4 Vendredi 27 mars 2015
International
Le P. Sigurd Markussen, co-pré-
sident de Caritas Norvège et
actuellement vice-recteur du col-
lège sacerdotal allemand Campo
Santo Teutonico au Vatican, ex-
plique la situation de l’Eglise ca-
tholique dans son pays, la Nor-
vège.
Père Markussen, vous venez
de Norvège. Comment avez-
vous pu trouver votre vocation
dans cette diaspora ?
Père Markussen – En Norvège,
la diaspora est un mélange com-
plexe de beaucoup de choses.
Le pays lui-même est couvert
de montagnes et de fjords, ce
qui signie que les Norvégiens
vivent en général très dispersés.
Environ 1% du pays environ est
habité ; selon les statistiques, il
y a environ 4,5 millions de per-
sonnes qui vivent en Norvège, ce
qui fait à peu près 15 personnes
au kilomètre carré.
La Norvège est principalement
luthérienne évangélique (environ
80%) et la population catholique
représente à peu près 200.000
personnes. Nos paroisses sont
surtout le long de la côte, du sud-
est au nord-est. Les catholiques
de Norvège viennent du monde
entier. Je suis curé (quand je
n’étudie pas à Rome) à la pa-
roisse Saint Hallvard à Oslo, où
nous avons plus de 21.000 pa-
roissiens de cent quarante na-
tionalités différentes. La plupart
d’entre eux sont à moins d’une
heure de la paroisse, en voiture
et, pour la plupart, ils peuvent se
rendre facilement à l’église en
métro ou en bus.
Mes deux dernières nominations
comme curé étaient très diffé-
rentes. J’ai servi pendant six ans
à Haugesund (partie ouest de la
Norvège), sur un territoire grand
comme la moitié de la Belgique,
auprès de 1000 paroissiens re-
présentant quatre-vingts nationa-
lités. Je célébrais la messe dans
cinq lieux différents, faisant des
trajets d’une heure à trois heures
et demie de route plusieurs fois
par semaine, pour servir la com-
munauté. A Arendal (partie sud
de la Norvège), je n’avais qu’un
autre lieu à desservir en plus
de l’église paroissiale. Là aussi,
la plupart des dèles mettaient
moins d’une heure en voiture
pour venir à l’église.
Je sais que, dans d’autres pays,
cela peut sembler étrange à
beaucoup de faire une heure de
voiture pour participer à la messe,
et c’est le cas pour la plupart de
nos paroissiens, qui viennent de
divers endroits du monde dans
notre pays particulier. Pourtant
nous avons un taux de parti-
cipation à la messe d’environ
50% dans la plupart des cas. Il
serait certainement plus élevé
si nous avions plus d’églises
mais, pour le moment, ce serait
trop cher pour nous. Cela vaut la
peine aussi de mentionner que le
nombre de catholiques en Nor-
vège a plus que doublé au cours
des cinq dernières années.
Etre prêtre en Norvège est sy-
nonyme d’être en déplacement,
sinon constamment, au moins
une bonne partie du temps pen-
dant la semaine. Pour mieux
servir les grands groupes d’immi-
grants, nous avons organisé des
missions spéciques, avec des
prêtres qui connaissent leurs lan-
gues, comme le polonais, le ta-
moul, le vietnamien, l’espagnol,
le tagalog/ilungo etc.
Combien la Norvège a-t-elle
de vocations en moyenne ?
Quelle est leur proportion par
rapport au nombre de catho-
liques dans le pays ?
Nous avons à peu près 90
prêtres qui travaillent dans nos
trois diocèses, dont 70 dans ce-
lui d’Oslo, qui couvre tout le sud
de la Norvège (au sud de Trond-
heim). Nous avons 24 paroisses
dans ce diocèse et, comparé à
beaucoup de pays du monde, le
nombre de nos prêtres pourrait
sembler plus que sufsant. Dans
la situation actuelle, nous nous
en sortons, mais le dé qui nous
a plus ou moins tous surpris fut
le « tsunami » des travailleurs
polonais qui ont commencé à ar-
river en 2005. Pendant ces huit
dernières années, le nombre de
paroissiens polonais a explosé
et il est maintenant d’environ
100.000. C’est pour cette raison
que le diocèse d’Oslo a dû orga-
niser la venue d’un bon nombre
de prêtres polonais pour servir
ces nouveaux paroissiens. La
Norvège n’a pas tellement à se
battre avec la crise économique,
grâce à notre production de pé-
trole et de gaz. En Norvège,
l’économie se maintient, et beau-
coup viennent y chercher du tra-
vail.
Même si le nombre de prêtres
est élevé, nous pourrions re-
joindre encore davantage de pa-
roissiens si nous avions le luxe
d’avoir plus de prêtres.
Où vivent la plupart des ca-
tholiques ? Dans les zones ur-
baines ? À Oslo ?
La plupart des catholiques vivent
dans le sud de la Norvège et prin-
cipalement dans la région d’Oslo,
mais Stavanger et Bergen, dans
la partie ouest de la Norvège,
enregistrent une énorme crois-
sance parmi leurs paroissiens.
La maison royale est protes-
tante, avec Harald V. Le roi a-t-il
une bonne réputation pour ce qui
concerne les questions d’intérêt
public ou est-il simplement vu
comme un représentant ? Y a-t-
il des personnalités catholiques
qui jouissent d’une bonne estime
de la part de l’opinion publique ?
Depuis avril de l’année dernière
(2012), la Norvège a une nouvelle
loi sur les questions des rapports
entre l’Eglise et l’Etat. L’Eglise
La situation des catholiques en Norvège