique de rang 2 de i(t). vh1(t).ih2(t) t T t1+ T 1 v h1 (t).i h2 (t)dt = 0 car (m ≠ n) , on intègre 2 fonction sinusoïdales sur un nombre entier T ∫t1 de (m+n) ou de (m-n) périodes . Si (m ≠ n) : t1+ T ∫ t1 cos(nωt - ϕ n ).cos(mωt - ϕ m ) = 1 2 t1+T ∫ (cos((n − m)ωt − ϕ t1 Page n°12 n + ϕ m ) + cos((m + n)ωt − ϕ n − ϕ m ) )dt = 0 . Puissance délivrée à la charge (courant de sortie considéré parfaitement continu) : P= 1 T Ts ∫ P = Is. 0 1 T or, si Is(t) est continu (considéré parfaitement lissé) : Vs(t).Is(t) dt Ts ∫ 0 Vs(t) dt = Is 2V 2 π <Is> = Is Seul quadrant de fonctionnement possible <Vs> 0 Figure n°24 : 1 seul quadrant de fonctionnement possible Afin d’adapter la tension de sortie du pont redresseur à la charge, on utilise en amont de celui-ci un transformateur. Ve(t ) = V 2 sin(ω E t ) Rapport de transformation : V 1(t ) = V ' 2 sin(ω E t ) m= I1(t) V tension secondaire = V' tension primaire Ie(t) V1(t) Transformateur Figure n°25 : Pont redresseur avec transformateur de distribution Le transformateur est dimensionné en fonction de la valeur efficace (V) de la tension qu’il délivre au pont redresseur et de la valeur efficace (IeEFF) du courant absorbé par celui-ci. Page n°13 Ie(t) Ie 7.50 5.00 2.50 0.0 -2.50 -5.00 -7.50 + Is 1020.00 IeEFF= Is - Is 1025.00 1030.00 Time (ms) 1035.00 1040.00 Figure n°26 : Courant absorbé par le pont redresseur. La charge étant fortement inductive, le pont redresseur se comporte comme une charge non linéaire vis-à-vis du réseau d’alimentation (alimenté par une tension sinusoïdale, celui-ci absorbe un courant non sinusoïdal, d’où un facteur de puissance Fp inférieur à 1). Puissance délivrée par le transformateur au pont redresseur : 2V 2 P= Is (pertes dans les diodes négligées) ; π Puissance apparente du transformateur : S = V .Ie EFF = V .I S D’où : P Fp = = S 2V 2 Is 2 2 π = ≈ 0 ,9 V .Is π Conséquence d’une charge non linéaire : Les interférences sur les réseaux de distribution d’électricité peuvent être importantes, surtout lorsque la puissance contrôlée est grande. On utilise alors des filtres résonnants qui présentent une impédance minimale à la fréquence de l’harmonique du courant à supprimer, ce qui évite à la ligne d’alimentation de fournir l’harmonique de courant à la fréquence correspondante. Page n°14 H. Choix des diodes Pour la diode D1 par exemple (voir figure 25) : Is Is - A l’état passant : I D1 EFF = , < i D1 (t) >= 2 2 - A l état bloqué VD1 max = V 2 ID1 8.00 Is 6.00 4.00 2.00 0.0 -2.00 VD1 100.00 00.0 -100.00 -200.00 2 - V -300.00 -400.00 1000.00 1010.00 1020.00 1030.00 Time (ms) 1040.00 1050.00 1060.00 Figure n°27 : ID1(t) et VD1(t) Nota : Lorsque les contraintes en tension et/ou en courant ne permettent pas d’utiliser une seule diode, il est possible d’utiliser une association série/parallèle de diodes en assurant à l’aide de composants passifs une répartition équitable des courants et des tensions entre celles-ci. Figure n°28 : Réalisation d’un interrupteur statique de type DIODE Page n°15 H. Pertes par conduction dans les diodes iD1 en A Energie dissipée (en joule) durant TE : TE W(TE ) = ∫ v D1 (t) ⋅ i D1 (t) dt Is 0 t Puissance moyenne dissipée dans la diode D1 durant TE : vD1 en V X = PD1 = t 1 TE ∫ TE 0 v D1 (t) ⋅ i D1 (t) dt pD1(t) PD1 t TE Figure n°29 : Pertes en conduction dans une diode Caractéristique IF=f(VF) ∆I F 1 = ∆VF rd rd : résistance dynamique Vs : tension de seuil Figure n°30 : Exemple de caractéristique IF=f(VF) d’une diode Page n°16 VS iD1 A rd ID1 K VD1 VD1 Figure 31 : Modélisation de la diode à l’état passant PD1 = 1 TE ∫ TE 0 v D1(t) ⋅ iD1(t) dt = 1 TE TE ∫ 0 rd iD2 1(t) + VS iD1(t) dt PD1 = rd I D2 1 EFF + VS < i D1(t) > avec I D1 EFF = Is Is et < iD1(t) >= 2 2 H. Rendement du redresseur 2V 2 Is π Pertes par conduction dans les diodes durant TE : 4 PD1 Puissance moyenne utile durant TE : Pu = Soit : η= Pu Pu + 4 PD1 Page n°17