
Projet de modernisation des SI et Télécom des Samu-Centres 15
Note de synthèse de l’étude de faisabilité
Classification : non sensible, public 2 / 85
Le Samu, un nouveau service public… Préface de Marc Giroud
Il s’était d’abord agi, il y a une cinquantaine d’années, de lutter contre l’insoutenable mortalité
routière en envoyant des équipes hospitalières « au pied de l’arbre », selon la formule du Professeur
Louis Lareng, l’un des pères fondateurs de ce service et l’inventeur de son appellation « Samu ».
Encouragés par la confiance de la population, les pionniers ont progressivement étendu le champ
d’intervention des équipes mobiles hospitalières d’urgence et de réanimation. Au fil des ans, la
traumatologie routière a cédé le pas aux pathologies médicales sous toutes leurs formes,
intoxications, détresses respiratoires, infarctus du myocarde, AVC...
Une telle évolution n’a pas manqué de faire apparaître la nécessité de trier les appels pour réserver
aux cas les plus lourds l’intervention sur place des équipes mobiles hospitalières. C’est ainsi qu’en
s’inspirant de l’organisation des urgences en Europe de l’Est, et en la dépassant, la régulation
médicale des appels urgents a été mise en place en France, avec le numéro téléphonique 15. Le
principe d’action initial, qui consistait seulement à trier les cas les plus graves, a progressivement fait
place à une pratique beaucoup plus large de télémédecine d’urgence, associant les urgentistes des
Samu et des généralistes de la permanence des soins. En 2011, les recommandations de la Haute
Autorité de Santé sur l’organisation des centres de régulation médicale sont apparues comme la
reconnaissance officielle de cette nouvelle composante de l’art de soigner. La reconnaissance de la
population, elle, n’avait pas attendu si longtemps. En effet, le nombre d’appels reçus n’a cessé
d’augmenter (les 101 Samu-Centres 15, couvrant la France reçoivent aujourd’hui plus de 31 millions
d’appels par an conduisant à 15 millions de prises en charge). Et, au-delà de leur nombre, c’est aussi
la variété de ces appels qui s’est singulièrement accrue jusqu’à couvrir toutes les situations d’urgence
quelle qu’en soit la gravité supposée.
Ces développements ont stimulé les progrès de la médecine d’urgence qui s’est ainsi construite en
France sur les Urgences, l’intervention extra-hospitalière et la régulation médicale téléphonique,
pratiques médicales indissociables sur les plans de la formation initiale universitaire, de la formation
continue et de la recherche clinique.
Toutefois, cet essor intellectuel ne s’est pas accompagné d’une évolution parallèle des moyens
opérationnels. La préparation des services de santé à la pandémie grippale, tout en soulignant
l’immense intérêt des centres de régulation médicale, a mis en évidence l’insuffisance et le
cloisonnement de leurs équipements techniques de télécommunication et de systèmes
d’information, dont le rôle est pourtant vital. Aucune analyse d’ensemble n’en avait, du reste, jamais
été réalisée. La construction de ces centres de régulation médicale s’était, de fait, opérée de façon
empirique, avec, au plan technique, des modèles locaux d’efficacité limitée, sans réelle
interopérabilité. La réflexion a alors objectivé des besoins d’entraide territoriale entre les centres, de
sécurisation, de surveillance épidémiologique, de recherche clinique sur la régulation médicale… et,
pour assurer la cohérence, l’efficacité et l’efficience de l’ensemble, le besoin d’une gouvernance du
système d’information des Samu.
Il est aujourd’hui plus qu’encourageant de voir, d’une part, la qualité objective de l’étude conduite
par l’ASIP Santé, à un niveau d’expertise et de concertation n’ayant rien de commun avec ce qui avait
pu être fait jusque-là, et, d’autre part, l’adhésion croissante des urgentistes hospitaliers, dont