Influence de la structure des chromosomes sur l`expression

Simonnet Jean Structure des chromosomes et expression des gènes Chateigner Aulien
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Influence de la structure des
chromosomes sur lexpression des
gènes
But des manipulations : A partir de 2 caryotypes de drosophile, étant identiques au niveau de la
séquence du ne white (sauvage) et dune série de dosages montrant le degré de pigmentation de
lœil, on va montrer que la structure chromatinienne peut jouer un rôle dans lexpression de certains
gènes et conduire à des pnotypes difrents.
I. Introduction
A. Chromosomes polyténiques de la drosophile
Chez la drosophile, on nombre 4 paires de chromosomes. La première paire est celle des
chromosomes sexuels, avec notamment le chromosome X dont le centromère se situe à une
extrémité, u n r e n f l e m e n t est s it u é à l autre extrémité, et un étranglement se trouve juste avant ce
renflement. La deuxième possédant un bras court et un bras long pour chaque chromosome, du fait
de la position excentrée du centrore. La troisième paire possède un centrore central, qui fait
que les bras sont de me taille. La quatrième paire se compose de chromosomes de petite taille.
Figure 1 : Les 4 paires de chromosomes chez Drosophila Melanogaster (femelle) (chromosomes homologue pas)
Un chromosome polyténique résulte de multiples cycles de synthèse d'ADN sans division cellulaire ni
séparation physiologique des chromosomes, ce qui entraîne des copies de gènes multiples du même
chromosome associés en brins parallèles. Cette propriété de duplication en plusieurs milliers
dexemplaires confère une très grande taille au chromosome. Lactivité transcriptionnelle est plus
intense.
Il est facile dobserver ces chromosomes dans les noyaux des cellules des glandes salivaires de larves
de drosophile d e 3 ème stade, de par leur grande taille. On constate que les chromosomes
polyténiques sont constits de bandes sombres et de bandes claires, les bandes sombres contenant
beaucoup dADN (hétérochromatine) et les claires en contenant peu (euchromatine). Les partie s
sombres correspondent donc à des gènes répris et les claires à des nes qui s’expriment. Chaque
profil de bande de chromosome est spécifique, pour 2 chromosomes X issus de 2 drosophiles
différentes, on retrouvera un même enchainement de bandes claires et sombres. Au niveau des
bandes claires on dénombre un certain nombre de bandes sombres très fines, celables seulement
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au microscope électronique. On constate alors que les centromères sont constitués largement
dhétérochromatine et qu’ils sont tous réunis dans une zone appelée chromocentre.
Figure 2 : chromosomes des glandes salivaires de Drosophile (chromosomes homologues appariés)
B. Gène White chez la drosophile
Cest un gène impliqué dans le transport des pigments dans les facettes de l’œil, chaque facette
correspondant à un neurone sensitif. Il se situe sur le chromosome X dans la région de la constriction
cité précédemment, dans de leuchromatine.
II. Manipulations et résultats
4 souches différentes de drosophiles sont mises à disposition. Une sauvage, une [w-] ( p h é n o t y p e
white : yeux blanc), la souche B appelés 25300 et une A appelé 25300. Notre but dans cette
expérience va être de doser le pigment rouge de lœil de la drosophile.
Pour chaque lignée, on prend 10 mouches auxquelles on coupe la tête. On dispose ensuite les têtes
dans un tube Eppendorf contenant 150 µL de chloroforme et 150 µL dAmmoniaque. On écrase les
têtes dans la solution avec un pilon adapté au tube, puis on vo rt ex pendant 30 secondes.
On centrifuge ensuite pendant 2 minute à vitesse maximale. Deux phases sont visibles après, la
supérieure contenant le pigment à doser. Elle est colorée pour la souche sauvage et pour les autres
un peu moins. Oncupère 100 µL de la phase avec le pigment que l’on place dans 900 µL
dammoniaque ce qui fait un volume final de 1000 µL.
On mesure ensuite la DO à 485 nm de chaque solution. Les résultats du groupe sont reportés dans le
tableau suivant :
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[sauvage]
[w-]
25 300
25300
0,484
0
0,035
(0,01)
0,542
0
0,034
0,038
0,437
(0,004)
0,029
0,069
0,504
0
0 ,023
0,048
0,547
0
(0,017)
0,067
0
0,036
0,058
0
(0,004)
0,056
0,466
0
0,035
0,059
0,504
0
0,044
0,051
0,394
0
0
Moyenne = environ 0,5
Moyenne = 0
Moyenne = environ 0,035
Moyenne = environ 0,06
Les valeurs entre parenthèses ne sont pas prises en compte : elles sultent derreur de
manipulation.
III. Interprétations
Tout dabord, on peut noter des différences entre les valeurs des différents binômes. On peut les
expliquer tout simplement par le fait que lécrasement des têtes na pas été le même. La
pigmentation peut être différente en fonction de lâge des drosophiles.
Pour les souches sauvages, le témoin positif, la valeur dabsorbance est élevée, ce qui est normal car
l’œil est pigmenté.
Pour les souches de phénotypes white, le témoin négatif, il ny a pas de pigmentation dans lœil
donc la valeur d’absorbance est nulle. En effet le gène white est muté, la protéine impliquée dans le
transport des pigments dans lœil n’est donc pas fonctionnelle ce qui explique la non pigmentation
de l’œil.
Pour les souches 23500, on constate que la valeur dabsorbance est plus de 10 fois moins importante
que la valeurterminée pour la souche sauvage. On peut sattendre à avo ir alors des yeux plus
clairs, par exemple une mutation dans le ne white qui fait que les pigments auraient moins
daffinité pour la protéine de transport. Cependant lorsque lon regarde les yeux, on constate un
phénotype en mosaïque : d e s facettes sont rouges et dautre sont blanches.
Regardons maintenant le caryotype de la souche sauvage et celui de la souche 23500 (voir Annexe).
On constate une boucle d’inversion sur le chromosome X (reré grâce au renflement visible à son
extrémité). Cette i n v e r s i o n positionne le ne White, situé normalement dans la boucle près de son
commencement, à proximité du centromère. Le gène est alors dépla ps dune zone ou la
chromatine est sous forme condensée (hétérochromatine). Or les gènes situés dans
lhétérochromatine sont primés de par cette structure condensée qui empêche les facteurs de
transcription spécifiques du gène de sy fixer ; de plus la frontière de lhétérochromatine nest pas
fixe, elle peut sétendre plus ou moins dans leuchromatine : la chromatine est dynamique. Ce
phénomène est appe la Variégation : les nes de leuchromatine, proche de lhétérochromatine
vont être plus ou moins réprimés du fait du dynamisme chromatinien et vont alors sexprimer dans
certaines cellules et pas dans dautres. Ceci explique alors pourquoi dans le cas de cette inversion, le
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gène white s’exprime dans certains neurones et pas dans
dautres, ce phénomène aboutissant à des yeux en
mosaïque.
Souche 23500 : Ici on voit que la vari égatio n est mo ins
importante : labsorbance est plus forte que pour 23500, ce
qui signifie que les yeux sont plus colorés (plus de facettes
colorées). Cependant l’inversion est la me.
On peut déduire que la condensation de la chromatine
seffectue avec un rendement moins important. Une des
protéines participant à la condensation à ce niveau ne doit
pas être fonctionnelle. On peut alors supposer quil y a une
mutation au niveau d’un ne codant pour une protéine de
condensation de la chromatine, qui ne sera pas
fonctionnelle, ce qui emche une bonne condensation et
qui diminue la variégation.
IV. Conclusion
Ainsi, nous avons démontré par cette simple expérience que la structure chromatinienne peut jouer
un rôle dans lexpression de certains gènes et conduire à des phénotypes différents. En effet, par des
phénomènes de boucle dinversion, ou encore par des phénomènes, que nous navons pas vus ici, d e
boucle de délétion, le phénotype varie, et lexpression des gènes est différente. De plus, le degré de
condensation de la chromatine qui implique la Variégation fait aussi varier lexpression des gènes en
des phénotypes multiples.
Nous avons ici étudié ce phénomène dans le ne white de la drosophile, mais il sobserve aussi dans
le gène « notch-wing » (ailes présentant des indentations), où la délétion est létale à létat
homozygote et apparaît réc essive en ce qui concerne la talité. Cette mutation se comp orte comme
si elle était dominante dans le cas de certaines délétions et cassures chromosomiques à lintérieur du
gène.
La structure chromatinienne est donc primordiale, et peut présenter dénormes différences, dans de
nombreux cas de mutations spéciales.
Figure 3 : boucle d’inversion sur un
chromosome polyténique
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