Journal dentaire du Québec – Supplément, février 2004 5
Photo: Laforest et Sabourin
avais à peine terminé ma première année de pratique lorsque j’ai
détecté mon premier cas de cancer buccal. L’homme de 53 ans, un
gros fumeur, s’était présenté à mon cabinet pour sa visite annuelle.
Lors de l’examen, j’ai observé une lésion ulcéreuse sur la partie latérale
de sa langue. J’ai aussitôt dirigé le patient vers un spécialiste pour
qu’il fasse une biopsie et pose un diagnostic. C’était bien un cancer, et le
patient a été traité rapidement. L’examen clinique que j’ai fait ce jour-là a
donc permis de sauver une vie.
Le cancer buccal n’est pas très répandu, mais il figure parmi les plus
mortels et les plus débilitants. Mortel, lorsqu’il n’est pas diagnostiqué à
temps: un patient atteint d’un cancer de stade IV n’a que 20 % de chances
de survie, comparativement à 80% si le cancer est de stade I. Débilitant,
parce qu’il peut occasionner des séquelles importantes, notamment une
altération de l’apparence qui ébranle l’estime de soi, ainsi que des incapa-
cités fonctionnelles et physiques telles que des troubles de la déglutition
et de l’élocution.
L’Ordre des dentistes du Québec souhaite que les 4000 dentistes qué-
bécois deviennent des partenaires dans le dépistage précoce du cancer de
la bouche. En tant que spécialistes de la santé buccodentaire, ils sont en
effet bien placés pour agir sur cette problématique clinique. Environ 60%
des Québécois fréquentent les cabinets dentaires annuellement. C’est donc
un lieu privilégié pour sensibiliser la population aux facteurs de risque de
ce type de cancer.
Ce supplément s’adresse aux dentistes généralistes, aux spécialistes
et aux professionnels de la santé. Il contient l’information scientifique et
clinique nécessaire pour comprendre la problématique du cancer buccal.
Les articles ont été écrits par des auteurs québécois, dont plusieurs spécia-
listes renommés de la médecine buccale. Ils abordent de grands thèmes
incontournables tels que: l’épidémiologie et l’étiologie du cancer buccal ;
l’examen clinique et les tests de dépistage; les modalités thérapeutiques et
les complications possibles; le cheminement du patient dans le réseau qué-
bécois de la santé et des services sociaux; l’art de parler au patient et de
répondre à ses questions; et les facteurs de risque, dont le tabagisme. L’Ordre
offre aussi la possibilité à ses membres d’obtenir des crédits de formation
continue au moyen du questionnaire inclus à la fin du supplément.
Un examen clinique effectué par le dentiste lors d’une visite de routine
suffit pour découvrir un cancer buccal. Il est aussi conseillé d’enseigner aux
patients à s’examiner la bouche régulièrement, puisque seulement le tiers
(35%) de tous les cancers buccaux sont détectés dès leurs premières mani-
festations. C’est là où les membres de l’équipe dentaire, avec la collaboration
des autres professionnels de la santé, peuvent faire toute la différence.
Le président,
Robert Salois
Message du président
de l’Ordre des dentistes du Québec
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