Exposé n°1 - utlcreon.org

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Philosopher pour
s’ouvrir au monde
Cycle 2013 - 2014
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Programme du cycle 2013 – 2014
14 octobre 2013 :
Les fondements philosophiques (1/2)
18 novembre 2013 :
La beauté est-elle dans le monde ?
16 décembre 2013 :
Les fondements philosophiques (2/2)
13 janvier 2014 :
Montaigne : comment vivre à propos ?
10 février 2014 :
La faim de l’énergie ?
10 mars 2014 :
Quelle place pour la création dans nos sociétés ?
7 avril 2014 :
La mort est-elle quelque chose ?
12 mai 2014 :
Tocqueville : quel avenir pour la démocratie ?
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Exposé 1
Les fondements philosophiques
(1/2)
14 octobre 2013
Introduction générale
La liberté de la pensée
La philosophie est l’expression de la forme de liberté la plus totale, celle de la pensée.
Une pensée libre de tout conditionnement (social, économique, religieux, culturel, historique…) est la
condition indispensable à l’expression démocratique. (*A)
Philosophie et réflexivité
Tout le monde a des idées, mais philosopher, c’est examiner ses idées, les mettre à l’épreuve (logique,
cohérence, solidité…)
• Philosopher, c’est penser à nos pensées (réflexivité).
•
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Comment passer de la pensée spontanée à la pensée qui s’examine ? Non pas en faisant entrer la
vérité en nous, mais en nous tournant vers la vérité. (*1)
•
Le questionnement philosophique
Ce qui caractérise l’esprit philosophique, c’est le questionnement.
Un monde sans questions est un monde sans philosophie et celle-ci y répond soit de façon dogmatique
soit de façon sceptique.
Toute question suscite de nouvelles questions et la pensée est donc mouvement, ce qui amène à
distinguer le philosophe (celui qui aime le savoir) du savant (celui qui prétend posséder le savoir). (*A)
Vérité ou connaissance ?
Selon Pascal : « Le contraire d’une vérité, ce n’est pas une erreur, c’est une autre vérité. »
Nous croyons connaître les objets, mais nous ne faisons que projeter sur eux les catégories de notre
esprit, nous a appris E. Kant.
• Il faut aller de la philodoxie (amour de l’opinion) à la philosophie (amour de la sagesse). Mais en Grec
ancien σοφός « sophos » désigne aussi bien le savant que le sage. (*2)
•
•
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Les époques de la vérité
Pour les philosophes antiques, la vérité est à vivre autant qu’à connaître.
Au Moyen Age la vérité doit être cherchée aussi au-dedans de soi.
• A l’Age classique, la vérité humaine et la vérité divine peuvent être communes.
• A l’époque des Lumières, la vérité doit être universelle et libératrice.
• Pour les Modernes, les vérités sont relatives et instables, tout est remis en question (Ere du soupçon).
(*1)
•
•
Qu’est-ce que la philosophie ?
• Ce n’est pas une connaissance, c’est une réflexion sur les savoirs disponibles.
• On ne peut donc apprendre la philosophie disait E. Kant, on ne peut qu’apprendre à philosopher. (*3)
Raisonner par les ensembles
La théorie des ensembles est une branche des mathématiques, créée vers 1880 par le mathématicien
allemand Georg Cantor (1845-1918). Elle consiste à considérer comme étant une entité unique toute
collection d’objets ayant en commun une même propriété. Ils appartiennent dès lors à cet ensemble.
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Les fondements de la philosophie (1)
L’héritage antique
Les grands systèmes de pensée (pythagorisme, platonisme, aristotélisme, épicurisme, stoïcisme et leur
contestataires cynisme et scepticisme) sont directement issus des réflexions des penseurs présocratiques.
Ils n’ont jamais été dépassés, seulement aménagés. (*2)
Les racines de l’idéalisme
Pythagore de Samos
Né à Samos, il vécut vers 580 à 500 av JC environ.
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Contraint à s’exiler pour échapper au tyran Polycrate, il voyagea et apprit les mathématiques
auprès des Egyptiens, Chaldéens et Phéniciens.
Il apprit également la science des dieux avec les Hébreux.
Il vint finalement s’établir vers 530 à Crotone en Italie méridionale et y fonda une communauté mystique
consacrée à l’étude des sciences et de la politique. (*2)
Initiation et morale
Le savoir y est propriété d’une minorité d’initiés, qui doivent adopter l’état d’esprit voulu, non un bien
commun à tous.
On y croit en l’existence de deux natures, un monde injuste et un monde invisible parfait. (Mal et Bien).
En chaque homme, une âme purifiable, susceptible de migrer de corps en corps, eux-mêmes impurs.
Cette âme immortelle est un support de culpabilité, il faut donc la purifier en se rapprochant du divin et
éviter la punition des fautes passées par réincarnation dans des animaux. (*2)
Une abstraction à l’origine du monde
Pythagore est le premier à appliquer les mathématiques à la réalité, à les penser comme schéma
unificateur et organisateur de cette réalité.
« Les choses sont des nombres » rapportaient ses disciples, car lui-même n’a rien écrit. La substance de
base est une abstraction.
La réalité est à la fois numérique et harmonique : « l’harmonie des sphères ». (*2)
L’Un, mémoire de toutes choses
L’expérience de la réalité se présente selon le mode dichotomique (limité - illimité, impair - pair, un multiple, stable - en mouvement, lumière - obscurité…)
Les nombres (figures, non pas chiffres) gouvernent la réalité car ils en sont des attributs n’appartenant
pas à l’expérience sensible, ce sont des archétypes.
Le vrai principe est l’Un primordial, le Mnémosunè (Mémoire) (*4)
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L’idéalisme
Le mystère Platon
Platon (427-347 av JC) de son vrai nom Aristocles était un aristocrate Athénien de haut lignage.
Il est l’un des rares philosophes antiques dont on possède l’œuvre complète.
Dans l’ensemble de ses dialogues, il ne cherche pas à transmettre une vérité connue, mais il met en scène
un théâtre pédagogique où les interlocuteurs se posent des questions, cherchent la vérité, sans toujours la
trouver.
De ce fait, il est sans doute le seul philosophe dont on ignore la doctrine exacte ! Le platonisme est une
fabrication postérieure, pas la sienne. (*1)
L’exigence du vrai
Platon a appris de Socrate à mettre en cause les évidences anciennes, les convictions irréfléchies pour
pouvoir accéder à un monde stable et réel, celui de la vérité.
Derrière les apparences, les sensations et les aléas du pouvoir, il y a un autre ordre, stable, fixe,
indépendant des appétits, inclinations et rapports de force.
La voie pour parvenir au vrai passe par les concepts. Pour discerner ce qui est beau, courageux, juste, il
faut avoir en tête un modèle, une forme de ce qu’est la beauté, le courage, la justice. (*1)
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Le monde des idées
Tandis que les choses concrètes s’usent, s’oxydent, s’écornent, se défont, se transforment, les idéesformes (eidos) sont immuables, immobiles, éternellement identiques à elles-mêmes, parfaites.
L’idée d’un carré est indépendante de la matérialisation de ce carré (métal, bois, tissus…)
L’idée est pensée plutôt que ressentie, nous ne la voyons pas avec nos yeux. Nous devons tourner notre
regard non vers les choses, mais vers les idées. (*1)
Réminiscence et immortalité de l’âme
Comment l’homme, phénomène perdu au milieu d’autres phénomènes peut-il éprouver le besoin de
chercher la vérité ?
Ménon à Socrate : « Comment chercheras-tu quelque chose si tu ignores absolument ce que c’est ? »
Nous avons besoin d’aller du phénomène sensible à sa forme intelligible parce que nous avons déjà été
en contact avec celle-ci, avant notre naissance.
Le monde intelligible est un monde oublié. L’âme humaine a chuté dans un corps où elle est sans
souvenir.
Purification morale, ascension intellectuelle et immortalité spirituelle sont les 3 nécessités et les trois
récompenses de la vie philosophique. (*4)
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Reconstruire la société
Notre monde est le reflet d’un autre plus réel, mais se réfugier dans le monde des idées couperait de celui
des hommes.
Voir mourir Socrate, l’homme le plus sage et le plus juste fut pour Platon un scandale insoutenable qui
devait changer le cours de sa vie : destiné à la politique, il va se consacrer à la recherche des vérités de la
réalité en soi pour reconstruire.
Il faut concevoir une Cité juste en rendant la société conforme à l’ordre du monde des idées.
La vérité et le bien doivent être à la tête de la Cité. Les rois doivent être philosophes ou les philosophes
doivent être rois. (*1)
Il a inventé la plupart des thèmes et arguments de la philosophie, mais en rêvant d’une société qui se plie
à la vérité, Platon fut ainsi l’initiateur du totalitarisme. (*4)
Actualité du platonisme
Platon, l’athénien le plus cultivé et le plus civilisé, le plus grand raisonneur connu et le plus infatigable
est paradoxalement devenu une sorte de fanatique religieux rêvant d’une dictature théocratique, car la
philosophie était pour lui une sorte de religion rationnelle.
Pour lui, la constitution politique idéale est la concrétisation dans la Cité d’une loi religieuse
transcendante ayant sa source au-delà du monde humain.
Ceci implique pour lui : délation, recyclage religieux, encadrement des sciences… (Les Lois)
Sa tentative d’application pratique à Syracuse auprès du tyran Denys sera un échec. (*4)
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Le réalisme rationaliste
Le réalisme en action
Aristote (384-323 av JC) originaire de Macédoine étudia 20 ans auprès de Platon avant de devenir le
précepteur d’Alexandre le Grand.
Il va tourner le dos au monde des Idées et aux formes immuables situées dans un arrière monde, pour
chercher les connaissances vraies dans l’observation des réalités en intégrant les leçons de l’expérience..
Il va inventer les sciences de la nature en couvrant tous les registres du savoir de son époque. (*1)
Logique de la pensée
Il examine les outils dont se sert la raison (catégories, structure des énoncés, formes de raisonnement,
déductions…). Par cette analyse des méthodes de la pensée, il fonde la logique.
Pour lui ce qu’on peut dire, ce qu’on peut penser et ce qui est sont une seule et même chose.
Ce qui est contradictoire ne peut pas être pensé et n’a donc pas d’existence. (principe du tiers exclu).
N’existe donc pour lui que ce qui peut être pensé. (*1)
Notre monde sub-lunaire
A la différence de Platon pour qui les entités immuables sont hors de notre monde contingent et
hasardeux, Aristote pense que notre monde est unique, mais il est divisé en deux :
Un monde céleste supra-lunaire qui est constitué d’astres éternels aux mouvements parfaits,
calculables avec exactitude.
Notre monde sub-lunaire qui ne relève que de connaissances approchées, où l’on observe des
faits fréquents, mais sans certitude mathématique. Le vraisemblable n’y est pas de l’ordre de la
Vérité.(*2)
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Organisation de la matière
Puisqu’il n’y a qu’un seul monde, l’intelligible en fait encore partie. Une science fiable peut donc
se constituer à partir de ce qui s’offre d’intelligible, (causes, processus…) (*1)
Matière et forme sont les deux principes à partir desquels vient à l’être un certain sujet individuel,
une substance.
La matière est en puissance de prendre forme, c’est l’acte qui confère forme à la matière.
La substance est susceptible de modifications, les accidents (modifications) et elle a différents
attributs (essence, qualité, quantité, relation…) (*2)
Science de la Nature
La Nature comporte 4 éléments, terre, eau, air, feu qui donnent le sec, l’humide, le chaud et le
froid qui se combinent à divers degrés. Tous les changements se produisent au hasard... Les êtres y
apparaissent. Ils y inter-agissent, disparaissent et laissent la place à d’autres dans un monde éternel.
Aristote a classé ce monde de phénomènes en genres et espèces : minéral, végétal, animal, animal
raisonnable et homme capable de se faire du Tout une représentation ordonnée et conforme à ce qui est.
Pour lui le vivant a pour matière le corps et pour forme l’âme. (*1)
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Organisation politique
Le bon gouvernement est celui qui se dote d’une constitution conforme à l’intérêt de tous les
citoyens, pas d’une caste en particulier.
C’est aussi celui qui sait donner à chacun, dans la mesure de ses forces, l’opportunité de se
réaliser comme humain, en concourant au bonheur de sa Cité. (*2)
Il ne recherche donc pas une constitution idéale, il recommande d’adapter les principes aux
circonstances et variations locales. (*1)
La place de l’Etre
Entre l’existence d’un Premier Moteur qui meut sans être mû et qui met l’ensemble en
mouvement, immanent avec le monde et la Substance, acte pur, située dans le monde céleste, une pensée
qui se pense, transcendante, Aristote n’a pas tranché.
Pour lui, répondre à la question qu’est-ce que l’Etre, c’était détruire l’aporie. La recherche de la
solution est pour lui la solution elle-même.
Dans l’univers aristotélicien, il n’y a toutefois ni commencement, ni fin et donc pas de création.
(*2)
Le bonheur dans la vie
Le bien souverain se laisse pressentir au-delà des biens particuliers (plaisirs, honneurs,
richesse…)
Le bonheur dépend d’un concours avantageux de circonstance, mais surtout dans le meilleur
exercice de l’activité de l’âme en accord avec la vertu qui est toujours un juste milieu entre deux
extrêmes, c’est-à-dire entre deux vices. (*2)
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Le bonheur suprême est de se consacrer au savoir sans oublier l’amitié, la famille, la
santé, la considération sociale.
Il ne préconise pas le rigorisme d’une loi morale éloignée des plaisirs, il fait preuve de
modération. (*1)
Rédigé par Serge Naud
Références :
(*A) Christophe Lamoure - Petite philosophie du marcheur - Milan 2007
(*1) Roger-Pol Droit - Une brève histoire de la philosophie - Flammarion – 2008
(*2) Lucien Jerphagnon - Histoire de la pensée - Fayard Pluriel – 2009
(*3) André Comte-Sponville - Présentations de la philosophie - Albin Michel – 2000
(*4) Jean-François Revel - Histoire de la philosophie occidentale - Robert Laffont - 2013
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