LES GRANDS PROBLÈMES DE LA MÉTAPHYSIQUE OCCIDENTALE

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IES. Miguel de Molinos
1º Bachillerato
SECTION BILINGUE
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La métaphysique
La Métaphysique
La métaphysique désigne:
un ensemble de livres d'Aristote, La Métaphysique ;
puis, au Moyen Âge, la philosophie première d'Aristote ;
le sens moderne du mot s'est particulièrement diversifié, au point qu'il n'est pas
possible de donner de définition stricte de ce qu'est la métaphysique. L'idée
d'étude et de connaissance de l'être en tant qu'être est peut-être le fond
commun minimal acceptable pour l'ensemble du domaine métaphysique. L'objet
de la métaphysique serait alors l'être au sens absolu (i.e. en tant que tel) et ses
premiers principes. On peut alors distinguer des aspects logiquement reliés :
l'étude d'un ensemble particulier de réalités: ce que les sens ne perçoivent
pas, les choses immatérielles ;
l'étude de la nature des choses en elles-mêmes, étude du ce que c'est ;
par suite, l'étude d'une réalité supérieure, vérité du monde naturel.
1. Étymologie
Étymologiquement, la métaphysique (ta meta ta physika) est ce qui vient « après » les
choses concernant la nature (i.e. après l'étude de la nature), et désigne donc les livres
classés après ; une autre étymologie, suivant une traduction inhabituelle et peu probable,
donne ce qui est « au-delà » de la physique. Mais le mot physique a un sens qui est luimême métaphysique, puisqu'il désigne la nature en tant que principe : on ne peut donc
opposer a priori métaphysique et physique, puisque l'étymologie (et l'œuvre d'Aristote)
indique plutôt une continuité entre les deux domaines. Le sens de ces mots est en outre
susceptible de varier d'une époque à une autre.
On pense que l'emploi de ce mot remonte à la classification du corpus aristotélicien (Ier
siècle av. JC), les livres traitant de « l'étant en tant qu'étant » venant « après » ceux
touchant à la « physis » ou nature. La raison en serait que l'éditeur, Andronicos de
Rhodes, ne savait pas dans quelle division classer les traités que nous connaissons
aujourd'hui sous ce nom.
Ce terme a fini par s'appliquer au Moyen Âge (par exemple chez Averroès) à toute
question relative aux principes premiers ou à la philosophie première.
D'après le sens donné à physique, la métaphysique sera (avec les problèmes que cela
pose):
une science parmi d'autres ;
une connaissance des choses immatérielles (non physique, non sensible) ;
une science de l'intelligible, ou des essences, par opposition à l'empirique ;
une science des conditions de possibilités de l'expérience ou simplement de
l'expérience en générale (comme épistémologie par exemple) ;
un discours vide de sens.
mcco
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2. Les grandes problématiques de la métaphysique
L'objet de la métaphysique est l'être en général. Voici quelques interrogations
fondamentales de la métaphysique :
qu'est-ce que l'être ?
pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que rien ?
quelle est la différence entre être et essence ?
quelle est la différence entre essence et existence ?
en quoi consiste la causalité ?
qu'est-ce que la liberté ?
Dieu existe-t-il ?
etc.
La métaphysique est aussi parfois divisée en deux parties, dans la scolastique (étude
des transcendentia ou ontologie, théologie) et chez les philosophes classiques ; on
trouve cette division encore au XVIIIe siècle. Spinoza permet d'illustrer une telle
division. En effet, dans les Pensées Métaphysiques, il traite dans une première partie de
la métaphysique générale, i.e. de l'être en tant qu'être :
il distingue des types d'être : réel, de fiction, et de raison ;
il distingue l'être de l'essence, de l'existence, de l'idée ;
il traite des modalités de l'être : nécessaire, impossible, possible et contingent ;
enfin, il traite de la durée, du temps, de l'un, du vrai, du bien, etc.
Dans une deuxième partie, il traite de la partie spéciale de la métaphysique :
Dieu, en tant qu'ens summum : éternité, unicité, immutabilité, simplicité, etc. De
l'entendement et de la volonté de Dieu ;
de la création et de l'esprit humain.
Ce plan permet de se faire une idée plus précise de l'organisation possible des concepts
de la métaphysique. C'est une organisation logique, qui est aussi une théorie de la
connaissance.
mcco
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1.1 L'être
Les premiers philosophes grecs se posaient des questions sur le fondement de
tout être. Ils ne se sont pas conformés d’une explication de la réalité mondaine à partir
d'êtres divins et externes, mais ils pensaient qu'ils étaient capables d'expliquer l'être dans
sa totalité. Ils ont eu la conviction qu'il existait un être et qu'ils pouvaient arriver à le
découvrir au-delà des aspects des choses.
Aristote indique que la métaphysique est la science de l’"être en
tant qu'être" et elle sert à expliquer les dernières causes de l'être. La
métaphysique étudie l’être comme le plus général et à l'être divin
(théologie) comme fondement de tous les autres êtres. De là le
caractère primaire de ce savoir (Aristote l’appelle "philosophie
première"). Théologie et métaphysique sont entrelacée quand il
s'agira de chercher les derniers fondements des choses.
Analogie de l'être. Il y a des concepts qui sont appliqués de manière univoque,
c'est-à-dire, dans le même sens pour tous, comme quand nous disons qu'un triangle
est un polygone de trois côtés. Dans ce cas, nous nous passons des déterminations
concrètes des choses et utilisons le concept abstrait et invariable. D'autres concepts
sont équivoques, comme il arrive en prononçant le mot “conte” (récit, titre de
noblesse, philosophe ?). Finalement, un concept est analogue quand il ne reste pas
dans l'abstraction pure, mais il est déterminé au contact de ce qui est concret. Il est
un universel concret. Ainsi, nous disons que tous les êtres sont d'accord pour être,
mais pas de la même manière l'être humain, le cheval ou un arbre, bien que tous
sont.
Propriétés transcendantales de l'être. Tout être est un, vrai et bon. L'être en tant
qu'être est un, puisqu'il est identique à lui-même et inséparable de lui-même. L'être
est vrai dès qu'il peut être connu par un sujet, parce que tout être est "patencia",
capacité de se montrer. L'être est ouvert à l'esprit pour être connu. L'être est bon
parce que tout être est désirable. L'être humain souhaite l'être, parce qu'il a un
certain degré de perfection qui le rend désirable.
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1.2 Le monde
Bien que l’on considère Aristote le père de la métaphysique, ses préoccupations
ont été les mêmes que celles d'autres anciens peuples, en plus des Grecs.
A) Vision mythologique et religieuse
En Egypte il y a eu une grande préoccupation pour la vie d'outre-tombe et pour
le culte des dieux. Le désir d'éternité se reflète dans son esthétique; par exemple, les
dimensions extraordinaires prétendent dépasser le passage du temps. Après le décès, les
âmes sont conduites devant le tribunal du dieu Osiris. Si de bonnes oeuvres pèsent dans
la balance plus que les mauvaises, les âmes jouiront éternellement ; en cas contraire,
elles sont dévorées par un monstre. Les Chaldéens et les Assyriens, peuples de
Mésopotamie, ont divinisé les forces naturelles et les astres. Pour calmer leur colère et
obtenir leur protection, il était nécessaire de leur offrir des cadeaux précieux. Le palais
assyrien (le zigurat) était un observatoire pour surveiller le ciel et, à la fois, essayer de
deviner la volonté des dieux.
Le peuple hébreu cherche dans sa religion la réponse aux trois grands
problèmes de la métaphysique occidentale : le monde, l’âme et Dieu.
Les Grecs primitifs ont essayé de chercher une solution à ces problèmes avec
les mythes. Homère parle de divinités marines (Océan et Tetis) comme origine de tout.
Hésiode explique l'origine des choses à partir du Chaos, de l'Éther et de Eros.
L'orphisme, en provenance de la Thrace (région de la Grèce), prend son nom
d'Orphée, un prêtre thrace. Il soutient que l'âme a une origine pure, mais par une
certaine faute elle est condamnée à vivre unie à la matière.
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B) la réflexion de la science et la philosophie
La préoccupation pour le cosmos se trouve dans les débuts de la philosophie.
Les premiers philosophes grecs ont essayé de chercher une explication à l'origine et à la
formation de ce dernier, ainsi que le changement constant auquel sont soumises les
choses. Certains ont trouvé l'explication dans un ou plusieurs principes d'origine
matérielle, éternels, à partir desquels tout se forme. D'autres ont opté pour des principes
non matériels qui donneraient raison d'être à la matière (une intelligence, l’amourhaine), la guideraient et la dirigeraient.
Au moyen-âge, la vision de Ptolémée du cosmos se maintient:
un cosmos circulaire avec la Terre au centre, autour de laquelle
tournent les astres. Cette théorie se marie bien avec
l'observation quotidienne que nous faisons du parcours du
Soleil. Mais les scientifiques ont détecté des problèmes dérivés
des observations constantes du mouvement des astres et, pour
les résoudre, ils ont eu recours à des schémas explicatifs
compliqués.
Pendant la Renaissance, un moine amateur des mathématiques et des Grecs
classiques a découvert une théorie astronomique oubliée pendant des siècles :
l’héliocentrisme. Dans celle-ci on inverse les termes: le Soleil occupe le centre du
système et la Terre est déplacée sur une des orbites. Les mouvements des planètes sont
alors compris avec clarté, sans arriver à des formules profondes. L'astronomie moderne
vient de naître, même si elle suppose un coup dur à la fierté humaine, qui est déplacée
du centre de l'Univers à la périphérie.
Pendant l'Illustration sont apparues les préoccupations pour les problèmes de
l'espace et du temps. Les grands philosophes et les scientifiques de l'époque
polémiquent entre eux, comme Guillaume Leibniz, Isaac Newton, Samuel Clarke,
Christiaan Huygens ou Christian von Wolf. Ce dernier sera celui qui utilise le nom de
mcco
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cosmologie pour se référer aux problèmes de type philosophique et scientifique que
pose le monde.
La physique classique, qui a commencé avec Galilée, termine vers la fin du
XIXº siècle. Au XXº siècle on commence et on développe de nouvelles théories qui
changent les conceptions classiques, de manière spéciale, la théorie quantique de Max
Planck et la théorie de la relativité d'Einstein.
Les physiciens pensaient que l'émission et la propagation de l'énergie se
produisait dans un processus continu. Max Planck observe que dans les ondes
électromagnétiques en provenance de radiations il y avait des oscillations très petites,
probablement d'éléments subatomiques, qui n'étaient pas continues, mais qui étaient
produites par des sauts, mais toujours de même quantité ou multiples de cette quantité,
jamais une fraction de cette dernière. Il appelle cette quantité quantum.
La théorie de la relativité d'Albert Einstein a supposé un autre grand pas, il
relativise des concepts qui étaient crus comme absolus en science, comme l'espace et le
temps.
Einstein a affirmé que la mesure du temps est faite par rapport à l'espace, et la
mesure de l'espace dépend des temps relatifs de chaque observateur. Pour expliquer
ceci, il utilise l'exemple des trains qui se croisent dans une gare. Les voyageurs de l'un
surveillent ceux de l'autre ; l’un d’eux se met en marche, mais les voyageurs ne savent
pas lequel s'ils n'ont pas un point de référence externe de contraste. Si cette expérience
le transférait au vide cosmique, nous ne pourrions pas connaître lequel des deux se
déplace.
Isaac Newton (1642-1727) (mathématicien, astronome et
philosophe) il a étudié au Trinity College, à Cambridge. Là il a
été plus tard professeur de de Mathématiques. On lui doit le
calcul infinitésimal, le développement de la mécanique avec les
lois du mouvement et la théorie de la gravitation universelle,
l'étude de la réflexion et la réfraction de la lumière et la théorie
corpusculaire de la lumière. Entre ses oeuvres on souligne,
Principes mathématiques de Philosophie naturelle.
Christian Huygens (1629-1695) a été un mathématicien, un physicien et un astronome
néerlandais. On lui doit le premier traité sur le calcul de probabilités. Il découvre les
anneaux de Saturne et son premier satellite. Il écrit le Traité de la lumière. Il énonce le
principe de relativité restreinte.
Christian Wolf (1679-1754) était un philosophe allemand qui a complété le
rationalisme de Leibniz. Pour lui la philosophie est un savoir bien organisé et sert à
fournir des principes sûrs et clairs tant au niveau théorique comme dans l'ordre pratique.
La philosophie se base sur deux principes : celui de contradiction et celui de raison
suffisante. À ces principes sont soumis aussi bien la connaissance que la réalité. En ce
qui concerne Dieu, il suit la théorie de Leibniz de l'exculper du problème du mal.
mcco
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Albert Einstein (1879-1955). Physicien allemand à qui on doit la théorie
de la relativité. Il a reçu le prix Nobel de Physique en 1921. Il est né à
Ulm et il a passé son enfance à Munich. En 1905 il fait publiques ses
découvertes, qui renforcent aussi bien la théorie quantique que la théorie
atomique. Il a formulé la théorie de la relativité: relativité restreinte (1905)
et relativité généralisée (1916).
Actuellement, l'origine de l'Univers, son expansion et sa fin sont encore objet
d'une préoccupation philosophique et scientifique. Nous disposons de différents
modèles interprétatifs de l'Univers. Il y a un modèle statique et fermé, comme celui
d'Einstein ; et un autre ouvert, en expansion et dynamique, comme celui de Milton
Friedmann et Georges Henri Lemaitre. Stephen Hawking défend la théorie que
l'Univers a commencé à partir d'une matière initiale avec une masse très concentrée et
très dense (plusieurs tonnes par cm3), avec une température de quelque 10 billions de
degrés. Une grande explosion s'est produite (big bang). En peu de secondes température
baisse des millers de fois et, en moindre mesure, la densité. À partir de ce moment
commencent à se former les galaxies et les planètes de l'Univers. La force expansive de
cette explosion continue encore à résonner des milliers de millions d'années après dans
l'Univers, qui continue encore avec une expansion lente et atténuée. Avec le temps le
processus s’inversera et l'Univers terminera dans un grand craquement (big crunch) ou
dans un trou noir.
Activités
Qu'est-ce que différencie la conception mythologique et la rationnelle sur l'origine du
monde?
Comment est la matière qui procoque l'explosion initiale et comment la théorie de la
relativité explique l'espace et le temps?
1.3 Le sens de l'existence humaine
L'être humain est une réalité à se construire; pour cela il a besoin des références
qui donnent un sens à sa vie, qui justifient sa raison d’être. Toute personne se fait à
partir de ce qui constitue sa structure comme individu (sa biologie, sa psychologie, son
esprit) et la structure de la société dans laquelle il vit. Chaque époque a des façons
particulières de comprendre la vie. C'est pourquoi il y a des philosophies différentes,
parce que les temps changent et les personnes avec eux.
Le sens de l'existence est demandé par la même existence humaine. Les êtres
humains vivent dans un monde où ils ont besoin de trouver un sens à leur vie. Pourquoi
chercher un sens à la vie et ne pas vivre de manière inconsciente? La vie humaine est un
travail constant, un vide qu'il faut remplir, un mouvement entre l'être et le devoir être.
C'est pourquoi il requiert une orientation, une recherche de sens. "Vivre n’importe
comment" et inconsciemment est une possibilité, mais elle ne paraît pas très propre de
l'être humain, qui possède quand même un peu de lucidité.
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On a le vertige quand on pense aux instruments raffinés de contrôle dont dispose
le pouvoir afin de dominer et d’obtenir une pensée unique. Face à cela, l'affirmation
d'une volonté incorruptible de penser par soi-même et d'une recherche de sens est
nécessaire. Devant la recherche de sens de la vie, on voit trois alternatives.
A) La vie manque de sens
L'existentialisme nihiliste, spécialement Albert Camus et en partie Jean Paul
Sartre, affirme que la vie est quelque chose d’absurde, sans sens. Camus utilise le mythe
de Sisyphe pour exprimer l’absurde de l'existence. Sisyphe a souffert le châtiment de
l’absurde: reprendre éternellement le processus de monter jusqu'au sommet de la
montagne une pierre énorme qui lui échappe des mains, roulant sur la pente, quand il est
sur le point d'atteindre le sommet.
Camus conçoit ainsi la vie de chacun, comme une séquence de projets qui sont
frustrés par la mort. Même pas l'homme rebelle, qui s’unit à d’autres et, ensemble, font
face aux injustices, a un sens, parce qu'à la fin arrive la mort qui met fin à ses projets,
sans pouvoir échapper au destin.
Le mythe de Sisyphe
De son vivant, on dit que Sisyphe aurait fondé les Jeux Isthmiques en l'honneur de Mélicerte dont il avait
trouvé le corps gisant sur l'isthme de Corinthe. Depuis l'époque d'Homère, Sisyphe conserve la réputation
d'être le plus astucieux des hommes : il aurait développé la navigation et le commerce, mais se montrait
avare et trompeur et tuait les voyageurs.
Sisyphe est connu surtout pour s'être montré assez malin pour déjouer la Mort elle-même. Quand son
heure fut venue et qu'elle vint pour le chercher, il l'enchaîna de sorte qu'elle ne put l'emporter aux Enfers.
S'apercevant que personne ne mourrait, Zeus envoya Arès délivrer la Mort. Mais Sisyphe n'avait pas
qu'un seul tour dans son sac et il avait préalablement instruit son épouse de ne pas lui faire de funérailles
adéquates. Ainsi, il put convaincre Hadès de le laisser repartir chez les vivants pour régler ce problème.
Une fois revenu à Corinthe, il refusa de retourner parmi les morts. La Mort (ou même Hermès, selon
certaines traditions) dut venir le chercher de force.
Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné à rouler éternellement une pierre jusqu'en haut
d'une colline alors qu'elle redescendait chaque fois avant de parvenir à son sommet, tel que raconté dans
l'Odyssée. Toutefois, Homère ne faisait pas mention de la raison de ce châtiment. Certaines traditions
justifient cette punition par la réputation de brigand et de malfaiteur que Sisyphe avait acquise de son
vivant.
Albert Camus (1913-1960). Écrivain français d'origine
algérienne. Fils d'un paysan, il a étudié la philosophie à
Alger. Il a exercé le journalisme à Paris. Pendant la
Seconde Guerre Mondiale il a été membre de la
résistance française contre les nazis. En littérature il a
commencé à être connu à partir de la publication de
L'étranger et Le mythe de Sisyphe. Les deux oeuvres
sont un clair exposant de pensée existencialiste de
l’absurde. En 1957 il a reçu le prix Nobel de Littérature. Il est mort dans un accident de
voiture en 1960.
mcco
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Sartre affirme que l'homme est un être lancé dans le monde. Il donne valeur aux
choses, mais sa valeur est gratuite, il n'y a pas de valeurs supérieures à d'autres, parce
que les choses, les actions et les êtres humains manquent de sens. La vie est absurde, et
l'être humain, une passion inutile. Après la Seconde Guerre Mondiale, la pensée
sartrienne a éprouvé un certain éloignement du néant initial et a évolué vers un
humanisme très centré sur la liberté humaine.
Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se
rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après. L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il
n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.
Jean Paul SARTRE
B) la vie a un sens
Entre les nombreux courants de pensée qui essayent de donner un sens à la vie,
nous pouvons distinguer, au moins, deux grands groupes : ceux qui lui donnent un sens
immanent et ceux qui lui attribuent un sens transcendant.
1. Sens immanent
Dans cet alinéa on peut inclure des courants evolutionnistes, écologistes,
vitalistas ou les humanismes marxistes. Ils partent du fait que l'être humain est le fruit
de l'évolution et qu’il n’y a rien de transcendant au-delà de la vie sur la Terre. L'être
humain se réalise et développet ses capacités en même temps qu'il donne un sens à sa
vie. L'humanisme marxiste dénonce la situation d’oppression et d’exploitation d'une
partie de l'humanité entre le mains d'une autre (la classe des travailleurs par les
capitalistes). Ce fait a changé le sens humain du travail et de la vie. Dans le travail se
manifeste l'action créative humaine; les oeuvres sont comme une prolongation physique
du corps humain.
Étant donné cette situation astreignante, le travail se transforme en ennemi de
l'homme en quelque chose d’odieux, et toute vie humaine a été couverte par l'ombre de
l'aliénation. Mais l'humanisme marxiste laisse ouverte la porte à l'espoir: la lutte
solidaire humaine sera capable de faire une société sans classe à travers la révolution,
puisque la propriété des moyens de production n'existera pas.
Nietzsche fait une critique destructive de la culture occidentale. La mort de Dieu
porte avec lui la disparition des valeurs traditionnelles d'Occident, mais elle est aussi à
l'origine d'un nouveau type d’être humain : le surhomme. Qu’est-ce que le surhomme ?
C’est le nouveau type d'humanité, l'homme qui observe le monde sans préjugé, avec le
regard innocent d'un enfant et, surtout, il signifie l'attachement à la terre, l'affirmation de
la vie et des valeurs terrestres.
José Ortega y Gasset et Miguel de Unamuno représentent une dimension
vitaliste. Unamuno essaye de chercher un sens à la vie en se débattant entre foi et raison,
entre l'anxiété de l’immortalité et les limites de la raison : "Plus, plus et chaque fois plus
; je veux être moi et, sans cesser d'être, être aussi les autres, m'examiner dans la totalité
des choses visibles et invisibles, m'étendre dans l’illimité de l'espace et me prolonger
dans l’éternité du temps ". La lutte entre la foi et la science marque l'existence tragique
de Unamuno.
mcco
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Ortega indique que la vie est la réalité radicale, elle est inconditionnée. C'est
pourquoi, ils nous arrivent des événements matériels, spirituels et de tout type. Vivre
c’est être ouvert au monde et aux autres non seulement à travers la raison mais aussi
dans le vouloir et le sentir. Nous sommes comme des naufragers dans le monde, nous
savons que nous existons et notre préoccupation est de faire quelque chose pour ne pas
cesser d'exister.
Tout être humain est fils de son temps et élabore son projet de vie dans les
circonstances personnelles et historiques qu’il vit. Chacun a une vocation qu'il doit
découvrir. Il peut avoir beaucoup de projets, mais seulement un est le juste. Comment le
découvrir ? Il n'y a pas de solutions simples, mais bien deux chemins qui nous séparent
de lui: ne rien faire ou être tellement occupés dans les travaux quotidiens que nous ne
laissons pas de temps pour affronter ce que nous devons faire. A posteriori nous voyons
qui a trouvé. La vie heureuse est signe d'avoir trouvé.
2. Sens transcendant
Dans cette ligne on souligne le personnalisme chrétien d'Emmanuel Mounier (19051950). La personne est une tension de trois dimensions qui confluyent: vocation,
incarnation et communion; l’homme cherche sa vocation à partir de ce qu’il est et des
circonstances dans lesquelles il vit. Il ne s'agit pas de s'enfuir de la vie, mais de la
transfigurer. On découvre la vocation à travers la méditation, l’homme s’incarné en
étant compromis avec une certaine oeuvre et en communion avec les autres il renonce à
lui-même.
"La liberté de la personne est la liberté de découvrir par lui-même sa vocation et
d'adopter librement les moyens pour l'effectuer. Ce n'est pas une liberté d'abstention,
mais de compromis."
Emmanuel MOUNIER
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1.4 Le problème de Dieu
Le phénomène religieux est présent dans tous les peuples. Les façons populaires
de comprendre à Dieu sont diverses. Une vision paternaliste de celui-ci est fréquente qui
confie qu'il va résoudre ce que les hommes ne veulent pas ou ne peuvent pas. C’est une
idée assez infantile de la divinité.
Le matérialisme interprète le phénomène religieux et l'irruption de la divinité ou
des divinités dans la société, en les liant à la nécessité qu’ont de se justifier les classes et
les groupes qui ont le pouvoir. Dans une perspective religieuse, l'être humain est relié
depuis sa naissance à un Être absolu.
L'idée de divinité a évolué de manières rudimentaires à d'autres plus épurées.
Chez quelques peuples primitifs, la divinité est unie à un objet ou fetiche doté de
pouvoirs magiques. Une avance sur le fétichisme est l'animisme qui dote de vie les
forces de la Nature. Le polythéisme conçoit des dieux anthropomorphes, des êtres
humains dont les les exploits dépassent les limites mondaines et
les rendent divins. Finalement, le dernier degré d'évolution
religieuse est représenté par le monothéisme : l'opposition et la
confrontation des diverses forces politéïstes mène à une seule
divinité. Dieu ne peut pas être limitée par aucune autre réalité.
Et les différentes religions monothéistes apparaissent.
A) Positions devant l'existence de Dieu
Négation : athéisme. L'athéisme nie, sans plus, l'existence de Dieu. Mais il faut
nuancer cette affirmation. Il existe beaucoup d'images de la divinité et, par conséquent,
aussi beaucoup de façons de les nier. Nous trouvons un athéisme théorique qui essaye
de rationaliser le manque de sens de l'existence de Dieu, et un athéisme pratique, qui se
situe en marge de la divinité, sans arriver à se poser le problème de son existence.
Abstention : agnosticisme. L’agnostique ne nie pas ni affirme l'existence de Dieu. Il
soutient qu'avec la raison et l'expérience on ne peut pas démontrer l'existence de Dieu
ou sa négation. Fréquemment, le vide de Dieu est rempli par un humanisme et une
préoccupation pour les autres êtres humains.
Affirmation : théïsme. En général, il affirme l'existence d’un Dieu puissant et infini et
qui est en relation avec le destin humain. On a donné différentes preuves de l'existence
de Dieu tout au long de l'histoire.
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B) Preuves de l'existence de Dieu
Les diverses preuves formulées sur l'existence de Dieu peuvent être classés de la
manière suivante :
Preuves de type ontologique. Les figures les plus significatives que cette tendance sont
Saint Anselme de Canterbury (1033-1109) et Descartes.
Saint Anselme a formulé pour la première fois dans le Proslogium la preuve que
Kant appellera argument ontologique. Cet argument dit ainsi : dans notre esprit nous
trouvons l'idée d'un être parfait, d’être suprême (quelques chose de plus grand que ce
que l’on peut penser). Cet être a une existence extramentale, dans le cas contraire nous
pourrions penser un autre être supérieur qui aurait la qualité d'exister. L'idée d’être
suprême exige son existence.
Descartes reprend l'argument et affirme que l'essence de Dieu requiert son
existence, l'être parfait ne peut manquer d'aucune propriété, non plus de l'existence.
Kant répondra à cette façon de raisonner en distinguant entre le concept ou l'essence
d'une chose et son existence (ce n'est pas la même chose l'idée d’avoir cent euros que les
avoir dans la poche).
Preuves causales. Ce sont les cinq voies données par Thomas d’Aquin. Elles ont toutes
la même structure :
Point de départ : un fait d'expérience, qui peut être le mouvement, la causalité,
l'éventualité, les degrés de perfection ou l'ordre de l'Univers.
Point d'arrivée : chacune d'elles mène à Dieu, comme premier moteur, la cause non
causée, être nécessaire, être parfait ou intelligence suprême.
Parcours. Il y a deux éléments importants qui permettent le passage du départ à
l'arrivée : le principe de causalité et l'impossibilité ou la répugnance rationnelle
d'une chaîne infinie de causes. Le principe de causalité affirme que rien est fait sans
cause, rien n’arrive sans cause. La chaîne infinie de causes ne résoudrait rien,
puisque la question la plus élémentaire resterait sans réponse: comment a commencé
la chaîne ?
Kant critique aussi ces voies thomistes. Thomas d’Aquin a recourt à l'expérience,
mais ensuite il sort de l'expérience sans aucune raison qui le justifie. Dieu ne peut pas
être objet du monde des phénomènes, de l'expérience sensible. Il ne peut pas non plus
être objet de la discussion scientifique. Sa connaissance est réservée au domaine de la
raison pratique.
Saint Anselme de Canterbury (1033-1109) Abbé bénédictin du Bec, en
Normandie (1078), puis archevêque de Canterbury (1093), il incarne
l'aboutissement de la théologie monastique. Faisant sienne la formule
augustinienne «la foi qui cherche l'intelligence», il chercha à fonder
rationnellement la foi chrétienne; notamment, il avança dans le
Prosologium une preuve de l'existence de Dieu, dit argument
ontologique: «Nous avons l'idée de l'Être parfait; la perfection comporte
l'existence; donc l'Être parfait existe.»
mcco
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La métaphysique
Preuves volitives-sentimentales (volonté et sentiments). Elles s'appuient sur la liberté
humaine, qui exige l'existence d'un Être qui comble ses aspirations à la vérité ou à la
bonté, qui dans ce monde ne peuvent pas être remplies.
La constatation de l'existence d'une conscience morale (les principes moraux
universels, comme "il faut faire le bien et éviter le mal") exige aussi l'existence de Dieu,
qui l’introduit dans tous les hommes.
Depuis la morale des valeurs (par l'intermédiaire du sentiment), on a essayé,
également, d'arriver à Dieu. La valeur se fonde sur le sentiment et celui-ci est
intentionnel, il fait référence à l'objet à auquel il se réfère. Alors, si nous ressentons
Dieu (les mystiques chrétiens ont senti ce contact avec la divinité), c’est parce que Dieu
existe, dans le cas contraire, ce serait un sentiment antinaturel.
mcco
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IES. Miguel de Molinos
1º Bachillerato
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La métaphysique
C) Dieu comme libération
L'homme d'aujourd'hui va à la recherche d'un Dieu qui ne
l'aliène pas mais le libère. Dans cette direction se dirigent la
philosophie et la théologie de la libération, présentes en Amérique
latine. Elles partent de l'analyse de la réalité sociale, économique et
politique et de là elles essayent de trouver le Dieu libérateur de
l'oppression. Ce mouvement dispose déjà d’antécédents à la fin des
années soixante. En 1968 a eu lieu la réunion épiscopale de
Medellín. L'année suivante, Leopoldo Zea a publié la Philosophie
américaine comme philosophie sans plus. Dans cette oeuvre il essaye de marquer des
distances en ce qui concerne la philosophie européenne, qui se déplace dans un niveau
d'abstraction et ne tient pas compte des situations concrètes où vit l'être humain. La
philosophie et la théologie de la libération se centrent sur l'analyse des problèmes des
classes sociales et des exclus et marginalisés. Pour cela ils utilisent les analyses du
marxisme et autres; idéologies en union avec la pensée chrétienne. Ceci a provoqué une
multitude de problèmes à ses défenseurs avec les instances ecclésiastiques officielles.
Certains indiquent 1973 comme le début de la théologie de la libération. Cette
année le jésuite Gustavo Gutiérrez a publié Histoire, politique et Salut d'une Théologie
de libération. D'autres figures importantes sont Jon Sobrino, Enrique Dussel ou
Leonardo Boff.
"La théologie de la libération est née d’une double expérience, l'une politique et l’autre
théologique. Politiquement, elle a perçu que les pauvres fondent un lieu social et
épistémologique. Sa cause, ses intérêts et objectifs, sa lutte de résistance de libération,
et ses rêves permettent une lecture singulière et propre de l’histoire et de la société.
Cette lecture est initialement de dénonciation. La dénonciation politique souligne que
l'histoire actuelle est écrite par la main blanche et raconte les gloires des gagnants
mais n'a pas conscience des victimes ; c'est pourquoi elle est cruelle et sans
miséricorde[…].
La seconde expérience, théologique, est née en approfondissant la première. Les
Communautés chrétiennes de base ont compris que la meilleure manière d'ínterpréter
les Écritures était en leur faisant face avec les pages de la vie. Dans cette confrontation
apparaît une vérité qui traverse les Écritures chrétiennes d’un bout à l’autre: la
connexion intime qui existe entre Dieu, les pauvres et la libération [… ] Ce Dieu, par sa
nature vitale propre, s'est senti attiré par ceux qui crient parce qu’ils perdent la vie
sous l'oppression et fait sienne la lutte pour la résistance et la libération des opprimés."
L. BOFF: La dignité de la terre.
mcco
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