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connu, il paraît prudent de réser-
ver cette option aux mauvais can-
didats à la cystectomie (patients
âgés et/ou ayant des comorbidi-
tés sévères), ou à certains patients
demandeurs de préservation vési-
cale et ayant des critères favora-
bles: tumeur unique, de petite
taille, cliniquement classée T2,
sans hydronéphrose ni carcinome
in situ.
Avec les protocoles classiques de
RCC, les taux respectifs d’héma-
to-toxicité et de néphro-toxicité
sont d’environ 20% et 10%. Les
troubles mictionnels et digestifs
sont modérés dans plus de 80%
des cas; ils sont exceptionnelle-
ment sévères. Cependant,
quelques cas d’occlusion et de
rectite hémorragique ont été rap-
portés [3,7]. D’autre part, la RCC
augmente très nettement les com-
plications de la cystectomie de
rattrapage lorsque celle-ci s’avère
nécessaire. Dans notre expérience,
le taux de morbidité de la cystec-
tomie (que celle-ci soit faite préco-
cément pour absence de réponse à
mi-dose, ou à distance pour une
récidive) a été d’environ 70%. Les
principales complications post-
opératoires dans notre série ont
été une embolie pulmonaire, une
thrombose de la veine iliaque, et
une fistule de l’anastomose néo-
vesico-uréthrale [7]. Enfin, le
retentissement de la RCC sur la
sexualité et la qualité de vie a été
récemment analysé par l’équipe
de Shipley [10]. Cette étude a
révélé que parmi les patients qui
étaient en rémission complète
après RCC, et chez qui la vessie
avait pu être conservée, la fonc-
tion sexuelle et la qualité de vie
étaient satisfaisantes dans la gran-
de majorité des cas. Cependant,
approximativement 20% des
patients se plaignaient au long
cours de fuites urinaires et/ou de
troubles digestifs.
La RCC dans le cancer infiltrant de
vessie est en cours d’évaluation.
Pour l’instant, ses indications sont
restreintes. Elles regroupent les
mauvais candidats à la cystecto-
mie et certains patients très sélec-
tionnés répondant à des critères
stricts: tumeur vésicale unique,
inférieure à 3 cm, sans signe d’ex-
tension extra-vésicale, sans hydro-
néphrose ni carcinome in situ asso-
cié. L’optimisation des résultats de
la RCC par le développement de
nouveaux protocoles pourrait per-
mettre, à l’avenir, d’épargner à
plus de patients les séquelles sou-
vent invalidantes de la cystecto-
mie ◆
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RÉFÉRENCES
VII. CONCLUSION
VI. MORBIDITÉ ET RÉSULTATS
FONCTIONNELS
N°1 Février 2004
Questions D’ACTUALITÉ
La Radio-Chimiothérapie Concomitante :
Une Alternative à la Cystectomie ?
➟ La radio-chimiothérapie concomitante (RCC) est une alternative à la cystectomie
➟ Ses résultats à long terme sont peu documentés
➟ Ses indications idéales sont les patients âgés, avec des comorbidités sévères, ou les patients ayant une
petite tumeur cliniquement T2, sans hydronéphrose ni carcinome in situ associé
➟ Une évaluation par biopsies vésicales est indispensable après la phase d’induction
➟ La morbidité de la cystectomie de rattrapage après RCC est élevée
➟ Le protocole optimal de RCC reste à définir
Ce Qu’il Faut Retenir