Mathieu JAHNICH, Étude exploratoire sur le marketing responsable, ADEME, Septembre 2013 p.3
RÉSUMÉ
Alors que les risques de greenwashing s’amenuisent avec la multiplication et la valorisation
des bonnes pratiques de communication et de publicité responsables, les enjeux se
déplacent sur le terrain plus large du marketing. Les lieux de vente, les emballages, les
noms de marques ou de produits sont autant d’opportunités pour les entreprises de valoriser
leur démarche de responsabilité et leurs engagements en faveur du développement durable.
Face à ces nouvelles tendances, l’ADEME a souhaité dresser un état des lieux de cette
thématique du marketing responsable à travers une étude exploratoire. Réalisée en 2012-
2013, elle se base sur l’analyse de la littérature (ouvrages, études, guides, sites web et
blogs), sur une série d’entretiens avec 30 experts à l’interface entre le marketing et le
développement durable ainsi que sur un sondage en ligne auquel 168 personnes ont
répondu (dont 50 % de professionnels du marketing et 25 % de consultants).
Entre les années 1995 et 2010, en réponse aux attentes de la société civile, la plupart des
entreprises s’engagent sur leur périmètre direct de responsabilité : création d’une direction
dédiée, sensibilisation des salariés, mise en application de normes volontaires sur certaines
usines… L’objectif est principalement de réduire les risques ; le développement durable est
perçu comme une contrainte.
Aujourd’hui, suivant la route tracée par des marques pionnières, de nombreuses entreprises
(PME ou multinationales) appréhendent le développement durable comme une véritable
opportunité et cherchent à l’intégrer dans leur stratégie globale. Il s’agit à la fois de minimiser
les impacts sociaux et environnementaux associés à la fabrication, à l’utilisation et à la fin de
vie de leurs produits et services et d’entraîner avec elles l’ensemble de leur écosystème
(clients, fournisseurs, collaborateurs internes…).
Le marketing joue ici un rôle crucial puisque la créativité des équipes et la puissance de
leurs outils peut aider à transformer l’offre, à changer les attitudes des clients et, in fine, à
améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande. Ainsi, le développement durable devient
une source d’inspiration et d’innovation technologique et sociale, avec une finalité
inchangée : créer de la valeur pour l’entreprise (à travers l’augmentation des ventes et
l’amélioration de l’image) et pour les parties prenantes. Si elles sont véritables, profondes et
planifiées dans la durée, ces initiatives tirent les entreprises vers le haut et sont un levier
vers une société plus soutenable.
Certes, l’intégration du développement durable dans la stratégie globale et donc dans le
marketing est un véritable changement culturel qui va demander du temps. Les freins sont
multiples : complexité et ampleur des enjeux, perceptions plutôt négatives des
professionnels du marketing vis-à-vis du DD, mauvaise image dont souffre cette profession,
habitudes de travail et cloisonnement organisationnel au sein des entreprises, risques
économiques associés, etc.
Pour y parvenir, la diffusion et la valorisation des bonnes pratiques, le développement de
l’offre de formation initiale et continue et la poursuite de la sensibilisation du grand public
apparaissent comme des pistes d’actions intéressantes, auxquelles l’ensemble des acteurs
(professionnels, experts, formateurs, fédérations, institutions…) sont appelés à participer.