L’abbaye Sainte-Croix est fondée à
Poitiers vers 552 par la reine des Francs
Radegonde. Après l’acquisition de
terres près du quartier épiscopal de
Poitiers, se construit l’abbaye Sainte-
Marie, premier monastère féminin de
Gaule. L’abbaye fut renommée Sainte-
Croix lorsqu’elle reçut en 569
des fragments de la Croix envoyés
par l’empereur de Byzance.
Au cours de ses quatorze siècles
d’histoire, la communauté a connu
deux déménagements. A la Révolution,
chassées de leur demeure, les moniales
s’installent dans une maison proche de
leurs anciens bâtiments. Puis en 1965,
les religieuses vendent leurs bâtiments à
la ville de Poitiers - qui y fait construire
le musée Sainte-Croix. Elles font alors
l’acquisition d’une ancienne maison de
plaisance appartenant aux jésuites, au
lieu-dit la Cossonnière, sur la commune
de Saint-Benoît, perpétuant ainsi cette
fondation. Elles s’y trouvent encore
aujourd’hui.
Dans l’ensemble de l’église, des vestiges
de peintures murales gothiques ont
été découverts en 1979 lors des travaux
de maçonnerie effectués dans le chœur.
Sur le cul-de-four de l’abside est peint
un Christ glorieux entouré du
tétramorphe* (fin du XIIIe siècle ou
1ère moitié du XIVe siècle) avec sur l’arc
doubleau séparant le chœur de la nef,
une série de médaillons représentant
les signes du zodiaque. Sur les piliers de
la croisée du transept sont figurés saint
Michel et saint Christophe (fin du XVe
siècle) et dans le bras nord du transept,
une tête sous arcade (XIVe siècle).
Ces peintures ont été restaurées entre
1983 et 1987.
Si la sculpture se fait rare dans l’église,
on y trouve tout de même des éléments
réemployés intéressants. Dans l’angle
d’une des fenêtres de la nef trône un
Christ bénissant, provenant certainement
d’un édifice antérieur. Des fragments
gothiques sont visibles dans différents
endroits : la clef de voûte porte les
armoiries d’un abbé tandis que derrière
les stalles se voient les vestiges d’un
enfeu* gothique.
D’autres fragments sculptés de différentes
époques sont réemployés à l’extérieur.
Une pierre sculptée d’un entrelacs
pré-roman est située sur le mur nord.
Sur le chevet, sous la fenêtre de la
chapelle d’axe, est scellé un ancien moule
à briques représentant le Christ en
majesté dans une double mandorle.
Dans la chapelle nord, une petite
vitrine abrite une crosse découverte
en 1971 lors de travaux dans l’église.
Superbe exemple d’émail champlevé
limousin du XIIe siècle, elle fait partie
de la famille des crosses à double face :
on y voit la Vierge à l’Enfant d’un côté,
et le Christ en majesté de l’autre. Sur la
douille est représentée l’Annonciation.
Retrouvée dans une sépulture, il s’agit
sans doute d’une crosse abbatiale des
années 1220-1240.
Le gisant du XVe siècle jadis dans
l’enfeu* du chœur, est désormais visible
dans le bras nord du transept. Dans
le choeur, les stalles du XVIIIe siècle
sont réparties en deux groupes de six
stalles dont les deux situées à l’entrée
sont pourvues de dais indiquant qu’elles
étaient réservées aux dignitaires.
L’autel majeur est quant à lui une belle
pièce d’ébénisterie Louis XV.
L’abbaye Saint-Benoît
Décor et mobilier de l’église abbatiale.
L’héritage de sainte Radegonde
Peintures murales
Réemplois et vestiges
Mobilier
Christ bénissant - nef de l’église abbatiale
Abbaye vue depuis le nord
Façade est, ancien bâtiment des jésuites
Saint Christophe,
peinture à la croisée
du transept
L’abbaye Sainte-Croix,
à la Cossonnière
De Poitiers à Saint-Benoît.
Un édice moderne
Jouxtant les anciens édifices des jésuites,
l’abbaye moderne est l’œuvre de
Madeleine Ursault. C’est un bel exemple
du renouveau de l’architecture sacrée
dans l’après-guerre et de l’adaptation
de l’esthétique moderniste aux édifices
religieux. Le plan est traditionnel : église
au nord, bâtiment conventuel au sud et
cloître au centre. L’abbatiale présente
des matériaux simples, murs en béton
selon l’esthétique des années 1960,
avec un toit en charpente qui rappelle les
structures des églises du haut Moyen Âge.
Elle abrite une impressionnante grille de
clôture en fer forgé, offerte par les
Beaudéan-Parabère en 1739, et provenant
de l’ancienne abbaye.
Tétramorphe : représentation des
quatre évangélistes sous leurs formes
allégoriques, (l’ange pour saint
Matthieu, l’aigle pour saint Jean, le
taureau pour saint Luc et le lion pour
saint Marc)
Enfeu : niche funéraire à fond plat
pratiquée dans les murs des églises
pour y recevoir des tombeaux
*
Les religieuses possèdent toujours les
objets d’art et reliques datant du
monastère du VIe siècle. Parmi ceux-ci
se trouve la fameuse staurothèque, ou
reliquaire de la Vraie Croix, dans un petit
coffret byzantin en or émaillé d’époque
romane. De même, le petit « pupitre
dit de sainte Radegonde », un des plus
anciens meubles en bois conservés en
France, date du vivant de la sainte, mais
sa fonction est discutée. C’est aussi le cas
de la croix mérovingienne en bronze qui
pourrait être une croix portative ou croix
de bénédiction. De même, plusieurs
fragments de mosaïque, retrouvés en
fouille à Poitiers aux XIXe et XXe siècles
sont aussi conservés.
Des reliques prestigieuses
Staurothèque ou reliquaire de la Vraie Croix
Crosse abbatiale