La Méthode des Fonctions de Répartition (MFR) pour la mesure de très petites différences de
forme, proposée dans [B3, 1980], est fondée sur la mesure de l’écart à la linéarité de φ. Cette
méthode a permis alors de montrer expérimentalement qu’on pouvait distinguer la forme d’un
pic chromatographique simple (associé à un corps pur) de celle d’un « pic double » où la
deuxième composante séparée de 1 écart-type de la première, avait une hauteur relative
seulement de 1% et ceci avec un rapport signal à bruit de l’ordre de 30 dB [B3, B4, 1980].
D’un point de vue théorique la MFR permet de détecter la présence d’une deuxième
composante sous un pic apparemment unique, bien mieux que l’ajustement (au sens des
moindres carrés) d’un modèle à une ou à deux composantes, qui est un problème mal
conditionné mathématiquement. La méthode a ensuite été appliquée à divers problèmes issus
du domaine biomédical [D5, 1986], [D7, 1987], [D9, D13, 1989], [D25, 1992], [D32, 1994],
[D39, D40, 1997], [D55, 2002], [D59, D60, D61, 2004]. L’extension (MFR-2D) aux signaux
2D, que ce soit des images ou des représentations temps-fréquence de signaux 1D, a été faite
dans la thèse de Barbara OFICJALSKA (1994). L’application la plus intéressante est la
mesure de la variation de forme des ondes de l’ECG (P, QRS et T) en fonction du temps au
cours de 24 heures, après administration d’un médicament (anti-arythmique) [D32, 1994].
Signal moyen et forme moyenne
Dans l’application aux signaux répétitifs comme les ECG, les EMG stimulés ou les
potentiels évoqués, la présence de bruit nécessite souvent le recours à la sommation
synchrone d’une série de signaux. L’inconvénient est la déformation apportée par un défaut
de synchronisation ou une fluctuation de l’étendue du signal. En effet, même en pouvant
supposer que les signaux sont de même forme (à une translation et un facteur d’échelle près),
le signal moyen obtenu ne possède pas la forme des signaux moyennés. C’est pourquoi un
grand nombre d’algorithmes d’alignement ont été publiés de façon à réduire le plus possible
les fluctuations de position (jitter) des signaux à moyenner (en négligeant, ce qui n’est pas
toujours licite, les fluctuations d’échelle temporelle). Ce problème a été crucial durant les
nombreuses années où la détection de Potentiels Tardifs post QRS était un des problèmes
majeurs de recherche en électrocardiographie haute amplification, dans la mesure où ils font
partie des indices de probabilité de mort subite. Or une fluctuation d’alignement d’une
milliseconde en moyenne, crée une fréquence de coupure de 130 Hz qui peut s’avérer
insuffisante pour ces micro-signaux. L’algorithme présenté en 2002, au workshop IEEE BSI
(BioSignal Interpretation), permet de réaliser l’objectif fixé par la sommation synchrone des
signaux répétitifs : obtenir un signal qui ressemble à tous les autres, en ayant un meilleur
rapport signal à bruit, une position temporelle moyenne et une dispersion moyenne. La
méthode proposée est moins contraignante que la sommation synchrone en ce sens qu’elle
demande, pour être optimale, de travailler sur des signaux qui peuvent se distinguer par des
fluctuations de position mais aussi d’échelle. De plus elle ne nécessite aucun algorithme
d’alignement des signaux répétitifs. Cette méthode baptisée ISA (Integral Shape Averaging)
utilise l’intégrale normée du signal (supposé positif) et moyenne les valeurs de l’abscisse
associées à la même ordonnée (entre 0 et 1) de l’intégrale normée. Si les signaux comportent
des parties négatives, on peut traiter séparément la partie positive et la partie négative.
L’article de la conférence (BSI 2002) a été retenu parmi les 20% qui ont été publiés dans la
revue Methods of Information in Medicine [B26, 2004]. Dans l’article, en première partie, on
montre comment le moyennage classique de signaux de même forme mais présentant des
fluctuations de position (jitter résiduel après alignement) et d’échelle peut s’interpréter
comme le filtrage du signal de référence par deux filtres linéaires mis en cascade : d’abord un
filtre invariant par translation du temps (convolution), ensuite un filtre invariant par
changement d’échelle. On peut donc, à l’aide d’une distance entre formes, ou au moins d’un