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quatre provinces. La frontière nord de la région est également celle de la province byzantine
de Thébaïde, dont la capitale n’est autre qu’Antinoé. A la suite de la conquête, au voisinage
des années 660, l’image qui se dégage de l’espace égyptien à travers la documentation
papyrologique est extrêmement confuse, mais elle est propre à une période de transition entre
deux modèles territoriaux. Elle indique que ces derniers fonctionnent de concert : d’un coté, le
système byzantin, de l’autre le système islamique. Ce dernier ne fait de l’Égypte qu’une
province : celle de Miṣr, qui se compose de la Haute et Basse-Égypte. Nous examinons ici les
paliers de cette recomposition, qui fait entrer la Moyenne-Égypte dans un nouvel espace
politique et territorial au cours des périodes médinoise, umayyade et ‘abbāsside. Le résultat de
ce phénomène est, à la fin la chronologie considérée, la perte de tout statut administratif
provincial pour Antinoé, qui prend le nom d’Anṣinā, et la naissance d’Ašmūnayn, l’ancienne
Hermopolis, comme capitale de la Moyenne-Égypte islamique.
Le second axe de ce travail de recherche examine les relations entre les pouvoirs
locaux au sein de cette région et le pouvoir central. Dès la période de la conquête, la
documentation papyrologique indique tout l’intérêt que les nouveaux maîtres du pays
développent pour la mise en valeur de la région. Ils exploitent ses ressources dans le but
d’assurer leur subsistance, mais aussi la construction de leur nouvelle capitale : Fusṭāṭ. Ils
supervisent pour un temps l’activité des administrateurs locaux, pour ensuite intégrer leur
activité au sein d’un nouveau système politique.
La redistribution des postes d’autorité dans la région suit, à partir du début de l’époque
umayyade, la nouvelle organisation provinciale et impériale. L’ancienne structure
administrative byzantine prend progressivement l’habit de l’État umayyade puis ‘abbāsside.
Le duc de Thébaïde qui siège dans la région au moment de la conquête étend progressivement
son autorité sur toute la Haute-Égypte, le Ṣa‘īd, ses attributions étant également transférées,
pas à pas, dans l’administration centrale de Fusṭāṭ, au cœur d’une refonte globale du système
byzantin dans un nouveau système administratif islamique. Les ducs de Thébaïde forment le
premier corps administratif local à présenter des signes d’acculturation à l’identité
administrative et politique des nouveaux maîtres du pays, ils sont ainsi les premiers à être
intégrés à ce nouveau système. Nous démontrerons que leurs attributions suivent l’évolution
de la formation de l’État umayyade au niveau local, la redistribution des postes d’autorité au
sein de la province au tournant du VIIIe siècle expliquant également leur disparition. Les ducs
de Thébaïde se placent comme des acteurs clés de la formation de l’État islamique au niveau