Thérèse naquit à Avila, au royaume de Castillc, l'an de notre
salut 1515, de parents nobles de race et de vertu, par lesquels étant
élevée en la crainte de Dieu, elle donna des témoignages admirables
de sa future sainteté, dès son jeune âge, d'autant que, lisant les
actions et les exploits des saints martyrs, son cœur fut tellement
pénétré du feu du Saint-Esprit, qu'elle s'enfuit de la maison de ses
parents avec son frère, qui était encore dans l'enfance, pour passer en
Afrique, et y répandre son sang pour la foi de JÉSUS-CHRIST. Mais
étant détournée de son dessein par la rencontre de son oncle,
déplorant par des larmes continuelles la perte de l'heureux partage
qu'on lui avait ravi, elle compensa le désir ardent du martyre par des
aumônes et autres œuvres pieuses. Étant parvenue à l'âge de vingt
ans, elle se consacra entièrement au service de JÉSUS-CHRIST, et
suivant la vocation du ciel, elle prit l'habit de religieuse dans le
monastère de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, qui gardait la
règle mitigée, afin qu'étant plantée dans la maison du Seigneur, elle y
poussât des fleurs. Après dix-huit ans de profession dans cette
maison, affligée de maladies graves, et tourmentée par diverses
tentations, sans être soulagée des consolations d'en-haut, elle
supporta le tout avec l'assistance de Dieu, si constamment, que, par
cette preuve de sa foi, elle fût trouvée plus précieuse que l'or qui est
affiné par le feu, et digne d'honneur, de louange et de gloire au jour
de la révélation de JÉSUS-CHRIST. Et parce que, pour élever un haut
édifice des vertus chrétiennes, il a fallu mettre le fondement de la foi,
Thérèse l'a posé si ferme et si stable, que, suivant la parole du
Seigneur, elle doit être comparée à l'homme sage qui a bâti sa maison
sur la pierre ; d'autant qu'elle croyait et révérait tellement les saints
sacrements de l'Église et les autres points et mystères de notre
religion, qu'elle ne pouvait avoir plus de certitude d'aucune chose que
ce fut, comme elle le disait et le témoignait souvent. Étant éclairée de
cette lumière de la foi, elle contemplait si clairement des yeux de
l'âme le corps de JÉSUS-CHRIST au saint sacrement de l'Eucharistie,
qu'elle disait qu'elle ne portait point envie à ceux qui le voyaient des
yeux du corps. Quant à la vertu d'espérance, elle en avait une si vive