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Document de réflex
ion : enjeux c
liniques et éthiques soins de fin de vie 3
Ce document de réflexion a été préparé à la suite de l’adoption de la Loi concernant
les soins de fin de vie*-1 pour assister les psychiatres dans leur travail. Il n’est ni pour
ni contre l’aide médicale à mourir. Il faut savoir que bon nombre des acteurs concernés
dans le développement des structures et approches recommandées en soins de fin
de vie ont des réserves par rapport à l’aide médicale à mourir. Toutefois, la société
a fait ses choix et nous nous sommes engagés à créer des outils qui permettront
de soutenir ceux qui comptent le plus pour nous tous : les patients et leurs proches.
La Loi et ce document ne soustraient pas les psychiatres à la nécessité de réfléchir
à leur position individuelle face à cette question. Le document se veut donc un ensemble
d’outils pour développer une approche structurée et personnalisée pour chaque
patient en fin de vie. Nous proposons une démarche d’évaluation globale qui pourra
apparaître exhaustive. En effet, nous considérons que la vie et la mort constituent une
question grave et complexe, qui exige un investissement majeur de la part de tous.
L’évaluation et les soins psychiatriques peuvent largement contribuer à bonifier l’offre
de soins palliatifs. Il est donc possible que l’aide médicale à mourir ne se concrétise
pas, pour toutes sortes de raisons autres que l’inaptitude, d’autant plus que l’objectif
du médecin vise d’abord le soulagement acceptable des symptômes et des souffrances
du patient. Nous encouragerons l’interdisciplinarité puisque nous estimons que tous
les professionnels de la santé jouent un rôle important, et que la mort est depuis
la nuit des temps un processus géré par le groupe.
Nous évoquerons les bases éthiques de la Loi et quelques définitions pertinentes
au domaine des soins de fin de vie avant de dresser un portrait de l’approche palliative
contemporaine et de la place du psychiatre. La sédation palliative, un outil utile et
moins controversé sera abordée, ainsi que l’aide médicale à mourir. Les conditions
à remplir pour recevoir cette dernière, les obligations du médecin et de l’institution
qu’elle définit seront revues et commentées avant d’aborder l’évaluation psychiatrique
en contexte. Enfin, nous présenterons des considérations sur les directives médicales
anticipées, les mesures de soutien, l’enseignement et la recherche.
Nous traiterons des soins de fin de vie comme ne devant intégrer qu’exceptionnellement
l’aide médicale à mourir. L’ensemble des démarches et consultations qui ont abouti
à la création du comité de rédaction nous a démontré que cette position est partagée
par la vaste majorité des psychiatres qui s’intéressent à la question. Étant donné la
nouveauté de cette pratique, ce document sera appelé à évoluer dans les prochaines
années à partir de nos expériences. Plusieurs parutions officielles sont attendues sur
le sujet, dont celles du Collège des médecins du Québec (CMQ) (soins de fin de vie,
aide médicale à mourir, sédation palliative continue, directives médicales anticipées,
évaluation de l’inaptitude, consentement aux soins) et du Ministère de la santé et des
services sociaux (MSSS), sans oublier la possibilité que le Canada légifère en la matière
par suite de l’arrêt Carter de la Cour suprême du Canada dans lequel l’euthanasie et
le suicide assisté ont été décriminalisés le 6 février 20152.
Le comité ad hoc sur les soins de fin de vie de l’Association
des médecins psychiatres du Québec
* - Loi concernant les soins de fin de vie, nommée la Loi dans le texte.