FRANCE
Les dessous de France
Trésor P.2
Des députés PS veulent
s’attaquer au Bon Coin. P.3
MONDE
Arrestation d’un journaliste
qui fait son travail P. 4
Pas de référendum avec
les ressources publiques P.
4
Les milliards d’euros gas-
pillés par l’UE P.5
La Banque centrale du Ja-
pon passe à l’attaque P.6
RELIGION
Pas de mondanité ni de va-
nité P.7
Rapport de l’AEd sur
les persécutions dans le
monde P.8
CULTURE
Exposition P.9
Concerts de la quinzaine
P.10
www.ihsnews.net
Le 1er Hebdomadaire catholique gratuit.
« Les communicateurs catholiques doivent relever le dé de plus en plus grand de présenter la sagesse, la vérité et la beauté
de l’Evangile dans un langage capable de toucher les esprits et les coeurs des innombrables personnes en quête de sens et de
direction dans leurs vies, en tant qu’individus et membres de la société» Pape François.
IHS News est un service de presse en ligne indépendant s’appuyant sur un réseau de 1500 correspondants.
Vendredi 27 mars 2015 - N°58
La montée en puissance
du catholicisme
en Europe du Nord
2 France Vendredi 27 mars 2015
International
Le renouveau catholique en Europe du Nord
L’Europe du Nord est de-
venue l’une des régions
les moins religieuses du
monde.
Le premier ministre bri-
tannique David Came-
ron, un conservateur, a
légalisé le « mariage »
homosexuel et déclaré
qu’il interdisait l’avorte-
ment… après la ving-
tième semaine de gros-
sesse.
Il y a dix ans, les dé-
mocrates chrétiens des
pays nordiques, dont
les drapeaux sont frap-
pés d’une croix, se sont
opposés à ce que le
préambule de la Constitution
européenne rappelle le rôle du
christianisme dans la culture eu-
ropéenne.
Aujourd’hui, en Grande-Bretagne
et dans les pays nordiques, une
morale très laxiste est le dogme
politique en vogue et l’apathie
religieuse la weltanschauung do-
minante.
Par ailleurs, les Eglises natio-
nales des Etats de la région ont
conservé une certaine impor-
tance sociale.
En Grande-Bretagne, la reine est
toujours le chef de l’Eglise angli-
cane, et les évêques anglicans
sont des pairs de la Chambre
des Lords.
D’autre part, les sondages ré-
vèlent constamment que les
pourcentages d’appartenance à
l’Eglise luthérienne sont élevés
dans les pays nordiques.
La majorité des Scandinaves et
des Finlandais célèbrent bap-
têmes, mariages (quand ils se
marient : plus de la moitié des
couples ne sont pas mariés) et
enterrements dans leurs Eglises
nationales.
En Suède, la plupart des familles
allument les cierges de l’Avent et
les processions de la sainte Lu-
cie restent populaires.
André Malraux avait prédit : «
Le vingt et unième siècle sera
religieux ou ne sera pas ». Les
sociologues notent que, même
dans des sociétés sécularisées,
les habitants aspirent à une
forme de spiritualité.
Mais, en dépit de la visibilité so-
ciale et culturelle du protestan-
tisme dans les pays du nord de
l’Europe mentionnée ci-dessus,
les Eglises luthérienne et angli-
cane sont en train de mourir.
Les sociologues britanniques
prédisent que les anglicans
pratiquants connaîtront bientôt
le même sort que le dodo et le
mammouth, tombant de 800 000
à juste 50 000 au milieu du siècle
(les mêmes perspectives désas-
treuses attendent les épiscopa-
liens en Amérique du Nord).
En Suède, 4 pour cent des luthé-
riens se rendent régulièrement
au temple, et les pourcentages
correspondants en Norvège et
en Finlande sont inférieurs à 2
pour cent.
Par contre, l’Eglise catholique
connaît une petite renaissance
en Europe du Nord.
Il y a actuellement plus de catho-
liques pratiquants que d’angli-
cans pratiquants en Grande-Bre-
tagne.
Les pays nordiques comptent
environ 600 000 catholiques, en
gros 3 pour cent de la population
(à peu près le même pourcen-
tage qu’en Asie).
Il est certain que cette situation
résulte en partie de l’immigration.
Depuis que l’Union européenne
s’est agrandie en 2004 en in-
cluant les Etats moins prospères
de l’ex Europe de l’Est, les pays
nordiques et les Iles britanniques
ont été envahis par des immi-
grants venus de nations catho-
liques : Pologne (2, 2 millions de
Polonais ont quitté leur pays au
cours des dix dernières années),
Slovaquie, Croatie et Lituanie.
Si par conséquent la messe est
célébrée en polonais ou en ser-
bo-croate dans l’ensemble de
l’Europe du Nord, la population
indigène de la région est égale-
ment attirée par l’Eglise catho-
lique.
Pendant les dix dernières an-
nées, le nombre de séminaristes
britanniques a quadruplé.
Ce phénomène n’est pas dû à
l’immigration (les jeunes immi-
grés polonais rentrent en général
au séminaire dans leur pays) ou
à de brefs élans d’enthousiasme,
comme après la visite
du pape Benoît XVI en
2010, puisque cette ten-
dance à la hausse dure
depuis dix ans.
A l’heure actuelle, la
Scandinavie est l’une
des régions les plus
riches en vocations de
tout l’hémisphère nord.
L’Eglise comprend 103
000 dèles en Suède et
17 séminaristes.
Par comparaison, l’archi-
diocèse de Vienne dont
les dèles sont treize
fois plus nombreux ne
compte même pas le
double de candidats à la
prêtrise.
En 2009, les reliques de Sainte
Thérèse de Lisieux ont parcou-
ru la Grande-Bretagne, attirant
dans ce pays les pèlerinages les
plus importants depuis le Moyen-
Âge.
Les jeunes catholiques britan-
niques lancent de nouvelles ini-
tiatives telles que le pèlerinage
annuel Saint Jean-Paul II.
Le sacrement de réconciliation
revient en force au Royaume-
Uni : le nombre de catholiques
britanniques qui se confessent
a augmenté de plus de 60 pour
cent depuis 2010.
Dans les pays nordiques, le
Chemin néocatéchuménal – une
communauté à vocation mission-
naire fondée par le peintre espa-
gnol Kiko Argüello – joue un rôle
clé dans l’évangélisation.
Le Danemark, un pays qui ne
comprend que 40 000 catho-
liques, compte 18 séminaristes
dans le cadre de ce Chemin,
tandis que la Finlande, avec seu-
lement 10 500 catholiques, en a
15.
Par ailleurs, le nombre de re-
ligieuses en augmentation
constante dans cette région est
de 680.
Vendredi 27 mars 2015 3
International
Les ordres cloîtrés sont ceux qui
attirent le plus de nouvelles pos-
tulantes.
Il y a maintenant une religieuse
pour 880 catholiques dans la ré-
gion ; aux Etats-Unis, ce chiffre
est de 1 pour 1400.
De plus, le nombre de religieuses
diminue rapidement aux Etats-
Unis, tandis qu’il augmente dans
les pays nordiques.
L’Europe du Nord est également
un terrain fertile pour les conver-
sions.
En 2009, le pape Benoît XVI a
créé l’Ordinariat personnel de
Notre-Dame de Walsingham,
permettant ainsi aux prêtres
anglicans de passer du côté du
Vatican.
Depuis lors, de nombreux
membres du clergé anglican,
frustrés par le rejet de la Tradi-
tion par l’archevêché de Canter-
bury, siège du primat de l’Eglise
anglicane, ont fait de même.
Les convertis scandinaves et n-
landais espèrent que le Vatican
créera un Ordinariat du même
type pour les Luthériens.
Par ailleurs, l’une des gures
chrétiennes les plus célèbres de
Scandinavie, le pasteur suédois
charismatique Ulf Ekman, s’est
récemment converti au catholi-
cisme avec sa femme.
Il a déclaré que le Catéchisme de
l’Eglise catholique était le meil-
leur livre qu’il ait jamais lu.
L’Europe du Nord est sans
conteste l’une des régions les
plus athées du monde.
Et pourtant, l’Eglise catholique,
bien que très minoritaire, y
connaît une renaissance dont
seuls les papes de la Contre-ré-
forme auraient pu rêver.
On peut en tirer une importante
leçon.
Comme l’a dit le Christ, Ses dis-
ciples doivent être le sel de la
Terre.
Les Eglises luthérienne et angli-
cane se sont depuis longtemps
affadies.
En dehors de quelques rituels
en voie de disparition, elles sont
dans une large mesure indisso-
ciables de la culture séculière
dans son ensemble.
C’est le fait que l’évêque luthé-
rien de Stockholm est une hom-
mosexuelle qui résume peut-être
le mieux l’évolution du protestan-
tisme en Europe du Nord.
Le catholicisme a toujours re-
présenté une contre-culture, et,
contrairement aux climats poli-
tiques et aux courants intellec-
tuels, a toujours adhéré à une
morale unique.
En dépit des pressions de cer-
tains milieux catholiques, l’Eglise
est demeurée constante dans sa
proclamation de la vérité, même
quand celle-ci était impopulaire.
Beaucoup ont dit en plaisantant
que l’Eglise anglicane c’était le
parti tory [conservateur] en orai-
son.
Aujourd’hui, l’Eglise anglicane et
les Eglises luthériennes ne sont
que des entités séculières qui
pratiquent la prière.
S’agissant de leur enseignement
sur la vie et le mariage jusqu’à
l’ordination des femmes, les
Eglises protestantes de l’Europe
du Nord ont donné l’impression
que la moralité est une don-
née modiable, ce qui rend ces
Eglises moins crédibles.
Et pourtant des âmes éprises de
spiritualité comme Ulf Ekman et
les prêtres anglicans convertis
au catholicisme veulent davan-
tage.
Ils veulent une Eglise qui re-
cherche plutôt la cohérence
dans son enseignement que les
éloges du New York Times.
Conversion d’un pasteur suédois
au catholicisme
Le dimanche 9 Mars, les communautés évangéliques suédoises
ont appris avec stupéfaction qu’Ulf Ekman, un des pasteurs évan-
géliques les plus connus dans le pays, ainsi que son épouse, Bir-
gitta, allaient se convertir au catholicisme. Une annonce que le
pasteur a faite personnellement pendant un sermon, dans l'église
qu'il a lui-même fondée il y a 30 ans à Upsal.
« Nous aimons cette assemblée que nous avons contribué à
construire et que nous avons servie pendant ces trente dernières
années. Nous ne pourrions pas imaginer autre chose que d'être
pleins de gratitude pour cette longue période avec vous. Néan-
moins, nous avons senti clairement l’appel du Seigneur d'entrer
avec foi dans une nouvelle phase de notre vie. Tout en le faisant,
nous sommes convaincus que l'assemblée est entre de bonnes
mains et continuera de eurir et porter de bons fruits dans la vision
qui est la sienne », déclare le pasteur face à une immense assem-
blée au cours de son sermon, le 9 mars dernier.
« J’en suis venu à réaliser que le mouvement que nous avons
représenté au cours des trente dernières années, en dépit de ses
succès et du grand bien réalisé dans différents domaines de mis-
sion, fait partie de la fragmentation en églises protestantes de la
chrétienté, en cours », expliquera-t-il ensuite dans un éditorial
pour le grand journal évangélique suédois de référence Daegens
Nyheter.
Tous les Suédois savent qui est Ulf Ekman, fondateur en 1983 de
la communauté charismatique Livets Ord (littéralement « La Parole
de la Vie »), après avoir claqué la porte de l'Eglise luthérienne de
Suède, où il était pasteur. Son but à l’époque était de revenir aux
fondamentaux de la foi, non sans triomphalisme et en prêchant
notamment la guérison, selon le modèle des grandes Eglises pen-
tecôtistes américaines. Le tout en s'opposant explicitement à la
théologie libérale des luthériens d'une part et, d'autre part, à la
papauté, diabolique, des catholiques...
Depuis sa création, Livets Ord a connu un grand succès populaire.
Son école biblique est devenue une référence parmi les évangé-
liques et serait la plus importante de Scandinavie. En quelques
années, elle s'est surtout imposée comme la plus grande mega-
church en Suède. Plus de 9500 étudiants sont sortis diplômés de
son école biblique.
En rejoignant l'église catholique, Ukf Ekman dit envisager de pour-
suivre l'unité entre les confessions et mouvements chrétiens. Dans
une note sur le site Web de son ministère, il explique qu’avec sa
femme, durant ces dix dernières années, ils ont vécu une lente
transformation aux contacts de catholiques romains pratiquants,
notamment de nombreux charismatiques.
Selon des détails rapportés par La Vie, dans certains milieux pro-
testants courait le bruit depuis des années que le pasteur penchait
« dangereusement » pour la théologie catholique.
4 Vendredi 27 mars 2015
International
Le P. Sigurd Markussen, co-pré-
sident de Caritas Norvège et
actuellement vice-recteur du col-
lège sacerdotal allemand Campo
Santo Teutonico au Vatican, ex-
plique la situation de l’Eglise ca-
tholique dans son pays, la Nor-
vège.
Père Markussen, vous venez
de Norvège. Comment avez-
vous pu trouver votre vocation
dans cette diaspora ?
Père Markussen – En Norvège,
la diaspora est un mélange com-
plexe de beaucoup de choses.
Le pays lui-même est couvert
de montagnes et de fjords, ce
qui signie que les Norvégiens
vivent en général très dispersés.
Environ 1% du pays environ est
habité ; selon les statistiques, il
y a environ 4,5 millions de per-
sonnes qui vivent en Norvège, ce
qui fait à peu près 15 personnes
au kilomètre carré.
La Norvège est principalement
luthérienne évangélique (environ
80%) et la population catholique
représente à peu près 200.000
personnes. Nos paroisses sont
surtout le long de la côte, du sud-
est au nord-est. Les catholiques
de Norvège viennent du monde
entier. Je suis curé (quand je
n’étudie pas à Rome) à la pa-
roisse Saint Hallvard à Oslo, où
nous avons plus de 21.000 pa-
roissiens de cent quarante na-
tionalités différentes. La plupart
d’entre eux sont à moins d’une
heure de la paroisse, en voiture
et, pour la plupart, ils peuvent se
rendre facilement à l’église en
métro ou en bus.
Mes deux dernières nominations
comme curé étaient très diffé-
rentes. J’ai servi pendant six ans
à Haugesund (partie ouest de la
Norvège), sur un territoire grand
comme la moitié de la Belgique,
auprès de 1000 paroissiens re-
présentant quatre-vingts nationa-
lités. Je célébrais la messe dans
cinq lieux différents, faisant des
trajets d’une heure à trois heures
et demie de route plusieurs fois
par semaine, pour servir la com-
munauté. A Arendal (partie sud
de la Norvège), je n’avais qu’un
autre lieu à desservir en plus
de l’église paroissiale. Là aussi,
la plupart des dèles mettaient
moins d’une heure en voiture
pour venir à l’église.
Je sais que, dans d’autres pays,
cela peut sembler étrange à
beaucoup de faire une heure de
voiture pour participer à la messe,
et c’est le cas pour la plupart de
nos paroissiens, qui viennent de
divers endroits du monde dans
notre pays particulier. Pourtant
nous avons un taux de parti-
cipation à la messe d’environ
50% dans la plupart des cas. Il
serait certainement plus élevé
si nous avions plus d’églises
mais, pour le moment, ce serait
trop cher pour nous. Cela vaut la
peine aussi de mentionner que le
nombre de catholiques en Nor-
vège a plus que doublé au cours
des cinq dernières années.
Etre prêtre en Norvège est sy-
nonyme d’être en déplacement,
sinon constamment, au moins
une bonne partie du temps pen-
dant la semaine. Pour mieux
servir les grands groupes d’immi-
grants, nous avons organisé des
missions spéciques, avec des
prêtres qui connaissent leurs lan-
gues, comme le polonais, le ta-
moul, le vietnamien, l’espagnol,
le tagalog/ilungo etc.
Combien la Norvège a-t-elle
de vocations en moyenne ?
Quelle est leur proportion par
rapport au nombre de catho-
liques dans le pays ?
Nous avons à peu près 90
prêtres qui travaillent dans nos
trois diocèses, dont 70 dans ce-
lui d’Oslo, qui couvre tout le sud
de la Norvège (au sud de Trond-
heim). Nous avons 24 paroisses
dans ce diocèse et, comparé à
beaucoup de pays du monde, le
nombre de nos prêtres pourrait
sembler plus que sufsant. Dans
la situation actuelle, nous nous
en sortons, mais le dé qui nous
a plus ou moins tous surpris fut
le « tsunami » des travailleurs
polonais qui ont commencé à ar-
river en 2005. Pendant ces huit
dernières années, le nombre de
paroissiens polonais a explosé
et il est maintenant d’environ
100.000. C’est pour cette raison
que le diocèse d’Oslo a dû orga-
niser la venue d’un bon nombre
de prêtres polonais pour servir
ces nouveaux paroissiens. La
Norvège n’a pas tellement à se
battre avec la crise économique,
grâce à notre production de pé-
trole et de gaz. En Norvège,
l’économie se maintient, et beau-
coup viennent y chercher du tra-
vail.
Même si le nombre de prêtres
est élevé, nous pourrions re-
joindre encore davantage de pa-
roissiens si nous avions le luxe
d’avoir plus de prêtres.
Où vivent la plupart des ca-
tholiques ? Dans les zones ur-
baines ? À Oslo ?
La plupart des catholiques vivent
dans le sud de la Norvège et prin-
cipalement dans la région d’Oslo,
mais Stavanger et Bergen, dans
la partie ouest de la Norvège,
enregistrent une énorme crois-
sance parmi leurs paroissiens.
La maison royale est protes-
tante, avec Harald V. Le roi a-t-il
une bonne réputation pour ce qui
concerne les questions d’intérêt
public ou est-il simplement vu
comme un représentant ? Y a-t-
il des personnalités catholiques
qui jouissent d’une bonne estime
de la part de l’opinion publique ?
Depuis avril de l’année dernière
(2012), la Norvège a une nouvelle
loi sur les questions des rapports
entre l’Eglise et l’Etat. L’Eglise
La situation des catholiques en Norvège
Vendredi 27 mars 2015 5
International
luthérienne évangélique de Nor-
vège n’est plus « l’Eglise d’Etat
», ce qui signie que l’Eglise peut
choisir elle-même ses évêques
et gérer ses propres affaires.
Mais l’Etat garde une main sur le
« volant ». Il paye tous les frais
concernant les bâtiments et les
salaires pour tous les Luthériens.
Le roi, qui était le chef de l’Eglise
en titre, ne l’est plus. Mais la loi
dit encore que le roi doit être lu-
thérien évangélique.
Dans la vie publique, en Nor-
vège, il y a quelques catholiques
mais nous ne sommes pas aussi
visibles que nous devrions et que
nous aimerions être.
Dans de nombreux pays du
nord, il y a eu des mouvements
fortement anti-chrétiens depuis
les années 90. Est-ce dû à la
tendance puritaine ? L’Eglise
catholique réussit-elle à diffuser
ses enseignements ou est-elle
confondue avec les autres déno-
minations ?
Depuis les années 70, la Scan-
dinavie a subi un sécularisme
croissant. Traditionnellement, la
Norvège, la Suède et le Dane-
mark ont été des pays très chré-
tiens. La réforme de 1536-1537 a
rayé la catholicité du Danemark
et de la Norvège, mais pas to-
talement de la Suède. Dans la
vie publique comme dans la vie
privée, ses habitants ont gardé,
par tradition, une foi luthérienne
évangélique forte. Les change-
ments politiques du début des
années 90, et plus particulière-
ment depuis les années 60, ont
modié la situation de manière
spectaculaire. Aujourd’hui, en
Norvège, seulement 1% environ
des luthériens sont pratiquants.
J’imagine que la situation est
la même en Suède et au Dane-
mark.
Nous aussi, les catholiques de
Norvège, nous expérimentons
la même situation. Chez nous,
le nombre élevé de catholiques
pratiquants et de participation à
la vie de l’Eglise est surtout dû
à une croissance constante de
l’immigration. Dans ma paroisse,
moins de 8% des paroissiens
sont des Norvégiens de souche,
et le pourcentage est un peu plus
élevé dans les autres paroisses.
Notre dé est donc surtout de ca-
téchiser et d’aider les paroissiens
à vivre leur foi concrètement et
de les soutenir spirituellement
dans une société de plus en plus
sécularisée.
De quoi l’Eglise de Norvège
a-t-elle le plus besoin ?
Notre grand dé est de servir les
nombreux nouveaux immigrants,
et l’essentiel de notre attention
est centré sur cette question.
Nous n’avons pas le temps de
nous stabiliser et de rééchir
sur notre catholicité. Cela vous
donne un aperçu de notre déve-
loppement.
En tant que catholiques, nous
avons eu l’autorisation de reve-
nir en Norvège en 1843 (ayant
été bannis depuis 1537). A cette
époque-là, il y avait quarante ca-
tholiques étrangers qui vivaient à
Christiania (l’ancien nom d’Oslo,
la capitale).
Lorsque je suis né en 1966, nous
étions 6.000 ; lors de mon ordi-
nation, en 1996, nous étions de-
venus 40.000 et aujourd’hui nous
sommes 200.000. Pendant mon
enfance et mon adolescence,
« tout le monde se connaissait
». La réalité d’aujourd’hui est
complètement différente. Non
seulement nous faisons l’expé-
rience d’une croissance rapide
mais aussi de l’augmentation du
nombre des paroissiens issus
de pays catholiques pratiquants
qui viennent dans un pays sécu-
larisé où l’on ne trouve pas une
église catholique à tous les coins
de rue.
Garder la foi et la pratique est
donc un sérieux dé pour cha-
cun de ces nouveaux arrivants ;
et c’est aussi un dé pour nous,
les prêtres, de parvenir à servir
tous ceux dont nous nous occu-
pons et de les assister dans leur
vie spirituelle et sacramentelle,
souvent dans une langue qu’ils
comprennent à peine ou même
pas du tout.
Mais nous avons conance en
l’Esprit-Saint et dans la divine
miséricorde. Nous faisons du
mieux que nous pouvons ; merci
de prier pour nous.
Sigurd Markussen est né en
1966 à Oslo et a été ordonné
prêtre en 1996 pour le diocèse
d’Oslo. Il a été responsable na-
tional des jeunes (1996-1998),
curé de trois paroisses diffé-
rentes jusqu’à l’automne 2012,
puis il est venu à Rome faire
une licence en théologie dogma-
tique. Il est co-président de Ca-
ritas Norvège. Pendant de nom-
breuses années, il a été membre
du conseil presbytéral de son
diocèse, et les cinq dernières an-
nées, il en était le modérateur. Il
a aussi été membre du Collège
des consulteurs du diocèse pen-
dant de nombreuses années et il
est actuellement vice-recteur du
Collège allemand « Campo San-
to Teutonico » au Vatican.
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