Cette découverte est une très bonne nouvelle
pour les astronomes liégeois car elle est d’ex-
cellente augure pour leur nouveau projet SPE-
CULOOS qui sera lancé ociellement en 2017.
Financée majoritairement par l’Europe, cette ex-
périence unique dirigée par Michaël Gillon sui-
vra une intuition déjà prometteuse, et pourtant
à contre-courant des croyances actuelles : les
naines rouges ultrafroides, des étoiles bien plus
petites, froides, et fréquentes que les analogues
du Soleil, pourraient abriter des systèmes plané-
taires riches, complexes et nombreux. SPECU-
LOOS consiste en quatre télescopes robotiques
de 1 mètre de diamètre qui observeront pen-
dant plusieurs années environ 500 de ces petites
étoiles froides situées dans le voisinage solaire,
c’est-à-dire à moins de 100 années-lumière. En
phase préliminaire de cette mission, l’équipe
d’astronomes observe depuis 2011 une cinquan-
taine de cibles à l’aide de TRAPPIST, le télescope
de l’ULg basé au Chili. Cette préparation devait
fournir une base statistique pour déterminer si
cette idée avait des chances de succès. Après
5 ans, ce qui est très rapide en raison du petit
Naine rouge
Les naines rouges forment un type d’étoiles
peu massives et de températures nettement
inférieures à celle du Soleil. Une telle étoile
a une masse et une taille comprises entre
environ 8% et 50% de celles du Soleil. Bien
qu’elles dominent la population de la galaxie,
aucune naine rouge n’est visible à l’oeil nu en
raison de leurs faibles luminosités. Les plus
petites et les plus froides des naines rouges,
comme TRAPPIST-1, font partie de la catégorie
des «naines ultrafroides», qui regroupent les
étoiles les plus légères (<10% de la masse du
soleil) et les naines brunes.
Année-lumière
En astrophysique, l’année-lumière est une
unité de distance. Elle correspond à la dis-
tance parcourue par la lumière en une année.
Puisque la lumière se propage à une vitesse
d’environ 300.000 km/s, une année-lumière
vaut approximativement 9.500 milliards de ki-
lomètres.
nombre d’étoiles surveillées, trois planètes ont oert aux chercheurs leur transit autour d’une
de ces étoiles, qui se trouve à seulement 40 années-lumière de la Terre dans la constellation du
Verseau. Elle se nomme 2MASS J23062928-0502285. Suite à la découverte, elle est maintenant
également connue sous le nom ociel de TRAPPIST-1.
Des systèmes planétaires encore inconnus
Il peut paraître étonnant que les systèmes planétaires des naines rouges ultrafroides n’aient
pas été recherchés plus tôt, d’autant que ces étoiles sont très fréquentes dans la Galaxie, bien
plus que les étoiles de type solaire. En eet la plupart des nouvelles étoiles qui se forment
dans l’univers sont de petites tailles, bien plus petites que le Soleil. De plus, les étoiles ont une
durée de vie qui est d’autant plus grande qu’elles sont petites et peu massives. Les étoiles pro-
duisent en eet elles-mêmes leur énergie, par fusion nucléaire en leur cœur. Les plus petites
étoiles sont sujettes à des pressions et des températures internes bien plus faibles, et de ce
fait, consomment leur carburant nucléaire beaucoup moins vite. À titre de comparaison, le so-
leil tiendra environ 10 milliards d’années alors qu’une naine rouge ultrafroide peut vivre plus
de 100 fois plus. Autre intérêt de taille, ces étoiles sont moins lumineuses, et leur zone habi-
table est donc beaucoup plus proche de leur surface. Une planète pourrait orbiter autour en
quelques jours à peine tout en orant une température clémente. Or, une grande fréquence
orbitale augmente drastiquement la chance de débusquer une planète puisqu’il y aura d’au-
tant plus de transits. Et les transits de planètes orbitant autour de ces petits formats seront
plus faciles à détecter, vu qu’une fraction plus importante du disque stellaire sera occultée lors
du passage de la planète entre-elle et la Terre.